Théorème de Schmidt (théorie des groupes)

En mathématiques, et plus particulièrement en théorie des groupes, le théorème de Schmidt, démontré par Otto Schmidt en 1924[1], dit que si G est un groupe fini dont tous les sous-groupes propres sont nilpotents, G est résoluble[2]. K. Iwasawa a donné une description plus précise du groupe G sous les mêmes hypothèses[3].

Ne doit pas être confondu avec le « théorème » de Schmidt en économie.

Démonstration

On raisonne par récurrence sur l'ordre du groupe. Les groupes cycliques sont résolubles. On suppose donc, pour un certain n, que l'énoncé est vrai pour tous les groupes d'ordre < n, et que G est un groupe non cyclique d'ordre n (donc n > 1) dont tous les sous-groupes propres sont nilpotents. D'après le lemme 2 ci-dessous, G n'est pas simple. Par hypothèse de récurrence et d'après le théorème de correspondance, il est donc résoluble (car la nilpotence passe aux quotients et la résolubilité aux extensions).

Lemme 1[4]  Dans un groupe fini dont les sous-groupes maximaux sont d'intersection triviale 2 à 2, l'un de ces sous-groupes maximaux est normal.

Lemme 2  Soit G un groupe fini non cyclique. Si tous les sous-groupes maximaux de G sont nilpotents, alors G n'est pas simple.

Précisions sur la structure du groupe

Soit G un groupe fini dont tous les sous-groupes propres sont nilpotents, alors G est nilpotent ou d'ordre pmqn avec p et q premiers distincts et m, n ≥ 1[5].

Nombres nilpotents

Un nombre nilpotent est un entier n ≥ 1 tel que tout groupe d'ordre n soit nilpotent[6]. Les nombres nilpotents sont caractérisés par le théorème suivant[7],[8] :

Soit p1k1prkr la décomposition en facteurs premiers de n. Le nombre n est nilpotent si et seulement si pour tous ij, ki est strictement inférieur à l'ordre multiplicatif de pi modulo pj.

(En particulier, les nombres nilpotents pairs sont donc[8] les puissances de 2.)

Pour tout entier c ≥ 1, on a un énoncé plus précis concernant la classe de nilpotence :

Pour tout nombre nilpotent n, les deux propriétés suivantes sont équivalentes[10] :

  • la classe de nilpotence de tout groupe d'ordre n est au plus c ;
  • n est « sans puissances (c + 2)-ièmes » (c'est-à-dire que dans la décomposition en facteurs premiers, tous les exposants sont inférieurs ou égaux à c + 1).

Notes et références

  1. (de) O. J. Schmidt, « Über Gruppen, deren sämtliche Teiler spezielle Gruppen sind », Recueil Mathématique [Mat. Sbornik], Moscou, vol. 31, 1924, p. 366-372. (Référence donnée par (en) John S. Rose, A Course on Group Theory, CUP, (lire en ligne), p. 264 et 298.) Original russe en ligne.
  2. Pour une démonstration du théorème sous cette forme, voir G. Endimioni, « Une introduction aux groupes nilpotents : Cours de D.E.A. », Centre de Mathématiques et d'Informatique, Université de Provence (France), 1996/1997, p. 17-18.
  3. (de) K. Iwasawa, « Ueber die Struktur der endlichen Gruppen, deren echte Untergruppen sämtlich nilpotent sind », Proc. Phys.-Math. Soc. Japan, vol. 23, 1941, p. 1-4. (Référence donnée par Rose 1978, p. 264 et 297.)
  4. Endimioni 1996/1997, Lemme 4.2. Comparer avec le lemme de (en) Joseph Gallian et David Moulton, « When is Zn the only group of order n? », Elemente der Mathematik, vol. 48, no 3, , p. 117-119 (lire en ligne), qui concerne les nombres cycliques.
  5. Pour plus de précisions, voir (de) Bertram Huppert (en), Endliche Gruppen, vol. I, Springer, coll. «  Grund. math. Wiss. » (no 134), (1re éd. 1967) (lire en ligne), p. 281.
  6. (en) OEIS A056867 : suite des nombres nilpotents.
  7. (de) Gerhard Pazderski, « Die Ordnungen, zu denen nur Gruppen mit gegebenen Eigenschaften gehören », Arch. Math., vol. 10, , p. 331-343 (DOI 10.1007/BF01240807).
  8. (en) Jonathan Pakianathan et Krishnan Shankar, « Nilpotent numbers », Amer. Math. Monthly, vol. 107, no 7, , p. 631-634 (JSTOR 2589118, lire en ligne) (caractérisation des nombres résolubles, nilpotents, abéliens ou cycliques).
  9. Inspirée de Pakianathan et Shankar 2000.
  10. (en) Thomas W. Müller, « An arithmetic theorem related to groups of bounded nilpotency class », Journal of Algebra, vol. 300, no 1, , p. 10-15 (Math Reviews 2228629, lire en ligne), prétend démontrer directement la caractérisation arithmétique complète des nombres « nilpotents de classe au plus c » et retrouver ainsi celles des nombres nilpotents (pour c = ) et des nombres abéliens (pour c = 1). En réalité, sa démonstration repose non seulement, comme celle ci-dessus, sur le théorème de Schmidt et la structure du groupe — dans une version d'ailleurs plus précise (Huppert 2013, p. 281) que celle utilisée ici, mais aussi sur un théorème de Hall concernant le nombre d'automorphismes d'un p-groupe, alors que le 3e théorème de Sylow nous a suffi.
  11. (en) Charles Leedham-Green (en) et Susan McKay, The Structure of Groups of Prime Power Order, OUP, (lire en ligne), section 3.1.

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