Théo Mercier

Théo Mercier est né à Paris en 1984. Artiste plasticien et metteur en scène français, il vit aujourd’hui entre Paris et Mexico.

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Biographie

Théo Mercier étudie à l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) avant de s’installer à Berlin pour poursuivre ses études à la Universität der Künste Berlin (UDK). Aux côtés de Bernhard Willhelm, il travaille sur sa collection de costumes de scènes pour Björk avant de partir s’installer à New York en 2008 pour assister l’artiste américain Matthew Barney sur son projet d’opéra River of Fundament[1].

À son retour en France en 2009, il participe au 54e Salon d'art contemporain de Montrouge et présente la même année sa première exposition personnelle au musée de la Chasse et de la Nature à Paris. En 2010, lors de l'exposition DYNASTY[2] au musée d'Art moderne de la Ville de Paris et au Palais de Tokyo, il crée Le Solitaire, une sculpture monumentale et anthropomorphe entièrement constituée à partir de spaghettis cuits, qui retiendra l'attention de la presse internationale[réf. nécessaire] [3] avant de rentrer dans la collection d'Antoine de Galbert. Pensionnaire de la villa Médicis en 2013 puis nommé pour le prix Marcel-Duchamp en 2014, Théo Mercier a bénéficié depuis d’expositions personnelles importantes au Museo Experimental El Eco à Mexico (Gold war wall, 2017)[4], au Musée de l’Homme à Paris (Pièces rapportées, 2017), au [mac] Musée d’art contemporain de Marseille (The Thrill is gone, 2016) [5], au Lieu Unique à Nantes ("Le Grand Mess", 2013), au Tri Postal de Lille ("Desperanza", 2012) et avec les galeries Gabrielle Maubrie et Bugada et Cargnel à Paris, la galerie Marso à Mexico et la galerie Michael Fuchs à Berlin. Il prépare actuellement deux nouvelles expositions personnelles au musée de la Chasse et de la Nature et au Centquatre-Paris en 2019. Parmi les expositions collectives auxquelles il a participé, on peut citer "Hello world" (Hamburger Bahnhof à Berlin, 2018), "Hybrides, le corps en question" (palais des beaux-arts de Mexico, 2018), "Dans l’atelier" (Fonds régional d'art contemporain de Bretagne, Rennes, 2018), "The Silent Echo" (Musée du site archéologique de Baalbek, Liban, 2016), "Chercher le garçon" (MAC VAL Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine, 2015) et "Le surréalisme et l’objet" (Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou à Paris, 2013).

Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques, notamment au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, le Musée Jumex Mexico, le Fonds municipal d'art contemporain de la Ville de Paris (FMAC), le Fonds national d'art contemporain (FNAC), la Collection Antoine de Galbert, le [mac] Musée d'art contemporain de Marseille, la Fondation Emerige - Collection Laurent Dumas, ou encore la Fondation Yves Klein.

Œuvre plastique

Théo Mercier revendique depuis ses débuts une grande liberté formelle, s’employant à déconstruire les mécanismes d’une histoire de l’art et des objets dans laquelle il remonte d’harmonieuses contradictions semblables à des récits apocryphes contemporains. Il impose paradoxe, étrangeté et humour comme point de vue plastique. En résultent une œuvre tentaculaire, une cosmogonie peuplée de mythes dystopiques, de sculptures iconoclastes et de cadavres exquis où s’affrontent des images et des clichés, des discours dominants et dominés, des fantasmes, des inconscients et des représentations collectives dans une cacophonie ordonnée.

Puisant dans le monde et au cours de ses voyages la matière première de son travail, Théo Mercier mène une réflexion située au carrefour de l'anthropologie, de la géopolitique et du tourisme. Entre mises en scènes chorégraphiées et explorations de la matière, il associe une pratique de créateur et de collectionneur, à travers laquelle il met en place un échange foisonnant entre passé, présent et futur, vie et mort, animé et inanimé, vrai et faux, artisanal et industriel, profane et sacré, réel et fiction. La plupart des pièces de Théo Mercier sont le résultat d'un travail d'anthropomorphisation des objets – issus de trouvailles, d'assemblages, d’empilements précaires ou de greffes – qu'il créé le plus souvent par série, constituant de véritables communautés de pièces au sein desquelles il révèle un nouveau point de vue et invente une hiérarchie sociale mouvante.

Théo Mercier fait ses débuts en tant qu’artiste plasticien à la galerie Envoy Enterprise de New York où il présente sa première exposition "Oil now"[6], 2009 alors qu’il est encore assistant de Matthew Barney, puis au 54e Salon d'art contemporain de Montrouge en 2009 où il présente une série remarquée de « tapis violents » ornés de clous et de patchs à l’effigie des groupes et symboles punk des années 80-90[7]. Si ses premiers pas sont bien la marque d’un esprit indépendant, rebelle et teinté d’existentialisme, le travail de Théo Mercier va progressivement s’étoffer, engloutissant le monde, son histoire et ses objets dans un laboratoire de recherche formelle en rupture avec les codes du Beau ("Droma. studio show", Villa Médicis, Rome, 2013)[8]. Réarrangeur du monde plus que créateur ex-nihilo, Théo Mercier se fascine d’abord pour l’artisanat, les objets populaires et de seconde zone, les savoirs obscurs, les séries B, les vitrines de magasins de farce-et-attrape ou les sex-shops plus que les grand chefs-d’œuvre et les références du monde de l’art. A partir d’objets glanés au quotidien, il réalise des idoles pop et hybrides et objets de dévotion contemporains, dont la spiritualité formelle renvoie à un système de production mondialisé ("Le Grand Mess", Le Lieu Unique, Nantes, 2014)[9].

Tour à tour archéologue, pirate, faussaire, conteur ou philosophe, Théo Mercier entend opérer une forme de mise à plat de l'histoire de l'humanité et de sa production, qu'il compare à celle rendue possible par l'Internet. Inscrite dans une contamination des images et des idées "open source", la plasticité de ses œuvres oscille indistinctement entre facticité et authenticité, et interroge l’artificialité de nos représentations collectives . Ses installations-collections "La possession du monde n'est pas ma priorité" (initiée sous différents formats depuis 2009)[10] et "Je ne regrette rien" (2014)[11] constituent deux ensembles inépuisables de fausses roches pour l’une et de miniatures de ruines antiques pour l’autre, toutes deux destinées aux aquariums. Achetées au cours de ses voyages à travers le globe et élevées au rang de collections géologiques imaginaires, ces œuvres symbolisent la création d'une nature fantasmée et la persistance des rêves d’Atlantide à l’ère de la (re)production de masse.

À l’instar des séries Back to Basics and Gender Studies (2015)[12] et Nowhere Bodies (2016)[13] qu’il réalise à Mexico, Théo Mercier collecte et produit des objets métissés, ambigus et perdus dans leurs origines et dans leur usage, pour donner forme à un exotisme très particulier, transculturel, transgéographique et transtemporel. En associant des masques de danse africains à des éléments propres aux masques papous de Nouvelle-Guinée – modifications aux oreilles et aux arcades –, auxquels il greffe un nez en PVC ondulant, la série Back to Basics and Gender Studies donne vie à des incongruités totémiques de styles et de genres (gender) particulièrement séduisantes. Derrière le charme de la série Nowhere bodies – sculptée à partir du bois d’une ancienne demeure coloniale en ruine, de céramiques traditionnelles et d’objets spirituels, domestiques et touristiques divers –, se cache aussi un langage conflictuel qui affiche une combinaison de rotation, d’effondrement et de reconstruction, où le profane peut se sacraliser et inversement, le sacré être profané.

Au travers d'un travail de mise en scène qui fait sans cesse osciller l'accrochage entre le cabinet de curiosité, la salle des butins, l'entrepôt, l'atelier ou le plateau de théâtre…, la démarche de l'artiste est proche de celle de l'explorateur, qui rapporte des objets de mondes existants et inexistants, comme autant de pièces à conviction de voyages qui ont ou n'ont jamais existé. Tout comme il aime creuser la plurivocité du statut de ses objets et de ses accrochages, Théo Mercier joue sans cesse sur la confusion du statut exact de ses œuvres mais aussi de leurs valeurs symboliques. Dans ses séries issues de The Thrill is gone (2016) au [mac] Musée d'art contemporain de Marseille, et Panorama zéro (2017) à la galerie Bugada & Cargnel à Paris, Théo Mercier détourne, manipule et met en scène des objets issus de l’histoire de l’art dominante ou tombés dans l’oubli et d’objets premiers ou secondaires, dans des empilements et des jeux d’équilibre précaires qui détiennent un potentiel tragique important. Menaçant de s’écrouler, ces communautés d’objets évoquent le nœud critique d’une histoire où tout bascule : à la fois le signal prophétique d’un désastre à venir, mais aussi les enjeux de pouvoir politico-culturels qui existent dans la « sélection culturelle » opérée par l’Histoire : entre la sanctuarisation de certains et l’obsolescence des autres.

Œuvre scénique et performances

Depuis 2014, Théo Mercier développe un travail de mise en scène dans le champ du spectacle vivant et de la performance. À son retour de la villa Medicis, il présente en 2014 la performance Du futur faisons table rase à la MAC de Créteil [14],[15], avec François Chaignaud, Jonathan Drillet, Pauline Jambet, Philippe Katerine, Marlène Saldana et le groupe Sexy Sushi. Cette fresque théâtrale anachronique et caricaturale propose un grand détournement de l’Histoire en empruntant ses codes tant au numéro burlesque qu’à l’imagerie post-punk, la culture populaire, la science-fiction et l’iconographie des plus grands chefs-d’œuvre de l’art néo-classique.

En 2016, à l’invitation de la Ménagerie de verre à Paris, Théo Mercier présente "Radio Vinci Park", qu’il co-signe avec le chorégraphe et danseur François Chaignaud[16]. Conçue pour un parking souterrain, cette pièce se présente comme un duel motomachique et invite le public à entrer dans un scénario immersif où se confrontent le danseur François Chaignaud, le cascadeur Cyril Bourny et la claveciniste Marie-Pierre Brébant, trois savoir-faire et trois rapports corps/machine dans une mystérieuse arène.

Artiste associé au théâtre des Amandiers depuis 2017, Théo Mercier présente en 2017 La Fille du collectionneur, une pièce de théâtre où il propose au spectateur de regarder une exposition sur scène, une visite d’un genre unique entre enquête policière et quête esthétique où les habitudes de regards seraient inversées. En 2018, il présente Affordable Solution for Better Living, un solo dansé qu’il co-signe avec le chorégraphe et interprète Steven Michel, autour du mobilier IKEA, où ils explorent les relations ambiguës qui existent entre la philosophie du « beau pour tous » prônée par le géant suédois de l’immobilier en kit et la standardisation du corps, des gestes, des émotions et des désirs dans un monde post-moderne.

Ses performances ont été montrées au théâtre Nanterre-Amandiers, à La Villette et La Ménagerie de verre à Paris, à l’Usine C à Montréal, The Invisible dog Art Center de New York, au Festival Actoral de Marseille[17],[18], à Bonlieu Scène nationale Annecy[19], Dampfezentrale à Berne[20], au Vooroit Center[21] et à CAMPO à Gand[22], à Théâtre de Vidy Lausanne ou encore à La Bâtie-Festival de Genève.

Musique

Théo Mercier créé également des images originales pour des groupes de musique, tels que Philippe Katerine, Connan Mockasin, Soft Hair, Sexy Sushi, RBK Warrior, Juliette Armanet ou Agar Agar.

Bibliographie

  • Théo Mercier, All you can eat, éditions Dilecta, 2012[23]

Articles de presse

  • (en) Emiliy Rappaport, « Théo Mercier Casa Maauad / Mexico », Flash art los Angeles, (lire en ligne)
  • oscar Héliani, « Théo Mercier au plus-que-parfait », Têtu, (lire en ligne)
  • Harry Bellet & Philippe Dagen, « A la Fiac, de Picasso à Théo Mercier, un long fleuve d'art tranquille », Le Monde, (lire en ligne)
  • Smaranda Olcèse, « Du Futur Faisons Table Rase : Sexy Sushi, Mercier, Chaignaud...au festival exit », Inferno, (lire en ligne)
  • Sabrina Weldman, « Tragi-comédie Musicale », IF, (lire en ligne)
  • Vincent Simon, « Théo Mercier, Le grand Mess », IF, (lire en ligne)
  • Stéphanie Estournet, « THÉO MERCIER: PETIT PRINCE À L’ŒUVRE », Libération, (lire en ligne)
  • Sabine Morandini, « Théo Mercier, Le Musée des Arts Seconds », Fascineshion.com, (lire en ligne)
  • Sabine Morandini, « ‘Le Solitaire’ – A Fantastic Spaghetti Monster by Theo Mercier », thefoxisblack, (lire en ligne)
  • Clément Chys, « à la merci de mercier », Libération Next, (lire en ligne)
  • Sylvain Bourmeau, « En voilà des idées », Libération, (lire en ligne)
  • (en) « Reviving the french contemporary art scene », Los angeles Times, (lire en ligne)
  • (en) « Reviving the french contemporary art scene », Los angeles Times, (lire en ligne)
  • VB, « Mr Fantasric », Têtu, (lire en ligne)
  • couverture, « Théo Mercier », Les Inrockuptibles, (lire en ligne)
  • couverture, « Théo Mercier », Les Inrockuptibles, (lire en ligne)
  • Sylvain Bourmeau, « Chez Théo Mercier, Sculpteur en arts seconds », Beaux-arts Magazine, (lire en ligne)
  • Catherine millet, « Théo Mercier », Art press, (lire en ligne)

Notes et références

  1. Matthew Barney, « RIVER OF FUNDAMENT », sur www.riveroffundament.net (consulté le )
  2. « Art Wiki : Dynasty », sur www.artwiki.fr
  3. « 'Le Solitaire' - A Fantastic Spaghetti Monster by Theo Mercier », sur The Fox Is Black
  4. « Gold war wall, Museo El Eco Mexico », sur www.eleco.unam.mx
  5. « The Thrill is gone, Marseille expos », sur www.marseilleexpos.com
  6. « Oil now, Envoy Enterprises », sur www.gosee.us
  7. « Rock the Casbah », sur www.theomercier.com
  8. « Droma. studio show », sur www.theomercier.com
  9. « Le grand MESS », sur www.theomercier.com
  10. « La possession du monde n'est pas ma priorité, Collection Centre Pompidou », sur wwww.centrepompidou.fr
  11. « Théo Mercier, Je ne regrette rien, Prix Marcel-Duchamp 2014 », sur www.adiaf.com
  12. « Back to Basics and Gender studies », sur www.theomercier.com
  13. « Nowhere bodies », sur www.theomercier.com
  14. « "Du futur faisons table rase", EXIT 2014, Mac de Créteil », sur www.maccreteil.com
  15. Thomas James, « DU FUTUR FAISONS TABLE RASE / THÉO MERCIER »,
  16. « Radio Vinci Park », sur www.vlovajobpru.com
  17. « Actoral | Festival international des arts & des écritures contemporaines », sur www.actoral.org
  18. Hubert Colas
  19. « Bonlieu Scène nationale Annecy », sur www.bonlieu-annecy.com
  20. « Dampfzentrale Bern », sur www.dampfzentrale.ch/
  21. « Vooroit Center », sur www.vooruit.be
  22. « CAMPO », sur www.campo.nu
  23. « All you can eat, Editions Dilecta », sur www.editions-dilecta.com

Liens externes

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