Temple d'Athéna Pronaia

Le Temple d'Athéna Pronaia (ou Pronoia[1]) était un temple situé sur le site antique de Delphes. Il était situé dans le sanctuaire d'Athéna Pronaia, un groupe de bâtiments comprenant des temples et des trésors ainsi que le célèbre Tholos de Delphes. Il a été construit trois fois successivement. Les premiers temples (38° 28′ 49″ N, 22° 30′ 30″ E ) appelés A et B, ont été construits respectivement durant les VIIe siècle av. J.-C. et VIe siècle av. J.-C. à partir de pierre poreuse (tuf). Un troisième temple (38° 28′ 49″ N, 22° 30′ 28″ E ) a été construit au cours du IVe siècle av. J.-C., cette fois à partir de roche calcaire, mais il n'est pas certain que ce dernier était dédié à Athéna.

Plan du sanctuaire d'Athéna Pronaia à Delphes.
1. Emplacement des 2 premiers temples d'Athéna Pronaia (Temples A et B) 2. Emplacement du troisième temple d'Athéna Pronaia (Temple C) 3. Tholos 4. Trésor des Massiliens et des Romains 5. Trésor dorique 6. Temenos de héros 7. Autel d'Athéna Pronaia 8. Autel d'Hygieia et d'Eileithyia 9. Autel archaïque non identifié 10. Bâtiment non identifié 11. Base de statue d’un empereur (Hadrien ?) 12. Entrée Est 13. Entrée Sud
Reconstitution du site.

Description

Le sanctuaire d'Athéna « Pronaia » (également orthographié « Pronaea », c'est-à-dire « celui qui précède le temple »), se trouve au lieu-dit « Marmaria » (les Marbres), à environ 1500 m à l’est du grand Hiéron d’Apollon. Il est situé en contre-bas de la route qui conduisaient les pèlerins qui venaient à Delphes par voie de terre pour consulter l’oracle[2]. Le sanctuaire était nommé Pronaia car il s'agit du premier site rencontré par le visiteur venu à Delphes à pied depuis la route orientale, d'où son nom[3].

Les fouilles ont prouvé qu'à cet endroit se trouvait un site de culte plus ancien, peut-être dédié à la déesse Gaïa (La Terre)[4]. La plupart des figurines mycéniennes exposées au musée archéologique de Delphes, y compris la figure assise notable sur un trépied, ont été découvertes ici. Il est possible qu'il s'agisse d'ex-votos (offrandes).

Temple A

Le premier temple dédié à Athéna était constitué en pierre poreuse (tuf) de couleur grise. Il fut construit au VIIe siècle av. J.-C.. C'était probablement le premier temple dorique. Douze colonnes ainsi que les fondations et le crépidome et le stylobate ont été conservées. Le chapiteau était court et les cannelures des colonnes étaient peu profondes[5].

Ce temple fut détruit durant la première moitié du VIe siècle av. J.-C., peut-être à la suite d'un tremblement de terre[6].

Temple B

Tholos de Delphes dans le sanctuaire d'Athéna Pronaia. 370-360 avant J.C.

Après la destruction du temple A, un autre temple, maintenant appelé temple B, a été érigé au même endroit. Il aurait été construit vers 510 avant J.C., probablement dans le cadre d'un programme de construction lancé par les Alcméonides (famille noble d'Athènes) afin de restaurer un certain nombre de monuments[5].

Ce second temple (13,25 × 27,46 m) fut également construit en pierre poreuse (tuf). Il s'agissait d'un temple périptère, constitué de 12 colonnes sur les côtés longs et 6 colonnes sur les côtés étroits. Il était décoré avec des figures en terre cuite d'Athéna et de Niké (déesse de la victoire) sur les métopes, sur les frontons ainsi que sur les acrotères[5].

Lorsque le temple fit l'objet de fouilles, 15 colonnes étaient encore conservées à une certaine hauteur, mais elles furent détruites à la suite d'une chute de pierre en 1905. D'après certains chercheurs, ce temple aurait continué d'exister, même après la construction d'un troisième temple car des traces de restauration ont été découvertes[5].

Les fragments de marbre d'une tête d'Athéna ont découverts et sont désormais exposés au musée. Ils sont attribués à la statue cultuelle d'Athéna, située dans la cella du temple[6]

Temple C

Vue panoramique du site aujourd'hui.

Un troisième temple, construit en calcaire, fut érigé vers 360 avant J.C.

Ce temple était situé à l'ouest de la terrasse supportant l'ensemble du complexe de la "Marmaria". Bien que seules les fondations soient encore visibles, son plan a été entièrement restauré. Il était basé sur un crépis composé de trois niveaux. Il s'agit d'un temple prostyle in antis composé de six colonnes sur la façade[5]. Il avait également une cella et un vestibule. La cella était séparée du pronaos par une porte d'ordre ionique. Le long du mur arrière se trouvaient des statues disposées sur des bases, dont certaines ont été placées là sans doute à une date ultérieure.

Il semble que le temple ne disposait d'aucune décoration sculptée, à l'exception des acrotères qui n'ont malheureusement pas pu être conservés[5]. Cette absence de décoration s'explique peut-être par le fait que le temple se trouvait à proximité du tholos, construit quelques décennies plus tôt et qui était, lui, richement décoré. L'architecture du temple C, sans décoration, permettait ainsi de créer un contraste.

Le géographe Pausanias brosse une description du temple au IIe siècle lors de sa visite à Delphes :

« En entrant dans la ville, on trouve une série de temples : le premier était en ruines [...] le dernier s'appelle Temple d'Athéna Pronoia ; il abrite deux statues de la déesse. Celle qui se trouve dans le pronaos est une offrande des Massaliotes, de dimension plus grande que celle qui se trouve à l'intérieur... Quant au bouclier d’or qu’offrit Crésus de Lydie à Athéna Pronoia, la tradition delphique veut qu’il ait été pillé par Philomélos[7],[8]. »

Le temple cessa probablement d'être un lieu de culte après le IVe siècle ou Ve siècle, car à cette période, tous les sanctuaires païens étaient fermés à la suite de la montée du christianisme et la persécution des païens à travers l'Empire romain.

Hypothèse d’un temple d’Artémis

Il est possible cependant que le dernier temple en calcaire n'était pas dédié à Athéna mais à la déesse Artémis. Certains chercheurs ont émis cette hypothèse en raison de plusieurs différences identifiées entre le témoignage de Pausanias et les édifices révélés par les fouilles réalisées entre 1900 et 1902[9].

C’est le cas notamment de l’architecte et archéologue[10] Didier Laroche, pour qui il s’agirait plutôt d’un temple d’Artémis. En effet, l’historien grec Diodore de Sicile mentionne dans ses écrits un temple d’Artémis à Delphes, mais celui-ci n'a pas été retrouvé jusqu’à présent[11].

Pour Laroche, le sanctuaire d’Athéna se serait borné à la terrasse qui supporte le temple ainsi que les autels situés à l'est. Artémis et Athéna étant souvent associées ensemble (elles étaient appelées « les Vierges blanches »[12]), il est possible que le dernier temple fut construit à l'ouest par symétrie et qu'il était dédié à la déesse Artémis[9].

Néanmoins, la plupart des chercheurs l'attribuent traditionnellement à Athéna.

Dérivation en Temple d’Athéna « Pronoia »

Selon Hélène Walter, professeur d'archéologie et d'Histoire de l'art, le temple aurait été renommé Temple d Athéna « Pronoia » (Prévoyante ou Providence) à partir du IVe siècle av. J.-C.[1].

L’origine de cette nouvelle dénomination est incertaine. Une hypothèse assez répandue est qu’il s’agirait d’un jeu de mots qui était à l’époque en vogue chez les Athéniens. En effet, comme l’explique le professeur d’archéologie Charles Picard, Athéna avait dans la mythologie grecque veillé sur l’accouchement de Léto ainsi que sur la naissance d’Apollon, ce qui expliquerait l’épiclèse de « Providence »[13].

Dans son discours sur le Roi-Soleil, l’empereur romain Julien indique en effet que « Les Anciens (les Grecs) avaient associé Athéna-Providence à Apollon »[14].

Les archéologues français Robert Demangel et Georges Daux notent néanmoins que la question de l’épiclèse Pronaia ou Pronoia était encore régulièrement débattue au début du XXe siècle[2].

Références

  1. Walter 1984, p. 157.
  2. Demangel&Daux 1923, Introduction, p. 1.
  3. Demangel&Daux 1923, Les temples de tuf, p. 1.
  4. Robert Delord, « Le sanctuaire et l´oracle d´Apollon à Delphes », arretetonchar.fr, (lire en ligne)
  5. Dr. Aphrodite Kamara, « Le temple d'Athéna Pronaia » (consulté le )
  6. R. Demangel et G. Daux, Le sanctuaire d'Athéna Pronaia, : Fasc.I: Les temples de tuf, Paris, .
  7. Georges Roux, « Pausanias, le « Contre Aristogiton » et les « Énigmes de Marmaria » à Delphes », Revue des Études Anciennes, , p. 37-53 (lire en ligne)
  8. Pausanias, Description of Greece 10. 8. 6 (trans. Jones)
  9. Didier Laroche et Anne Jacquemin, « Constructions et reconstructions à Delphes au IVe s. av. J.-C. », sur Les Dossiers d'archéologie, 2010, (consulté le ), p. 7
  10. « Didier LAROCHE », sur Ecole d'architecture de Strasbourg (consulté le )
  11. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, chap. XI, p. 14, 3-4
  12. Eugène A. Siret, L'Éolide, la chimère, l'amazone et les dieux : Mythe de Bellérophon. Récit des temps légendaires, 260 p. (lire en ligne)
  13. Picard 1932, p. 245-253.
  14. Louis Ménard, Du polythéisme hellénique, Paris, (lire sur Wikisource)

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Hélène Walter, Hommages à Lucien Lerat, Presses Univ. Franche-Comté, (lire en ligne)
  • Charles Picard, Athéna Zostéria, Revue des Études Anciennes, (lire en ligne)
  • Robert Demangel et Georges Daux, Fouilles de Delphes – Tome II – Topographie et Architecture, Paris, R DE Boccard, (lire en ligne)
  • Bommelaer J.-F. (1997). Guide de Delphes. Marmaria, le sanctuaire d'Athéna à Delphes ,. Paris.
  • Bommelaer, J.-F., Laroche, D., (1991). Guide de Delphes. Le site. Paris, p.   65-68.
  • Kolonia, R. (2006). Le musée archéologique de Delphes, Athènes

Articles connexes

Liens externes

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