Tamaris (voilier)

Le Tamaris est un trois-mâts construit aux chantiers de La Seyne-sur-Mer vers 1868, l'un des premiers à coque en fer. Il est devenu célèbre à son époque en raison de son naufrage dans l'archipel des Crozet et de l'appel au secours lancé par les survivants à l'aide d'un albatros.

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Tamaris
Type Clipper coque métallique
Gréement trois-mâts barque
Histoire
Chantier naval S.N.F.C.M.
Caractéristiques techniques
Longueur 47,60 m[1]
Maître-bau 8,80 m
Tonnage 600 tx
Voilure 1 000 m2
Carrière
Armateur (1887) Bordes
Port d'attache (1887) Bordeaux

Historique

Le trois-mâts barque Tamaris est construit en 1867 par le chantier naval de la Société nouvelle des forges et chantiers de la Méditerranée à La Seyne-sur-Mer pour le compte des armateurs J. Deville et A. de St-Alary de Marseille.

Armements

  • (1868 - ?) : Deville & Cie : voyages vers l'Asie (Inde, Indochine). Son port d'attache est Marseille.
  • (? - 1880) : Bosc Père & Fils, voyages vers l'Amérique du Sud (armement plutôt tourné vers le transport des peaux et cuirs). Son port d'attache est toujours Marseille.
  • (1877-1880) : Rose Père & Fils. New York - Marseille avec des cargaisons de barils de pétrole.
  • ( - 1887) : achat par l'armement Bordes[2] pour 57 750 francs, son port d'attache devient Bordeaux. Il est affecté à la ligne Bordeaux-Papeete-Nouméa.

Naufrage

Plaque commémorative en souvenir des disparus du Tamaris, présente dans la chapelle Notre-Dame-des-Oiseaux de la base Alfred Faure (île de la Possession).

Parti de Bordeaux le sous le commandement du capitaine Majou, et chargé d'équipements pour Nouméa, le navire heurte, dans la nuit du 8 au , pendant une tempête, les récifs de l'île des Pingouins (groupe occidental des Crozet) et fait naufrage. Le , treize rescapés réussissent à atteindre l'île aux Cochons, où ils demeurent, profitant d'un dépôt de vivres[3],[4],[5],[6]. Le , ils ont l'idée de graver sur une plaquette métallique un message d'appel au secours (« treize naufragés français réfugiés aux Crozet, 4 août ») qu'ils fixent au cou d'un albatros. Celui-ci sera retrouvé sept semaines plus tard, épuisé, sur une plage de Fremantle en Australie-Occidentale[4],[5],[6].

Le jeune homme qui découvre l'albatros mort récemment car « encore chaud », trouve le message et rapporte rapidement l'oiseau à son employeur. Celui-ci comprend l'importance de la situation, informe les autorités, qui avisent Londres par télégraphe. Les autorités britanniques à leur tour en informent aussitôt la France qui dépêche depuis Madagascar un aviso à voile, la Meurthe, commandée par l'officier de marine Frédéric Richard-Foy. Arrivé sur site le , il fera en vain le tour des îles sans jamais retrouver trace des naufragés[6].

En effet, le , les naufragés avaient pris la mer, sur une embarcation de fortune, pour tenter de rejoindre l'île de la Possession. Ils ne l'atteignirent jamais[5].

Seuls sont retrouvés l'abri construit par les naufragés et un journal écrit par le commandant Majou[7].

En 1925, l'albatros, qui avait été naturalisé, est redécouvert à l'Australian Museum de Sydney, portant encore au cou le message des naufragés. Il est découpé dans la tôle fine d'une boîte de conserve et le texte est formé de petits trous soigneusement alignés pour former les lettres, d'une hauteur d'1,5 cm[5]. Le socle sur lequel est posé l'oiseau contient des coupures de journaux d'époque, qui s'interrogent sur la raison pour laquelle l'albatros a ainsi voyagé des îles Crozet jusqu'en Australie, et font l'hypothèse que cela serait dû à la gêne du message serrant le cou de l'animal, et qui l'empêchait d'avaler sa nourriture, dont les restes ont été retrouvés dans sa gorge[5].

Postérité

Littérature

L'aventure malheureuse des naufragés du Tamaris et leur tentative de sauvetage à l'aide d'un albatros ont inspiré plusieurs romans dont :

  • en 1891, Le fond d'un cœur de Marc de Chandplaix, pseudonyme de Frédéric Richard-Foy, qui s'est inspiré des faits qu'il a vécus en tant que commandant du navire de secours[8] ;
  • en 1961, Le novice du Tamaris de Yves Le Scal[9] ;
  • en 2013, L'Albatros et le « Tamaris », un récit complet des événements, par Jacques Nougier[10] (prix Jean Loreau 2014 du Mérite maritime).

Toponymie

Aujourd'hui, les brisants au sud de l'île des Pingouins portent le nom de brisant du Tamaris tandis qu'à l'île aux Cochons on trouve le mouillage de la Meurthe. Le volcan, sommet de l'île (770 m), est appelé le mont Richard-Foy[11].

Philatélie

Le service postal des Terres Australes et Antarctiques Françaises a émis en 1995 un timbre d'une valeur faciale de 25,80 F portant la mention "Aventure du Tamaris" et illustré du navire et d'un albatros.[12]

Notes et références

  1. Les Clippers français, Éditions du Chasse marée, par Claude et Jacqueline Briot avec la collaboration de François Renault, (ISBN 2903708460), pages 137/138/139.
  2. C'est un gros armateur français. En 1898, il arme 37 navires, ce qui le place au 7e rang.
  3. Ce n'est pas le premier naufrage survenu dans ces parages. Le dépôt de vivres avait été constitué en 1880 par le navire anglais Comus qui en avait établi sur plusieurs îles de l'archipel. Il sera renouvelé par la Meurthe.
  4. Les Îles australes françaises, par Gracie Delépine, éd. Ouest France, 1995 p. 8789
  5. « L’albatros et le Tamaris », sur amaepf.fr (consulté le ).
  6. Jacques Nougier et Xavier Langlet, « Le collier de l’Albatros du Tamaris retrouvé ! », sur philatelie.polaire.free.fr, (consulté le ).
  7. Frédéric Richard-Foy, « Voyage de la Meurthe de Sainte-Marie de Madagascar aux îles Crozet », Annales Hydrographiques, vol. 2, , p. 230-248
  8. Jean-Claude Bousquet, « Le fond d'un cœur », Revue Australe et Polaire, Amicale des missions australes et polaires françaises, vol. 81, , p. 54-59 (lire en ligne)
  9. Yve Le Scal, Le Novice du Tamaris, Paris, France-Empire, , 273 p. (ISBN 2-7048-0296-3 et 978-2-7048-0296-8, OCLC 405658779, lire en ligne)
  10. L'Albatros et le « Tamaris » par Jacques Nougier, Airelle-Éditions, 140 pages, 27 illustrations (ISBN 979-10-90014-08-4).
  11. Terres australes et antarctiques françaises. Commission territoriale de toponymie., Toponymie des terres australes, [1973] (OCLC 5847705, lire en ligne)
  12. « Douze timbres pour les Terres australes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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