Symphorien d'Autun
Symphorien d'Autun est un jeune martyr chrétien défenseur de la foi, né vers 159[1] et mort vers 179[2]. Saint de l’Église catholique, il est fêté le 22 août.
Pour les articles homonymes, voir Symphorien.
Symphorien d'Autun | |
Martyre de saint Symphorien de Daniel Hallé (1671), cathédrale Saint-Pierre de Saint-Flour. | |
Saint, jeune martyr | |
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Naissance | v. 159 Augustodunum (Autun), Gaule lyonnaise |
Décès | v. 179 (v. 20 ans) Augustodunum (Autun), Gaule lyonnaise |
Vénéré à | cathédrale Saint-Lazare d'Autun, Saint-Symphorien en Belgique |
Vénéré par | Église catholique, Église orthodoxe |
Fête | 22 août |
Attributs | palme du martyr |
Saint patron | Autun ; jeunes, fauconniers, maladie des yeux, délivrance d’un insecte entré dans l'œil |
Biographie
D'après sa Passion écrite trois siècles après sa mort et soutenue par Grégoire de Tours dans son De gloria confessorum, Symphorien (en latin Symphorianus) est le fils du noble sénateur Faute (Faustus) et d'Augusta, tous deux appréciés et respectables. Cette famille faisait partie des tout premiers chrétiens dans une ville d’Autun largement païenne. On y adorait Apollon, Diane et la déesse orientale Cybèle. Symphorien fut probablement martyrisé sous Marc Aurèle en 179 ou en 180 (les premiers martyrs de Lyon ont péri en 177).
Un jour que le peuple, resté adorateur des idoles, promène une statue de Cybèle, Symphorien se moque du cortège et refuse de joindre ses hommages à ceux de la foule. Aussi, Il est saisi, battu, arrêté et incarcéré, puis interrogé par le magistrat Héraclius. Après une sanglante flagellation, le martyr est jeté dans un cachot et privé de lumière. Quelques jours après le délai légal, considérablement affaibli, il est conduit au juge qui l'exhorte à sacrifier aux divinités en lui promettant de le rétablir dans ses honneurs. « Les biens des chrétiens, leurs honneurs, ne sont pas de ce monde ; le monde passe comme une ombre, Dieu seul donne le vrai bonheur »[3], répond-il. Furieux, le juge le condamne à la mort par le glaive. Symphorien est amené hors les murs au-delà de la porte de Langres (aujourd'hui porte Saint-André) pour être décapité. Sa mère, qui avait assisté à sa condamnation, l'exhorte du haut des remparts avant son exécution : « Courage, mon fils, courage, la mort nous conduit à la vie. Regardez en haut, mon enfant, regardez Celui qui règne au ciel ! »[4].
Culte
Des religieux[5] enlèvent le corps du martyr et le déposent, non loin de là, auprès d’une fontaine, au polyandre de la via Strata. Vers 450, saint Euphrône d'Autun fait ériger l'abbaye de Saint-Symphorien d'Autun, dont il fut le premier abbé, sur le lieu du martyre du saint jeune homme. Elle est desservie par un monastère qui connaît sa période de gloire et contribue à l’extension du culte du jeune martyr. Aujourd'hui, la plupart de ses reliques sont à la cathédrale Saint-Lazare d'Autun sans être visibles au public ; il est prévu de les rendre accessibles à une date non encore fixée.
À l’époque mérovingienne, Symphorien est considéré comme un saint national, à l’instar de saint Denis de Paris et de saint Privat de Mende qui est fêté la veille de la Saint-Symphorien, le . Son sépulcre, nous dit Grégoire de Tours qui l'a vu, « est presque troué par les malades qui s'y font porter, afin d'enlever un peu de poussière de son tombeau dont ils se servent comme d'un remède efficace à tous leurs maux », de la même façon que le sont les autres sépultures des nombreux saints inhumés le long de cette voie.
Symphorien était célèbre dans l’ancienne liturgie gallicane. De très nombreuses paroisses à travers la Gaule se vouèrent à ce saint. En France, vingt-sept communes et plusieurs autres lieux et de nombreuses églises portent son nom[6].
La paroisse de Longeville-lès-Metz dispose d'une église dédiée au saint qu'elle célèbre le deuxième dimanche d’octobre[7]. L'abbaye Saint-Symphorien de Metz n'existe plus mais l'île sur laquelle a été érigé le stade Saint-Symphorien voisin garde la mémoire de ces temps révolus.
Autrefois, un pèlerinage en l’honneur du martyr d’Autun avait lieu dans le village actuel de Saint-Symphorien en Vendée, réputé jusqu’à 200 km à la ronde selon certaines chroniques. Il se déroulait le . Aujourd’hui, le pèlerinage s’est transformé en foire aux melons, se déroulant le week-end proche autour de la même date.
Invocation
Pour être délivré d’un insecte entré dans l'œil, on invoque saint Symphorien. On dit qu’avant de le décapiter, on lui aurait fait dévorer le visage par des insectes et des scorpions.
Pèlerinage de Deûlémont
On trouve mention du pèlerinage de Deûlémont (Nord) dès le XVIIe siècle ; à cette époque, on paye déjà le clerc de l'église pour qu'il distribue des chandelles aux pèlerins qui viennent « servir saint Symphorien »[8]. Au XXe siècle, l'église de Deûlémont reste un lieu de dévotion où se rendent de nombreux pèlerins de Flandre Occidentale[9],[10],[11],[12],[13].
On priait Symphorien pour la guérison ou la protection contre les maladies infantiles, en particulier contre la cyanose[9],[10] ou la mort subite du nourrisson[14]. On faisait bénir des vêtements ou des sous-vêtements que les enfants devaient ensuite porter pendant neuf jours.
La paroisse de Deûlémont avait fait frapper une médaille à l’effigie du saint et organisait une procession en son honneur[15]. Aujourd'hui encore, des pèlerins flamands continuent de venir « servir » Symphorien. La tradition demeure de bénir les enfants à l'autel Saint-Symphorien tous les 4e dimanches du mois d'aôut[16].
Étymologie
Nom gréco-latin Symphorianus, formé sur le grec σύμφορος, súmphoros « utile, avantageux ; convenable » (de σύν, sún « avec » et φορός, phorós « qui porte, qui apporte; qui favorise ») + suffixe anthroponymique latin -ianus. Il a existé par ailleurs une forme populaire latine de ce nom, Siforianus, dont procèdent les anciennes variantes romanes Siphorien, Syphorien, Ciphorien, etc.[17]
Notes et références
- Dates de naissance et de mort du jeune martyr - église Saint-Symphorien de Versailles
- Le martyr saint Symphorien tué en 179 - le site sur l'Art Roman en Bourgogne
- Dialogue entre le juge romain et Symphorien - site L'Évangile au Quotidien
- Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
- D. Ruinard, Acta sincera.
- Saint-Symphorien .
- Robert Canuel, La vie de saint Symphorien [lire en ligne].
- Deûlémont : informations historiques sur la ville, Deûlémont, Archives municipales, , p. 18
- (nl) Walter Giraldo, « Dienen uit liefdadigheid », Biekorf, , p 68 (lire en ligne)
- (nl) Walter Giraldo, « Dienen uit liefdadigheid », Biekorf, , p 71 (lire en ligne)
- (nl) Walter Girardo, Volksdevotie in West Vlaanderen, Brugge / Bruges, Marc Vande Wiele, , 164 p. (ISBN 90-6966-057-1), p 56
- (nl) Walter Giraldo, « Dienen uit liefdadigheid », Biekorf, , p105 (lire en ligne)
- (nl) Walter Giraldo, « Bedevaart, volksgeneeskunde en toverij », Biekorf, , p 236 (lire en ligne)
- (nl) Walter Giraldo, Volksdevotie in West-Vlaanderen, Brugge (bruges), Marc van de Wiele, , 164 p. (ISBN 90-6966-057-1), p 29 "tot heden blijkt Dulzemonde de aangewezen bedevaartplaats tegen de wiegendood te zijn" / tr : jusqu'à présent, Deulemont semble le lieu de pélérinage désigné contre la mort subite du nourrisson.
- « Deulemont dans la tourmente », sur doyennelysetdeule.fr
- « St Symphorien ferme dans la foi », sur doyennelysetdeule.fr, (consulté le )
- Auguste Longnon, Les noms de lieux de la France, Paris, 1920-1929 ; rééd. Champion, Paris, 1979, t. I, p. 442, § 2071.
Voir aussi
Bibliographie
- Acta Sanctorum, août, V, 491.
- Abbé Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
- Abbé Ch. -L. Dinet S. Symphorien et son culte Tome Second , Autun, Imprimerie Michel Dejussieu. 1861
Articles connexes
Liens externes
- Hagiographie de saint Symphorien du livre Vies des Saints
- Vie de saint Symphorien, paroisse Saint-Symphorien en Côte-Chalonnaise
- (it) Vie de saint Symphorien, jeune martyr fêté le 22 août - site Sancti Beati
- Saint Symphorien dans la toponymie de Guy Souillet
- Histoire des reliques dans le diocèse d’Autun au Moyen Âge de Diane Carron
- Confrérie Saint-Symphorien de la ville éponyme en Belgique
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