Sitiveni Rabuka
Le général Sitiveni Ligamamada Rabuka (né le ) est un homme politique fidjien, célèbre pour avoir mené deux coups d'État en 1987. Il est par la suite Premier ministre de 1992 à 1999. À l'heure actuelle, Rabuka est le roko tui du conseil provincial de Cakaudrove dans la Région septentrionale. Il était le seul membre à vie du Grand Conseil des Chefs (malgré le fait qu'il est roturier) jusqu'à sa dissolution en 2012.
Sitiveni Rabuka | |
Sitiveni Rabuka en février 2014. | |
Fonctions | |
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1er président du Grand Conseil des Chefs | |
– (2 ans) |
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Prédécesseur | Création du poste |
Successeur | Ratu Epeli Ganilau |
3e Premier ministre fidjien | |
– (6 ans, 11 mois et 17 jours) |
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Président | Ratu Sir Penaia Ganilau Ratu Sir Kamisese Mara |
Gouvernement | Rabuka II, Rabuka III |
Prédécesseur | Ratu Sir Kamisese Mara |
Successeur | Mahendra Chaudhry |
Président du gouvernement militaire (Chef de l'État et du gouvernement) | |
– (1 mois et 28 jours) |
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Gouvernement | Rabuka I |
Prédécesseur | Ratu Sir Penaia Ganilau (gouverneur général) |
Successeur | Ratu Sir Penaia Ganilau (président de la République) |
Chef de l'Opposition parlementaire | |
– | |
Prédécesseur | Ro Teimumu Kepa |
Successeur | Ratu Naiqama Lalabalavu |
Biographie | |
Nom de naissance | Sitiveni Ligamamada Rabuka |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Nakobo (Fidji) |
Nationalité | Fidjienne |
Conjoint | Suluweti Camaivuna Tuiloma |
Religion | méthodiste[1] |
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Chefs d'État fidjiens Premiers ministres fidjiens |
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L'évolution politique et idéologique de Rabuka est assez singulière, puisqu'il mena deux coups d'État au nom du nationalisme indigène, avant de se reconvertir en apôtre de la tolérance, du dialogue inter-ethnique et du multiculturalisme. Aujourd'hui il commente fréquemment l'actualité, et ses points de vue sur les grands thèmes socio-politiques contemporains sont publiés par les médias fidjiens. Il mène le Parti libéral social-démocrate (« Sodelpa ») aux élections législatives de 2018. Sous sa direction, le parti progresse, mais sans parvenir à l'emporter. Il est évincé de la direction du parti en ; dans la foulée, il démissionne du Parlement et du parti.
Carrière militaire
Rabuka fait ses études dans des écoles militaires de Nouvelle-Zélande dans les années 1970, puis est également formé par des écoles militaires en Inde et en Australie. De 1980 à 1981, il participe à la FINUL. De 1983 à 1985, il commande les forces armées fidjiennes qui participent aux opérations de maintien de la paix au Sinaï.
Les coups d'État de 1987
En 1987, Rabuka a le grade de colonel, mais n'a jamais été un homme politique. Lorsqu'il mène un coup d'État le pour renverser le gouvernement démocratiquement élu du Premier ministre Timoci Bavadra, il surgit soudain sur le devant de la scène. Il explique avoir agi pour défendre la suprématie politique des indigènes fidjiens, qu'il jugeait menacée par le gouvernement Bavadra, à forte composante indo-fidjienne. Il abroge la Constitution, puis remet le pouvoir au gouverneur général Ratu Sir Penaia Ganilau, un chef de haut rang. Rabuka le presse de mener une politique favorable aux intérêts indigènes.
Ganilau refuse toutefois de reconnaître l'abrogation de la Constitution, dont Rabuka juge qu'elle confère trop de droits politiques aux Indo-Fidjiens. En conséquence, Rabuka mène un second coup d'État le , abolit la monarchie fidjienne, et, le , remet le pouvoir à un « gouvernement de transition »; Ganilau obtient le poste de président, et Ratu Sir Kamisese Mara celui de premier ministre. Rabuka, lui, garde le contrôle de l'armée et se fait nommer ministre de l'Intérieur.
Bien plus tard, Rabuka présentera publiquement ses excuses pour avoir mené ces coups d'État, et affirmera regretter avoir entravé la démocratie[2].
Les coups d'État de 1987 marquèrent un tournant dans l'histoire du pays. À leur suite, les tensions inter-ethniques entre les deux principales communautés (indigènes et Indo-Fidjiens) allaient contribuer à générer deux autres coups d'État, en 2000 et en 2006.
La décennie 1990
En 1990, le gouvernement de transition, sous l'œil de Rabuka, préside à l'instauration d'une nouvelle Constitution, qui vise explicitement à garantir la suprématie politique des indigènes. Les Indo-Fidjiens se voient privés de toute possibilité d'obtenir une majorité de sièges au Parlement, et se voient interdire l'accès aux fonctions de premier ministre et de président. Rabuka prend la tête d'un nouveau parti, le Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei (SVT, ou « Parti politique fidjien »). Il remporte les élections législatives de 1992 et devient Premier ministre, mais en 1994 la défection de plusieurs de ses députés entraîne une nouvelle élection.
Le SVT en sort à nouveau vainqueur, et Rabuka demeure premier ministre, mais avec une majorité affaiblie. Rabuka se rapproche alors de Jai Ram Reddy, leader du National Federation Party à forte majorité indo-fidjienne. Cette alliance informelle, et inattendue au vu des positions adoptées jusque-là par Rabuka, marque une évolution dans son positionnement politique. Son entente avec Reddy est cruciale à l'élaboration d'une nouvelle Constitution, en 1997, qui accorde une influence politique plus importante aux électeurs indo-fidjiens. La Constitution de 1997, qui va permettre l'élection d'un Premier ministre indo-fidjien deux ans plus tard, reçoit le soutien explicite de Rabuka, qui a alors opéré une volte-face et abandonné en grande partie ses doctrines nationalistes.
Rabuka participe aux élections législatives de 1999, mais est vaincu par le candidat travailliste Mahendra Chaudhry. Pour la première fois de son histoire, Fidji a alors un Premier ministre indo-fidjien. Rabuka accepte sa défaite électorale.
2008 : Manager de l'équipe de rugby des Îliens du Pacifique
En , l'équipe des Îliens du Pacifique de rugby à XV visite l'Europe pour affronter l'Angleterre, la France et l'Italie. Il est le manager de l'équipe[3].
2016 : retour en politique
Le , le Parti libéral social-démocrate (ou « Sodelpa », conservateur), principal parti d'opposition au Parlement, choisit Sitiveni Rabuka comme nouveau chef du parti, après la démission de Ro Teimumu Kepa. Cette dernière exprime son désaccord avec ce choix, tandis que plusieurs cadres du Sodelpa démissionnent pour protester contre Rabuka[4]. Il exprime à nouveau ses regrets pour ses actions en 1987, et redemande formellement pardon à toutes les personnes affectées[5]. Il mène le parti aux élections législatives de novembre 2018. Sous sa direction, le Sodelpa progresse, obtenant 39,9 % des voix et vingt-et-un sièges sur cinquante-et-un, demeurant le principal parti d'opposition[6].
Seul candidat, il devient chef de l'Opposition parlementaire le , ayant été nominé par Ro Teimumu Kepa ainsi que par Biman Prasad, le chef du Parti de la fédération nationale[7]. Il se fait ministre fantôme de l'Économie, des Entreprises publiques et du Service public dans son propre cabinet fantôme[8].
Fin , il est défié pour la direction du parti. Le , les députés du parti élisent Viliame Gavoka comme chef, écartant ainsi Sitiveni Rabuka qui avait maintenu sa candidature pour le poste. Viliame Gavoka estime que le parti s'est fracturé en factions sous la direction de Rabuka, et qu'il convient de le rassembler[9]. Les députés du Sodelpa élisent par ailleurs Ratu Naiqama Lalabalavu comme chef de l'opposition parlementaire, dissociant ainsi ce poste de celui de chef du parti[10]. Le , Sitiveni Rabuka démissionne du Parlement, expliquant que le manque du confiance du gouvernement à son égard est un obstacle à la coopération entre le gouvernement et l'opposition en vue de « créer l'harmonie et le progrès et l'unité aux Fidji »[11]. Le , il quitte le Sodelpa[12].
Références
- (en) "Rabuka Can Preach: Methodist Church", Fiji Sun, 29 juin 2016
- « Rabuka regrets coups », TVNZ, 2 novembre 2007
- (en) "Pacific Islanders looking for a revolution as they prepare to tour Europe", Daily Telegraph, 18 octobre 2008
- (en) "Sitiveni Rabuka wins leadership of Fiji's SODELPA", Radio New Zealand, 24 juin 2016
- (en) "Rabuka presents traditional apology, asks for support", Fiji Times, 24 juin 2016
- (en) "FEO concludes results entry, FijiFirst to remain in power", Fiji Broadcasting Corporation, 18 novembre 2018
- (en) "Rabuka is Leader of the Opposition", Fiji Times, 26 novembre 2018
- (en) "Opposition releases shadow cabinet portfolios", Fiji Broadcasting Corporation, 28 novembre 2018
- (en) "Fiji's main opposition party chooses a new leader", Radio New Zealand, 27 novembre 2020
- (en) "High chief elected Fiji's new Opposition Leader", Radio New Zealand, 9 décembre 2020
- (en) "Fiji's opposition leader Sitiveni Rabuka resigns as member of Parliament", Radio New Zealand, 7 décembre 2020
- (en) "Rabuka resigns from SODELPA", Fiji Times, 9 décembre 2020
Liens externes
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