Siciliens

Les Siciliens sont les habitants de la Sicile, une région autonome d'Italie ; ils constituent une partie des Italiens.

Siciliens
Une famille de Siciliens à Taormine, entre 1895 et 1905.

Populations significatives par région
Sicile 5 029 675 (2017)[1]
Allemagne 199 546 (2008)[2]
Belgique 89 581 (2008)[2]
Suisse 64 456 (2008)[2]
Argentine 61 621 (2008)[2]
France 60 520 (2008)[2]
Autres
Régions d’origine Sicile
Langues Sicilien, Italien
Religions Catholicisme

Ethnonymie

L'ethnonyme est anciennement mentionné sous la graphie Sycillien[3]. Il s'agit d'un emprunt au latin médiéval sicilianus ; lui-même issu de Sicilia, nom latin de la Sicile.

En sicilien : Siciliani.

Origines

D'après Carlo Denina, l'origine des premiers habitants de la Sicile n'est guère moins obscure que celle des premiers Italiens. Selon lui, il n'est pourtant pas douteux qu'une grande partie de ces individus soient allés en Sicile en provenance de l'Italie, d'autres de la Grèce, des côtes de l'Asie et de l'Afrique[4].

Thucydide, qui est cité sur ce sujet, a dit que les Siciliens étaient venus de l'Ibérie ; mais il est très évident, par le passage même que l'on en cite, que par Ibérie il entendait l'Italie occidentale, ou la Ligurie, qui comprenait alors une grande partie de la péninsule. Il dit lui-même qu'on y parlait l'osque[4]. Or, l'osque était le langage d'une partie méridionale du royaume de Naples, entre le Latium et la Campanie, entre la ville de Rome et celle de Naples ou de Capoue ; et il est assez prouvé que ce district avait été occupé très anciennement par des Liguriens, appelés souvent Ibériens[4].

Ce même historien dit ailleurs que, de son temps, on parlait en Sicile trois langues différentes : l'osque, la grecque et la phénicienne. Ainsi la plupart des habitants étaient venus des côtes voisines de l'Italie où étaient Capoue, Gaëta et les Osques ; de la Grèce continentale au centre de laquelle étaient les Thessaliens ; des côtes de l'Asie et de l'Afrique, occupées par des Phéniciens, peuples de la Syrie, et des Carthaginois-Africains, dont le langage était au fond le même que le phénicien[4]. Il était donc assez naturel que les Siciliens tinssent plus ou moins du caractère de ces trois nations ; et comme les Romains n'avaient pas bonne opinion du caractère des Grecs ni des Liguriens et encore moins des Carthaginois, c'est de là qu'est venu l'axiome Insulani mali, Siculi autem pessimi. Néanmoins, indépendamment de ce que ces noms de mali et de pessimi pouvaient ne signifier que fins, rusés, astucieux ; non pas perfides ni cruels, M. Denina observe que l'on ne cite pas un seul fait bien constaté qui indique une férocité ou une cruauté naturelle dont on ait accusé la nation[4].

Selon une étude de Capelli et al. en 2009, 7-8 % des lignées paternelles des Espagnols, Portugais et Siciliens sont d'Afrique du Nord et ont été introduites par les Maures au Moyen Âge[5].

Caractère

Au XVIIIe siècle, des personnes étrangères à la Sicile, mais qui ont bien connu les Siciliens, leur ont trouvé le même esprit pénétrant, prompt et inventif, qui les distingua même des Grecs vingt siècles auparavant[4]. Cicéron, citant Aristote, dit que ce sont deux Siciliens, Corax et Tisias, qui ont inventé les préceptes de la rhétorique et créé l'art oratoire. Fardella, professeur à l'université de Padoue, disait en termes bien expressifs que le génie des Siciliens était capable de former sagement des systèmes, ainsi que de contribuer aux progrès des sciences et des arts[4]. Un jésuite espagnol, nommé Antoine Perez et étant professeur dans le collège romain, prônait hautement ses élèves Siciliens comme les plus capables de saisir tout ce que les autres ne comprenaient pas[4].

Enfin, les Siciliens des années 1800 qui ont figuré dans la république des lettres et dans l'histoire des sciences et des arts, ont bien prouvé que l'esprit de la nation, malgré les révolutions politiques qu'elle éprouva dans le cours de vingt siècles, est encore le même esprit qu'on lui avait remarqué dans le siècle d'Alexandre et dans celui d'Auguste[4].

Au début du XIXe siècle, les trois grandes îles de la Méditerranée adjacentes à l'Italie présentent trois nations aussi différentes l'une de l'autre qu'elles le sont de l'Italienne. Cette différence tient également à la diversité de leur origine, des nations primitives dont elles sont issues et aux circonstances des pays qu'elles occupent ; l'un volcanique, l'autre marécageux et le troisième montagneux et sauvage[4].

Génétique

Une étude génétique réalisée sur le peuple sicilien a montré que 22,32 % des individus appartenaient à l'haplogroupe E1b1b à subdiviser en deux sous groupes distincts marqueur de différent flux migratoire l'un typique des habitants de Grèce et des pays des balakans E-V13 et l'autre d'Afrique du Nord ou du Proche-Orient E-M81, tandis que 27,89 % appartenaient à l'haplogroupe R1 (typique des Européens), 26,67 % à l'haplogroupe J (typique du Moyen-Orient et d'Anatolie) et enfin parmi les autres origines on retrouvait 7,11 % appartenant à l'haplogroupe G (typique du Caucase) et 6,08 % à l'haplogroupe T (typique de d'Asie du Sud et d'Afrique de l'Est)[6].

Plus généralement, il semble que l'haplogroupe 'E1b1b' soit répandu chez 25 % des Grecs et des Siciliens[7],[8] dont le variant EV-13 (Branche Européenne de l'haplogoupe E1b1b prédominant dans les Balkans et Grèce continentale) principalement porté par les individus issu de l'immigration grec et pays balkaniques [9]. Toutefois, cela cache d'importantes disparités et ainsi, dans l'Est de la Sicile, l'haplogroupe prédominant est E1b1b avec 29 % alors que dans l'Ouest, R1 est prédominant et E1b1b semble n'être qu'aux alentours de 19 %[10].

L'haplogroupe E3b1a2-V13 (E-V13) plus présent dans la population Est de la Sicile montre un courant migratoire important depuis la Grèce et plus généralement depuis la partie sud de la peninsule balkanique. Groupe défini par la combinaison d'allèles 13-13-30-24-10-11-13 correspond à la variante V13 du groupe E fréquemment rencontré en Grèce continentale 11,7%, 29% en Albanie et 3,62% en Crete.

Cette forte présence du groupe V13 dans la partie Est de l'ile montre la présence d'un patrimoine génétique commun partagé par les Siciliens et les Grecs. L'estimation TMRCA date à 2380 ans ce flux, basée sur les lignées STR du même E3b1a2-V13 ce qui coïncide avec le pic de l'ère classique grecque en Sicile (350 av.JC). Cependant, d'autres hypothèses sont également possibles comme par exemple une présence de cet haplogroupe au sein des troupes Romaines qui ont occupé l'ile de 241 av.JC à 535 pendant l'antiquité, mais aussi de flux tardif en provenance de Grèce et des Balkans au moyen âge provoqué par les invasions Turcs 1453. L'arrivée la plus précoce de certains des chromosomes E3b1a2-V13 en Sicile peu également démontrer une présence de fermiers néolithiques (-6000/-3000 avant JC). Bien que plus présent sur la partie Est, l'haplogroupe EV-13 est distribué de façon assez homogène à travers l'ile et révèle une contribution de 37% sur la population générale Sicilienne.

L'haplogroupe E3b1b-M81 (E-M81) est quant à lui largement distribué au sein des population nord Africaine et est estimé à 6% sur la population Sicilienne principalement dans l'Ouest de l'ile. La distribution des chromosomes E3b1b-M81 en Afrique correspond étroitement aux aires de distribution des populations de langue berbère, suggérant une étroite spécificité ethnique. Cet haplotype est très fréquent dans la population berbère de Tunisie, alors qu'il est moins fréquent ailleurs en Afrique du Nord. La co-présence en Sicile de cet haplotype pourraient être attribués aux flux de gènes survenus lors de plusieurs migrations trans-méditerranéennes en provenance d'Afrique, y compris des invasions arabes du haut moyen âge. (Emirat de Sicile 831-1091)

La fréquence du R1b, est particulièrement élevée dans certains échantillons de l'Ouest, est une autre caractéristique intéressante du pool génétique paternel sicilien. Cela pourrait être l'héritage des chromosomes provenant d'autres parties de l'Europe (Invasions Vandales / Ostrogoth/ Normandes ?). De plus, les Hgs I-M170, I1a-M253 et I1b2a-M223 sont plus représentés dans la zone nord-ouest de l'île que dans la zone est.

Cette étude met en évidence un contraste génétique important entre l'Est et l'Ouest de la Sicile et présente une similarité génétique avec d'autres îles méditerranéenne tel que la Crète ou la Sardaigne.

Costume traditionnel

Costumes de 1873.

Diaspora

En 2008, le nombre de Sciliens à l'étranger est de 629 114 individus[2]. Les pays dans lesquels ils sont les plus nombreux à cette date sont : l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, l'Argentine et la France[2].

Aux États-Unis, les Sicilo-Américains sont un grand sous-ensemble d'Américains dont les ancêtres proviennent de Sicile.

Références

  1. Istituto nazionale di statistica.
  2. (it) Museo Nazionale Emigrazione Italiana, « Regione Sicilia »
  3. Aimé du Mont-Cassin, L'Ystoire de li Normant et la chronique de Robert Viscart : d'après un manuscrit françois inédit du XIIIe siècle, Paris, Jules Renouard, 1835.
  4. Carlo Denina, Essai sur les traces anciennes du caractère des Italiens modernes, Paris, Fantin, 1807, p. 119-129.
  5. Capelli, C; Onofri, V; Brisighelli, F; Boschi, I; Scarnicci, F; Masullo, M; Ferri, G; Tofanelli, S et al. (Jun 2009). "Moors and Saracens in Europe: estimating the medieval North African male legacy in southern Europe". European Journal of Human Genetics 17 (6): 848–52. doi:10.1038/ejhg.2008.258. (ISSN 1018-4813). PMC 2947089. PMID 19156170
  6. Di Gaetano, C. et al., « Differential Greek and northern African migrations to Sicily are supported by genetic evidence from the Y chromosome », European Journal of Human Genetics, (lire en ligne).
  7. (nl)Hitler was verwant met Somaliërs, Berbers en Joden, Knack, 18 août 2010
  8. (nl)Hitler verwant met Somaliërs, Berbers en Joden, De Standaard, 18 août 2010
  9. (en) Cornelia Di Gaetano, Nicoletta Cerutti, Francesca Crobu et Carlo Robino, « Differential Greek and northern African migrations to Sicily are supported by genetic evidence from the Y chromosome », European Journal of Human Genetics, vol. 17, no 1, , p. 91–99 (ISSN 1018-4813 et 1476-5438, PMID 18685561, PMCID PMC2985948, DOI 10.1038/ejhg.2008.120, lire en ligne, consulté le )
  10. Zalloua, P. et al., « Identifying Genetic Traces of Historical Expansions: Phoenician Footprints in the Mediterranean », The American Journal of Human Genetics, .

Voir aussi

Bibliographie

  • Giovanni Privitera, Les Siciliens, Ateliers Henry Dougier, 2018 (ISBN 9791031203706)
  • Denis Roussel, Les Siciliens : entre les Romains et les Carthaginois, Paris, les Belles Lettres, 1970

Articles connexes

Liens externes

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