Châteaux des Clets

Les châteaux des Clets, dits aussi Clées ou Clefs, sont des fortifications médiévales féodales, disparues, qui étaient situées sur la commune des Clefs en Haute-Savoie. Deux d'entre eux ont été le centre de la seigneurie de la Val des Clets.

Ne doit pas être confondu avec Château des Clées ou Château de Clefs.

Châteaux des Clets
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle–XIVe siècle
Propriétaire initial Maison de Genève
Famille des Clets
Destination initiale Résidence comtale
Résidences seigneuriales
Coordonnées 45° 51′ 42″ nord, 6° 19′ 44″ est
Pays France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Genevois
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Les Clefs
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
Géolocalisation sur la carte : France

L'article présente ainsi trois édifices, un château seigneurial, possession de la famille des Clets, un château comtal, siège du pouvoir des comtes de Genève sur la Val des Clets ainsi que d'une châtellenie, et une maison-forte. Au XIXe siècle, une maison de maître, qui porte le nom de « château des Clefs », a été édifiée à l'emplacement du château seigneurial.

Géographie

Les châteaux et le bourg des Clets ou Clées (de Cletis[1]), déformé sous la forme des Clefs, sont le centre du pouvoir de la seigneurie de la Val des Clets. Ils sont installés sur un promontoire rocheux – à 720 mètres d'altitude –, dominant la confluence du Fier (Cier dans les documents anciens) et du ruisseau de Champfroid (Chamfray), qui prend sa source au col du Marais[2],[3].

Les châteaux du bourg contrôlent ainsi l'accès aux vallées de Serraval et de Manigod[4], et en amont l'accès à Thônes, qui permet de rejoindre le Genevois et la ville d'Annecy, ainsi que le Faucigny par les voies secondaires. Il est situé sur le versant ouest de La Tournette[5]. L'accès à Serraval se fait notamment par le col du Marais, où se situait une maison-forte dite du Marest (abandonnée au XVIe siècle)[6]. Ce dernier contrôle l'axe permettant de rejoindre le village de Serraval, mais au-delà par le col de l'Épine ou le défilé des Éssérieux (Essurieux), la vallée de Faverges et son bourg, voire au-delà Ugine et Conflans (Albertville)[2],[3].

Le premier édifice, le château seigneurial des Clets, probablement le plus ancien, est situé dans la partie nord du promontoire et appartenait à la famille des Clets[2]. Il contrôle directement la confluence et le chemin arrivant de Thônes[2].

Le château des comtes de Genève a été édifiée à l'entrée du village, dans la partie sud[2]. Un article de la société savante locale des Amis du Val de Thônes de 1993 indique qu'il se trouvait à l'emplacement de la maison Déplante[2], sur la partie droite en montant par la Voie Communale no 6 dite du Chef-Lieu.

Entre les deux, dans le centre du bourg, une maison-forte a été édifiée au XIVe siècle par la famille des Genève-Lullin, une branche cadette de la maison de Genève[2]. Elle est située, toujours selon l'article, « approximativement à l'emplacement de l'ancienne maison Vallier »[2].

Description

Château des Clets

Maison bourgeoise construite sur l'emplacement du château seigneurial.

Le château seigneurial est installé au bout du promontoire rocheux[3],[2]. Il date très probablement du XIIe siècle, puisque la première mention d'un seigneur des Clets remonte à cette période[3].

À la suite du déclin du bourg des Clefs, le château tombe en ruines[2]. En 1545, Louis, coseigneur des Clets et seigneur de la Bithieu, vend l'ensemble de ses biens dont le château[3],[2],[7].

Lors de l'annexion du duché de Savoie par les troupes révolutionnaires françaises, en 1792, il ne restait du château et des deux autres édifices que trois tours[2].

Du château, il ne reste que des souterrains[2], dont l'accès a été rebouché. Au XIXe siècle, une maison de maître, dite « château des Clets », est construite à l'emplacement des ruines du château seigneurial[2]. Il a été pendant une longue période la possession de la famille de notables Depommier[2].

Château comtal

Le château comtal est construit au sud du bourg, contrôlant ainsi l'entrée du village[2]. Il est le centre de la châtellenie jusqu'à son transfert dans une maison forte de Thônes.

Seigneurie de la Val des Clets

Territoire de la seigneurie

La seigneurie des Clets ou de la Val des Clets appartient à l'origine à la famille des Clets, avant l'implantation des comtes de Genève et le « partage » du pouvoir. Ces seigneurs sont suffisamment puissants pour être présentés comme indépendants vis-à-vis des comtes[3],[7].

Le territoire des seigneurs des Clets « [s'étend] sur Thônes et son mandement, sur Alex, Manigod, Le Grand-Bornand, jusqu'au mandement d'Ugine et aux environs du lac d'Annecy »[3], soit l'ancien canton de Thônes à l'exception de La Balme et de La Clusaz[5]. Cette juridiction s'étend donc « sur l'ensemble de la vallée et même au-delà du col de l'Épine et des Éssérieux, en direction d'Ugine et de Faverges »[2].

Elle est à partir d'une période non déterminée une co-seigneurie, appartenant d'une part à la famille des Clets et de l'autre aux comtes de Genève, selon Louis Blondel[5]. Elle est également une châtellenie comtale[8], entre les mains d'un châtelain[5] (voir infra).

Co-seigneurs de la Val des Clefs

Au-delà de la famille des Clets et des comtes de Genève, un certain nombre de familles nobles du Genevois puis de Savoie ont possédé la co-seigneurie de la Val des Clefs. Le chanoine François Pochat-Baron en propose une liste présentée ci-dessous.

Châtellenie de La Val des Clefs, puis de Thônes

Organisation

Le château comtal est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum) dite de la Val des Clets (Vallis Cletrarum).

Il s’agit d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[10].

La châtellenie est constituée de deux mestralies (division du mandement), entre les mains d'un métral[11] :

Histoire

Au cours du début du XIIIe siècle, le bourg des Clefs perd de son influence face à celui de Thônes qui se développe, à l'initiative des comtes de Genève[3]. En 1312, Thônes obtient en effet un marché, qui supplantera celui des Clefs au cours des décennies suivantes[3],[2]. En 1338, les comtes Amédée III de Genève et Aymon de Savoie font établir la limites de leurs confins, notamment entre les châtellenies d'Ugine et de Thônes-Val des Clets, avec l'intervention de témoins au cours d'une enquête[12],[13]. Vers l'année 1340, il semble que le châtelain réside désormais dans une maison-forte que possède le comte de Genève dans le bourg de Thônes, d'où le changement de nom dans l'usage de la châtellenie, substituant « Thônes » à « La Val des Clets »[14].

Lorsque le comté de Genève est acheté par le comte de Savoie, Amédée VIII, le , la châtellenie de Thônes reste entre les mains de Blanche de Genève et sa sœur Catherine, qui en ont hérité en 1396[13], de leur mère, Mathilde d'Auvergne[15],[16]. En 1416, à la mort de Blanche, dernière héritière des Genève, ses droits passent aux deux jeunes filles de Catherine, notamment la seconde, Mathilde de Savoie[15], qui porte le titre de comtesse de Genève[16]. Elle vend l'année suivante ses droits au nouveau duc de Savoie, Amédée VIII, dont ceux sur la vallée de Thônes[13],[15],[16].

Châtelains

Dans le comté de Genève[17], puis à la suite de l'intégration en 1417 au comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[18],[19]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[20]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[21].

Le plus ancien compte de la châtellenie de la Val des Clets, remonte à la période 1328-1329, et le châtelain du comte de Savoie est un certain Johannis de Rupecula castelani Vallis Cletrarum, Jean issu de la famille de La Rochette[22]. Le châtelain délaisse le château pour une maison dans le bourg de Thônes, vers 1340[14].

À partir de l'année 1340, le châtelain de la Val des Clets se fait appeler châtelain de Thônes[14].

Voir aussi

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

Fonds d'archives

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[26].

Autres références

  1. Régeste genevois, 1866, p. 469 (lire en ligne).
  2. Collectif, « La Vallée de Thônes de A à Z », Revue annuelle des Amis du Val de Thônes, no 18, , p. 56-61, « Les Clefs » (ISSN 0294-5711).
  3. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 594-595.
  4. Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 469.
  5. Blondel 1956, p. 466.
  6. Jean Brunier, « Les anciens châteaux du Val de Thônes », Revue annuelle des Amis du Val de Thônes, no 6, , p. 72 (ISSN 0339-6428).
  7. Comte Amédée de Foras, continué par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 2, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 90-98, « Clets (des) ».
  8. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p., p. 416.
  9. Pochat-Baron 1925, p. 209-243 (lire en ligne).
  10. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 416.
  11. Pochat-Baron 1925, p. 78.
  12. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 416.
  13. Jean-Philippe Chesney, « En 1417, Thônes devient savoyarde », Histoire Culture et Traditions, sur le site des Amis du Val de Thônes - www2.amisduvaldethones.fr, juillet (consulté en ).
  14. Pochat-Baron 1925, p. 80.
  15. Jean Camus, « La cour du duc de Savoie Amédée VIII à Rumilly en Albanais », Revue savoisienne, , p. 295-345 (lire en ligne).
  16. Christian Regat, « Pourquoi le roi des Pays-Bas porte les armes des comtes de Genèves ? », Les Rendez-vous de l’Académie salésienne, no 28, , p. 19 (lire en ligne [PDF]).
  17. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVIIe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413 et suivantes.
  18. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  19. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  20. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe-XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  21. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  22. Pochat-Baron 1925, p. 79.
  23. ADS1.
  24. ADS2.
  25. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 949-450, « Thônes ».
  26. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Champs régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.
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