Sedia gestatoria

La sedia gestatoria (littéralement « chaise à porteurs ») était un trône mobile sur lequel le pape était porté pour pouvoir être plus facilement vu des fidèles lors des cérémonies publiques à Rome.

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Le pape Pie XII sur la sedia gestatoria au cours d'une cérémonie solennelle dans la basilique Saint-Pierre. On aperçoit, derrière la sedia, le sommet d’un des flabella aux plumes d’autruche blanches.
La sedia gestatoria du pape Pie VII (1800-1823), ici montrée lors d'une exposition au château de Versailles.

Histoire

Magno Felice Ennodio, évêque de Pavie jusqu'en 521, relève, dans son Apologia pro Synodo[1], l'existence à Rome d'une « gestatoriam sellam apostolicae confessionis », évoquant la Chaire de saint Pierre encore aujourd'hui conservée dans l'abside de la Basilique Saint-Pierre, à l'intérieur du fameux monument communément appelé "Gloire du Bernin". Cette « gestatoriam sellam » consistait en un siège de bois, à bras, muni de chaque côté d'anneaux à ses pieds, dans lesquels s'ajustaient des barres de bois afin d'être porté sur les épaules. Le témoignage de l'évêque Ennodio fait donc remonter l'origine de la sedia gestatoria au moins au début du VIe siècle.

La sedia était surtout utilisée à l'occasion de cérémonies solennelles, comme l'intronisation d'un nouveau pape (à partir du XVIe siècle), l'entrée solennelle dans la basilique Saint-Pierre de Rome ou sur la place Saint-Pierre et en de multiples occasions où le pape devrait apparaître en public, soit pour des cérémonies liturgiques, soit pour des audiences, publiques ou à auditoire limité.

Les sediari pontifici, attestés dès Pie IV (1559–1565), étaient des hommes en général natifs de Rome, chargés de porter la sedia sur leurs épaules. Au nombre de 14 à leur effectif maximum, ils se composaient des porteurs proprement dits, et des « flabelles » portant les flabella.

L'abandon de la sedia gestatoria par le pape Jean-Paul II en octobre 1978

Le pape Jean-Paul Ier fut le dernier pape à faire usage traditionnellement de la sedia gestatoria, en . Avant lui, le pape S. Paul VI en fit régulièrement usage, notamment en , lorsqu'il présida, à titre exceptionnel, les funérailles d'Aldo Moro, assassiné le par les Brigades rouges ; à cette occasion, le pontife traversa la basilique Saint-Jean-de-Latran, sa cathédrale en tant d'évêque de Rome, porté sur la sedia gestatoria. Jean-Paul Ier, en , ne s'en servit pas lors de son intronisation, mais il en fit usage lors de ses audiences publiques. La dernière fois où servit la sedia gestatoria a été à l'occasion de sa dernière audience publique, le [2], la veille même de sa mort subite à la suite de problèmes cardiaques dont il souffrait de longue date. En revanche, Jean-Paul II, dès le début de son règne, n'a jamais fait jamais usage de la sedia gestatoria.

Depuis Jean-Paul II

À la suite du pape S. Jean-Paul II, ses successeurs Benoît XVI et François n'en firent pas usage. La papamobile, voiture surélevée et aux parois vitrées, bien que n'ayant aucun caractère "liturgique", comme pouvait l'avoir la sedia gestatoria en certaines cérémonies solennelles, remplaça pour ainsi dire celle-ci en ce qui concerne les apparitions pontificales civiles et publiques.

À noter que Jean-Paul II, dans son grand âge, ainsi que Benoît XVI, utilisèrent la pedana pontificale, sorte de chariot mobile à balustrade où le pape peut s'appuyer en se tenant debout, immobile, et qui est manœuvrée par des officiers de la Maison Pontificale. Lors de la solennité de la messe nocturne de Noël, en 2011 et 2012, Benoît XVI parcourut la basilique Saint-Pierre debout, immobile, sur la pedana afin de lui éviter de marcher plus de 200 mètres le long de la nef centrale.

La pedana mobile utilisée par Jean-Paul II.


La sedia gestatoria est tout à fait distincte du faldistoire, qui est un autre siège mobile, encore utilisé par le pape quand il doit siéger dans une cathédrale, sans utiliser pour cela la cathèdre même de l'évêque local (bien que le Pape, en droit ecclésiastique strict, ait le pouvoir de siéger, de manière épiscopale et ordinaire, dans toutes les cathédrales du monde, dans la cathèdre même de l'évêque local). Dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans le célèbre tableau de Jacques-Louis David Le Sacre de Napoléon, le pape Pie VII est représenté siégeant sur un faldistoire devant le maître-autel.

Notes et références

  1. P.L., LXIII, 206; "Corpus Script. eccl.", VI, Vienne, 1882, p. 328.
  2. Vidéo de l'audience sur le site de l'Ina, diffusée sur Antenne 2 le lendemain de sa mort.

Bibliographie

  • P. Levillain, Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-618577) ;
  • (it) G. Palazzini, « Sediari pontifici », Enciclopedia Cattolica, vol. 11, 1953, pp. 225–226 ;
  • (en) R. Strauss, Carriages and Coaches, Londres, 1912 ;
  • (it)D. Tardini, L'incoronatione del Papa ed il solemne possesso del Laterano, Rome, 1925 ;
  • (la) G. Valentino Stivano, De levitatione seu portatione Pontificis, Venise, 1578–1579.
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