Section d'épreuve de la Légion étrangère

La section d’épreuve de la Légion étrangère[1],[2], basée à Corte en Corse au domaine St-Jean, est la dernière section spéciale de discipline de l’armée française, après 1972, date de dissolution des autres unités similaires de l’armée régulière (fort d'Aiton et 3eCILA à Obock (TFAI). Elle accueille les légionnaires condamnés pour fautes graves (insubordination grave, désertion, etc.)[3]. Leur durée d'affectation est fixée par le Ministre de la Défense sur proposition du colonel commandant le Groupement de la Légion étrangère (GLE).

Section d'épreuve de la Légion étrangère

Entrée du domaine Saint-Jean

Création 1969
Dissolution 1976
Pays France
Allégeance France
Branche Légion étrangère
Type section
Rôle Unité disciplinaire
Effectif environ 1 cadre pour 2 disciplinaires et une trentaine de disciplinaires
Fait partie de Groupement de la Légion étrangère
Garnison Corte, Corse (France)
Surnom Le bagne de la Légion

La section d'épreuve a été dissoute en 1976 et on estime à environ 400 le nombre de légionnaires passés par la SELE pendant ces huit années[4].

Histoire

À l’origine il existait une Compagnie de Discipline des Régiments Étrangers, basée à Colomb-Béchar au Sahara[5], puis à la fin de la guerre d’Algérie en 1962, les effectifs de la Légion ayant fondu, il subsista une Section de Discipline du Sahara, confiée au 2e Régiment étranger d'infanterie (2e REI) à Djeniene Bourezg. Celle-ci dut dissoute en 1964.

Pendant cinq ans, la Légion ne disposa plus de corps spécial de discipline.

En 1967 une réflexion fut lancée sur la discipline qui semblait se relâcher au sein des unités de la Légion. Les désertions, nombreuses en cette période post-guerre, étaient aussi un problème à prendre en compte par le commandement. Il fut alors décidé de recréer une section de discipline qui prendra le nom de Section d’Épreuve de la Légion Étrangère.

La légion étant alors établie en Corse au retour d'Algérie, la section d'épreuve fut donc créé à Corte au début 1969[6]. Elle s'installe à l'écart de la garnison de Corte, au domaine Saint-Jean.

La section est placée sous le commandement du chef de corps du 1er Régiment étranger puis du Groupement de Légion étrangère (GLE).

Le régime y était dur et de nombreuses punitions, excessives, parfois dégradantes, dépassant le cadre réglementaire, s’y produisaient. De nombreux ex-disciplinaires ont dénoncé des blessures graves, des suicides, et parfois des maltraitances entraînant la mort[7],[8].

En 1972, la section d'épreuve passe sous le commandement du Groupement d'instruction de la Légion étrangère (GILE) puis du 2e Régiment étranger d'infanterie.

Ce n’est qu’en novembre et que cette section fut d’abord mise en sommeil, puis dissoute. Le double meurtre de Bustanico en Corse (), quand un déserteur à l’instruction assassina deux bergers corses[9], provoqua l’émoi sur l’île et une grande enquête de gendarmerie s’ensuivit. Au cours de celle-ci, l’attention des gendarmes fut portée sur la Section d’Épreuve de la Légion Étrangère, et ce qui s’y passait.

Des jeunes gens d’une vingtaine d’années qui n’étaient ni assassins, ni terroristes, y furent gravement blessés, rendus instables psychologiquement, d’autres sont morts dans des circonstances parfois obscures.

Vie à la section d'épreuve

Les disciplinaires, affectés à la section d'épreuve sont affectés au groupe d'instruction. En fonction de leur attitude et des décisions du commandement, ils peuvent voir leur peine prolongée. Après une période variable, ils peuvent être affectés au groupe de combat, en phase préparatoire de leur retour en régiment.

La section d'épreuve comptait en général une trentaine de disciplinaires.

Compagnies disciplinaires des unités de Légion

La Compagnie Disciplinaire des Régiments Etrangers (CDRE) était stationnée à Collomb-Béchar et a fermé en 1964[4]. Pendant la guerre d'Indochine, les effectifs engagés en Extrême-Orient justifièrent, en 1946, de la création d'une Compagnie disciplinaire en Extrême-Orient. Celle-ci était stationnée à l'île de Tagne dans la baie de Com Ranh.

D'autres régiments, au fil des années, eurent leurs propres locaux d'arrêts qui furent parfois comparés (mais sans aucune commune mesure) à des extensions de la section d'épreuve (Maillebois à Calvi, Kourou, etc.).

Galerie photos

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Voir sur Youtube : Section d'épreuve de la Légion Étrangère SELE, témoignages d'anciens condamnés.

Bibliographie

  • Le Bagne de la Légion, enquête sur la section d'épreuve de la Légion Étrangère, dernier bagne militaire français. Domaine de Saint-Jean, Corte, 1969-1976, par Bastien Touvon, Éditions du Menhir.
  • L’Épreuve, le bagne de la Légion, Henry Allainmat, éd. Balland, 1977, 222 p. (ISBN 2-7158-0089-4)[10].
  • Histoire de la Légion étrangère, Georges Blond, éd. Tempus Poche – 2008.

Références

  1. Légion étrangère. Le terrible témoignage d'un ancien disciplinaire du bagne de Corte, sur corsematin.com
  2. https://www.corsematin.com/articles/dossier-settimana-revelations-sur-le-bagne-de-la-legion-a-corte-55061
  3. Les homicides étant des crimes de droits communs, ils sont jugés par les cour d'assises. Il n'y a pas donc pas de meurtrier à la Section d'épreuve.
  4. Bastien Touvon, Le bagne de la Légion : enquête sur la section d'épreuve de la Légion étrangère, dernier bagne militaire français, Plouharnel, Les Editions du Menhir, , 106 p. (ISBN 978-2-919403-60-8), p.7.
  5. La CDRE a accueilli jusqu'à 310 disciplinaires en 1932
  6. Touvon 2018, p. 8.
  7. Révélations sur le bagne de la Légion
  8. Touvon 2018.
  9. « CORTE . minoterie Section d'epreuve . caserne Monlaur », sur Monsite.com (consulté le ).
  10. https://www.corsematin.com/article/societe/il-y-a-31-ans-henri-allainmat-denoncait-le-bagne-de-la-legion
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