Samaritain (Coran)

Le Samaritain (en arabe : السامري, al-Sāmirī), appelé traditionnellement Moussa ibn Zafar, désigne un disciple rebelle du Moïse coranique. Selon le récit de l’Écriture musulmane, le Samaritain incite à créer le veau d'or, et a tenté de conduire les Hébreux à l'idolâtrie, alors que Moïse était absent pendant quarante jours sur le mont Sinaï, recevant le Décalogue.

Ne doit pas être confondu avec Samaritains ou Samaritain (homonymie).
Moussa ibn Zafar

موسى ابن ظفار

Nom de naissance Moussa ibn Zafar
Alias
Le Samaritain (al-Sāmirī)
Naissance Bajarma ou Samarra (Mésopotamie)
Famille

Compléments

Connu pour avoir fait adorer le veau d'or aux Hébreux durant l'absence de Moïse.

Contrairement au récit donné dans la Bible hébraïque, Moïse ne blâme pas son frère Aaron pour la création du veau, mais le blâme pour l'avoir adoré. L'invention de ce personnage en période mecquoise permet de dédouaner les Juifs, que Mahomet ne connaît pas avant son installation à Médine, de la responsabilité de la création du veau d'or, ainsi qu'expliquer pourquoi les Samaritains sont séparés des Hébreux.

Récit coranique

Dans la vingtième sourate du Coran, le récit du veau d'or est raconté des versets 83 à 98 : Moïse est informé que Dieu a tenté les Hébreux en son absence, et que le Samaritain les a égaré, en prétendant que le veau d'or mugissant était le dieu de Moïse, et que celui-ci l'a oublié. Le prophète retourne vers son peuple pour les réprimander et est informé dans les détails de ce que Samaritain a fait. Aaron a essayé de faire revenir les Hébreux vers Dieu, mais ceux-ci répondirent qu'ils ne cesseraient leur adoration du veau avant le retour de Moïse.

Ce dernier réprimande Aaron d'avoir adoré le veau, alors son frère répond : « Je craignais que tu ne dises : « Tu as divisé les Fils d’Israël ! Tu n’a pas observé ma parole ! » Moïse se tourne vers le Samaritain, qui explique : « J’ai vu ce qu’ils ne voyaient point. J’ai pris une poignée de la poussière laissée par l’Envoyé et je l’ai lancée. Ainsi me suggéra mon âme. » Il est alors maudit et déclaré intouchable par Moïse, qui lui fixe un rendez-vous auquel il doit assister, et durant lequel le veau sera détruit.

Tradition islamique

Identité du Samaritain

Les livres de la Tradition font du Samaritain un homme important parmi les Israélites, dont le nom était Moussa ibn Zafar, issu de la tribu de Samira, dont la religion était différente des autres[1]. Ibn Abbas, cité par Tabari, raconte que le Samaritain était originaire de Bajarma  un village près de Racca, en Syrie , où les gens adoraient des divinités bovines. Le Samaritain était dans un état de soumission (islam) à Dieu, mais il l'a abandonné après avoir incité à adorer le veau d'or[2]. Selon un hadith de Qatadah, cité par Ibn Kathir, il est de Samarra en Irak[3].

Épisode du veau d'or

Une tradition rapportée par l'historien Tabari dit que le veau a été fabriqué avec de la poussière foulée par le cheval de l'ange Gabriel, venu à Moïse pour l'amener vers Dieu. Le cheval de l'ange était appelé cheval de vie, et le Samaritain, qui ne savait pas qui était Gabriel, prit de la poussière du sabot de son cheval. Il ajouta la poussière à la conception du veau d'or : « Dieu fit sortir des ornements un veau corporel de couleur safran, et [le veau] fit entendre un mugissement ». Dieu refuse le repentir des Israélites, sauf de ceux qui l'on fait à contrecœur. Ceux qui adorèrent et ceux qui ne le firent pas se combattent avec les armes, alors Moïse et Aaron implorent Dieu : Celui-ci décide de pardonner les morts et les vivants[2].

D'autres traditions suggèrent que le Samaritain a fait le mugissement lui-même, ou que ce n'était que le vent[4].

Bahaïsme

Le bahaïsme dépeint le Samaritain comme un magicien qui a conduit les gens loin de « la connaissance et la justice » de Moïse à l'ignorance. Il est mentionné dans le Kitáb-i-Íqán, le principal travail théologique de la religion bahá'íe.

Recherche historique

Explication coranique de la mise à l'écart des Samaritains

Le fait que les Samaritains ne peuvent pas avoir de contacts avec les Hébreux put être considéré par Mahomet comme une punition pour un péché, qu'il a expliqué ainsi[1].

Mélange de plusieurs récits bibliques ?

Selon une théorie d'I. Goldhizer, le Samaritain serait une référence à Zimri, fils de Salou et prince de la tribu de Siméon (Nb 25:14) : l'arabe al-Sāmirī est très proche de son prénom, et il a défié Moïse en épousant une Moabite[1].

Selon celle de Schwartzbaum, le récit coranique serait une fusion entre l'histoire du veau d'or de Moïse et celle des veaux d'or du roi Jéroboam Ier : les veaux de Jéroboam Ier étaient capable de mugir selon le Talmud, et la Bible indique que la capitale royale était Sichem, haut centre religieux samaritain. Schwartzbaum conjecture que cela peut être un reliquat du mythe du Juif errant, qui dit aussi de ne pas le toucher[1].

Un personnage permettant l'innocence d'Israël

Jacqueline Chabbi juge les récits coraniques du veau d'or « passablement contradictoires » : celui de la sourate 20 (mecquoise) introduit le personnage énigmatique du Samaritain, qui pousse les « fils d'Israël », peuple de Moïse, et à construire le veau, permettant de les innocenter. Celui de la sourate 7 est en « contexte médinois, à un moment où manifestement la polémique de Mohammed avec les tribus juives de l'oasis a déjà éclaté et atteint une grande virulence. La narration est beaucoup plus en phase que la première avec le déroulé de l'action du récit biblique. […] Cette fois en effet, les fils d'Israël ne sont pas innocentés, mais directement mis en cause[5]. »

Voir aussi

Références

  1. (en) B. Heller et A. Rippin, Encyclopaedia of Islam : Second Edition, vol. 8, E. J. Brill, , 1156 p., p. 1046
  2. (en) Tabari, The History of al-Ṭabarī : The Children of Israel, vol. 3, New York, State University of New York Press, , 184 p. (ISBN 0-88706-563-5), p. 72-76
  3. (en) « Ibn Al Kathir commentaries for verses 20.95-98 », sur Quranx.com (consulté le )
  4. Rubin, Uri. "Tradition in Transformation: the Ark of the Covenant and the Golden Calf in Biblical and Islamic Historiography," Oriens (Volume 36, 2001): 202.
  5. Jacqueline Chabbi et Thomas Römer, Dieu de la Bible, Dieu du Coran : Entretiens avec Jean-Louis Schlegel, Seuil, , 304 p. (ISBN 978-2-02-142136-1)
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