Broglie (Eure)
Broglie [bʁɔgli] est une commune française située dans le département de l’Eure, en région Normandie
Pour les articles homonymes, voir Broglie.
Broglie | |
Village de Broglie. | |
Blason |
|
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Eure |
Arrondissement | Bernay |
Intercommunalité | Communauté de communes Intercom Bernay Terres de Normandie |
Maire Mandat |
Roger Bonneville 2020-2026 |
Code postal | 27270 |
Code commune | 27117 |
Démographie | |
Gentilé | Broglien (anc. broglion) |
Population municipale |
1 038 hab. (2018 ) |
Densité | 130 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 00′ 34″ nord, 0° 31′ 49″ est |
Altitude | Min. 132 m Max. 197 m |
Superficie | 7,96 km2 |
Unité urbaine | Commune rurale |
Aire d'attraction | Bernay (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Breteuil (Eure) |
Législatives | Troisième circonscription |
Localisation | |
Ses habitants sont appelés les Brogliens (anc. et toujours courant Broglions).
Géographie
Localisation
La commune de Broglie se situe dans la vallée de la Charentonne, affluent de la Risle qui se jette elle-même dans l'estuaire de la Seine. La Risle est la limite naturelle entre le pays d'Ouche à l’est et le plateau du Lieuvin à l’ouest. Broglie se situe à une dizaine de kilomètres de Bernay et une cinquantaine d'Évreux.
Urbanisme
Typologie
Broglie est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[3],[4],[5].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Bernay, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 36 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[6],[7].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (58 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (59 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (32 %), terres arables (30,1 %), prairies (27,9 %), zones urbanisées (10,1 %)[8].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[9].
Toponymie
« La dénomination actuelle de Broglie s’est substituée en 1742 à celle de Chambrais à l'occasion de l’érection de cette terre en duché en l'honneur du maréchal de Broglie, dont la famille était d’origine italienne[10]. »
L'origine du toponyme originel Chambrais est mal éclaircie. La forme la plus ancienne (latinisée) est Cambrense vers 1000 apr. J.-C., ensuite on trouve Cambrest, Chambrescum en 1155 - 1158[11].
La première forme Cambrense peut être rapprochée de Camarès (Aveyron, Cambarensis 883), mais la seconde est plus proche de Combrée (Maine-et-Loire, Combaristum IIIe siècle)[11].
Le radical cambar, combar / camar se retrouve dans de nombreux toponymes en France : Cambrai, Cambayrac, Camalès, Combrée, etc.[12]. Il est cependant probable que le type toponymique *Camar(i)acum qui explique Cambrai, Cambeyrac, Chambray, etc. soit basé sur le nom de personne gaulois Cambarius dérivé [?] de Cambo « Courbé, Tordu »[13],[14], suivi du suffixe celtique de localisation et de propriété -acum.
Broglie est la francisation de Broglia ou Broglio (italien [brolja, broljo]), nom de personne tiré d'un toponyme Broglia, dont il existe quelques exemples dans le Nord de l'Italie et en Suisse[15]. Il est issu du même étymon gaulois brogilos « petit bois » que les toponymes du type le Breuil, Breil, Brieul, Bruel, etc.[16].
Au cours de la Révolution française, la commune porta provisoirement le nom de Chambrois[17].
Histoire
Broglie est une fondation d'origine celtique (gauloise) qui se situait à la croisée de voies romaines des routes du sel et du fer. On y trouve d'ailleurs de nombreux fours à fondre le minerai ainsi que des châteaux et églises qui furent pillés et brûlés à de nombreuses reprises.
C'est probablement une fondation gauloise ancienne qui doit sûrement son développement au fait qu'il était situé à la croisée de routes, mais ce lieu ne doit cependant pas être confondu avec Chambray, autre commune de l'Eure, dont l'étymologie est peut-être la même.
Le bourg figure dans la dot de Judith de Bretagne et devient au Xe siècle partie intégrante du domaine du duc Richard II.
Au XIe siècle, Chambrais devint propriété de Henri Ier de Ferrières. La seigneurie passe à la famille Lecomte de Nonan en 1653. Puis, en 1682, Simon Arnauld de Pomponne, qui vient d'être disgracié de sa charge de secrétaire d'État des Affaires étrangères, achète la baronnie de Chambrais, Ferrières et autres lieux.
Enfin, en 1716, François Marie, comte de Broglie, achète la baronnie au fils de Pomponne, qui est érigée en duché héréditaire en 1742 par Louis XV, sous le nom de Broglie pour récompenser la famille de Broglie des éminents services rendus au royaume, notamment lors des guerres de Succession d'Espagne, de Pologne et d'Autriche.
Les constructions militaires de l’ancienne forteresse ont été remplacées par un vaste château moderne entouré d’un beau parc qui domine la vallée de la Charentonne.
Plusieurs personnages célèbres ont séjourné à Broglie :
Augustin Fresnel (1789-1827), auteur de la théorie ondulatoire de la lumière ;
Louis de Broglie, prix Nobel de physique, décédé en 1987, dont les travaux se rapprochent très directement des découvertes de Fresnel ;
et, enfin, Léonor Mérimée, père de Prosper Mérimée, écrivain du XIXe siècle, qui, lors de la Révolution de 1789, aurait évité le pillage du château en livrant ses archives aux émeutiers ; son nom a été donné à un pavillon de la demeure.
Politique et administration
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[18]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[19].
En 2018, la commune comptait 1 038 habitants[Note 3], en diminution de 5,29 % par rapport à 2013 (Eure : +0,83 %, France hors Mayotte : +1,78 %).
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
- Église Saint-Martin : l'église actuelle fut édifiée au cours de la deuxième partie du XIe siècle par Henri II de Ferrières. Six colonnes romanes supportent des arcatures entrecroisées ; au-dessus, une ogive abrite la statue du saint patron et les piliers nord de la nef sont de style roman. Le collatéral sud a été construit au XVe siècle par Jean IV de Ferrières. À noter, un joli vitrail représentant saint Martin qui coupe son manteau pour en donner la moitié à un pauvre (en tant que membre de l'armée romaine, il ne possédait « en propre » que la moitié de cet équipement militaire). L'édifice est Classé MH (1862) [21]
- Château de Broglie : « Le prototype des châteaux « sérieux » est celui des ducs de Broglie[22]…»; acquis par le premier maréchal de Broglie en 1716, est décrit ainsi après la Révolution de 1789 par le 3e duc, né en 1785 : « Le château, dont les meubles avaient été vendus, était inhabitable, sans croisées (fenêtres), avec tout au plus des volets; j'allai loger chez le notaire » ; l'intendant (père de Prosper Mérimée) avait dû livrer les archives à la populace. L'immense demeure familiale dévastée put être restaurée grâce à la dot et aux héritages familiaux reçus par Albertine de Stael-Holstein, son épouse depuis 1816. vers 1900 vue par Pauline de Broglie, petite-fille du duc Victor : « La grande maison, fermée depuis de longs mois, mal nettoyée. L'immense salle à manger était sombre, les portraits d'ancêtres à peine éclairés par les grosses lampes à pétrole suspendues aux plafonds et qui se balançaient au bruit des chaînes de cuivre (…) ». Elle est aussi séduite par la célèbre bibliothèque aménagée par son grand-père, contenant 40 000 volumes : « Les rayons de livres qui, sur les quatre murs, vont du plancher au plafond, sont entièrement en pitchpin. Un petit escalier à vis monte jusqu'à une galerie légère qui fait le tour des rayons sans qu'on puisse comprendre sur quoi elle prend son appui (…). Le plafond en bois est formé de caissons ornés de rosaces en pâte plastique ton sur ton. Sur les travées du haut se trouvent tous les livres qui ont appartenu à Mme de Staël et sont venus de Coppet après la mort de son fils Auguste en 1827 (…) ». Les in-folio rangés à plat dans les meubles du centre, les fauteuils couverts d'andrinople rouge, « un superbe bureau Empire qui venait, disait-on, de la Malmaison », une lourde statue de Moïse en bronze, le maître à penser d'une digne bibliothèque de « doctrinaire »[23]. Le portrait par le baron Gérard de Mme de Staël en Corinne, coiffée d'un turban blanc barré par un tortil de couleur noués « à la créole » qui surmonte la cheminée de la bibliothèque, serait une réplique de celui conservé au château de Coppet, selon Léandre Vaillat (Le château de Coppet - "L'Art et les Artistes", 1913, p. 171 - arch. pers.) ; une autre copie est au château de Versailles. Selon une expression populaire (non vérifiée), il est dit que le château compte « autant de fenêtres qu'il y a de jours dans l'année ». Situé en surplomb, entouré d'un vaste parc et d'une dense hêtraie, il est très peu visible et peu accessible aux visites. L'édifice est Inscrit MH (1974) [24]
- L'ancienne gare ferroviaire, parfaitement conservée, est utilisée comme bibliothèque municipale. En direction de Bernay, l'ancienne voie ferrée Bernay-Sainte-Gauburge a été transformée en voie verte (Voie verte de la Vallée de la Charentonne).
- La léproserie (dite « maison des lépreux »), située juste à l'arrière de l'église.
- La maison natale de l'ingénieur et physicien Augustin Fresnel, située à l'angle de la rue Jean François Mérimée et de la rue Augustin Fresnel.
- Le jardin aquatique.
- La Pierre Lormée, mégalithe dans le bois de Broglie.
- Maison à colombages sur la place devant l'église.
- Maison dite de la léproserie, pans de bois et tuileaux des XVe et XVIe siècles.
- Détail bois sculpté de la maison de la Léproserie.
- Office de tourisme de Broglie.
- Jardin aquatique de Broglie.
Patrimoine culturel
- Dans l'œuvre de Frédéric Dard, le célèbre inspecteur principal Bérurier, adjoint fidèle du commissaire San-Antonio, est originaire de Saint-Locdu-Le-Vieux. Selon plusieurs experts, cette commune serait Broglie[25]. L'assemblée générale des Amis de San Antonio s'est tenue à Broglie en juin 2004 et a été l'occasion d'y inaugurer la nouvelle bibliothèque Frédéric-Dard.
Patrimoine naturel
Natura 2000
- Site Natura 2000 « Risle, Guiel, Charentonne »[26].
ZNIEFF de type 2
- ZNIEFF 230009189 – La moyenne vallée de la Charentonne, le bois de Broglie[27].
Personnalités liées à la commune
- Simon Arnauld de Pomponne, ministre de Louis XIV, baron de Chambrais de 1682 à 1699. Il a commencé à reconstruire le château ;
- Augustin Fresnel (1788, Broglie-1827, Ville-d'Avray), physicien ;
- Léonor Mérimée (1757-1836), peintre, père de Prosper ;
- Jean de Broglie, (1921-1976), arrière-petit-fils de Germaine de Staël, conseiller général (1951-1976), député (1958-1976), ministre (1961-1967), signataire des accords d'Évian, assassiné à Paris ;
- Victor-François Marie Léon Amédée de Broglie (1949-2012), 8e duc de Broglie, fils du précédent, maire de la commune, conseiller général de l'Eure (1982-2001).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
Notes
- Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
- La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.
Références
- « Géoportail (IGN), couche « Communes » activée ».
- « Géoportail (IGN), couche « Communes » activée ».
- « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
- « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
- « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
- « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
- Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
- « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
- IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
- François de Beaurepaire (préf. Marcel Baudot), Les Noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, Paris, A. et J. Picard, , 221 p. (ISBN 2-7084-0067-3, OCLC 9675154), p. 78-79.
- François de Beaurepaire, Op. cit.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN 2-85023-076-6).
- François de Beaurepaire, op. cit., p. 87.
- Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, éditions Errance, , 440 p. (ISBN 2-87772-237-6), p. 99-100, sous cambo-.
- Dictionnaire étymologique de l'italien (lire en ligne), entrée Bròglio, Bruòlo, Bròlo
- Xavier Delamarre, op. cit., p. 91.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- L'organisation du recensement, sur insee.fr.
- Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
- « Église », notice no PA00099364, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Juliette Benzoni, Cent ans de vie de château, ch. I. La Belle Époque, C. de Bartillat, 1992, p. 172.
- Comtesse de Pange, Comment j'ai vu 1900, Paris, Grasset, 1962, 1965, 1968, (trois tomes); rééd. 2013-2014.
- « Château », notice no PA00099363, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Assemblée générale de l'Association des Amis de San-Antonio en juin 2004
- « Risle, Guiel, Charentonne », sur Muséum national d'Histoire naturelle - Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).
- « La moyenne vallée de la Charentonne, le bois de Broglie », sur Muséum national d'Histoire naturelle - Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).
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