Saint-Gibrien

Saint-Gibrien est une commune française située dans le département de la Marne en région Grand Est.

Saint-Gibrien

Commerce sur le bord de la nationale.

Blason
Administration
Pays France
Région Grand Est
Département Marne
Arrondissement Châlons-en-Champagne
Intercommunalité Communauté d'agglomération de Châlons-en-Champagne
Maire
Mandat
Herve Huber
2020-2026
Code postal 51510
Code commune 51483
Démographie
Gentilé Saint Gibriennots
Saint Gibriennotes
Population
municipale
537 hab. (2018 )
Densité 133 hab./km2
Géographie
Coordonnées 48° 58′ 26″ nord, 4° 18′ 03″ est
Superficie 4,04 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Châlons-en-Champagne
(commune de la couronne)
Élections
Départementales Canton de Châlons-en-Champagne-2
Législatives Quatrième circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Grand Est
Saint-Gibrien
Géolocalisation sur la carte : Marne
Saint-Gibrien
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Saint-Gibrien
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Saint-Gibrien

    Activités sportives et culturelles, vie sociale

    Bien que Saint-Gibrien ait connu depuis longtemps l'usage informel d'un terrain de foot situé à l'extrémité de la commune, aujourd'hui entre le dernier lotissement et le centre postal, la modestie, pendant longtemps, des structures de loisirs pour jeunes y illustre bien la difficulté de création d'espaces de loisirs dans les espaces de périurbanisation. Il est cependant notable qu'une association sportive, le FC Saint-Gibrien[1], ait vu le jour en 1999, pour s'étendre en 2006 aux jeunes de Matougues. À côté du tennis, qui s'adresse à tous, beaucoup de loisirs sont en effet destinés à une population adulte et de troisième âge, c'est le cas notamment de l'actuel club des Beaux jeudis ou des activités de gymnastique pour adultes. En quarante ans, la population a presque quintuplé. Elle était de 99 habitants en 1975. La commune est le siège de l'Association des fabophiles français (AFF) depuis décembre 1995.

    Géographie

    Communes limitrophes de Saint-Gibrien
    Matougues Recy Saint-Martin-sur-le-Pré
    Villers-le-Château Fagnières

    La commune se trouve sur la Marne, en aval de Châlons-en-Champagne et Fagnières, sur la rive gauche face à Recy. C'est actuellement la porte occidentale de l'intercommunalité « Cités en Champagne ». La commune occupe une superficie de km2. Elle compte quatre lotissements issus de la rurbanisation/périurbanisation entamée en 1975 : le Petit Buisson, les Cytises, les Grands clos et le Château d'eau.

    Saint-Gibrien exerce, entre autres, une fonction de sortie d'autoroute Châlons-Sud vers Troyes Lyon sur l'A26, mise en service en 1992, avec pour conséquence un soutien aux prix immobiliers. L'accessibilité de Saint-Gibrien y est un argument de vente-location des pavillons. De nouvelles perspectives s'ouvrent dans le cadre du développement de Châlons. On songe notamment au parc de la petite Gironde, où est localisé le centre de tri postal Champagne-Ardenne-Meuse, passé en 2008 à 8 500 m2 de capacité. C'est à proximité de Saint-Gibrien, bien que sur la commune de Matougues, que se localise l'unité de production McCain de frites surgelées, la plus grande d'Europe. Les facteurs de localisation sont bien entendu, la présence de producteurs céréaliers décidés à se reconvertir dans la pomme de terre dans un contexte de surproduction de céréales et de forte croissance de la demande en frites surgelées. S'y ajoutent la gare de marchandises située à Fagnières, entre Saint-Gibrien et Châlons, ainsi que l'A 26 et son embranchement vers l'A4 sur le Paris-Metz. Le classement de Matougues en ZRR a pu décider à choisir cette commune plutôt que Saint-Gibrien, à quelques mètres près. Saint-Gibrien est désormais à un carrefour qui fait d'elle l'entrée sud de Châlons par autoroute, un espace offrant un potentiel susceptible d'attirer les investisseurs et l'implantation d'activités diverses telles que La Poste et MacCain. L'avenir paraît largement tributaire du développement de l'agglomération châlonnaise, avec une nouvelle rocade sur la rive gauche de la Marne entre Fagnières et Châlons, des projets éventuels concernant justement la rive-gauche châlonnaise, comme en témoigne le rapport établi en mars 2010 à la suite d'une grande enquête de la DATAR sur les villes moyennes. L'intercommunalité, favorisée par la loi relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale du 12 juillet 1999 (dite aussi "loi Chevènement") est matérialisée par l'adhésion à Cités en Champagne. Il est significatif que, contrairement à ses voisines Matougues et Villers-le-Château, Saint-Gibrien n'ait pas été classée en ZRR (Zone de revitalisation rurale) lors des classements de 1995 et 2009.

    Une piste cyclable est en construction le long de la RD87 entre Saint-Gibrien et Fagnières et le périphérique châlonnais permettra bientôt de passer sur la rive droite vers Recy et Saint-Martin avec, pour enjeu, le développement de la ZAC de la Petite Gironde où se trouve déjà la plate-forme de tri postal Champagne-Meuse, à quelques centaines de mètres de l'usine MacCain, laquelle est sise sur le territoire de la commune de Matougues mais plus proche du village de Saint-Gibrien. Commune perçue comme rurale, Saint-Gibrien n'en compte pas moins de 120 h/km2, sachant qu'elle située dans un département de la fameuse diagonale du vide démographique français.

    Le terrain est calcaire et l'essentiel de la superficie de la commune est occupé par une culture d'openfield caractéristique de la révolution agricole des années 1950 qui ne représente cependant que 4 exploitations agricoles, soit une infime proportion de la population active dont l'essentiel est employé dans l'agglomération châlonnaise.

    Urbanisme

    Typologie

    Saint-Gibrien est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[2],[3],[4].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Châlons-en-Champagne dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 97 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[5],[6].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (90,6 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (82,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (85 %), zones urbanisées (6,4 %), zones agricoles hétérogènes (5,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (2,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,7 %), eaux continentales[Note 3] (0,1 %)[7].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[8].

    Histoire

    De la protohistoire à l'Antiquité

    On sait peu de choses sur la période mais les fouilles entreprises en plusieurs lieux du village [9] attestent d'une occupation du site à la période protohistorique. L'étude a démontré que l'occupation humaine remonte à la fin du Ve millénaire avant notre ère (environ 4200 av. J.-C.). Les vestiges se divisent entre Néolithique moyen et premier puis second âge du Fer. D'une façon générale, l'occupation du site reste quasi constante pendant 4 500 ans, du Néolithique moyen à La Tène[10].

    Néolithique

    La période du Néolithique moyen marque un temps de chasse au grand gibier, dont la viande est traitée sur place. Trois fosses à détritus ont été découvertes qui datent de cette période, entre 4200 et 3600 avant notre ère. Elles donnent à voir de la vaisselle, des reliefs de repas carnés, quelques outils de silex et des meules à grain en grès. On trouve également un piège de chasseur daté de 3500 à 2700 avant notre ère. Il y avait alors des aurochs dont les vestiges montrent qu'ils ont dû être fumés sur place ou cuits.

    Au Néolithique récent, le site est aussi un lieu de production. On a en effet découvert des poids servant aux tisserands et datés de 3500 à 2200 avant notre ère[10].

    Premier âge du fer (Hallstadt)

    L'archéologie a exhumé ce qui semble avoir été une grande surface agricole de la civilisation hallstattienne qui correspond aux débuts de l'âge du fer dans la région (750-620 avant notre ère et fin du IIe millénaire avant notre ère au Proche-Orient et en Grèce ancienne). De cette époque, on retrouve douze greniers à grains et de petites constructions agricoles rangées et entourées d'au moins deux enclos. La Marne n'est qu'à 50 mètres du site, qui devait être fertile. L'ensemble devait être entouré d'une palissade en bois et il est possible qu'il y ait eu une tour de guet[10].

    Second âge du fer (La Tène)

    La période de La Tène, qui correspond à ce que la mémoire nationale regarde comme le temps des Gaulois, est marquée par la présence de 32 silos à grains dont chacun pouvait contenir m3 de volume. Il s'agit de La Tène ancienne (475-250 ans avant notre ère). Là encore, on retrouve quelques petits vestiges et des restes d'animaux, mais, contrairement à l'époque précédente, il n'y a pas de restes de repas, ce qui indique que les propriétaires résidaient ailleurs. D'après les analyses, les denrées étaient du blé, de l'orge et de l'engrain (petit épeautre). Ces silos ont été réemployés à d'autres usages. On y trouve en effet trois squelettes humains qui ont été datés de la même époque grâce au carbone 14. Les offrandes retrouvées témoignent du fait qu'il ne s'agit pas d'individus rejetés par leur groupe. L'une des sépultures contient une fibule en fer qui servait à accrocher un manteau ou une cape.

    Moyen Âge

    Si c'est bien le lieu d'où un certain vicomte Haideric a fait transférer les reliques de saint Gibrien sous l'épiscopat châlonnais de Rodoard (885-893), alors le village a porté au Haut-Moyen Âge le nom de Cosse (lat. Cosla). 888 marque la fin des Carolingiens et l'élection en février comme roi des Francs (par les grands de Francie occidentale) du Robertien Eudes, comte de Paris. Celui-ci remporte en juin une victoire contre les Normands. L'Historia Eccclesiæ Remensis (Histoire de l'Église de Reims) de Flodoard, chanoine rémois qui constitue une des sources les plus importantes pour le Xe siècle, rapporte que les Normands sont venus jusqu’à Cosse, lieu indéterminé, détruisant la chapelle où était enseveli saint Gibrien, un pieux solitaire scot, c'est-à-dire irlandais, venu dans les Gaules avec ses frères et sœurs au milieu du VIe siècle. Daté du roi Eudes (888-898), le pillage de la chapelle peut se situer entre 888 et 892, date de la fin d'une série de raids normands :

    En ce même temps, on transporta aussi dans l'église de saint Remi, les restes de saint Gibrian (lat. Gibrianus), du pays de Chalons, où il était allé en voyage et où il était mort car il était arrivé en cette province sept frères, savoir, Gibrian, Hélan, Trésan, Germain, Véran, Atran et Pétran avec leurs trois sœurs, Fracie, Promptie et Possenne, venus d'Hibernie[11] en pèlerinage pour l'amour de notre seigneur Jésus-Christ et ils s'étaient établis chacun en divers endroits sur la rivière de Marne. Or, Gibrian qui était prêtre, choisit pour sa demeure le village de Cosse...Sur sa tombe fut construit un petit oratoire, à cause de quelques miracles qui y avaient été opérés (...) du temps du roi Eudes, quand la cruauté des Normands portait partout le ravage dans le royaume des Francs, cette chapelle fut réduite en cendres (...) Le religieux comte Haderic alla trouver Rodoard, évêque de l'Église de Châlons, (... ) le suppliant instamment (...) de le transférer en un autre lieu (...) [Traduction de Guizot, 1823]

    La période du Haut-Moyen Âge est en effet connue pour l'importance de l'immigration de moines irlandais responsables de l'évangélisation des campagnes. Les villes ont été évangélisées à la fin de l'Empire romain. Les campagnes sont christianisées au haut Moyen Âge par des moines irlandais. Contemporain de saint Remi et de Colomban, Gibrien serait mort vers 509, sous le roi des Francs Clovis. Ses reliques sont transférées 400 ans plus tard vers l'abbaye Saint-Remi de Reims.

    C'est beaucoup plus tard que se développe, à Reims, le culte de saint Gibrien. Patrick Demouy décrit dans sa thèse d'État[12] saint Gibrien comme un personnage obscur mais auquel se rapportent les plus grandes manifestations miraculeuses de la Reims médiévale. Le moine Colomban aurait en effet eu douze disciples, nombre éminemment suspect, dont, d'après J. Heuclin[13], seul les trois premiers (Gibrien, Helan et Tresain) sont attestés. Les liens de parenté peuvent être fictifs. Gibrien aurait sillonné la vallée de la Marne avant de s'installer sur la rive gauche près de Châlons. Il aurait été inhumé près de Coolus, sur la route de Troyes. À l'initiative du Comte Haideric, son corps est transféré à l'abbatiale saint Remi de Reims, les Normands ayant détruit en 892, l'oratoire construit sur sa tombe. C'est au XIIe siècle que de nombreux miracles sont prêtés à saint Gibrien, qui fait ainsi l'objet d'un culte et d'un pèlerinage à Reims. Rapportés dans la Chronique de Reims, les miracles qu'on lui prête (102 du 16 avril au 24 août 1145) déplacent les foules dans un rayon de 60 kilomètres autour de Reims mais les pèlerins peuvent provenir de Paris, Compiègne, Verdun ou Péronne. Une cartographie est établie par P.-A. Sigal[14] Les miracles de saint Gibrien, récit du XIIe siècle qui n'a plus grand chose à voir avec la vie réelle de ce saint, relate les miracles prêtés à ce moine irlandais dont le jour de fête était le 8 mai. Le trèfle qu'arbore le blason actuel de la commune renvoie aux origines irlandaises de saint Gibrien. L'historien doit justement attendre le XIIe siècle et le règne de louis VII, pour trouver le premier document mentionnant un lieu effectivement dénommé Sanctus Gibrianus (1147).

    Temps modernes (XVIe-XVIIIe)

    Le vicomte de Turenne par Philippe de Champaigne.

    Le 20 mars 1651, Louis XIV signa avec Turenne (Henri de la Tour d'Auvergne-Bouillon), duc de Bouillon et marquis de La Tour d'Auvergne (Château de Sedan-1611, bataille de Salzbach, 1675) un traité qui cédait à ce maréchal de France, contre d'autres avantages, la duché-pairie de Château-Thierry avec tous les privilèges y afférents, parmi lesquels celui de la pêche sur la Marne entre Saint-Gibrien, en amont, et Château-Thierry, en aval. Le fait devait refaire surface trois siècles plus tard quand un descendant de Turenne contesta le bon droit d'un pharmacien qui avait pêché un brochet à Aulnay, deuxième village en aval de Saint-Gibrien[15].

    La Révolution française et l'Empire (1789-1815)

    Au cours de la Révolution française, la commune porta provisoirement les noms de Jolibois et de Mont-Union[16].

    On note que la commune, qui est alors particulièrement petite, perd des habitants en 1806, sous l'Empire. L'hypothèse à vérifier est que, dans une France à la population encore jeune, le manque de 1806 corresponde aux jeunes enrôlés dans les armées napoléoniennes, décédés sur les champs de bataille ou encore occupés à parcourir l'Europe. Ce déficit démographique explique alors des salaires ouvriers et agricoles assez élevés par rapport à la décennie précédente mais il reste à vérifier à l'échelle locale cette tendance nationale.

    Le XIXe siècle

    Sous la Restauration, malgré la non-remise en cause par Louis XVIII de l'abolition des privilèges votée le 4 aout 1789, la question des droits de pêche faisait encore l'objet de litiges de la part des descendants de Turenne. Il revint à un jugement du tribunal civil de la Seine du 9 août 1822 de dire le droit sur la question de la ferme de la pêche. Ce jugement fut confirmé le 9 mai 1823 par un arrêté de la cour de Paris. L'affaire confirme cependant la réticence des descendants des aristocrates de l'Ancien régime à accepter le droit égalitaire issu de 1789.

    L'exode rural commença en 1856, sous Napoléon III, dans le contexte de l'industrialisation du pays.

    1975-1989 : le temps de la péri-urbanisation

    1975 - La péri-urbanisation est le processus d'intégration par des urbains d'un espace rural qu'ils transforment. C'est un village de 99 habitants, relativement à l'écart de la route départementale principale, ce qui fait sous-estimer sa taille aux automobilistes de passage. Saint-Gibrien compte alors un café-épicerie - boulodrome, principal lieu de sociabilité tenu par Claudette Moreau (Chez Claudette), en bout de village, près du pont, au-dessus de la voie de chemin de fer. C'est avant tout un espace rural et agricole. L'autre commerce est celui du mécanicien dont le garage station-service a pour clientèle les habitants du village et les automobilistes parcourant la départementale Châlons-Épernay. Face au garage, la ferme Brodier, au bord de la départementale, additionne les activités d'élevage bovin et avicole à la céréaliculture. À cette époque, la petite église locale est déjà touchée par la déchristianisation et, partant, le déclin des vocations cléricales qui explique l'absence d'offices dominicaux. Cette situation qui paraît ancienne est alors confrontée aux bouleversements démographiques de la société française, lesquels se traduisent ici par la rurbanisation : arrivée "à la campagne", d'urbains continuant de travailler en ville, à Châlons-sur-Marne (nom en usage à cette époque). Ces urbains investissent le premier lotissement construit entre château d'eau et ferme Brodier : le Petit Buisson. Leur arrivée à la campagne est permise par la démocratisation de l'automobile depuis les années 1960. Le lotissement est gagné sur des terres jusqu'ici vouées à la céréaliculture. Le Crédit agricole est partenaire financier de l'opération réalisée par un maître d'œuvre. L'architecte prévoit trois types de pavillons à choisir et acheter sur plan : modèles A, B et C. L'épisode reflète les tendances générales de l'histoire de la péri-urbanisation bien que celle-ci soit moins avancée en Champagne qu'ailleurs.

    Pour ces urbains, il est encore question de s'installer à la campagne, ce que démontre rapidement la possibilité pour eux d'acheter du lait et des œufs le soir à la ferme Brodier. Aucun n'a réellement conscience que sa présence va progressivement transformer l'espace local et l'identité rurale de la commune. La ferme devient d'ailleurs un lieu de sociabilité qui permet aux nouveaux habitants, de s'intégrer à la population saint-gibriennote. Peu à peu, les Brodier abandonnent les poules puis les vaches. Les néo-ruraux, naguère persuadés d'être venus vivre à la campagne, font l'expérience de la spécialisation de l'agriculture et de l'effet de leur présence sur un espace qu'ils contribuent à transformer. Autre forme d'intégration des urbains à la campagne, quelques parents inscrivent leurs enfants dans la classe unique du village.

    1977 - C'est à ce moment qu'Évelyne Bérat, fille du maire sortant, entame des tournées dans le lotissement et intègre ses habitants à l'électorat local. Une liste concurrente apparaît, où dominent les urbains de gauche, souvent fonctionnaires et salariés de la SNCF ou des P&T. La liste sans étiquette dominée par les agriculteurs et/ou vieux villageois l'emportent. Cette élection porte à la fois la marque des héritages, par la prédominance sociologique des agriculteurs qui élisent l'enfant de l'ancien maire agriculteur, et celle de la nouveauté, par l'élection d'une femme. Un salarié des P&T venu de la liste "de gauche", est intégré à la nouvelle-équipe. La polémique droite-gauche finit par s'éteindre, vaincue par l'idée que les grands débats et clivages nationaux ne seraient pas appropriés à la réalité locale. Beaucoup de non-agriculteurs finissent par intégrer l'équipe d'Évelyne Bérat, reconduite en 1983, estompant progressivement les différences entre "le village" et "les lotissements" qui en seraient alors distincts. La municipalité Bérat tente au départ de redonner vie au village avec l'organisation d'un voyage municipal (Versailles, grands parcs de loisirs, Tour Eiffel) et le regain de la fête du 14 juillet. Celle-ci appartient encore au profil des kermesses de villages avec leurs attractions habituelles (chamboul'tout, pêche, course en sac et buvette avec coupe de Champagne à 5 f) et le bal, régulièrement clôturé par des « loubards ruraux » (notamment les frères B.), venus des villages à l'entour et nourrissant la chronique locale des lendemains de fête par le récit d'exploits et de bagarres trahissant surtout leur grande misère sociale.

    Vers 1979, est construit le lotissement des Cytises, accroissant encore la population.

    Croix de chemin.

    1989-2014 et après : un nouveau village, carrefour en voie d'intégration à Châlons-en-Champagne

    En 1989, l'idée d'une nouvelle équipe municipale naît dans un lieu de sociabilité récent : le terrain de tennis construit avec le 3e lotissement. Les habitants ne s'y trompent guère qui désignent cette alternative municipale comme étant l'équipe du terrain de tennis. Il est d'ailleurs notable que l'ancien lieu de sociabilité, le café-épicerie-terrain de boule "Chez Claudette" ait alors fermé, fortement concurrencé par les progrès des hypermarchés depuis le début des années 1970. L'équipe du terrain de tennis est finalement élue. Elle marque la fusion des différentes populations dans une conscience municipale commune et l'appropriation de la commune et de l'identité communale par les anciens urbains. Le Conseil municipal se donne pour maire Christian Longuet. Son statut de retraité SNCF le rapproche des nouvelles couches d'employés et ouvriers ayant investi la commune depuis 1975. Son image de grand-père bienveillant peut aussi avoir contribué à le rapprocher des anciennes couches.

    1992 - À cette époque, Saint-Gibrien devient une sortie d'autoroute Châlons-Sud vers Troyes Lyon sur l'A26, mise en service en 1992, avec pour conséquence un soutien aux prix immobiliers.


    Politique et administration

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    Les données manquantes sont à compléter.
    avant 1876 après 1877 Prin[17]    
    1971? 1977 () Bérat   Exploitant agricole
    1929  ? A. Detz    
    1977 1989 Évelyne Bérat   Exploitante agricole
    1989 2008 Christian Longuet   Retraité SNCF
    2008[18] 2014 Patrick Libera   Agriculteur
    Réélu pour le mandat 2014-2020[19]

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[20]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[21].

    En 2018, la commune comptait 537 habitants[Note 4], en augmentation de 8,27 % par rapport à 2013 (Marne : −0,45 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    7386638294101105116129
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    130123117106105101999392
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    8876858910597115121110
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2012
    13699134388436368441452498
    2017 2018 - - - - - - -
    538537-------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[16] puis Insee à partir de 2006[22].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Héraldique

    De création récente, les armes de la commune se blasonnent ainsi : écartelé en sautoir : au premier d'azur à la fasce d'argent cotoyée de deux doubles burelles potencées et contre-potencées d'or, au deuxième de gueules aux deux épis de blé feuillés d'or, les tiges passées en sautoir, au troisième de gueules au héron contourné d'or, au quatrième d'or au trèfle de sinople.

    Personnalités liées à la commune

    La légende raconte que c'est ici que mourut saint Gibrien.

    Voir aussi

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé, en , celle d'aire urbaine afin de permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
    4. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.

    Références

    1. site du FC Saint-Gibrien
    2. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    3. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    4. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    5. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur le site de l'Institut national de la statistique et des études économiques, (consulté le ).
    6. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur le site de l'Institut national de la statistique et des études économiques, (consulté le ).
    7. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    8. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    9. « Saint-Gibrien : La campagne d'aujourd'hui », Cités en Champagne, Magazine de la communauté d'agglomération de Châlons-en-Champagne, no 38, avril 2012, p. 13.
    10. Fabien Langry-François, Chasse, réserves de céréales... archéologie de la vie quotidienne à Saint-Gibrien (4200-250 av. notre-ère), Rapport sur les fouilles archéologiques menées en 2012 à Saint-Gibrien, INRAP, 2012.
    11. Irlande
    12. Patrick Demouy, Genèse d'une cathédrale. Les archevêques de Reims et leur Église aux XIe et XIIe siècle, ed. Gueniot, Langres, 2005, p. 208.
    13. J. Heuclin, Aux origines monastiques de la Gaule du Nord. Ermites et reclus du Ve au XIe siècle, Lille, 1986, p. 117 cité par P. Demouy p. 208.
    14. P.-A. Sigal, « Maladies et guérison au XIIe siècle : les miracles de saint Gibrien à Reims », dans Annales, 1969, no 3, p. 1522-39 cité et reproduit par P. Demouy p. 210.
    15. « Les juges de Châlons-sur-Marne déclarent que Louis XIV n'a pu interdire la pêche au lancer léger », Le Monde, 24 avril 1951.
    16. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    17. Almanach historique administratif et commercial de la Marne, de l'Aisne et des Aerdennes, Matot-Braine, Reims 1877, p162.
    18. Liste des maires au 1er août 2008, site de la préfecture de la Marne, consulté le 22 décembre 2008
    19. « Liste des maires du département de la Marne » [PDF], Renouvellement des exécutifs locaux, Préfecture de la Marne, (consulté le ).
    20. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    21. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    22. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
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