Rue Espinasse

La rue Espinasse (en occitan : carrièra del Coronèl Pèire-Maria Espinasse) est une rue du centre historique de Toulouse, en France.

Rue Espinasse
(oc) Carrièra del Coronèl Pèire-Maria Espinasse

La rue Espinasse vue depuis la place Perchepinte.
Situation
Coordonnées 43° 35′ 47″ nord, 1° 26′ 52″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Saint-Étienne
Début no 38 Grande-rue Nazareth
Fin no 1 rue Escoussières-Montgaillard
Morphologie
Type Rue
Longueur 168 m
Largeur 4 m
Histoire
Anciens noms Rue de Donne-Coraille ou de Na-Coraille (fin du XIIIe siècle)
Rue Caminade (XVIIe siècle)
Rue Espinasse (25 octobre 1875)
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

Toponymie

Par décision du conseil municipal du , le nom de cette rue rend hommage au colonel Pierre-Marie Espinasse. Celui-ci légua 150 000 francs à la ville pour l'entretien des écoles d'enseignement mutuel et l'achèvement de l'église Saint-Aubin, à la condition que la rue dans laquelle son père possédait une maison (actuel no 5) porterait son nom[1].

Au Moyen Âge, depuis la fin du XIIIe siècle, la rue portait le nom d'une dame noble qui y possédait plusieurs immeubles, Donne Coraille (orthographié Couraille, Corailhe ou encore Coralha). Cette famille de Corail était encore connue à Toulouse au milieu du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, elle prit aussi le nom de rue Caminade, car le président du Parlement Philippe de Caminade y possédait l'hôtel de Mansencal (no 1), mais ce fut finalement une rue voisine qui prit ce nom. En 1794, pendant la Révolution française, la rue fut quelque temps désignée comme rue de l'Émulation, avant de reprendre celui de Donne-Coraille[2].

Histoire

Au Moyen Âge, la rue de Donne-Coraille appartient, du côté ouest, au capitoulat de Saint-Barthélémy et, du côté est, au capitoulat de la Pierre. Elle porte déjà ce nom dans le dernier quart du XIIIe siècle, sans doute à cause d'une dame de la noblesse toulousaine appartenant à la famille de Coraille ou de Corail. Sa population est alors assez mélangée et la plupart des maisons ne sont d'ailleurs que des dépendances des maisons des rues voisines[2].

Le , un incendie se déclare dans une boulangerie, à l'angle des rues des Chapeliers (actuelle rue du Languedoc) et Maletache. Il provoque des destructions extrêmement importantes dans toute la ville, et particulièrement dans le quartier de Saint-Barthélémy[3]. L'ampleur des destructions permet cependant aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers[4], les parlementaires, avocats et hommes de loi se faisant plus nombreux. L'hôtel de Mansencal est un exemple de concentration foncière entre les mains de l'aristocratie toulousaine : entre 1527 et 1547, le premier président du Parlement de Toulouse, Jean de Mansencal, se fait construire un bel hôtel particulier (actuel no 1). Peu après 1550, il rachète un premier immeuble voisin (partie de l'actuel no 3) à Pierre de la Chapelle, clerc d'un conseiller au Parlement, pour y aménager les communs, puis la maison du dizenier Arnaud Marinhal (actuel no 2 rue Perchepinte). À la fin du XVIe siècle, l'hôtel de Mansencal avec ses dépendances est passé à la famille Caminade et Philippe de Caminade, conseiller aux requêtes, puis président au Parlement, poursuit la politique d'agrandissement de l'hôtel en rachètant un immeuble voisin (partie de l'actuel no 3) à l'avocat Vital Dutil en 1648[5].

La Révolution française amène des changements. La rue est rebaptisée quelque temps, en 1794, rue de l'Émulation, mais elle reprend ensuite son nom[6].

En 1844, le vieil hôtel de Mansencal est passé entre les mains du marquis de Tauriac. C'est dans les dépendances de l'hôtel, qu'il loue aux dames Berryes, qu'est ouverte une pension pour jeunes filles de la noblesse. Selon Jules Chalande, la jeune Eugénie de Montijo, dont la mère a fui les guerres carlistes qui touchent alors l'Espagne, y aurait passé quelques années[7].

Description

La rue Espinasse est une voie publique située dans le centre-ville de Toulouse longue de 168 mètres. Elle naît perpendiculairement à la Grande-rue Nazareth, à l'extrémité sud-ouest du carrefour que ces deux rues forment avec la rue de la Pleau, la rue Mage et la rue Perchepinte, qui porta autrefois le nom de place Perchepinte. Relativement étroite, sa largeur ne dépasse pas 4 mètres. Elle s'oriente vers le sud-est, donne naissance à la rue Caminade, puis reçoit la rue de la Trilhe, avant de se terminer au croisement de la rue Escoussières-Montgaillard.

Voies rencontrées

La rue Espinasse rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :

  1. Grande-rue Nazareth
  2. Rue Caminade (d)
  3. Rue de la Trilhe (g)
  4. Rue Escoussières-Montgaillard

Bâtiments remarquables

  • no  1 : hôtel Mansencal (1527-1547 ; dernier quart du XIXe siècle).  Inscrit MH (1925)[8].
    L'hôtel est construit entre 1527 et 1547 pour un important parlementaire toulousain, Jean de Mansencal. Il est profondément remanié et altéré aux siècles suivants. Après avoir été intégré au couvent des Dominicains de Toulouse dans le dernier quart du XIXe siècle, il fait aujourd'hui partie du collège privé Saint-Thomas-d'Aquin.
    L'hôtel conserve des éléments représentatifs d'un style Renaissance très pur et se distingue par sa tour élevée et le décor sculpté de sa façade du côté jardin.
  • no  3 : immeuble « Hôtel de Mansencal » (1968-1972).
    L'immeuble est construit sur une partie des anciens jardins de l'hôtel Mansencal[9].
  • no  5 : hôtel Gach (1680 ; fin du XVIIIe siècle).
    L'hôtel est construit en 1680 à l'emplacement de plusieurs maisons réunies par Jean Gach, président aux requêtes du Parlement. La partie nord de l'actuel hôtel date de cette période, comme en témoignent les fenêtres à meneau. En 1784, Hélène de Mazade Percin acquiert l'hôtel, lui réunit deux maisons au sud et le fait remanier.
    L'hôtel, entre cour et jardin, se compose de plusieurs corps de bâtiment disposés en U autour de la cour. Ils sont séparés de la rue par un mur de clôture et un portail en plein-cintre, surmonté d'une corniche. L'élévation du corps de bâtiment nord, au 2e étage, porte la trace d'une fenêtre à meneau. Les élévations sont surmontées d'une corniche moulurée et d'un avant-toit. Les fenêtres des parties les plus tardives ont gardé leur garde-corps en fer forgé du XVIIIe siècle. Le jardin, à l'arrière, a subsisté[10].
  • no  7 : immeuble (2e moitié du XVIIIe siècle).
    L'immeuble, construit dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, a gardé son élévation originale, où les étages, de hauteur décroissante, sont séparés par des cordons. Les garde-corps des fenêtres du 1er étage ont des ferronneries avec le monogramme JB[11].
  • no  10 : immeuble.
    L'immeuble, construit au XVIIIe siècle, est situé à l'angle de la rue Caminade. À l'angle de la rue se voit encore l'inscription en pierre de l'ancien nom de la rue. Son élévation de la rue Espinasse, sur trois étages et comble à surcroît est symétrique. Les niveaux, séparés par un cordon de brique, sont de dimensions décroissantes. La façade se termine par le comble à surcroît ouvert par des oculi et surmonté d'une large corniche moulurée. La travée centrale, au-dessus de la porte, qui conserve une imposte de fer forgé, semble plus tardive[12].
  • no  24 : immeuble.
    Ce vaste immeuble, construit dans le deuxième quart du XXe siècle, à l'angle de la rue Escoussières-Montgaillard, a sa façade principale dans la rue Théodore-Ozenne (no 33). Sur l'élévation postérieure de la rue Espinasse se remarque la vaste fenêtre avec vitrail qui surmonte la porte[13].

Notes et références

  1. Jules Chalande, 1918, p. 216.
  2. Jules Chalande, 1918, p. 216-217.
  3. Maurice Bastide, 1968, p. 8-12.
  4. Maurice Bastide, 1968, p. 13.
  5. Jules Chalande, 1918, p. 217-218 et 220-221.
  6. Jules Chalande, 1918, p. 217.
  7. Jules Chalande, 1918, p. 222.
  8. Notice no PA00094557, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. Louise-Emmanuelle Friquart, Laure Krispin et Karyn Zimmermann, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31129775 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2008, 2010 et 2015, consulté le 11 mai 2016.
  10. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31119423 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2008, consulté le 11 mai 2016.
  11. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31110338 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2008, consulté le 11 mai 2016.
  12. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132777 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2008, consulté le 11 mai 2016.
  13. Sabine Delpit, Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31104939 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 1998 et 2008, consulté le 11 mai 2016.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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