Roland Cadet

Roland Cadet, né le à Mézières (Ardennes)[1] et mort à Paris le , est un haut fonctionnaire français. Il a été membre du Conseil d'État.

Famille

Roland Cadet est issu d'une famille originaire de Sézanne-en-Brie, installée dès la seconde moitié du XVIIe siècle à l'île de La Réunion. Son ancêtre Pierre Cadet aurait, selon un grand nombre d'historiens, créé la ville de Saint-Pierre, actuelle sous-préfecture de l'île[2].

Il est le fils du général Roland Cadet, Grand officier de la Légion d'honneur. Marié à Nicole Teissier-Ricard, il est le père de trois enfants : Corinne (1940-2007), Pierre et Marie (+ 2016).

Biographie

Roland Cadet, dans son enfance, est très marqué par la guerre de 1914-1918 à laquelle son père participait et où il fut grièvement blessé ; mais aussi par l’arrivée de ses grands-parents maternels qui fuyant les Ardennes, occupées par les Allemands, s’étaient réfugiés chez eux à Montauban.

Il fait ses études secondaires à Montauban et universitaires à Toulouse où il obtient une licence de droit. Il va ensuite à Paris pour suivre les cours de l’École libre des sciences politiques. Il prépare le concours d’entrée au Conseil d’État où il est reçu en 1931 à l’âge de 22 ans.

Il intègre, en , le Conseil d'État comme auditeur[3].

Pendant la période d’avant guerre, Roland Cadet occupe divers postes dans des cabinets ministériels. De 1935 à 1938, il est chef adjoint du cabinet du ministre des Travaux Publics (Laurent Eynac)[4];de 1938 à 1939, chef adjoint du cabinet du ministre de la Justice (Paul Marchandeau); et enfin, de 1939 à 1940, directeur du cabinet du ministre du Travail (Charles Pomaret)[5].

Dès la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, le , il s’engage dans l’armée de l’Air[6]. À l'armistice, le , il réintègre le Conseil d’État qui s'est installé en zone libre à Royat. En 1942, il est nommé Maître des Requêtes au Conseil d’État et accepte le poste de conseiller juridique du Protectorat de la France au Maroc[7] que lui propose le Garde des Sceaux.

Après le débarquement Allié en Afrique du Nord, le , Roland Cadet s’engage, en , au 1er régiment de Chasseurs d'Afrique, régiment de chars de la 5e division blindée où il est nommé lieutenant[8]. Il débarque en Provence avec son régiment, en , à La Croix-Valmer. Il assure aussi les fonctions d’attaché au cabinet civil du général Jean de Lattre de Tassigny, commandant en chef de la Première armée française[9], Cité à l’ordre de l’armée lors d'opérations en Alsace et en Allemagne[10], il est fait en 1947 Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire; cette nomination comportant l'attribution de la Croix de guerre avec palme.

La paix revenue, il est nommé en 1946 directeur au ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme[11] Il y restera dix ans. En 1947, il est directeur, adjoint au Commissaire général aux Dommages de guerre[12], et en 1948 directeur des Dommages de guerre[13]. C'est une époque où la France se reconstruit après des années de guerre et où l'instabilité ministérielle, inhérente à la quatrième République, fait se succéder pas moins de huit ministres pendant cette période. En 1956, il est nommé directeur général honoraire des dommages de guerre[14]

Au cours de l’année 1956, Roland Cadet est nommé conseiller d’État et chargé de présider le Comité consultatif national pour l'expansion de l'industrie aéronautique française[15]. Avec ce comité, il présente à l'étranger les grandes réalisations de l'industrie aéronautique française, notamment la Caravelle, le Super Mystère et le Mirage III.

Ayant réintégré le Conseil d’État en 1958, il devient, en 1963, président de la deuxième sous-section de la section du contentieux du Conseil d’État; et, en 1969 président de la Commission du Rapport et des Études du Conseil d’État; commission dont un rapport sera à l'origine de la création de la Commission Nationale de l'Informatique et des libertés (CNIL)[16].

Parallèlement à ses activités au Conseil d’État, Roland Cadet préside – André Malraux étant ministre des Affaires culturelles – la Caisse nationale des monuments historiques et des sites (1965-1969) ; puis – Michel Debré étant ministre de la Défense nationale – la Caisse nationale militaire de sécurité sociale (1971-1980)[17]. C’est à ce poste qu’il crée l’association Jean Lachenaud.

Pendant la même période, plusieurs missions lui sont confiées : vice-président de la délégation française à la conférence d'Évian (1961)[18] et président de la Commission de recensement du référendum de la Côte française des Somalis; référendum qui aboutira à l'indépendance de Djibouti (1967).

En 1978, il prend sa retraite comme Conseiller d’État honoraire et siège comme commissaire à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) (1979-1989).

Il meurt à Paris, le . La messe de funérailles est célébrée en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides. Il est inhumé au cimetière de Passy.

Décorations

Bibliographie

  • Roland Cadet, « L’évaluation des dommages », France-Illustration, .
  • Roland Cadet, « La France relève ses ruines », France-Illustration, .
  • Roland Cadet, « La chance de l'industrie aéronautique française », Le journal du parlement, .
  • Roland Cadet, « Les missions du Comité national pour l'expansion de l'industrie aéronautique française », L'Air, .
  • Roland Cadet, « Rapport de la Commission de recensement et de jugement de la consultation de la population de la Côte française des Somalis », Notes et études documentaires, .
  • Roland Cadet, « Notice sur Louis Pichat », Bulletin de l'association des membres et anciens membres du Conseil d'État, 1991.

Notes et références

  1. Actuelle Charleville-Mézières à la suite de l'union de ces deux villes en 1966.
  2. « Qui est Monsieur Roland Cadet ? », Le Progrès, Saint-Denis de la Réunion, 16 avril 1958, p. 1.
  3. Décret du 30 décembre 1931. Art. 1. Signé Paul Doumer.
  4. Décret du 2 décembre 1935. Art. 1. Signé : A. Lebrun.
  5. Décret du 20 décembre 1939. Art.1. Signé A. Lebrun.
  6. État-major de la subdivision de Paris. État des services de Roland CADET : « Mobilisé sur sa demande en avril 1940. Versé dans l’aviation et affecté à la base aérienne 117. Démobilisé en août 1940 ».
  7. Arrêté du 28 avril 1942. Signé par le Garde des Sceaux.
  8. État-major de la subdivision de Paris. État des services de Roland CADET : « Admis dans la cavalerie par voie de changement d’arme comme lieutenant par décision no 654 M.G.P. /AC en date du 26 juin 1943… Mis en route sur le 1er RCA le 5 juillet 1943 » « Par décision du général Cdt en Chef affecté au cabinet dudit général le 27 juillet 1944 » « Affecté au 1er RCA le 8 avril 1945 ».
  9. Amicale des anciens du 1er régiment de chasseurs d’Afrique. Bulletin de liaison no 36. 4e trimestre 2003 : « Hommage à Roland Cadet » / Doctrine tactique, no 19, mai 2010. « Le cabinet civil du général de Lattre à la première armée » par Claude Franc, p. 24.
  10. Citation à l’ordre de l’armée no 67 du 4 décembre 1944.
  11. Décret du 10 octobre 1946. Signé Georges Bidault. JO du 26 octobre 1946.
  12. Décret du 15 juillet 1947. Art. 2 « M. Cadet (Roland), maître des requêtes hors cadre au Conseil d’État, directeur des services juridiques de l’administration centrale du ministère du Commerce, de la Reconstruction et de l’Urbanisme est nommé directeur, adjoint au commissaire général aux dommages de guerre ». Signé Vincent Auriol.
  13. Décret du 21 mars 1948. Signé René Coty. JO du 25 mars 1948.
  14. Décret du 18 janvier 1956. Signé René Coty. JO du 19 janvier 1956, p. 718.
  15. Décret du 18 janvier 1956. Signé René Coty. JO du 19 janvier 1956, p. 699. / Le Monde, 20 janvier 1956, p. 10.
  16. Lors de sa prise de fonction, la mission principale de la Commission du Rapport était de préparer un rapport annuel sur l'activité du Conseil d’État, section par section. Roland Cadet obtient du Président Alexandre Parodi de pouvoir développer aussi une partie "Études". En 1969, la Commission du Rapport présenta, pour la première fois, à l'Assemblée générale du Conseil d’État quatre études dont une sur "l'informatique et les libertés" issue d'un groupe de travail dirigé par François Merveilleux du Vignaux; étude qui sera à l'origine de la création de la CNIL.
  17. Décision du ministre d’État chargée de la Défense nationale, 30 mars 1971.
  18. "Mémoires inédits de Roland Cadet sur les conférences d'Évian (20 mai-13 juin 1961) et de Lugrin (20-28 juillet 1961)". Le Conseil d'État et l'évolution de l'Outre-mer français du XVIIe siècle à 1962, Dalloz, 2007.
  19. JO du 1er janvier 1981 / Le Figaro, vendredi 2 janvier 1981, p. 8 / Le Monde, 2 janvier 1981, p. 13.
  20. Nomination du 20 janvier 1956. Signée : Juliana.
  21. Nomination du 10 mars 1953. Signée : Baudouin.
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