Rina Lasnier

Rina Lasnier est une poétesse et dramaturge québécoise née à Saint-Grégoire-le-Grand le [1] et décédée le .

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Biographie

Après avoir terminé ses études primaires au pensionnat de la Congrégation de Notre-Dame, à Saint-Jean-sur-Richelieu, elle passe une année au couvent Palace Gate, à Exeter, en Angleterre, avec sa sœur Alda. En 1927, elle fréquente le Collège Marguerite-Bourgeoys à Montréal, et l'année suivante, la maladie la force au repos complet. En 1930, elle suit des cours de littérature française et de littérature anglaise à l'Université de Montréal, puis en 1939, elle étudie en bibliothéconomie ; sa thèse porte sur Victor Barbeau. La même année, elle publie sa première pièce, Féerie indienne, et devient membre de la Société des Écrivains canadiens. En 1944, elle assiste à la réunion de fondation de l'Académie canadienne-française en compagnie d'une douzaine d'écrivains dont Victor Barbeau, Philippe Panneton, Marie-Claire Daveluy et Alain Grandbois ; en mai 1945, l'Académie obtient ses lettres patentes, et Rina Lasnier y est reçue officiellement en 1947; à compter de février 1948, elle occupe le fauteuil numéro quatorze. En 1955, elle quitte sa région natale et s'établit à Joliette jusqu'en 1992.

La Société des Poètes canadiens-français, secondée par l’Académie canadienne-française, tente de présenter sa candidature au prix Nobel de littérature en 1975, mais sans succès ; en 1986, le professeur Aario Marist propose également sa candidature au premier ministre du Québec, Robert Bourassa, mais il faudra attendre jusqu'en 2013 pour qu'une Canadienne, Alice Munro, remporte le prix Nobel de littérature.

Elle a publié ses premières œuvres aux Éditions du Richelieu et elle a écrit bénévolement des dizaines d’articles pour l’hebdomadaire johannais Le Richelieu, d’autres pour Le Canada français, les Carnets viatoriens, Le Devoir, Le Droit, Notre temps, Châtelaine, Liberté, etc. On retrouve ses poèmes dans des anthologies de plusieurs provinces et pays, on reconnaît sa contribution dans des dictionnaires, des encyclopédies, des études universitaires, des revues littéraires du Québec, de l’Ontario, du Manitoba, de la France, des États-Unis, de Russie, entre autres. Des critiques anglophones et francophones mentionnent à maintes reprises qu’elle fait partie des « big four », des quatre plus grands poètes de sa génération, aux côtés des Anne Hébert, des Alain Grandbois et des Saint-Denys Garneau. Un disque regroupant certains de ces poètes, incluant Rina Lasnier, enregistré à New York en 1958, faisant partie des archives du musée Smithsonian à Washington, en témoigne éloquemment. Marie-Claire Blais, dans la présentation du recueil Mémoire sans jours (1995), écrit au sujet de la poétesse : « La voix de Rina Lasnier dépasse, avec son chœur multiple, la voix de tout enfermement, c'est une voix universelle qui nous vient du fond de l'âme […]. » Son dernier livre fut Chant perdu, un recueil de poèmes publié en 1983, alors qu’elle était âgée de 73 ans. Ses poèmes ont été traduits en anglais, en espagnol, en italien, en hongrois, en polonais et en russe. Certains ont été mis en musique, entre 1946 et 1981, par des compositeurs comme Maurice Dela, Jean Vallerand, Jean Papineau-Couture, Gilles Rochon et Claude Lassonde. Malheureusement, au début des années 1990, la maladie l’empêche d’écrire et elle doit se résoudre à cesser ses activités littéraires. Elle séjourne au Centre d’hébergement Georges-Phaneuf à Saint-Jean jusqu’à sa mort, et même pendant ces années de silence, elle reçoit des lettres du monde entier. Elle repose au cimetière de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le fonds d'archives de Rina Lasnier est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[2].

Plaque commémorative, Saint-Jean-sur-Richelieu

La bibliothèque intermunicipale de la ville de Joliette et de la municipalité de Saint-Charles-Borromée porte le nom de Rina-Lasnier en l'honneur de l'écrivaine. On y retrouve un buste de Rina Lasnier réalisé par la sculpteure Claire Aubin (2009) et une huile de l'artiste Jean Viens (1977). Une plaque commémorative souligne également l'importance de son œuvre dans le Vieux-Saint-Jean, rue Richelieu. Aujourd'hui, elle est considérée comme l'un des plus grands poètes québécois, et son poème « La malemer » est un chef-d'œuvre selon la critique Jocelyne Felx: « Malemer, mer stable et fermée à la foudre comme à l'aile - mer prégnante et aveugle à ce que tu enfantes, / emporte-moi loin du courant de la mémoire - et de la longue flottaison des souvenirs ; [..] » (Mémoire sans jours)

Les traits de Rina Lasnier nous restent fixés par un portrait (pastel, 1954) qu'en fit le peintre Pino della Selva[3].

Œuvres

  • Féerie indienne, 1939
  • Images et Proses, 1941
  • Le Jeu de la voyagère, 1941
  • La Modestie chrétienne, 1942
  • La Mère de nos mères, 1943
  • Le Chant de la montée, 1947
  • Escales, 1950
  • Le Jeu de la voyagère, 1950
  • Présence de l'absence, 1956 ; réédition, 1992
  • La Grande Dame des pauvres, sur Marguerite d'Youville, 1956
  • Mémoire sans jours, 1960 ; réédition, 1995
  • Miroirs, 1960
  • Les Gisants, 1963
  • Rina Lasnier, 1964
  • L'Arbre blanc, 1966
  • Ces visages qui ont un pays, 1968
  • La Part du feu, 1970
  • L'Invisible, 1971
  • La Salle des rêves, 1971
  • Poèmes, 1972
  • Le Rêve du quart jour, 1973
  • Amour, 1975
  • L'Échelle des anges, 1975
  • Les Signes, 1976
  • Femme plurielle, 1979
  • Le Soleil noir, 1981 ; réédition, 1987
  • Voir la nuit, 1981
  • Entendre l'ombre : poèmes, 1981
  • Le Choix de Rina Lasnier dans l'œuvre de Rina Lasnier, 1981
  • Chant perdu, 1983
  • Études et Rencontres, 1984
  • L'Ombre jetée, 1987
  • Le Langage des sources, 1988

Honneurs

Bibliographie

  • Joseph Bonenfant et Richard Giguère, « Est-il chose plus belle qu’une orange ? Rencontre avec Rina Lasnier », Voix et Images, vol. 4, no 1, 1978, p. 3-32.
  • Eva Kushner, Rina Lasnier, Montréal et Paris, Fides, 1964, 191 p.
  • Rina Lasnier, L'Épanouissement de l'ombre, poèmes choisis, Montréal, Éditions du Noroît, 2011, 183 p. - Choix et présentation de Jocelyne Felx.
  • René Pageau, Rina Lasnier, poète de l'essentiel, Montréal, Lidec, coll. « Célébrités », 2012, 62 p.

Film et entrevue télévisuelle

Michel Audy, À la rencontre de Rina Lasnier, Scénario de Michel Audy, 1975. Restauré en 2014 grâce à la collaboration du musée du Haut-Richelieu et du député de Saint-Jean à l'Assemblée nationale, Dave Turcotte.

Rina Lasnier, entrevue réalisée par Louis Martin, émission Rencontres, Radio-Canada, 1971.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. De nombreuses sources indiquent que Rina Lasnier est née en 1915, mais il s'agit d'une erreur. Elle est bel et bien née en 1910 (Jean-Pierre Issenhuth, « Présentation », Liberté, vol. 40, no 3, juin 1998, p. 5).
  2. Fonds Rina Lasnier (MSS264) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
  3. Le portrait de Rina Lasnier est reproduit dans le livre monographique Pino della Selva, prince-poète, Editrice Fermenti (Italie), 1979.
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