Rhume

La rhinopharyngite (ou nasopharyngite, communément nommée rhume banal) est une infection fréquente et généralement bénigne des voies aériennes supérieures (cavité nasale et pharynx) par un virus, principalement les picornaviridés (dont les rhinovirus), les adénovirus ou les coronavirus.

Pour l’article homonyme, voir Rhume (rivière).
Rhume
Les rhinovirus sont la principale cause du rhume banal.
Spécialité Médecine générale, infectiologie et otorhinolaryngologie
CISP-2 R74
CIM-10 J00.0
CIM-9 460
DiseasesDB 31088
MedlinePlus 000678
eMedicine 227820
eMedicine aaem/118  med/2339
MeSH D003139
Symptômes Toux, mal de gorge (en), rhinorrhée, fièvre, acouphène, ronflement, céphalée, éternuement et congestion nasale (en)
Maladie transmissible Transmission aéroportée (d), contamination par les sécrétions respiratoires (d), transmission par contact (d), transmission directe (d) et transmission par surface contaminée (d)
Causes Rhinovirus, Coronaviridae, Adenoviridae, virus respiratoire syncytial, Metapneumovirus humain (en), parainfluenza et Bocavirus (en)
Médicament Chlorure de zinc, gluconate de zinc (en), ascorbate de sodium, (+)-noréphédrine (d), guaïfénésine et paracétamol
Patient UK Upper-respiratory-infections-coryza

Mise en garde médicale

Les symptômes principaux du rhume banal se manifestent par une rhinite (éternuements, congestion et écoulement nasal de mucus), une toux sèche ou productive peu fréquente et tardive, une pharyngite, une conjonctivite, des myalgies, de la fatigue, des maux de tête mais généralement pas de fièvre (si elle existe, et ce surtout chez l'enfant où elle est fréquente, elle ne dépasse pas les 38,5-39°C), une perte d’appétit et des douleurs diffuses (dans la moitié des cas). [1]

Il s’agit de l’infection respiratoire la plus fréquente chez les jeunes enfants.

Étymologie

Le mot « rhume » est emprunté au bas latin rheuma signifiant « flux marin » ou « catarrhe », terme lui-même emprunté au grec rheuma signifiant « eau qui coule » qui s'est spécialisé en médecine, initialement pour tout type d'écoulement corporel[2]. Le mot dérive du grec rhein, « couler », qu'on retrouve dans le suffixe -rrhée (cf. diarrhée par exemple). Outre la rhinopharyngite, le terme peut aussi désigner une rhinite ayant pour cause le rhume des foins (rhinite allergique), l'allergie aux pollens, le rhume de cerveau (coryza) et aussi d’autres types d’infections comme une synovite (rhume de hanche).

Mode de transmission

L'infection par un rhinovirus est la cause la plus fréquente (40 %) des infections respiratoires bénignes, les autres étant dues à divers virus, notamment coronavirus, adénovirus, virus respiratoire syncytial, virus influenza (responsable de la grippe), virus para influenza. Les virus responsables du rhume banal se transmettent entre les individus de deux façons : par aérosol, généré lors de la toux ou de l’éternuement ; et par contact avec de la salive ou des sécrétions nasales contaminées.

Le virus inhalé contamine les cellules du nasopharynx (l’espace situé entre le nez et la gorge) et se multiplie rapidement. Les points d’entrée principaux sont le nez, mais aussi les yeux (dans ce cas, la contamination du nasopharynx s’effectue par drainage du liquide via le canal lacrymonasal).

La période d'incubation est en général de deux à cinq jours, parfois moins.

Mode de propagation

Le rhume est une maladie qui se manifeste souvent par temps froid. Cette périodicité s’explique par plusieurs phénomènes :

  • la promiscuité due aux comportements en hiver (dans les transports en commun, dans des restaurants, réservoir naturel chez les enfants lors de la rentrée des classes…)[3] favorisant la transmission virale ;
  • l’air est plus sec en hiver, la muqueuse du nez est ainsi plus fragile et, par conséquent, plus vulnérable aux virus[4].
  • dans un air plus sec, les microparticules souvent composées d’eau qui transportent les virus sont plus légères et volatiles et permettent ainsi aux virus de se répandre beaucoup plus facilement dans l’air ambiant[5].

La croyance populaire attribue aux conditions hivernales – la pluie et le froid – l'origine des rhumes[6]. Bien que le rhume soit plus fréquent l'hiver, aucune expérience scientifique n'a établi que l'exposition à court terme au froid puisse augmenter la susceptibilité à l'infection, suggérant fortement que la variation saisonnière du nombre d'infections serait due par exemple à des changements comportementaux tels qu'une plus grande promiscuité et des séjours prolongés dans des lieux confinés[7],[8],[9],[10].

Sheldon Cohen (en), Professeur de psychologie, a constaté que les personnes bien entourées socialement ont trois fois moins de probabilités d'attraper le rhume que les personnes isolées[11].

Prévention

Le rhume peut être prévenu par l'hygiène, le lavage de main, l'éviction des personnes malades, et la distanciation physique.

Traitement

Le rhume est une maladie bénigne chez l’adulte, qui guérit généralement spontanément. Il n’existe aucun traitement médicamenteux antiviral reconnu qui agisse sur l’agent responsable du rhume banal. Les antibiotiques ne sont par ailleurs pas indiqués, n’ayant aucun effet sur les virus.

Le traitement médical permet en revanche de soulager les symptômes, notamment la congestion nasale et les maux de tête. Le traitement préventif consiste à limiter la propagation virale en appliquant les mesures des comportements-barrière ou encore d’hygiène des mains afin d’empêcher toute diffusion manuportée.

Complications

Bien que bénignes, ces infections présentent toutefois un risque chez certains sujets : asthmatique, insuffisant respiratoire, ou fragilisés (enfants, personnes âgées, fumeurs). Les complications principales sont la surinfection (ou co-infection) bactérienne (principalement par les pneumocoques), la sinusite, et la décompensation en bronchite chronique ou encore en emphysème. Cette maladie, comme toute maladie virale, peut causer une inflammation au niveau des muscles lisses du corps dont les intestins et le myocarde (Myocardite virale).

Malgré son caractère courant et généralement bénin, le rhume peut s'avérer mortel dans des cas extrêmes, notamment chez les patients totalement immunodéprimés, comme ceux ayant fait l'objet d'une destruction de leur moelle osseuse en vue d'une greffe ultérieure, par exemple dans le cas de malades atteints de leucémie ou suivant une chimiothérapie agressive (lymphome et autres cancers)[12]

Chez l'enfant

Description

Il s’agit d’une maladie très courante provoquée par l’adaptation du système immunitaire à l’environnement rempli de germes et virus. Transmise par voie aérienne, on ne la trouve pas dans les premiers mois car les anticorps maternels défendent encore l’enfant après sa naissance. Écoulements nasaux, fièvre, inflammation des tympans marquent la crise typique de cette pathologie qui guérit spontanément en moins d’une semaine ou parfois un jour . Une laryngite striduleuse apparaît parfois. Des formes chroniques ou une surinfection peuvent compliquer cette pathologie. Les cellules de l'intérieur du nez produisent un liquide visqueux, le mucus, plein d'anticorps qui emprisonnent les microbes.[réf. nécessaire]

Traitement

Le traitement médical courant est symptomatique. Il consiste en une bonne hydratation de l’enfant, et une désobstruction du rhinopharynx régulière (mouchage et éventuel lavage nasal).

Une fièvre élevée peut nécessiter l’administration d’antipyrétique. En cas de surinfection bactérienne, on utilisera des antibiotiques. La prévention des récidives de la forme chronique peut se faire avec des immunostimulants, une oligothérapie ou des cures thermales. Dans la forme chronique, l’ablation des végétations peut être indiquée. Il existe de nombreux traitements en médecine traditionnelle ou populaire[13].

Épidémiologie

Il s'agit d'une affection très fréquente : chaque adulte a en moyenne, chaque année, environ quatre épisodes infectieux des voies aériennes[14]. Ils sont encore plus fréquents chez l'enfant. Le coût résultant est très important : plus de 20 milliards de dollars par an aux États-Unis[15].

Histoire

Bien que les causes du rhume aient été découvertes durant les années 1950, la maladie suit en réalité l'humanité depuis l'Antiquité[16], en mutant fortement. Ces symptômes et traitements ont été décrits dans le papyrus Ebers, le plus ancien texte médical, rédigé au XVIe siècle av. J.-C.[17].

Notes et références

  1. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7185637/#!po=27.6786
  2. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française. Édition Le Robert 2006. (ISBN 2-84902-236-5).
  3. Anne-Sylvie Sprenger, « Ce n’est pas le froid qui provoque le rhume », sur letemps.ch, .
  4. « Mythes et réalités des bobos d’hiver », Canoe (consulté le ).
  5. Marielle Court : « Un temps froid et sec, une aubaine pour la grippe », Le Figaro, 12/01/2017, https://sante.lefigaro.fr/article/un-temps-froid-et-sec-une-aubaine-pour-la-grippe/.
  6. (en) Zuger, Abigail 'You'll Catch Your Death!' An Old Wives' Tale? Well… The New York Times (4 mars 2003). Consulté le 12 octobre 2008.
  7. (en) Dowling HF, Jackson GG, Spiesman IG, Inouye T, « Transmission of the common cold to volunteers under controlled conditions. III. The effect of chilling of the subjects upon susceptibility », American journal of hygiene, vol. 68, no 1, , p. 59–65 (PMID 13559211).
  8. (en) Eccles R, « Acute cooling of the body surface and the common cold », Rhinology, vol. 40, no 3, , p. 109–14 (PMID 12357708).
  9. (en) Douglas, R.G.Jr, K.M. Lindgren, et R.B. Couch, « Exposure to cold environment and rhinovirus common cold. Failure to demonstrate effect », New Engl. J. Med, vol. 279, .
  10. (en) Douglas RC, Couch RB, Lindgren KM, « Cold doesn't affect the "common cold" in study of rhinovirus infections », JAMA, vol. 199, no 7, , p. 29–30 (PMID 4289651, DOI 10.1001/jama.199.7.29).
  11. Johann Hari, Lost Connections, Bloomsbury, , p. 74.
  12. « Gérer les effets secondaires », sur sllcanada.org, Société de leucémie et lymphome du Canada (consulté le )
  13. SAILLANT Francine, Le rhume et la grippe. Recettes québécoises de médecine populaire, Ethnologie française, XXI, 2, 1991a, pp. 126-134
  14. (en) Garibaldi RA, « Epidemiology of community-acquired respiratory tract infections in adults. Incidence, etiology, and impact », American Journal of Medicine, 1985;78:32-7
  15. (en) Fendrick AM, Monto AS, Nightengale B, Sarnes M, « The economic burden of non-influenza-related viral respiratory tract infection in the United States », Archives of Internal Medicine, 2003;163:487-94
  16. (en) Eccles Pg. 3
  17. Eccles Pg.6

Annexes

Bibliographie

  • Maël Lemoine, Petite philosophie du rhume ou le remède pour ne plus jamais "attraper froid", Hermann, 2017

Articles connexes

Lien externe

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