La Revue blanche
La Revue blanche (1889-1903) est une revue littéraire et artistique belge puis française, de sensibilité anarchiste[1], à laquelle collaborèrent beaucoup parmi les plus grands écrivains et artistes de langue française de l'époque.
La Revue blanche | |
Pays | Belgique, France |
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Langue | Français |
Périodicité | mensuel |
Genre | littéraire, politique, social |
Date de fondation | 1889 |
Ville d’édition | Liège ; Paris |
ISSN | 1153-4044 |
Histoire
Elle fut fondée initialement à Liège en décembre 1889 par les trois frères Natanson (Alexandre, Thadée et Louis-Alfred, dit Alfred Athis). On trouve dans l'équipe de départ Paul Leclercq et son frère Charles (signant « Claude Céhel »)[2]. Après deux ans, la revue s'installe à Paris en au 19 rue des Martyrs où elle se pose en rivale du Mercure de France, d'où son nom qui marquait la différence avec la couverture mauve du Mercure. L'épouse de Thadée, Misia, participe au lancement parisien de la revue et sert de modèle à quelques couvertures : la revue commence dès 1893 à comporter dans chaque livraison un frontispice, Pierre Bonnard (1894) et Toulouse-Lautrec (1895) en font l'affiche. Les secrétaires de rédaction furent le critique Lucien Muhlfeld, puis Léon Blum et, surtout et enfin, l'exigeant Félix Fénéon de 1896 à 1903.
Porte-parole de l'intelligentsia culturelle et artistique de l'époque, la revue apporte sa contribution à l'affaire Dreyfus à partir de 1898, à l'instigation de Lucien Herr, prenant parti pour le capitaine accusé de trahison[3].
C'est aussi dans les colonnes de La Revue blanche que parut en feuilleton, en 1900, Le Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau, puis Bubu de Montparnasse (1901) de Charles-Louis Philippe. Le premier tome (suivi de cinq autres plus un index par Fasquelle 1903 à 1911) de l' Histoire de l'Affaire Dreyfus de Joseph Reinach (1901) a été publié par la revue.
Elle disparaît en mai 1903 après avoir publié 237 numéros. Jean Finot rachète le titre.
Citation
« La Revue blanche, dont l'aventure n'a guère duré plus de dix ans, a joué en France un rôle-charnière essentiel. La plupart des écrivains, peintres, musiciens, hommes politiques, intellectuels les plus marquants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle y ont collaboré ou l'ont côtoyée. Créée, financée et dirigée par les trois frères Natanson, jeunes Juifs polonais, avec la complicité enthousiaste de leurs condisciples du lycée Condorcet, La Revue blanche devient vite un lieu de débat sur tous les sujets qui agitent la France. Elle mène des combats politiques sous l'impulsion d'anarchistes comme Fénéon, Mirbeau ; de socialistes, tels Blum, G. Moch, Péguy ; de dreyfusards et de fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, comme Reinach et Pressensé. En témoignent ses campagnes dénonçant le génocide arménien, les dérives coloniales, la barbarie des interventions, européenne en Chine, anglaise en Afrique du Sud, et la diffusion des pamphlets de Tolstoï, Thoreau, Nietzsche, Stirner… Elle promeut les peintres nabis, les néo-impressionnistes et l'Art nouveau, anticipe le fauvisme, le futurisme et les arts premiers. Toulouse-Lautrec, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Hermann-Paul, Cappiello illustrent les articles de la revue et les ouvrages publiés par ses Éditions. Après avoir soutenu fidèlement Mallarmé, La Revue blanche accueille Proust, Gide, Claudel, Jarry, Apollinaire qui y débutent, tandis qu'elle édite une nouvelle traduction des Mille et une nuits et Quo vadis ?, le premier best-seller du siècle. Elle salue l'innovation dramatique avec Antoine et Lugné-Poe, Ibsen, Strindberg et Tchékhov, sans oublier le triomphe de l'école française de musique avec Debussy. Humour et esprit de fête, liberté, engagement et créativité, pacifisme, laïcité, mondialisation sont les valeurs promues par cette génération emportée dans le sillage de La Revue blanche. Cet ouvrage illustré et nourri de nombreuses citations décrypte l'histoire de cette avant-garde, nous familiarise avec ses membres, ses réseaux, ses utopies et ses réalisations. Il donne la mesure de l'étape majeure alors franchie par la société française vers le modèle culturel et politique qui est le sien aujourd'hui[4]. »
— Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche. Une génération dans l'engagement, 1890-1905.
Principaux collaborateurs
- Guillaume Apollinaire
- Victor Barrucand
- Tristan Bernard
- Léon Blum
- Pierre Bonnard
- Paul Claudel
- Romain Coolus
- Claude Debussy
- Maurice Delcourt
- Félix Fénéon
- Alfred Jarry
- André Gide
- Émile Gravelle
- Charles Henry
- Gustave Kahn
- Ernest La Jeunesse
- Louis Lestelle
- Stéphane Mallarmé
- Octave Mirbeau
- Gaston Moch
- Lucien Muhlfeld
- Charles Péguy
- Charles-Louis Philippe
- Émile Pouget
- Marcel Proust
- Henri de Toulouse-Lautrec
- Misia Sert
- Achille Steens
- Félix Vallotton
- Pierre Veber
- Émile Verhaeren
- Paul Verlaine
- Zo d'Axa
Bibliographie
Ouvrages
- Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche. Une génération dans l'engagement 1890-1905, Paris, Fayard, 2007, 1 199 p. (ISBN 9782213630649).
- Cécile Barraud, La Revue blanche. Une anthologie, avant-propos d'Éric Marty, Houilles, Manucius, coll. « Littéra », 2010, 192 p. (ISBN 9782845781122).
Articles
Notes
- Jean-Claude Caron, « La Revue blanche. 1871, enquête sur la Commune, introduction et notes de Jean Baronnet, Paris, Les Éditions de l’Amateur, 2011, 205 p. », Revue d'histoire du XIXe siècle. Société d'histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, Société d’histoire de la révolution de 1848, no 43, , p. 169 (ISBN 978-2-85917-514-6, ISSN 1265-1354, lire en ligne).
- « L'entre deux siècles : le cinquantenaire de la Revue blanche », par Thadée Natanson, in: Le Monde illustré - Miroir du monde, 21 janvier 1939 — sur Gallica.
- Outre les très nombreux articles consacrés directement à l'affaire, Lucien Herr publie également, fin 1898, Philoctète d'André Gide, qui fait un parallèle politico-littéraire avec le cas de Dreyfus.
- La Revue blanche. Une génération dans l'engagement, 1890-1905, Paul-Henri Bourrelier, éd. Fayard, 2007, présentation du livre, introduction.
- On apprend dans cet article que Paul-Henri Bourrelier est « le mari de la petite-fille d'Alexandre » (Natanson).
Articles connexes
Liens externes
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- Commémoration de La Revue blanche.
- Sur Gallica :
- « Une tornade blanche souffle sur Paris », Le Figaro, .
- Le blog de Paul-Henri Bourrelier consacré à La Revue blanche.
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : La Revue blanche.
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