Requiem (Ockeghem)

Le Requiem de Johannes Ockeghem (c.14201497) est un arrangement polyphonique de la messe catholique romaine du Requiem, la Missa pro defunctis, la messe des morts. C'est un des arrangements polyphoniques de requiem le plus ancien à avoir survécu, et ce requiem reste la plus connue des œuvres d'Ockeghem et une de ses compositions les plus jouées[1].

Pour les articles homonymes, voir Requiem (homonymie).

La Vierge en pleurs avec St Jean et les Femmes Pieuses de Galilée (ca 1485-90), Hans Memling

Histoire

Le Requiem d'Ockeghem est différent de ses autres œuvres et des autres adaptations de requiem. Stylistiquement, les mouvements ne se ressemblent pas ; chacun d'entre eux utilise la technique de chant grégorien de l’écriture en imitation, la messe paraphrase, technique qu'utilise rarement Ockeghem. De plus, les mouvements utilisés sont différents de ceux des autres messes de requiem.

Cette œuvre est écrite pour quatre voix et est divisée en cinq parties :

Les spécialistes considèrent ce requiem comme incomplet car il manque le Sanctus, la Communion et l'Agnus Dei[2]. Bien qu'il semble que le Codex Chigi ait eu pour but de rassembler toute l'œuvre d'Ockeghem[3], l'absence de ces trois mouvements dans le codex vient probablement du fait que le copiste ne les avait pas à sa disposition. Des blancs dans le codex laissent aussi penser qu'il avait été prévu au moins un autre mouvement pour clore le Requiem, probablement une version de la Communion à trois voix dans un style calme, style rappelant l'Introitus[4].

Le style de cette œuvre est austère, comme il se doit pour une Messe des morts. L'absence de requiem polyphonique plus ancien peut s'expliquer par le fait que le polyphonisme n'était pas perçu comme assez sobre[5]. Certaines parties, particulièrement l'introitus rappellent le style de la première moitié du XVe siècle avec le chant à la voix la plus haute et les autres voix chantant un faux-bourdon d'accompagnement. Certaines sections à deux ou trois voix contrastes et contrastent avec les parties à quatre voix, amenant ainsi à un climax. Cette technique est particulière à Ockeghem[6].

Le dernier mouvement, l'offertoire, est le plus contrapuntique et peut avoir été écrit comme point culminant de la composition[4],[6].

Il n'a pas été possible de déterminer précisément la date de composition de ce requiem. Richard Wexler propose 1461, date de la mort de Charles VII, Ockeghem témoignait de la gratitude à ce monarque et lui aurait probablement composé un requiem[7](si cette date est correcte, le requiem de Ockeghem précéderait celui de Dufay qui lui aussi n'est pas précisément daté). D'autres suggèrent que Ockeghem a composé ce requiem pour la mort de Louis XI en 1483, ou même en prévision de sa propre mort. Le poète Guillaume Crétin fait allusion à un requiem récemment composé dans son Déploration, écrit lors de la mort d'Ockeghem[8].

Influence

Pascal Dusapin, le compositeur français de musique contemporaine, s'est inspiré de la structure de ce requiem pour composer Umbrae mortis en [9].

Enregistrements

  • Ensemble Organum, Marcel Pérès, enregistré à l'Abbaye Royale de Fontevraud, 1992, Harmonia Mundi, 1993

Références

  • (en) Fabrice Fitch, Johannes Ockeghem: Masses and Models. Paris, Honoré Champion Éditeur, 1997. (ISBN 2-85203-735-1)
  • (en)Gustave Reese, Music in the Renaissance. New York, W.W. Norton & Co., 1954. (ISBN 0-393-09530-4)
  • (en) Leeman L. Perkins, « Jean de Ockeghem », Grove Music Online, ed. L. Macy (Accessed March 9, 2006),
  • (en) Fabrice Fitch, « Requiem, 2 », Grove Music Online, ed. L. Macy (Accessed March 9, 2006), www.grovemusic.com
  • (en) Meinolf Brüser, Livret du CD Musikproduktion Dabringhaus und Grimm (MDG) 605, Lamentations: Festa – Ockeghem – Gombert. 2004.
  • (en) Richard. Wexler, « Which Franco-Netherlander Composed the First Polyphonic Requiem Mass? » Netherlandic Studies I, p. 71-6. Lanham, Maryland. 1982.

Sources

  1. Fitch, p. 195.
  2. Fitch, Grove online
  3. Fitch, p. 210-211
  4. Fitch, p. 201
  5. Brüser
  6. Perkins, Grove
  7. Wexler
  8. Fitch, p. 204
  9. D'après le livret du disque Requiem[s] par le Chœur de chambre Accentus et Ars nova dirigés par Laurence Equilbey, Montaigne, Auvidis/Naïve, 2000
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