Raymond Malenfant
Raymond Malenfant, né le à Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup, est un homme d'affaires canadien. Principalement connu au Québec, il a fait fortune, puis faillite, dans le domaine de l'hôtellerie.
Jeunesse
Raymond Malenfant est né le à Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup d'Edmond Malenfant et de Rosanna Paré[2]. Fils d'un cultivateur, il est le cinquième d'une famille de 9 enfants. À partir de l'âge de six ou sept ans, il commence à travailler sur la terre familiale sous les ordres de son père, un homme ferme[3],[4].
L'un des frères d'Edmond étant alcoolique, les parents de Malenfant tiennent un discours très strict sur l'alcool[5]. Marqué par cette expérience, Malenfant affirmera plus tard ne jamais avoir bu une goutte de sa vie[6]. La famille Malenfant, pieuse, se rend régulièrement à l'église à pied, à 5 kilomètres de la terre familiale[7].
Raymond Malenfant fait son école primaire à l'école de rang. Il réussit relativement bien quoiqu'il poursuive son travail sur la terre[8],[9].
En 1946, il fait part à sa famille qu'il veut devenir prêtre. L'année suivante, il commence son cours classique au séminaire de Rimouski. Il est victime de mauvais coups de la part des autres étudiants[10],[11]. Il se décrira plus tard comme ayant été un étudiant effacé[12]. Après une année d'étude à cette école, il part étudier au juvénat des pères maristes à Québec[13],[14]. Au début de l'année scolaire 1949-1950, il abandonne ses études[15].
L'armée canadienne et les débuts dans la construction
Il rejoint les Forces armées canadiennes, s'entraîne à Québec et revient parfois à Saint-Hubert[16]. À la même époque, il se lie avec Colette Perron, qui deviendra plus tard sa femme[17]. En 1955, il rejoint la base de Shilo, au Manitoba, où il demeurera quelque temps[18]. À cette époque, il aurait commencé sa médecine à l'Université Laval[19][source insuffisante].
En janvier 1956, Raymond Malenfant achète une maison inachevée sur un terrain de 27 mètres de façade à Limoilou pour la somme de quatorze mille sept cent cinquante dollars canadiens[20]. En 1957, il acquiert un terrain près de chez lui appartenant au Séminaire de Québec pour la somme de deux mille cinq cents dollars[21]. Le de la même année, il a un premier enfant, Alain[22].
Il commence à acquérir des terrains sur lesquels il fait construire des maisons. À la fin des années 1950, il a déjà fait construire une douzaine de maisons habitées par un même nombre de familles[23].
En 1960, la famille Malenfant part en France, à Lille. Raymond y poursuit des études de médecine à l'Université catholique de Lille. Les Malenfant y habitent un an, durant lequel naîtra Estelle le [24]. Raymond abandonne après la première année d'études et la famille revient au Québec pour poursuivre dans le domaine de la construction en automne 1962. Raymond Malenfant quittera l'armée à la même époque[25],[19].
Le naît sa fille France[26].
Raymond Malenfant se lance à nouveau dans la construction à Québec. Il a quelques démêlés avec la ville, mais poursuit son œuvre. C'est à la même époque qu'il vit ses premiers affrontements avec le syndicalisme[27].
Hôtellerie
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Après avoir fait des démarches de financement, Malenfant entame la construction de son premier motel. Le motel Universel, situé en face de l'Université Laval sur le Chemin Ste-Foy, ouvre ses portes le [28]. Le naît sa fille Lynn[29].
Le , il acquiert la compagnie Villeneuve Construction ltée ainsi qu'un terrain au coin de l'autoroute Henri-IV et du Chemin des Quatre-Bourgeois pour 1 385 650 dollars. Il planifie d'y faire construire un centre commercial[30], les Galeries Henri IV. Réussissant à y faire changer le zonage, il revend le terrain à la compagnie Steinberg pour environ 2 800 000 dollars en 1972-1973[31].
Le , il inaugure un deuxième motel à Rivière-du-Loup. Le , il en inaugure un autre à Drummondville et, sept ans plus tard, un autre à Chicoutimi, près du boulevard Talbot, le [32],[33],[34]. Au début des années 1980, il ouvre des motels Universel à Alma, Rimouski et Montréal[35].
Manoir Richelieu

En décembre 1985, Raymond Malenfant fait une offre d'achat du Manoir Richelieu au gouvernement du Québec. Il commence à rénover le bâtiment[36]. Le Manoir lui sera vendu officiellement le [37],[38],[39]. À la suite de cette acquisition, Malenfant devient connu auprès du grand public[40].
Malenfant ne reconnaît pas le syndicat des employés du Manoir, affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) dirigée par Gérald Larose[39],[N 1],[41]. Un bras de fer s'engage entre Malenfant et la CSN. Les manifestations commencent le au motel Universel de Sainte-Foy. Le , deux voitures de Raymond Malenfant sont incendiées devant sa maison à Sainte-Foy. Le , Malenfant obtient 3 injonctions de la cour interdisant, entre autres, l'accès aux environs des propriétés de Malenfant aux syndiqués. Le , plusieurs anciens employés pénètrent dans le Manoir et le vandalisent. 71 d'entre eux sont arrêtés[42].
Le conflit est marqué par la mort du manifestant Gaston Harvey, étouffé par un agent de la Sûreté du Québec au moment de son arrestation lors d'une manifestation au Manoir le [43],[39].
Apogée
En , Raymond Malenfant a été plaignant ou défendeur dans environ 91 procès depuis la fin des années 1960[44]. Sa fortune est estimée à 400 millions de dollars. Il possède la chaîne Universel, composée de neuf établissements hôteliers, 6 tours à bureaux et d'un centre de ski. En haute saison, il emploie environ 1 000 personnes. Il est un modèle pour le patronat, connu comme celui qui a maté ceux qu'il nomme « les capotés » de la CSN[4],[6].

En voyage, il voit l'hôtel Fort Garry la même année, dont il « tombe amoureux ». Malenfant l'achète et commence à le rénover en janvier 1988. Après quatre mois et demi et 10 millions de dollars, l'hôtel ouvre officiellement le [45].
En 1989, Malenfant acquiert la station de ski de Pin Rouge, qui lui posera plusieurs problèmes[46].
En , devant la chambre de commerce de Sainte-Foy, Malenfant relance l'idée, déjà avancée, d'ouvrir un casino géré par l'État au Manoir Richelieu. La proposition sera appuyée par l'Association touristique de Charlevoix[47].
Faillite
Selon Alain Malenfant, la seule hausse des taux d'intérêt au début des années 1990 a suffi à mettre en péril l'entreprise familiale. Les Malenfant tentent un sauvetage radiodiffusé, orchestré par André Arthur[48] et comptant sur l'appui de plusieurs intervenants dont Pierre Péladeau, dont l'entreprise aurait fourni 600 000 dollars. Cependant, les dons sont bien insuffisants. L'État québécois réclame des millions à Malenfant, notamment pour fraude. Le , le tribunal met sous tutelle les biens de Malenfant, qui perdra au cours des mois suivants ses propriétés. Le , le tribunal déclare Raymond Malenfant en faillite, décision qui sera confirmée le [49],[50]. Au moment de la faillite, les avoirs de Malenfant sont évalués à 400 000 000 $[51].
À la suite de cette faillite, les Malenfant se retirent de la vie publique pour quelques années[52].
Motel resto-bar Le Vicomte de Laval
En 1997, Raymond Malenfant s'implique avec son fils Alain dans la reprise du motel resto-bar Le Vicomte de Laval[53]. L'établissement a une réputation douteuse. Alain Malenfant et plusieurs employés du Vicomte sont arrêtés par la police en mars 1998[54]. Alain aurait commencé à avoir des fréquentations douteuses dès 1993. Il entreprit une thérapie et fut condamné à une sentence en société[55].
Péripéties municipales
En , Raymond Malenfant passe plusieurs jours en prison à Saint-Jérôme à la suite du refus de payer une amende municipale[56].
En juin 2000, un problème électrique entraîne un incendie au Vicomte, causant pour plusieurs dizaines de milliers de dollars de dommages[57].
Le , Raymond Malenfant est happé par une voiture à Laval en traversant le boulevard des Laurentides. Admis à l'hôpital dans un état grave, il passera plusieurs jours dans le coma[58]. Le , il quitte l'hôpital et fera sa convalescence au centre François-Charron (maintenant l'Institut de réadaptation en déficience physique de Québec)[59]. Il fait une première apparition publique lors d'une entrevue avec Paul Arcand sur le Réseau TVA le [60].
En , Malenfant est accusé de construire une maison luxueuse à Québec sans avoir obtenu de permis de la ville[61].
En , il est condamné à une amende de 900 dollars pour quatre infractions au règlement d'urbanisme[62].
Héritage
« J'ai tiré les vaches à quatre ans, on n'avait pas le choix. On était neuf enfants à la maison. Le plus vieux est mort écrasé par un tracteur. J'ai eu beaucoup de misère dans ma vie. »
— Raymond Malenfant (2003)[63]
En , la chaîne de télévision Séries+ annonce qu'elle diffusera une minisérie sur Raymond Malenfant à l'hiver 2011[64]. Malenfant est réalisée par Ricardo Trogi. Le rôle de Raymond Malenfant a été joué par Luc Picard[65] et Francis Cantin (Raymond Malenfant jeune adulte).
Prix et nominations
Notes et références
- Notes
- Raymond Malenfant et Gérald Larose auront plusieurs confrontations via les médias québécois. Malenfant intentera une poursuite de 250 000 $ contre Larose pour atteinte à la réputation le 6 mai 1999.
- Références
- Cardwell et Juster 2003, p. 25
- Cardwell et Juster 2003, p. 14
- Cardwell et Juster 2003, p. 27
- Michel David, « Le dinosaure », Le Devoir, (consulté le )
- Cardwell et Juster 2003, p. 43-44
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- Cardwell et Juster 2003, p. 46-47
- Cardwell et Juster 2003, p. 48
- Cardwell et Juster 2003, p. 60
- Cardwell et Juster 2003, p. 66-67
- Cardwell et Juster 2003, p. 78-79
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- Richard Therrien, « Luc Picard jouera Raymond Malenfant », Le Soleil, (consulté le )
- Chapleau 2004, p. 57
- Chapleau 2004, p. 111
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Georges-Hébert Germain, « Le « toffe » de La Malbaie », L'actualité, Maclean Hunter Limitée, , p. 38-43
- Normand Rhéaume, « La ruade de l'éléphant », Revue commerce, Publications Les Affaires inc., , p. 27-34
- Mark Cardwell et Robert Juster, Raymond Malenfant - L'ascension, Trait d'Union, , 286 p. (ISBN 2922572730)
- André Chapleau, Raymond Malenfant - Le courage de continuer, Trait d'Union, , 221 p.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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