Rasmee Wayrana

Rasmee Wayrana (en thaï : รัสมี เวระนะ), surnommée Paeng (ชื่อเล่น:แป้ง), née le 18 août 1983 dans la province d'Ubon Ratchathani (Isan), est une chanteuse de Mor lam (molam)[1] / Luk thung (หมอลำ / ลูกทุ่ง) et une actrice thaïlandaise[2].

Elle chante en Khmer-Surin, en Lao-Isan et en Thaï, et un petit peu en Anglais[3].

Biographie

Enfance et adolescence

À 5 ans, en 1988, Rasmee Wayrana accompagne son père, le chanteur professionnel du groupe Jariang Band dans les fêtes de village. Comme elle ne connaît alors pas bien le khmer, elle chante du Luk thung en thaï. En effet, son père lui chante régulièrement quand elle est enfant des chansons de Luk thung de Poompuang Duangchan (Pumpuang Duangjan), Sayan Sanya et Seree Rugsawang pour qu'elle s'endorme le soir et fasse de beaux rêves.

À 13 ans, en 1996, Rasmee devient une chanteuse professionnelle. Elle chante dans le groupe de son père et dans les restaurants de Ubon Ratchathani les chansons alors très populaires de Jintara Poonlarp, de Siriporn Ampaipong et aussi de la pop rock de Palmy, Labanoon et Bodyslam[4]. Elle commence alors sa carrière où elle doit lutter contre de nombreux types de discrimination et de préjugés comme : avoir une peau sombre, c'est l'inscription dans sa peau de sa pauvreté intellectuelle et matérielle ; à 30 ans, on est trop vieille, on ne peut pas sortir son premier album de musique ; la musique d'Isan, c'est barbare et rurale, ce n'est pas une musique pour la commerciale et civilisée ville de Bangkok; chanter en lao, c'est un flop assuré etc. Elle se souvient : "Lorsque j'avais 14 ou 15 ans, je voulais être chanteuse. Je me suis rendue à de nombreuses compétitions de chant, mais je ne gagnais jamais. On me disait que j'avais une jolie voix, mais que ma peau était trop foncée, que j'étais trop petite, que je n'étais pas assez jolie. A l'époque, j'encaissais tout sans mot dire, je croyais qu'ils avaient raison. Je n'avais aucune confiance en moi."[5]

Puis elle découvre un jour Chiang Mai, tombe sous le charme de cette ville. Elle décide d'arrêter quelques années sa carrière de musicienne pour étudier les beaux-arts et la peinture à Rajamangala University of Technology Lanna Chiang Mai. Elle découvre alors des affinités entre sa musique et celle de Nina Simone, Ella Fitzgerald, Fela Kuti et Noora Noor.

Adulte

Ses amis de l'université lui conseillent de continuer la musique. Rasmee Wayrana chante le soir dans les hôtels de Chiang Mai pour financer ses études[6]. Elle va aussi régulièrement au The North Gate Jazz Club et elle rencontre les musiciens de Bamako Express (Israël / Thaïlande) qui jouent de la musique africaine.

En 2013, elle s'associe avec les musiciens du groupe de jazz français Limousine : elle est alors invitée en Europe pour jouer et enregistrer des disques. Ravie, elle saute sur cette opportunité d'aller visiter Paris, le musée du Louvre... et elle est émue de l'accueil chaleureux qu'elle obtient en chantant à l'ambassade de Thaïlande.

En 2015, "la trop vieille" de 30 ans sort son premier album Isan Soul E.P composé de seulement 7 chansons (Maya (มายา)/ Muang Chut Dam (เมืองชุดดำ / La cité des costumes en noir) inspirée de sa visite en hiver à Paris / Boonruen's Love Song (รักของบุญเริญ) / Lam Duan (ลำดวน) / Where are you (อ้ายอยู่ไส) / Prakaprui (ปะกาปรูย) / Naoina (เนาอีนา)). Rasmee y mélange du molam putai (originaire du Nord et d'Isan) et du molam toey (inspiré par Pornsak Songsaeng, le maître du genre) avec de la musique expérimentale et elle parle de nouveaux sujets dans ses paroles. Elle déclare :"Les chansons d'Isan, surtout le style luk thung, l'équivalent thaïlandais de la country, portent toujours sur l'expérience douloureuse (lambak) du voyage à Bangkok pour y aller gagner de quoi subvenir aux besoins de la famille restée en province. Partir à Bangkok, être dans le lambak. Moi, je veux donner du courage aux gens, c'est le sens de ma chanson intitulée "Maya", il faut s'aimer d'abord, il faut se battre, tout dépend de soi. Bien sûr, j'écoute du luk thung et cette musique me touche, mais je voulais faire quelque chose de différent, de novateur, qui donne du baume au cœur."

En 2016,Rasmee Wayrana devient célèbre à Bangkok où de nombreux articles de journaux sont publiés sur elle puis sa renommée s'étend à toute la Thaïlande[7].

En 2017, elle sort son deuxième album Arom (อารมณ์ / Emotion) et chante dans deux chansons de Tropical Suite du groupe Poni Hoax (Tropical Suite: Pataya et Lights Out)[8]. Elle joue du molam klon nang bak teu, issu du théâtre d'ombres thaïlandais,et du molam ploen aux rythmes entraînants et excitants.

En 2018, elle joue son premier rôle au cinéma dans le film Manta Ray (กระเบนราหู / Kraben Rahu)[9] où elle est l'actrice principale[10]. Le réalisateur du film Phuttiphong Aroonpheng veut, pour interpréter le rôle de Saijai, quelqu'un qui sache réellement chanter. Il déclare : "J’aime son visage, ses yeux, et comme il y a beaucoup de chant dans ce rôle, elle est parfaite."[11]

En 2019, elle sort son troisième album Roots.

En février 2021, elle décide de quitter Chiang Mai où elle a vécu 19 ans pour fuir la pollution et la qualité de l'air de plus en plus mauvaise. Elle décide de déménager à Chumphon pour offrir à son fils un air sain où il puisse courir partout et faire des activités à l'extérieur[12].

Discographie

  • 2015 : Isan Soul E.P.[13]
  • 2017 : อารมณ์ (Arom / Emotions)[14]
  • 2019 : Roots[15]

Filmographie

Notes et références

  1. Arnaud Dubus, « Rasmee Wayrana, sirène des rizières », sur next.liberation.fr, Libération,
  2. « Manta Ray », sur telerama.fr, Télérama,
  3. (en) Melalin Mahavongtrakul, « Mo' better molam », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  4. (en) Kitchana Lersakvanitchakul, « Spirit and The Soul », sur nationthailand.com, The Nation (Thailand),
  5. Eugénie Mérieau, Les Thaïlandais : lignes de vie d'un peuple, Paris, HD ateliers henry dougier, , 160 p. (ISBN 979-10-312-0445-1), p. Chapitre 4 : Fantômes et esprits d'Isan / De la mélancolie joyeuse des chants d'Isan / Rencontre avec Rasmee Wayrana, chanteuse de molam pages 86, 87 et 88
  6. Arnaud Dubus, « PORTRAIT Rasmee Wayrana, la sirène des rizières », sur gavroche-thailande.com, Gavroche Magazine n°267 de Janvier 2017, 17 avril 2017 (sur internet)
  7. Arnaud Dubus, « Reportage international : Une artiste du nord-est de la Thailande chante le molam et triomphe à Bangkok » (Texte et Audio 3min), sur rfi.fr, (consulté le )
  8. (th) « รัสมี เวระนะ ‘อิสานโซล’ กับ ความท้าทายครั้งใหม่ ‘สรรเสริญหมอลำ’ », sur matichon.co.th, Matichon,
  9. « Dossier de presse Manta Ray (Rasmee Wayrana page 8 ; 10 pages) », sur medias.unifrance.org,
  10. (en) Donsaron Kovitvanitcha, « Reflections on a refugee », sur nationthailand.com, The Nation (Thailand),
  11. « Dossier de presse de Manta Ray (10 pages ; page 6) », sur medias.unifrance.org,
  12. Catherine Vanesse, « Rasmee:"Il y a de très bons musiciens à Chiang Mai mais aussi le smog" », sur lepetitjournal.com, Le Petit Journal de Bangkok,
  13. (en) Pattramon Sukprasert, « The alchemists », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  14. (en) Chanun Poomsawai, « Emotions Run Deep », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  15. (en) Chanun Poomsawai, « Roots awakening », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,

Liens externes

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