RAND Corporation
La RAND Corporation (« Research ANd Development »), fondée en 1948 par la Douglas Aircraft Company pour conseiller l'armée américaine, est une institution américaine de conseil et de recherche qui se donne pour objectif d'améliorer la politique et le processus décisionnel par la recherche appliquée et l'analyse stratégique. Elle a ensuite progressivement élargi son champ d'action en travaillant pour d'autres gouvernements, pour des fondations privées, pour des organisations internationales, et pour des entreprises privées, sur des questions de défense et de sécurité mais aussi sur l'économie industrielle en général[1]. La RAND Corporation est basée en Californie, en Belgique, en Louisiane, en Angleterre et en Australie. Rand Corporation est considérée comme un laboratoire d'idées (think-tank) américain au service de la décision politique et économique. Elle est financée par le gouvernement américain, par des dotations privées, par des entreprises, des universités et des dons de particuliers[2],[3] La RAND se caractérise depuis sa fondation par une approche interdisciplinaire et quantitative de la résolution de problèmes, en traduisant des concepts théoriques de l'économie formelle et des sciences en applications nouvelles dans d'autres sphères, c'est-à-dire via les sciences appliquées et la recherche opérationnelle[1].
La RAND Corporation publie le RAND Journal of Economics, une revue à comité de lecture faisant partie des revues les mieux considérées[4] dans le domaine de l'économie industrielle.
Historique
RAND est l'acronyme des termes anglais : Research ANd Development (recherche et développement).
Fondée en 1945 par l'US Air Force et sous contrat avec la société aéronautique Douglas Aircraft Company, le projet RAND publie le document intitulé Preliminary Design of an Experimental World-Circling Spaceship, une analyse technique traitant des possibilités de conception d'un satellite artificiel capable de tourner autour de la Terre.
Elle considère les centrales électriques embarquées, les poids structurels, les valeurs de conception optimums, les trajectoires, la stabilité et l'atterrissage.
Le , le Projet RAND se sépare de la Douglas Aircraft Company et devient une organisation indépendante à but non lucratif.
Avec un budget de 230 millions de dollars en 2008 issus de fonds publics comme privés, des bureaux à Bruxelles et Doha au Qatar, elle emploie à cette date 1 500 personnes dont moitié d'analystes et de chercheurs dans de nombreux domaines[5].
La tablette RAND
Cet écran graphique, développé par la RAND, passe pour le premier terminal muni d'un stylet pour la saisie des données[6], conçu pour diffusion à grande échelle. Il a été produit par la Defense advanced Research Projects Agency. On connectait cette tablette au terminal d'un ordinateur ou à un écran d'oscilloscope : l'écran enregistrait les mouvements du stylet et les reproduisait sur l'écran de l'ordinateur.
Le développement de ce périphérique à la RAND avait débuté avec les études d'Ivan Sutherland et son équipe sur le Sketchpad, afin que l'utilisateur puisse saisir directement son programme depuis la tablette. La RAND testa une multitude de dispositifs pour tâcher de reconnaître les caractères manuscrits et les mouvements du stylet : ainsi la méthode du flowchart based Graphic Input Language (GRAIL) de Tom Ellis. La tablette RAND est l'un des premiers périphériques capable de reconnaître l'écriture manuscrite. Baptisée Grafacon, elle est considérée comme l'une des premières tablettes graphiques jamais produites en série. La version originale était vendue pour 18 000 $. Après des années de développement, elle fut proposée aux laboratoires de recherche[7] à partir de 1964 ; ce fut toutefois un échec commercial, à cause des habitudes prises par les ingénieurs et chercheurs, déjà familiers du clavier QWERTY, et du manque d'applications[8].
Réalisations et expertise
La corporation a apporté d'importantes contributions dans la recherche spatiale et le programme spatial américain, l'informatique et l'intelligence artificielle. Depuis 1948, elle a édité plus de 10 000 livres et publications.
Ses secteurs de recherche fondamentale sont les suivants :
- Jeunesse ;
- Éducation ;
- Énergie et environnement ;
- Transport et infrastructure ;
- Science et technologie ;
- Santé et services médicaux ;
- Toxicomanie ;
- Population et vieillissement ;
- Justice ;
- Sécurité publique ;
- Terrorisme et sécurité intérieure ;
- Affaires internationales ;
- Économie industrielle.
Quelques membres ou collaborateurs notables (présents ou passés)
- Horace Rowan Gaither a aidé à fonder la RAND Corporation en 1948, et en a été le président jusqu'en 1959.
- Thomas Schelling y a été recruté en 1958 pour réfléchir sur la stratégie et la théorie des jeux[9]
- Herman Kahn y a également travaillé sur la guerre nucléaire et la stratégie nucléaire[10]
- Albert Wohlstetter y a également travaillé sur la théorie des jeux
- Jean-Louis Bruguière, juge anti-terroriste français
- Frank Carlucci (ancien Trustee, ancien directeur adjoint de la CIA 1978-1981, ancien président du groupe Carlyle)
- Samuel Cohen, concepteur du missile W70
- George Dantzig, mathématicien, créateur de l'algorithme du simplexe en optimisation linéaire
- Daniel Ellsberg (ancien analyste américain à l'origine d'un des plus grands scandales de fuites de documents top-secrets, concernant la guerre du Vietnam)
- Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président EADS
- Robert E. Hunter
- Bertrand de Jouvenel, cité par Roger Peyrefitte dans son livre : Les Américains
- Lewis « Scooter » Libby (ancien conseiller de Dick Cheney, auteur des fuites de l'affaire Plame-Wilson)
- Pascal Lamy (RAND Europe) (ancien commissaire européen, ancien directeur de l'OMC)
- Constantin Melnik[11], ancien conseiller de Michel Debré pour la sécurité et l'espionnage
- Walter Mondale (ancien Trustee)
- Paul O'Neill (ancien président, ancien secrétaire au trésor de GW Bush)
- Condoleezza Rice (ancienne Trustee 1991-1997, Ex-secrétaire d'État)
- Donald Rumsfeld (ancien président 1981-1986, ancien secrétaire à la défense de GW Bush)
- Francis Fukuyama
- Zalmay Khalilzad (ambassadeur des États-Unis en Irak)
- John von Neumann (mathématicien hongrois, père de la bombe atomique)
- Richard Bellman (mathématicien américain, inventeur de la programmation dynamique)
- John Forbes Nash (économiste et mathématicien américain, « Prix Nobel » d'économie en 1994)
Voir aussi
Articles connexes
Références
- (en) Lawrence Freedman, Strategy : A History, Oxford/New York, Oxford University Press, , 571 p. (ISBN 978-0-19-932515-3, lire en ligne), p. Chap 12 ("Nuclear Games", p147-149.
- (en) 2013 RAND Annual Report, (lire en ligne).
- (en) « How We Are Funded: Major Clients and Grantors of RAND Research », sur www.rand.org (consulté le ).
- Classé en catégorie 1 par le classement du CNRS en 2008.
- La RAND Corporation, le plus connu des « think tank », Le Monde, 27 mars 2009
- D'après M. Davis et T. Ellisdate=août 1964, « The RAND Tablet: A Man-Machine Graphical Communication Devic », sur ARPA (consulté le ).
- D’après Paul Atkinson, « A Bitter Pill to Swallow: The Rise and Fall of the Tablet Computer », Design Issues, 24e série, no 4, , p. 3-25 (lire en ligne [PDF]).
- D’après W.H. Ware, RAND and the information evolution : a history in essays and vignettes, Santa Monica, CA, Rand Corp, (réimpr. 1re), 228 p. (ISBN 978-0-8330-4513-3, lire en ligne), p. 3-25.
- D'après Thomas Schelling, « Thomas Schelling - Biographical », sur The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel,
- Cf. Rupert Cornwell, « Samuel Cohen, creator of the neutron bomb », The Independent, (lire en ligne).
- Cf. Jean Guisnel, « Constantin Melnik, figure des services secrets, est mort », Le Point, (lire en ligne)
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