Ramsès IV
Ramsès IV est le troisième pharaon de la XXe dynastie du Nouvel Empire de l'Égypte antique.
Ramsès IV | |
Statue de Ramsès IV offrant les vases nou - British Museum | |
Période | Nouvel Empire |
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Dynastie | XXe dynastie |
Fonction | Pharaon |
Prédécesseur | Ramsès III |
Dates de fonction | -1164 à -1158 -1154 à -1148 (N. Grimal, K. A. Kitchen) -1153 à -1146 (J. Málek, I. Shaw) |
Successeur | Ramsès V |
Famille | |
Grand-père paternel | Sethnakht |
Grand-mère paternelle | Tiyi-Meryaset |
Père | Ramsès III |
Mère | Iset |
Conjoint | Douatentopet |
Enfant(s) | ♂ Ramsès V |
Fratrie | ♂ Khâemouaset ♂ Amonherkhépeshef ♂ Mériamon ♂ Ramsès VI ♂ Parâherounemef ♂ Séthiherkhépeshef ♂ Montouherkhépeshef ♂ Mériatoum ♂ Ramsès VIII ♀ Douatentopet |
Sépulture | |
Nom | Tombe KV2 |
Type | Tombeau |
Emplacement | Vallée des Rois |
Date de découverte | 1718 |
Découvreur | Claude Sicard |
Fouilles | 1920 : Howard Carter |
Ramsès IV devient pharaon à l'âge de quarante ans, et règne de -1153 à -1146 (J. Málek, I. Shaw entre autres), d'autres sources donnent de -1154 à -1148 (N. Grimal, K. A. Kitchen) ou -1156 à -1150 (H. W. Helck, R. Krauss).
Ramsès IV est enterré dans la vallée des Rois (tombe KV2).
Biographie
Généalogie
Il y a un consensus entre les égyptologues sur le fait qu'il soit le fils de Ramsès III. Sur le nom de sa mère on arrive presque avec Iset Ta Habasillat (ou Isis-Ta-Hemdjert) à la même adhésion. Par contre, sa place dans l'ordre des naissances demeure incertaine. La majorité des spécialistes le considèrent comme le 5e fils de Ramsès III, alors pourquoi fut-il choisi pour régner ? Lorsque le pharaon avait plusieurs « Épouses royales », chaque premier enfant de chacune était qualifié de « Fils aîné du roi ».
On sait aujourd'hui que Ramsès III a eu au moins trois fils aînés, puisque trois épouses lui sont attestées. Christian Leblanc évoque même la possibilité d'un 4e mariage, car il compte à Ramsès III une quatrième femme, qui serait la mère de Ramsès IV. On sait aussi qu'il devient prince héritier en l'an 22 de Ramsès III. Alexander J. Peden ne pense pas que le prince ait occupé la moindre fonction sacerdotale comme ses demi-frères. Ses fonctions, selon lui, demeuraient essentiellement honorifiques.
Règne
Ramsès IV entreprend de nombreuses constructions, doublant les effectifs d'ouvriers à Deir el-Médineh jusqu'à 120 hommes, commande des expéditions jusqu'aux carrières du Ouadi Hammamat et du Sinaï. Cependant, le pharaon meurt avant de voir ses buts accomplis.
Le papyrus Harris est le document le plus important de la vie de Ramsès IV qui nous soit parvenu : il relate en partie la vie de son père Ramsès III. D'autres documents essentiels sont la carte papyrus de Turin, la plus ancienne carte géologique connue, et le papyrus judiciaire de Turin relatant le complot du harem à la fin de la vie de son père.
Le début du règne est donc occupé à rétablir l'ordre dans le palais et le pays. Avant de monter sur le trône le prince Ramsès occupait déjà une place très importante en tant qu'héritier et général en chef des armées du roi. Cette position lui assurait de nombreux appuis à travers toute l'administration militaire qu'il dirigeait.
Il semble que la deuxième année de son règne marque un tournant dans sa vie car Ramsès fait changer sa titulature. Ce fait détermine la volonté royale d'asseoir sa légitimité en se rattachant explicitement à la royauté dont il a la charge et encore davantage aux grands dieux de l'empire qui l'ont élu pour cela.
L'énergie déployée par le roi se veut à la hauteur des ambitions qu'il proclame devant les dieux eux-mêmes.
La troisième année du règne, une expédition menée par le grand prêtre d'Amon Ramsèsnakht et composée de plus de huit mille hommes, laisse une inscription au Ouadi Hammamat, détaillant l'ensemble des équipes nécessaires pour une telle entreprise, convoi compris. Leur but était d'assurer un approvisionnement en or nécessaire pour l'économie du règne et ses principaux chantiers. L'expédition dura trois ans.
Parallèlement le roi envoie d'autres expéditions dans les mines du Sinaï, honorant la déesse Hathor de Sarabit al-Khadim et y instaurant le culte des ancêtres royaux. Les mines de turquoise et de cuivre de la région reprennent leur activité fournissant des matières premières indispensables à l'économie du pays. Quatre expéditions sont documentées pour les premières années du règne de Ramsès.
Les grandes inscriptions et stèles gravées à l'occasion de ces expéditions témoignent d'une forte présence du contingent militaire dans leur organisation ce qui assurait leur sécurité et garantissait le retour des produits extraits des nombreux filons qui avaient de tout temps fourni ces matières si précieuses à la royauté égyptienne. Ce faisant Ramsès garanti le contrôle des principales voies commerciales débouchant sur la mer Rouge et par le Sinaï sur le levant.
Les relations avec ces contrées autrefois sous contrôle égyptien sont maintenues à défaut de conserver encore une certaine influence auprès des nations qui se regroupent déjà autour de nouveaux centres de gravité situés plus à l'orient.
Le cartouche de pharaon se trouve toutefois encore à Byblos, l'éternelle alliée économique de l'Égypte antique. À Gaza où demeure une garnison égyptienne, il poursuit la construction du temple édifié par son père. Ce temple nommé le château de Ramsès régent d'Héliopolis en terre de Canaan, était dédié au dieu Amon du pays de Djahy, nom que les anciens égyptiens donnaient à cette région de la Palestine.
Tout danger écarté du trône et la situation du pays maîtrisée, avec le retour d'une certaine prospérité le roi se lance alors dans un programme architectural ambitieux pour lequel il fait rouvrir les carrières de grès et de granite affichant partout la reprise des travaux dans les temples divins.
On retrouve l'intervention des artisans du roi du nord au sud du pays depuis Héliopolis où il fait bâtir un petit temple consacré aux dieux de la cité et au culte de son image et y érige au moins un obélisque, jusqu'en Nubie à Amara ou à Bouhen, en passant par Abydos où il laisse une stèle dans le temple principal de la ville attestant de son intervention dans ce sanctuaire.
Le temple d'Héliopolis est situé à proximité du grand portail occidental du grand temple de Rê non loin de l'entrée monumentale édifiée par son père et qui englobait déjà le grand parvis du temple de Khépri-Rê-Atoum. Il jalonnait une voie qui menait vers le nord de la grande enceinte sur un vaste périmètre dans lequel se trouvent les tombes du taureau Mnévis, incarnation d'Atoum sur terre.
À Memphis, le nouveau Ramsès fait inscrire ses cartouches sur le grand colosse de granite de son glorieux ancêtre Ramsès II, colosse qui a rejoint aujourd'hui le site du futur Grand Musée égyptien à Gizeh. Il fait également ériger des statues de granite à son effigie dans le grand temple de Ptah.
Mais c'est dans la capitale religieuse du sud, la ville d'Amon que se concentrent ses interventions. Au règne précédent, un vaste programme de creusement de tombes princières et royales avait vu le jour, nécessitant une main d'œuvre qualifiée. Avec le doublement des équipes du village des artisans de la tombe, Deir el-Médineh connaît alors sa plus forte croissance. Ce choix coûteux démontre la reprise en main de la situation de l'institution qui à peine une décennie plus tôt vivait une crise qui avait abouti au premier mouvement de grève documenté de l'Histoire.
À Thèbes, au cœur même de Karnak on retrouve ses cartouches inscrits sur les colonnes de la grande salle hypostyle du temple d'Amon et il fait inscrire sa titulature complète sur un des grands obélisques de Thoutmôsis Ier.
Ailleurs Ramsès poursuit l'œuvre de son père continuant l'édification du temple de Khonsou de Karnak, il en achève la décoration des pièces du sanctuaire du dieu. Ces reliefs peints ont fait l'objet d'une récente campagne de restauration révélant une polychromie encore vive qui témoigne de l'habileté des artistes royaux.
À Thèbes ouest, il intervient à Médinet Habou et fonde à l'opposé un nouveau temple destiné à son propre culte notamment funéraire. Le temple des millions d'années du roi est conçu sur de vastes proportions et aménagé au débouché du cirque de Deir el-Bahari, là ou autrefois aboutissait la chaussée de celui de Montouhotep II.
Le plan s'inspire du temple des millions d'années de Ramsès II, avec une succession de deux pylônes donnant sur des cours à portiques dont la dernière donne accès au sanctuaire constitué d'une salle hypostyle et des chapelles de culte. C'est pour ce temple dont il ne reste que les fondations que des expéditions aux carrières de grès du Gebel Silsileh sont organisées.
En même temps que ces chantiers s'ouvraient à la lisière du désert, plus à l'occident encore les grands travaux dans la vallée des Rois ainsi que dans la vallée des Reines pouvaient reprendre.
Ramsès IV y enterre les membres de sa famille. Il y aménage notamment une tombe pour sa grande épouse royale Douatentopet et à une date qui ne nous est pas précisée, il procède aux obsèques de son frère Khâemouaset qui avait passé sa carrière au service du dieu Ptah de Memphis et lui offre un sarcophage externe en granite dont le couvercle reproduit l'image du gisant transformée en Osiris.
Ramsès fait creuser son propre tombeau dans la vallée des Rois.
Titulature
Sépulture
Située à l'entrée du site et parmi les premières tombes à avoir été explorée, la KV2 est un des tombeaux royaux parmi les plus visités de la vallée des Rois.
C'est un hypogée rectiligne avec un plan segmenté par les corridors qui se succèdent et aboutissent à une antichambre donnant sur la chambre funéraire. Cette dernière contient toujours le sarcophage royal. Elle était suivie par une dernière chambre destinée à abriter le mobilier qui accompagnait le roi défunt dans l'au-delà.
Bibliographie
- Heinrich Karl Brugsch, Histoire d'Égypte dès les premiers temps de son existence jusqu'à nos jours, vol. 10, Leipzig, Librairie J. C. Hinrichs, ;
- James Henry Breasted, Ancient records of Egypt historical documents from earliest times to the persian conquest, collected edited and translated with commentary, vol. IV The twentieth to the twenty-sixth dynasties, The University of Chicago press, ;
- Jacques Pirenne, Histoire de la civilisation de l'Égypte ancienne, vol. 2, Neuchâtel, Éd. de la Baconnière, ;
- Janine Monnet, « Remarques sur la famille et les successeurs de Ramsès III », BIFAO, Le Caire, IFAO, vol. 63, ;
- Jean Leclant, Christiane Desroches Noblecourt, Paul Barguet, Cyril Aldred, Hans Wolfgang Müller, L'univers des formes : Le monde égyptien, vol. IV, Paris, Larousse, ;
- Claire Lalouette, Histoire de la civilisation pharaonique : L'Empire des Ramsès, Paris, Fayard, ;
- Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions], « Les Ramessides » ;
- Pierre Grandet, Ramsès III Histoire d'un règne, Paris, Pygmalion, .
Voir aussi
Article connexe
- Dans Fantômette et le Trésor du pharaon, roman pour la jeunesse écrit par Georges Chaulet et paru en 1970, l'auteur imagine que le « Trésor de Ramsès IV » a été caché au sein de l'Obélisque de Louxor, situé place de la Concorde à Paris, qui serait creux.