Prison de Celle

La maison d'arrêt de Celle (en allemand JVA Celle) est le centre de détention pour hommes le plus sécurisé de Basse-Saxe, possédant le statut de quartier de haute sécurité.

Maison d'arrêt de Celle

Le portail de la prison (construite entre 1710 et 1724).
Localisation
Pays Allemagne
Région Basse-Saxe
Ville Celle
Coordonnées 52° 36′ 13″ nord, 10° 03′ 52″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
Installations
Capacité 460
Fonctionnement
Effectif 320
Date d'ouverture 1724

Organisation géographique et administrative

La JVA Celle accueille tous les détenus adultes de sexe masculin de Basse-Saxe, condamnés à une peine de perpétuité ou de détention de 15 années ou davantage, ainsi que les condamnés à une peine de sûreté. En outre, la Basse-Saxe a passé une convention de mise à disposition avec le Land de Brême. Depuis l'entrée en vigueur du Schéma Directeur des compétences judiciaires du Land de Basse-Saxe du , les condamnés à une peine inférieure à 15 ans sont redirigés vers d'autres prisons : celles de Rosdorf (près Göttingen), la plus récente, d'Oldenbourg et de Sehnde. Le Schéma Directeur des Prisons de Basse-Saxe en vigueur est celui du .

D'un point de vue administratif, le prison de Celle dépendait du centre pénitentiaire des Salines, où les prisonniers condamnés à de courtes détentions accomplissaient leur peine au régime de la prison ouverte. Depuis 2014, les Salines sont fermées[1].

Depuis le début de l'année 2013, la prison Celle n'est plus le lieu de détention des condamnés à des peines de sûreté en Basse-Saxe : ce rôle a été dévolu à la prison de Rosdorf, où un bâtiment particulier a été édifié pour cela[2].

Capacité

Le JVA Celle dispose de plus de 460 places (bâtiment principal : 236 places ; Les Salines : 224 places Au .). 320 employés assurent la surveillance, le ménage et l'animation de la prison, distinguée, parmi tous les JVA de Basse-Saxe, pour la qualité des relations avec les détenus.

Histoire

Le pénitencier de Celle (1748)
Le pénitencier de Celle vers 1800
Cour intérieure : armoiries des princes de Brunswick-Lunebourg.

La « maison de correction » de Celle, comme on l'appelle familièrement, est considérée comme la plus vieille prison d'Allemagne encore en activité. Là, plus de trois siècles durant, se sont déclinées dans l'application et l'architecture tous les modes de châtiment judiciaire. Elles vont de l'Hôpital général du début du XVIIIe siècle jusqu'aux manifestes contre les QHS de la fin du XXe siècle. Ces évolutions se reflètent dans les changements de nom successifs (à peu près dix) de l'établissement.

La prison a été construite entre 1710 et 1724 pour servir de « Maison de correction, de peine, et d'asile » (Werck-, Zucht- und Tollhaus). Johann Caspar Borchmann, architecte en chef du duc Georges-Guillaume, l'a conçue dans le style classique. À l'poque, cette institution se trouvait encore dans les faubourgs ouest de Celle. Elle visait à ne pas abandonner les déviants à leur destin, mais à les éduquer et les remettre sur le droit chemin ; toutefois cette ambition n'est guère traduite par l’inscription latine surplombant l'entrée : Puniendis facinorosis custodiendia furiosis et mente captis publico sumptu dicata domus Maison de punition des criminels et de réclusion des enragés et des esprits malades »). Le principe d'un centre de rééducation avait déjà été mise en pratique aux Provinces-Unies (Rasphuis d’Amsterdam). Mais les détenus, enfermés pour des raisons très diverses, étaient gardés dans des cellules communes.

Dans la cour intérieure du complexe carcéral, on peut encore voir les armoiries du Brunswick-Lunebourg avec la devise de l’Ordre de la Jarretière « Honi soit qui mal y pense », et celle de la Couronne d'Angleterre « Dieu et mon droit » car à l'époque de sa construction (1710), le monarque en titre n'était autre que Georges-Louis Ier, chevalier de la Jarretière et futur roi de Grande-Bretagne. En 1833, tous les aliénés furent transférés à l’asile d’Hildesheim, tandis que le juge Georg Friedrich König d’Osterode y était interné pour libre-pensée. À la fin du XIXe siècle s'est dotée de cellules d'isolement, structures préservées jusqu'aujourd'hui. À la fin de la République de Weimar, son directeur Fritz Kleist en fit une prison modèle (Reformgefängnis) prussienne : il y avait entre autres institué la pratique de la gymnastique, fait aménager un auditorium et une bibliothèque pour les prisonniers, et même un musée. C'est pourquoi les habitants de Celle appelèrent plaisamment leur prison le « Café Kleist. »

À partir de 1934, on y enferma, comme au temps du Royaume de Hanovre et de l'Empire allemand, plusieurs prisonniers politiques dont le président du KPD de Celle et membre du réseau de résistants ouvriers d’Hanomag, Otto Elsner. L'un des directeurs nazis de la prison fut Otto Marloh. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, c'est-à-dire de à l'arrivée des Britanniques le , 228 prisonniers périrent en raison des conditions sanitaires désastreuses. On n'enterra pas les morts : un charnier fut creusé à même le terrain de la prison. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'établissement changea plusieurs fois de nom : d'abord Strafanstalt, puis Strafgefängnis, et enfin en 1972 Justizvollzugsanstalt. C'est à cette époque que l'on enserra le complexe carcéral d'une enceinte en béton armé et d'un système de haute surveillance pour les détenus membres de la Fraction armée rouge.

Au mois de , un prisonnier a été agressé sexuellement et grièvement blessé par ses deux co-détenus dans le quartier des Salines[3]. Au mois de , un autre prisonnier s'est plaint d'agressions sexuelles, qui n'ont toutefois pu être établies[4].

Évasions célèbres

Le , les détenus Peter Strüdinger et Norman Kowollik parvinrent, avec des armes à feu qu'ils avaient remontées pièce par pièce, à prendre en otage un employé de la prison et à s'enfuir avec une BMW et 300 000 marks en liquide. Ils furent repris le lendemain à Brême car leur auto avaient été équipée d'un émetteur électronique.

Le , quatre détenus molestèrent trois gardiens avec des armes qu'ils avaient confectionnées, et les ligotèrent avec des explosifs accrochés au cou. Ils quittèrent la prison au volant d'une voiture, emportant 3 millions de marks en liquide. Le lendemain, la Police se décida à publier l'identité des évadés : il s'agissait de Bruno Reckert, Samir El Atrache, Ivan Jelinic et de Dirk Dettmar, classé comme « extrêmement dangereux. » Ils furent arrêtés au bout de deux jours, après plusieurs vols de voiture et prises d'otages ; El Atrache et Reckert se rendirent d'eux-mêmes à Karlsruhe, Jelinic et Dettmar furent interpelés au terme d'une fusillade à Ettlingen.

Le , Peter Strüdinger s’évada de nouveau. Avec son co-détenu Günther Finneisen il prit en otage un gardien et parvint ainsi à se faire ouvrir les portes de la prison. Cette fois il prit la fuite au volant d'une Porsche avec 200 000 marks en liquide. Ce n'est que 51 heures plus tard que la Police remit la main sur les deux évadés à Osnabrück. Finneisen fut placéen isolement carcéral, où il passa plus de 16 ans. Les criminologues et certains hommes politiques ont à l'époque dénoncé cette peine comme inhumaine et comme une forme moderne de torture[5],[6].

Le , profitant d'un entretien, un détenu des Salines incarcéré pour viol et meurtre ligota, bâillonna et viola l'assistante sociale de 48 ans chargée de sa réinsertion. Armé d'un couteau de cuisine et d'une paire de ciseau, il menaça d'égorger cette femme, sur quoi la directrice de la prison, Katharina Bennefeld-Kersten, proposa de se constituer otage en échange. Il maltraita la directrice de la même manière, faute d'obtenir un véhicule et de l'argent liquide. Le forcené ne put être raisonné qu'au terme de quatre heures et demie de pourparlers. Dans sa cellule, les gardiens découvrirent 20 autres couteaux[7].

La machination du Celler Loch

Vestige du parement de mur, taillé à l'explosif par la Police fédérale.

La , la prison de Celle fut le théâtre d'une machination montée par le service antiterroriste de Basse-Saxe et l’unité d'intervention de la police fédérale, devenue célèbre dans la presse comme le « trou de Celle. » Il s'agissait d'introduire un indic du service antiterroriste auprès des membres de la RAF détenus à Celle pour infiltrer l'organisation . Le plan de mettre l'intrusion sur le dos de l’Extrême gauche échoua finalement. Mais en 1989, l'affaire s'ébruita[8] et coûta son poste au ministre de l'Intérieur du Land, Wilfried Hasselmann.

Prisonniers illustres

Bibliographie

  • Bernd Polster et Richard Möller, Das feste Haus. Geschichte einer Straf-Fabrik., Berlin, .
  • Katharina Bennefeld-Kersten, Die Geisel. Eine Gefängnisdirektorin in der Gewalt des Häftlings., Hambourg, .
  • (de) Rainer Hoffschildt et Herbert Diercks (dir.), Verfolgung von Homosexuellen im Nationalsozialismus, Brême, Edition Temmen, coll. « eiträge zur Geschichte der nationalsozialistischen Verfolgung in Norddeutschland. Cahier n° 5 », , 205 p. (ISBN 3-86108-738-3, lire en ligne), « Statistische Daten zu homsexuellen Gefangenen im Zuchthaus Celle 1938–1945. », p. 70–76.
  • Bernd Polster et Richard Möller, Celle. Das Stadtbuch., Bonn, , « Celler Häuser. Das Zuchthaus », p. 256–257.
  • Matthias Blazek, Die Anfänge des Celler Landgestüts und des Celler Zuchthauses sowie weiterer Einrichtungen im Kurfürstentum und Königreich Hannover 1692–1866., Stuttgart, (ISBN 978-3-8382-0247-1).

Voir également

Notes

  1. D’après « Die ehemalige Abteilung Salinenmoor », sur JVA Celle.
  2. D’après « Rosdorf für Sicherungsverwahrte bereit », sur Norddeutscher Runfunk (nrd.de), .
  3. D'après « Mithäftling vergewaltigt und gequält », sur Focus.de, (consulté le ).
  4. D'après Michael Ende, « JVA Salinenmoor: Insasse klagt über Sex-Übergriffe », Cellesche Zeitung, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Cf. « 15 Jahre Isolationshaft », sur in taz, .
  6. Cf. « Gefangener aus Isolation entlassen », sur in taz, .
  7. D'après Sabine Rückert, « "Ich fühlte mich stark" », Die Zeit, (lire en ligne, consulté le )
  8. Jochen Graebert, « Tagesschau vom 9.10.1989 », (consulté le )
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