Polyeucte Berlier de Vauplane

Polyeucte Berlier de Vauplane est un avocat français né le à Marseille et mort à Tours le .

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Il fut chef de cabinet du Garde des Sceaux et du ministre de la justice, substitut du procureur général à Lyon, défenseur du comte de Sabran de Pontevès devant la Haute Cour de Justice, bâtonnier des avocats à Tours.

Biographie

Famille

La famille Berlier de Vauplane fait partie des familles subsistantes d'ancienne bourgeoisie de Provence. Elle s'établit à Draguignan. Elle est issue de Balthazar Berlier (1489-1560), juge majeur à Barcelonnette[1]-[2], dans le Var. Plusieurs des membres de cette famille furent consuls et maires de Draguignan et de Barcelonnette.

Les liens entre cette branche et celle qui donna naissance au général Pierre-André-Herculé Berlier et à l'avocat Théophile Berlier ne sont pas établis avec certitude[3].

Marc-Antoine Berlier (1709-1793), épouse Maguerite Arnoux de Vauplane (1759) et se retrouve en possession de la seigneurie de Vauplane[4], Polyeucte demanda la confirmation de l'usage de l'Ancien Régime d’adjoindre à son nom de famille le nom de la terre, ce qui lui fut confirmé par le Conseil d'Etat[5]. Le nom « de Vauplane », issue d'une terre près du village de Soleilhas, provient de son arrière-grand-mère paternelle, de la façon suivante :

  • Marc Antoine Berlier (1709-avant 1796), capitaine, aide major du régiment de Provence, premier consul de Draguignan. Il épouse en 1759 Marguerite d'Arnoux de Vauplane (1744-1771)[6], fille de Guillaume Arnoux, seigneur de Vauplane et d'Anne Thérèse Cirlot[7]
    • Emmanuel Esprit François Berlier de Vauplane (1771-1860) épouse en 1796 Désirée Marie Chieusses (1776-1858)[8]
      • Adolphe François Marc Antoine Berlier de Vauplane (1806-1875), épouse en 1846 Aimable Victorine Delphine Longuet
        • Marie Polyeucte Emmanuel Berlier de Vauplane (1846-1920) épouse en 1876 Marie Célestine Marguerite Peltereau (1854-1928).
        • Henri Berlier de Vauplane (1853-1937) épouse en 1884 Alice Marie Mélanie de Pighetti (1863-1955)
          • Jacques Berlier de Vauplane (1885-1914), ancien élève de l'École Sainte-Geneviève et de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion 1906), lieutenant au 7e cuirassiers, mort pour la France, tué à l'ennemi à Sailly (Nord) le . Il est chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur à titre posthume, avec citations à l'ordre de la division et de l'armée[9],[10].
          • Marcel Berlier de Vauplane (1889 - 1941), agent de change
          • Hervé Berlier de Vauplane (1893-1923), entré dans la Compagnie de Jésus le , séjourne au Caire de 1914 à 1915, est nommé prêtre du diocèse de Marseille et meurt à Aix-en-Provence le à l'âge de 30 ans des suites de ses blessures dues à une attaque au gaz[11],[12].
          • Robert Berlier de Vauplane (1896-1917), mort pour la France. Incorporé au corps expéditionnaire français à Salonique, il meurt torpillé à son retour en France sur le transport des troupes "Sontay"[13]

Il épouse en 1876 Marie Peltereau, d'une ancienne famille de Château-Renault (Indre-et-Loire) qui compte plusieurs personnalités dont le député René-Armand Peltereau-Villeneuve. De ce mariage, naîtront en 1878 Elisabeth, en 1880 Anne Marie,François Berlier de Vauplane en 1883 et Jeanne en 1885.

La relation entre ces personnalités se résume de la façon suivante[14],[15] :

  • Pierre Peltereau (1679-1730) épouse en 1707 Marie Catherine Bausan
    • Pierre Jacques René Peltereau (1714-1761) épouse en 1741 Sylvie Ciret puis en 1750 Françoise Debure (1725-1754)
      • Emmanuel Peltereau (1746-1828) épouse Marie Catherine Ménagé[16] (1750-1805)
      • Jacques Pierre René Peltereau-Villeneuve (1751-1783) épouse en 1777 Marie Madeleine Rosalie Truguet
        • René Michel Peltereau-Villeneuve (1781-1859) épouse en 1800 Marie Louise Eulalie Gardien

Formation

Il fait ses études secondaires chez les jésuites de Notre-Dame de Mongré à Villefranche-sur-Saône, puis vient à Paris pour y effectuer ses études de droit. Il est docteur en droit en . Membre de la Conférence Olivaint, il en fut aussi l'un des présidents[18].

Carrière professionnelle

Il allait s'engager dans le corps franc d'Émile Keller, à Lyon, quand l'armistice est signé, le . Substitut à Chalon-sur-Saône (1873), il est nommé chef de cabinet du garde des sceaux Adrien Tailhand dans le cabinet Cissey (1874-1875) puis substitut du procureur général à Lyon en 1875.

Attaqué à partir de 1879 par la presse radicale de Lyon pour ses opinions légitimistes et catholiques, il est révoqué du corps de la magistrature par le gouvernement Charles de Freycinet, le dans le cadre de la politique d'épuration de la République. Il quitte Lyon pour Paris appelé par Albert de Mun pour organiser le Comité parisien de Défense religieuse. Après un séjour à Marseille, il vient s'installer en 1873 à Tours où il s'inscrit au barreau. Vice-président du comité royaliste de Touraine, il se voue essentiellement à la défense des religieux et des religieuses (par exemple, dans l'affaire dite du "refuge de Tours" en 1903[19]), et de la cause royaliste. Il sera l'animateur de la liste conservatrice d'Indre-et-Loire aux élections législatives de 1885 et il se présentera en 1889 dans la circonscription de Tours-Nord contre le député sortant, sans succès. Il ne cessa de soutenir le parti royaliste et la cause catholique. Il fut vice-président de l'Association des Jurisconsultes catholiques à partir de 1904, et collaborateur régulier de la Revue Catholique des Institutions et du Droit .

Il participe activement à la création de l'Union des catholiques pour la défense de leurs droits du colonel Keller[20].

Procès du « Complot antisémite, nationaliste et royaliste »

En 1899, il défend le comte Jean de Sabran-Pontevès au procès intenté devant la Haute Cour de Justice[21], présidée par Armand Fallières, contre le « Complot antisémite, nationaliste et royaliste »[22].

« Les débats dirigés par Armand Fallières occupèrent 47 séances à la fin de l'année 1899. Le pays vivait dans une atmosphère encore orageuse, et l'arrêt du Conseil de guerre qui avait condamné Dreyfus pour la deuxième fois, en attendant sa réhabilitation par la Cour de cassation, ne datait que de quelques semaines. À la Haute Cour, la fièvre n'était pas moins grande et les débats furent d’une violence soutenue. À plusieurs reprises l'un ou l'autre des accusés fut expulsé de l'audience, ou condamné à des peines de prison pour outrages [...] À propos du Président de la République, Déroulède déclara " qu'il croyait qu'on nommerait un honnête homme " et déclara " À Président indigne, présidence troublée. " Il cria une autre fois aux sénateurs : " Je suis venu ici pour vous jeter mon mépris au visage. Vous êtes des bandits Vous êtes des misérables » Et il faut croire que l'énervement gagna les juges à leur tour puisqu'un avocat leur reprocha leurs " hurlements ". Pour finir, la Haute Cour, écartant l'accusation d'attentat et retenant celle de complot, condamna les chefs et acquitta les autres accusés. Contre Déroulède et Buffet, elle prononça une peine de dix ans de bannissement, et contre Guérin une peine de dix ans de détention pour rébellion. Marcel Habert et Eugène de Lur-Saluces, qui se constituèrent prisonniers par la suite, furent condamnés chacun à cinq ans de bannissement. »[23].

Sabran-Pontevès fut acquitté par 152 voix contre 23.

Parmi les causes religieuses qu'il plaida, l'affaire du Refuge de Tours fit grand bruit en 1903[24] .

Après sa mort, le duc d'Orléans écrira à son fils le : " je ne saurai oublier pour ma part le dévouement qu'il n'a cessé de témoigner à l'idée monarchique, l'ardeur qu'il a toujours mis à son service, l'intelligence et le magnifique talent oratoire qu'il n'a cessé de prodiguer pour en assurer le triomphe"[25].

Ardent adversaire des franc-maçons, lors de son décès, l'un de ceux-ci déclara " ce fut un redoutable adversaire pour notre ordre. Il était à la fois clairvoyant et irréductible. Bien qu'il ne soit pas convenable de se réjouir de la mort même d'un ennemi, nous ne pouvons nous empêcher d'éprouver une satisfaction quand un adversaire aussi redoutable vient à disparaître"[26].

Œuvres

  • La Franc-Maçonnerie et les sociétés secrètes, A. Majest, 1883[27]
  • Le cinquantenaire de Mettray, la colonie agricole, la maison paternelle, De Soye et fils, 1890 - 39 pages[28]

Pour approfondir

Bibliographie

  • Xavier de Montclos, L'Ancienne bourgeoisie en France. Emergence et permanence d'un groupe social du XVIe au XXe siècle, 2e publication, éditions Picard, Paris, 2013, (ISBN 9782708409392).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, 2012, p.107
  2. Gourdon de Genouilhac, Nobiliaire du département des Bouches-du-Rhône, Paris, Dentu, , 241 p., Honoré [Berlier] aurait levé quatre cents hommes de troupe à ses frais, lors des troubles de 1578¬1579 qui accompagnèrent en Provence la formation de la Ligue, afin de venir en aide au comte de Suze, gouverneur de Provence, qui était du parti d'Henri III. Il aurait reçu des lettres d'anoblissement du roi Henri Ill (confirmées en 1694 mais dont on n'a aucune autre trace).
  3. Xavier de Montclos, L'ancienne bourgeoisie en France du XVIe au XXe siècle, Éditions Christian, , 358 p. (ISBN 978-2-86496-135-2, lire en ligne)
  4. Xavier de Montclos, L'ancienne bourgeoisie en France, Paris, A&J Picard, , 149 p. (ISBN 978-2-7084-0939-2 et 2-7084-0939-5), "Au sortir de la Révolution, conformément à l'accord passé entre sa grand-mère maternelle et son père, FRançois-Eprit Berlier (1771-1860) relève le nom de Vauplane. Cette adjonction sera entérinée, à la demande d'un de ses petits-fils, Polyeucte, jeune magistrat, par un décret du Conseil d'État en date du 10 juillet 1873 : scrupule d'homme de loi car, la seigneurie de Vauplane ayant été acquise par les Berlier sous l'Ancien Régime, le nom de la terre de Vauplane leur appartenait selon l'ancien droit".
  5. Jean de Bonnefon La noblesse de France et les anoblis de la république ; liste complète des familles pourvues de noble parure par le Conseil d'État de 1870 a 1906, citation du décret du , [lire en ligne].
  6. Descendance Marc Antoine Berlier.
  7. Documents Guillaume Arnoux, seigneur de Vauplane.
  8. Descendance Emmanuel Esprit François Berlier.
  9. Historique du 7e régiment de cuirassiers, 1914-1918, Service historique de la Défense, 2011-321628, [lire en ligne].
  10. Jacques Marie Amable André Berlier de Vauplane 1914-1918.
  11. Les prêtres du diocèse de Marseille au XIXe siècle, [lire en ligne].
  12. Descendance Berlier de Vauplane.
  13. Morts pour la France, publications de La Fare, Paris, 1921, p. 942, [lire en ligne].
  14. Descendance Peltereau.
  15. Descendance Peltereau-Villeneuve.
  16. « Cote LH/2089/26 », base Léonore, ministère français de la Culture
  17. « Cote LH/2089/25 », base Léonore, ministère français de la Culture
  18. « La Conférence Olivaint - 1875-1940 » (consulté le )
  19. Le procès du Refuge de Tours. Audiences correctionnelles des 18, 19, 20, 21 juin 1903. Compte-rendu sténographié. Préface de M. Georges Clemenceau,, Tours, édition de "La Dépêche", 1903, , p. 232
  20. Yves de la Brière, Les luttes présentes de l'Eglise, deuxième série, Paris, Gabriel Beauchesne, , p. 119
  21. Haute Cour de justice, Affaire Buffet, Déroulède, Guérin et autres, inculpés de complot, 8 fascicules, Paris, Imprimerie nationale,
  22. Henri Chevalier-Maresqc, Revue des Grands procès contemporains, Chevalier-Maresqc et Compagnie éditeur, 1901, tome xix, p. 375 et suiv.
  23. Raymond Lindon, Histoire de la Haute Cour de Justice en France, Les Éditions Universelles, , p. 95-96
  24. Jean-Michel Sieklucki, Le procès du refuge de Tours, Histoire d'un scandale oublié, Lamarque éd., (ISBN 978-2-490643-33-2 et 2-490643-33-9)
  25. Yves de la Brière, « "Un apôtre de la conception chrétienne du droit : Polyeucte Berlier de Vauplane". », Revue Catholique des institutions et du droit, 1920., , p. 576
  26. « Echos Maçonniques », Journal d'Indre-et-Loire,
  27. « Polyeucte Berlier de Vauplane (1846-1920?) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  28. https://data.bnf.fr/fr/10493769/polyeucte_berlier_de_vauplane/
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