Plan d'action « réactivité » de l'OTAN

Le plan d'action « réactivité » (en anglais Readiness Action Plan, RAP) est un plan adopté par l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) lors de son sommet à Newport, au Pays de Galles, en 2014. Il contient un ensemble de mesures de réassurance des pays membres de l'OTAN en Europe centrale et orientale qui visent à renforcer leur défense et à rassurer leurs populations, et de mesures d'adaptation de la structure de forces et de commandement de l'OTAN qui ont pour objectif d'en améliorer la réactivité et l'efficacité.

Lors du sommet de Varsovie en 2016, des mesures complémentaires sont adoptées qui renforcent encore la présence militaire des membres de l'OTAN sur ses flancs est et sud.

Contexte géopolitique

Ce plan est présenté par l'OTAN comme étant sa réponse à la crise ukrainienne, avec notamment l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, à l'accroissement des activités militaires de la Russie sur le flanc est de l'OTAN et plus généralement au renforcement de la puissance militaire russe. Le plan d'action « réactivité » est le plus important renforcement de la défense collective de l'OTAN depuis la fin de la Guerre froide.

La diplomatie russe considère que l'agressivité de l'OTAN à son égard constitue une menace, d'autant plus patente que les élargissements successifs de l'OTAN ont fortement rapproché de la Russie la bordure est de l'OTAN. Dans un documentaire de 2017 réalisé par Oliver Stone, V. Poutine dit que « Mikhaïl Gorbatchev, a commis une grave erreur en s'abstenant de coucher sur papier l'accord sur le non-élargissement de l'Otan vers l'Est »[1] et que « l’Otan cherche un ennemi pour justifier son existence »[2].

Les sommets du Pays de Galles et de Varsovie traduisent un recentrage de l'OTAN sur la défense collective de ses 28 membres après quinze années focalisées sur les opérations extérieures.

Mesures de réassurance

Un Su-27 de l'armée de l’air russe escorté par un Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force participant à une mission Baltic Air Policing le 17 juin 2014.

Afin de répondre à l'évolution de l'environnement de sécurité aux frontières de l’Alliance atlantique, le plan d'action « réactivité »[3] comprend des mesures de réassurance qui consistent en une série d'activités terrestres, maritimes et aériennes à l'intérieur, au-dessus et autour des pays membres de l'OTAN en Europe centrale et orientale. Les décisions complémentaires prises à Varsovie en 2016 consistent principalement à « établir une présence avancée renforcée en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne » et à développer une « présence avancée adaptée dans la partie sud‑est du territoire de l'Alliance »[4],[5].

En 2017, ces activités de réassurance consistent essentiellement en

  • des patrouilles d’avions de chasse pour assurer la police du ciel, en particulier au-dessus des trois états baltes, dîtes Baltic Air Policing (missions en cours depuis 2004) ;
  • le déploiement de troupes terrestres dans la partie orientale de l’Alliance pour des entraînements et des exercices OTAN, par rotation ;
  • des vols de surveillance des AWACS de l’OTAN au-dessus du territoire des Alliés orientaux, et des vols d’avions de patrouille maritime le long des frontières orientales de l’Alliance ;
  • des patrouilles maritimes intensifiées de l’OTAN en mer Baltique, en mer Noire et en Méditerranée avec les Groupes maritimes permanents OTAN et les Groupes permanents OTAN de lutte contre les mines.

Présence avancée renforcée de l'OTAN en Europe de l'Est

Nations participant à la présence avancée rehaussée de l'OTAN en 2019.

La décision la plus spectaculaire prise lors du sommet de l'OTAN à Varsovie en 2016, en complément du contenu du plan d'action de 2014, concerne le déploiement par rotation d'une force multinationale équivalente à un bataillon dans chacun des trois pays baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, et en Pologne (appelée Présence avancée renforcée en français et Enhanced Forward Presence en anglais)[5].

Chacune d'entre elles est commandée par un pays-cadre et formée d'unités fournies par de nombreux pays contributeurs : l'Albanie, la Belgique, la Croatie, l'Espagne, la France, le Luxembourg, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Slovénie. Les quatre groupements tactiques sont placés sous commandement OTAN, au travers du QG du Corps multinational Nord-Est à Szczecin, en Pologne.

État Base Nation-cadre Nations participantes
Estonie Tapa Royaume-Uni Danemark Islande
Lettonie Ādaži Canada Albanie Espagne Italie Monténégro Pologne Slovaquie Slovénie
Lituanie Rukla (en) Allemagne Belgique France Islande Norvège Pays-Bas République tchèque
Pologne Orzysz États-Unis Croatie Roumanie Royaume-Uni

Présence renforcée adaptée de l'OTAN en Europe du Sud-Est

Au sens de l'OTAN, l'Europe du Sud-Est désigne la Roumanie et la Bulgarie, toutes deux membres depuis 2004, et la Mer Noire. Les mesures prises consistent en la mise en place du QG du Corps multinational Sud-Est en Roumanie et d'une brigade multinationale et en le renforcement de la présence maritime et aérienne de l'OTAN dans la région[6].

État Nations participantes
Bulgarie
Roumanie
Allemagne Bulgarie Canada États-Unis Hongrie Luxembourg Roumanie Royaume-Uni Pays-Bas Pologne Portugal Turquie

Présence avancée des États-Unis en Europe

Plan de déploiement des unités impliqué dans l’exercice Anakonda 2016 en Pologne et en Lituanie.
M1 Abrams de la 3e division d'infanterie des États-Unis lors des manœuvres internationales Anakonda en Roumanie en 2016.

En coordination avec les mesures prises par l'OTAN, mais sous leur commandement, les États-Unis renforcent depuis 2014 leur présence militaire en Europe. Cette initiative, baptisée « initiative de réassurance européenne » est lancée par le Président Obama en à l'occasion de son déplacement en Pologne[7]. Elle se traduit par la présence continue en Europe de moyens terrestres, navals et aériens plus importants et la tenue de nombreux exercices afin d'améliorer le niveau de préparation et d'interopérabilité des forces de l'OTAN[8],[9].

Avant renforts résultant de cette initiative, l'U.S. Army en Europe[10] ne comptait que deux unités combattantes basées l'une en Allemagne, l'autre en Italie et ne disposant plus de chars lourds depuis . Avec cette initiative, les Américains envoient en Europe par rotation des unités supplémentaires, comme en 2017 une brigade blindée renforcée qui se déploie aux côtés des forces de l'OTAN en Europe de l'Est et du Sud-Est[11].

Mesures d'adaptation

Le plan d'action « réactivité » (RAP) inclut également des mesures d'adaptation, qui sont des changements à plus long terme dans la structure de forces et de commandement de l'OTAN parmi lesquelles figurent :

  • le triplement des effectifs de la Force de réaction de l'OTAN (NRF) ;
  • la création au sein de la NRF d'une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) capable de se déployer sur très court préavis ;
  • le renforcement des forces navales permanentes ;
  • la création de huit unités d’intégration des forces OTAN (NFIU) – qui sont des QG de petite taille – en Europe centrale et orientale pour faciliter la réactivité et le déploiement rapide des forces ;
  • la création de quartiers généraux permanents pour le Corps multinational Nord-Est à Szczecin (Pologne) et la Division multinationale Sud-Est à Bucarest (Roumanie) ;
  • la mise en place d'un QG permanent de groupement de soutien logistique interarmées.

Notes

    Sources

    Références

    Bibliographie

    • (en) UK Parliament, NATO's military response to Russia: November 2016 update, (lire en ligne).
    • (en) European Parliamentary Research Service (EPRS), European Deterrence Initiative: the transatlantic security guarantee, European Union, , 12 p. (lire en ligne).


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