Acétate d'ulipristal

L'acétate d'ulipristal est une molécule appartenant à la classe thérapeutique des modulateurs sélectifs des récepteurs de la progestérone (SPRM).

acétate d'ulipristal
Identification
Nom UICPA (8S,11S,13S,14R,17R)-17-acétoxy-11-[4-(diméthylamino)phényl]-19-norpregna-4,9-diéne-3,20-dione
Synonymes

HRP 2000

No CAS 126784-99-4
No ECHA 100.207.349
Code ATC G03AD02
PubChem 53297460 124490307
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C30H37NO4  [Isomères]
Masse molaire[1] 475,6191 ± 0,028 g/mol
C 75,76 %, H 7,84 %, N 2,94 %, O 13,46 %,
Propriétés physiques
fusion 183 à 185 °C
Masse volumique 1,19 g·cm-3

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Comme les autres membres de cette famille, il entre en compétition avec la progestérone pour se lier à ces récepteurs, mais en module l'activité cytoplasmique (à effet rapide) et nucléaire (à effet plus lent). Dans le noyau de la cellule, l'acétate d'ulipristal modifie l'affinité des récepteurs de la progestérone à recruter certains cofacteurs transcriptionnels et par conséquent modifie l'expression génique. La présence de ces cofacteurs dans certains tissus plutôt que d'autres pourrait expliquer la modulation sélective, résultant en une activité agoniste dans certains tissus et antagoniste dans d'autres.

Indication

Ce médicament a deux applications connues:

  • Contraception d'urgence

Cette molécule est une des deux principales molécules utilisées pour la contraception d'urgence, c'est-à-dire lorsqu'une femme en âge de procréer désire réduire le risque de grossesse non désirée après un rapport sexuel en l’absence de contraception ou de contraception suffisamment efficace.

ulipristal
Noms commerciaux
  • EllaOne (Belgique, France, Suisse)
  • Esmya (Belgique, France, Suisse)
  • Fibristal (Canada)
Laboratoire Actavis, Gedeon Richter, HRA Pharma, Medius AG
Sels acétate
Forme comprimés dosés à 5 et 30 mg
Administration per os
Classe
  • Hormones sexuelles et modulateurs de la fonction génitale, contraception d'urgence, ATC code G03AD02
  • Autres hormones sexuelles et modulateurs de la fonction génitale, antiprogestatifs, ATC code G03XB02
Identification
No CAS 126784-99-4
No ECHA 100.207.349
Code ATC G03XB02 et G03AD02
DrugBank 05366

Depuis 2009, il est le nouveau standard pour la contraception d'urgence. Dans cette indication, l'acétate d'ulipristal est commercialisé au niveau européen en dose unique de 30mg, sous la désignation EllaOne et Ella aux USA (pilule fabriquée par le laboratoire HRA Pharma)[2].Cette forme de contraception occasionnelle est appelée couramment « pilule du surlendemain » (par opposition à « pilule du lendemain », le RU-486). En vérité, l'ulipristal doit être prise le plus tôt possible après le rapport sexuel, bien qu’elle puisse être efficace pendant toute la durée de survie des spermatozoïdes, soit cinq jours[3],[4] au lieu de un jour pour le RU-486. Cette pilule contraceptive ne peut pas agir si la fécondation a déjà eu lieu, mais, contrairement au Norlevo (Levonorgestrel) et à la mifégyne (RU-486), elle peut encore agir quand le rapport a eu lieu en période pré-ovulatoire, c'est-à-dire au moment où le risque de fécondation est le plus élevé. Le risque de grossesse est d'ailleurs près de deux fois plus faible qu'avec la pilule du lendemain dans les études cliniques comparatives dans les premières 72 heures[3],[4]. Prise dans les premières 24 heures, elle permet de diviser le risque de grossesse par 6.

En France, EllaOne est en délivrance libre depuis le . Cette pilule est gratuite pour les mineures, et remboursée à 65 % par la sécurité sociale et les mutuelles[5].

  • Prise en charge des fibromes utérins

La molécule est également utilisée pour la prise en charge médicamenteuse des fibromes utérins. Depuis sa première autorisation de mise sur le marché le , l'acétate d'ulipristal est prescrit contre les fibromes utérins sous le nom d'Esmya (ou Fibristal au Canada). Il s'agit d'une pilule faiblement dosée fabriquée par le laboratoire Gedeon-Richter. Il s'agit d'une pilule contenant 5 mg d'acétate d'ulipristal à prendre chaque jour pendant 3 mois. Elle permet de réduire voir de bloquer des saignements (métrorragie) en quelques jours. Elle induit aussi la régression du volume des fibromes utérins[6]. Un traitement de plus de 3 mois diminue d'autant le volume des fibromes, les faisant parfois disparaitre. Le mécanisme d'action de cette molécule n'est pas encore bien élucidé [7]. Comme les autres SPRM, il module l'action de la progestérone [8], étant essentiellement antagoniste dans les tests fonctionnels, grâce à sa faculté de recruter des répresseurs transcriptionnels [9]. Toutefois, son action spécifique de l'acétate d'ulipristal sur les fibromes reste mal comprise. In vivo, l'acétate d'ulipristal réduit la prolifération des cellules tumorales, induit leur mort par apoptose, réduit l'adhésion cellulaire via les intégrines[10], et diminue la fibrose présente dans ces tumeurs[11], probablement sous l'action des métalloprotéinases matricielles[12].

Effets secondaires indésirables

  • En dose unique (contraception)

EllaOne peut amoindrir l'action d'une contraception hormonale bien suivie par ailleurs[4], une méthode barrière fiable est donc recommandée jusqu'aux règles suivantes.

  • En prise répétée (fibromes)

Lors d'un traitement à l'Esmya, les effets secondaires les plus fréquents[4] sont une aménorrhée, un épaississement typique et bénin de l'endomètre (PRM-associated endometrial changes; PAEC), des bouffées de chaleur, une augmentation du taux de cholestérol dans le sang, des douleurs mammaires, pelviennes et des dysménorrhées, la fatigue, des œdèmes, des douleurs musculosquelettiques, une hyperhidrose, de l'acné, des maux de tête, des vertiges, des troubles émotionnels, etc.

En 2018, une série de cas de complications hépatiques a conduit l'EMA à suspendre les études cliniques à long-terme en vue d'une étude de sécurité. Cependant, quelques cas décrits comme des "lésions hépatiques d'origine médicamenteuse" (DILI) conduiront à la suspension en 2020 de l'Esmya en Europe[13] et du retrait volontaire du Fibristal au Canada par le groupe pharmaceutique Allergan[14]. En 2021, la molécule est encore prescrite en Asie, sans qu'une augmentation du risque ne soit constatée[15], suggérant que les complications hépatiques ne concernent que des patientes avec des troubles hépatiques sous-jacents[16].

Contre-indications

Asthme sévère Insuffisance hépato-cellulaire

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Philippe Dorosz, Denis Vital Durand, Claire Le Jeunne, Guide pratique des médicaments 2011, Maloine, 30e éd., 1892 p. (ISBN 978-2-224-03234-0), pages 924 & 936
  3. (en) Glasier AF, Cameron ST, Fine PM, Logan SJ, Gainer E et al., « Ulipristal acetate versus levonorgestrel for emergency contraception: a randomised non-inferiority trial and meta-analysis », Lancet, vol. 375, no 9714, , p. 555-62. (PMID 20116841, DOI 10.1016/S0140-6736(10)60101-8)
  4. « ellaOne : Résumé des caractéristiques du produit » [PDF], sur bijsluiters.fagg-afmps.be (consulté le )
  5. https://www.klav.be/klavinfo/fr/ellaone-en-vente-libre-partir-du-1er-avril
  6. (en) Donnez J, Tatarchuk TF, Bouchard P et al. « Ulipristal acetate versus placebo for fibroid treatment before surgery » N Engl J Med. 2012;366:409-420.
  7. N. Chabbert-Buffet, K. Kolanska, E. Daraï et P. Bouchard, « Selective progesterone receptor modulators: current applications and perspectives », Climacteric: The Journal of the International Menopause Society, , p. 1–5 (ISSN 1473-0804, PMID 29338440, DOI 10.1080/13697137.2017.1386650, lire en ligne, consulté le )
  8. Philippe Bouchard, Nathalie Chabbert-Buffet et Bart C. J. M. Fauser, « Selective progesterone receptor modulators in reproductive medicine: pharmacology, clinical efficacy and safety », Fertility and Sterility, vol. 96, no 5, , p. 1175–1189 (ISSN 1556-5653, PMID 21944187, DOI 10.1016/j.fertnstert.2011.08.021, lire en ligne, consulté le )
  9. I. Petit-Topin, M. Fay, M. Resche-Rigon et A. Ulmann, « Molecular determinants of the recognition of ulipristal acetate by oxo-steroid receptors », The Journal of Steroid Biochemistry and Molecular Biology, vol. 144 Pt B, , p. 427–435 (ISSN 1879-1220, PMID 25204619, DOI 10.1016/j.jsbmb.2014.08.008, lire en ligne, consulté le )
  10. Guillaume E. Courtoy, Jacques Donnez, Jérôme Ambroise et Pablo Arriagada, « Gene expression changes in uterine myomas in response to ulipristal acetate treatment », Reproductive Biomedicine Online, vol. 37, no 2, , p. 224–233 (ISSN 1472-6491, PMID 29807764, DOI 10.1016/j.rbmo.2018.04.050, lire en ligne, consulté le )
  11. Guillaume E. Courtoy, Jacques Donnez, Etienne Marbaix et Marie-Madeleine Dolmans, « In vivo mechanisms of uterine myoma volume reduction with ulipristal acetate treatment », Fertility and Sterility, vol. 104, , p. 426–434.e1 (ISSN 1556-5653, PMID 26003270, DOI 10.1016/j.fertnstert.2015.04.025, lire en ligne, consulté le )
  12. Guillaume E. Courtoy, Patrick Henriet, Etienne Marbaix et Matthieu de Codt, « Matrix metalloproteinase activity correlates with uterine myoma volume reduction after ulipristal acetate treatment », The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, (ISSN 1945-7197, PMID 29408988, DOI 10.1210/jc.2017-02295, lire en ligne, consulté le )
  13. EMA, « Suspension of ulipristal acetate for uterine fibroids during ongoing EMA review of liver injury risk », (consulté le )
  14. (en) Togas Tulandi et Robert Casper, « Prise en charge des fibromes utérins après le retrait de Fibristal du marché », Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, vol. 0, no 0, (ISSN 1701-2163, PMID 33497779, DOI 10.1016/j.jogc.2021.01.012, lire en ligne, consulté le )
  15. Eileen L Yoon et Jin-Sung Yuk, « Use of Ulipristal Acetate and Risk of Liver Disease: A Nationwide Cohort Study », The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, no dgab081, (ISSN 0021-972X, DOI 10.1210/clinem/dgab081, lire en ligne, consulté le )
  16. Jacques Donnez, Pablo Arriagada, Marcin Marciniak et Dominique Larrey, « Liver safety parameters of ulipristal acetate for the treatment of uterine fibroids: a comprehensive review of the clinical development program », Expert Opinion on Drug Safety, vol. 17, no 12, , p. 1225–1232 (ISSN 1744-764X, PMID 30460871, DOI 10.1080/14740338.2018.1550070, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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