Pierre Martin Ngo Dinh Thuc

Pierre Martin Ngô Đình Thục (du vietnamien : Ngô Đình Thục), né à Hué de parents catholiques le et mort le , est un prélat vietnamien, archevêque de Hué. Il joua notamment un rôle politique important dans les premières années du Sud Viêt Nam, alors que le régime était dirigé par deux de ses frères, le président Ngô Đình Diệm et le conseiller politique Ngô Đình Nhu. Vivant une grande partie de sa vie en exil, il est excommunié en 1976 pour avoir consacré évêque sans mandat pontifical plusieurs personnes de son entourage[1]. Selon certains il se serait réconcilié avec le Saint-Siège en 1984, quelques mois avant sa mort. Mais la question est fortement disputée[2].

Pierre Martin Ngo Dinh Thuc
Biographie
Naissance
Hué, Protectorat d'Annam, Indochine française
Décès
Carthage, Missouri, États-Unis
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale
Vicaire apostolique de Vinh Long
Archevêque de Hué


.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Pierre Martin Ngo Dinh Thuc entre au petit séminaire de An Ninh à l'âge de 12 ans. Il y passe huit années avant de commencer à étudier la philosophie au grand séminaire de Hué, dans le vicariat apostolique de Cochinchine septentrionale.

En 1938, à l'âge de 41 ans, l'abbé Thuc est choisi par Rome pour diriger le vicariat apostolique de Vinh Long. Il est consacré évêque titulaire le , devenant ainsi le troisième prêtre vietnamien à recevoir la dignité épiscopale. Il joue un rôle politique dans les dernières années de l'Indochine française et, après l'indépendance du pays, compte parmi les principaux conseillers de son frère Ngô Đình Diệm. Le , le pape Jean XXIII le nomme premier archevêque de Hué.

Durant la période de préparation du concile Vatican II, Ngo Dinh Thuc se rend à Rome. Pendant son séjour, ses deux frères sont assassinés lors d'un coup d'État. Ngô Dinh Thuc est isolé et commence une vie d'exilé, d'abord en France. Il ne retournera jamais dans son pays natal et se sait en danger. Il ne trouvera qu'une aide substantielle auprès de quelques personnes qui vont se grouper autour de lui, dont certains Vietnamiens exilés.

Après avoir ordonné et consacré sans mandat pontifical Clemente Domínguez y Gómez et trois autres évêques (Francis Sandler, Camilo Estevez Puga et Manuel Alonso Corral), et après des plaintes des évêques de France, il est excommunié par le pape Paul VI en 1976.

Plus tard, l'archevêque Thuc rompt ses liens avec l'Église fondée par Clemente Domínguez y Gómez, considérant que ce mouvement est déviant. Et en 1978, il fait amende honorable. Il explique avoir voulu agir pour protéger l’Église des infiltrations marxistes et du modernisme. La sanction est levée par le Saint-Siège.

En 1981, il est à nouveau excommunié pour la consécration de Jean Laborie (1919-1996) de l'Église latine de Toulouse.

Le , il consacre un prêtre dominicain, Michel-Louis Guérard des Lauriers et le , il consacre deux prêtres mexicains, Moises Carmona d'Acapulco et Adolfo Zamora à Toulon, dans son appartement[3]. Le , il consacre Christian-Marie Datessen, né en 1944 et ancien du séminaire de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X à Ecône[2]. Pour ces consécrations épiscopales effectuées sans mandat pontifical, Thuc est publiquement excommunié par le cardinal Joseph Ratzinger par un mandat de Jean-Paul II en 1983. Après sa rétractation faisant suite à ses déclarations sédévacantistes, Ngô Dinh Thuc continua à concélébrer occasionnellement avec l'évêque de Toulon, Gilles Barthe.

L'archevêque Thục meurt au monastère de la congrégation religieuse vietnamo-américaine de La Mère co-rédemptrice, le à Carthage, dans le Missouri, à l'âge de 87 ans[2].

Succession apostolique

Après sa rupture avec Rome, Dihn-Thuc a consacré une dizaine d'évêques[2],[4] qui eux-mêmes ont consacré d'autres évêques dont les plus notables sont :

Rejet des ordinations et sacres de la lignée de Thuc par Rome

L'Église Catholique a statué sur les sacres effectués par Ngo-Dinh-Thuc postérieurement à 1968. Dans une notification du et signée du cardinal Ratzinger[1] confirmant une note du de la Congrégation pour le Doctrine de la Foi, il est indiqué que tous les prêtres sacrés évêques, ou tous les laïcs ordonnés prêtres, comme Roger M.Cazalas M.Legal, par les dits évêques cités ci-avant encourent les peines :

  1. « Les évêques qui ont ordonné d’autres évêques, et les évêques qu’ils ont ordonnés encourent, outre les sanctions prévues par les canons 2370 et 2373, § 1 et 3 du Code de droit canonique, l’excommunication ipso facto très spécialement réservée au Siège apostolique, dont il est question dans le décret publié par la S. Congrégation du Saint-Office le (AAS XLIII, 1951, p. 217 et s.). La peine prévue par le canon 2370 s’applique aussi aux prêtres assistants, s’il y en avait.
  2. Les prêtres ainsi ordonnés illégitimement sont, en vertu du canon 2374, suspendus ipso facto, de l’Ordre qu’ils ont reçu, et même frappés d’irrégularité s’ils accomplissent un acte réservé à cet ordre (can. 987, § 7).
  3. Enfin, quoi qu’il en soit de la validité des ordres, l’Église ne reconnaît ni ne reconnaîtra l’ordination de ceux qui, déjà, ont ainsi été ordonnés illégitimement ou de ceux qui éventuellement seraient ordonnés par eux. Pour tous les effets juridiques, l’Église considère que chacun d’eux est resté dans l’état qui était le sien auparavant, demeurant fermes, jusqu’à ce qu’ils viennent à résipiscence, les sanctions pénales indiquées ci-dessus. Nonobstant toutes choses contraires. »

Cette Congrégation doit enfin mettre en garde les fidèles, afin qu’ils ne donnent en aucune manière leur participation et leur soutien aux activités liturgiques ou autres organisées par les personnes sus-indiquées[5].

Notes

  1. Notification sur le site du Vatican
  2. Frédéric Luz, Le Soufre et l'Encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, , 319 + XVI p. (ISBN 2-84193-021-1), p. 160-179; 232-235; 273-310
  3. « Truly tragic -the Episcopal Consecrations of the "Thuc Line" founders. », sur blogspot.fr (consulté le ).
  4. Succession apostolique de Mgr Thuc
  5. .http://www.doctrinafidei.va/documents/rc_con_cfaith_doc_19830312_poenae-canonicae_fr.html

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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