Pierre Biard l'Aîné
Pierre Ier Biard dit l'Aîné (Paris, 1559-Paris, ) est un sculpteur et architecte français.
Biographie
Petit-fils de Colin Biart, maître maçon, et fils de Noël Biard, maître charpentier[1], sculpteur[réf. nécessaire] et menuisier (connu de 1551 à 1570 aux chantiers du Louvre et de Fontainebleau), Pierre Ier Biard se forme auprès de son père, avant d'exécuter un long voyage à Rome entre 1577 et 1590, où il découvre la statuaire antique et les chefs-d'œuvre de Michel-Ange et de Jean de Bologne, qui marqueront durablement son art.
Peu après son retour à Paris, Pierre Ier Biard reçoit la charge de Surintendant des bâtiments du roi (1592). Les commandes vont alors se succéder, et Biard réalise pendant cette période plusieurs monuments funéraires et décors architecturaux. En 1597, il est chargé d'élever le tombeau de François de Foix-Candale, évêque d'Aire, au couvent des Augustins de Bordeaux.
Le , il signe un contrat avec Jean Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon et gouverneur de Gascogne, et son épouse Marguerite de Foix-Candale, pour la réalisation de leur monument funéraire dans l'église Saint-Blaise de Cadillac. Le monument, connu par un dessin du voyageur hollandais Van der Hem (Paris, Bibliothèque Nationale de France), a été détruit en 1792, mais plusieurs éléments ont subsisté : c'est le cas de la grande Renommée en bronze (Paris, musée du Louvre) qui surmontait le monument. Entrée au Louvre en 1835, ces ailes de bronzes sont l'objet d'une restauration menée en 1803 par le sculpteur Joseph Chinard. D'autres fragments plus modestes de ce tombeau ont survécu (Bordeaux, musée d'Aquitaine)[2].
Toujours pour le duc d'Epernon, Biard dessine les plans du château de Cadillac, et réalise plusieurs cheminées du château (in situ).
En 1601, il réalise les sculptures du jubé de l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris, dont les deux figures de jeunes hommes aux regards extatiques surmontant les portes menant au chœur[3]. En 1603, il est engagé pour le réalisation sculpturale de 4 chiens et 4 cerfs pour la fontaine de Diane de Fontainebleau[4]. En 1604, il décore le tympan de l'hôtel de ville de Paris d'un bas-relief montrant Henri IV à cheval. Le bas-relief, considéré alors comme le chef-d'œuvre de l'artiste, était déjà endommagé au milieu du XVIIe siècle, et fut détruit en 1792.
Enfin, Biard est cité dans les travaux de la Petite Galerie du Louvre, et réalise deux Captifs encadrant l'entrée des appartements de Catherine de Médicis, probablement détruits lors des réaménagements menés au XVIIe siècle.
Il commence également la statue en marbre du priant de Donadieu de Puycharic, reprise à partir de 1607 par Gervais Delabarre[5].
Mariage et descendance
Pierre I Biard est marié à Éléonore, fille de l'architecte Florent Fournier[6],[7]. Il est père d'au moins deux fils et de deux filles
- Pierre II Biard (1592-1661) sera sculpteur comme son père ;
- Marie Biard, mariée en premières noces à Antoine Desjardins, maître maçon est veuve, demeurant rue Saint-Martin, quand elle se remarie en secondes noces, en 1635, avec François Boudin, maître ceinturier demeurant rue Transnonain[8]
- Balthazar Biard, peintre ;
- Barbe Biard (?-1667[9]), mariée à Sébastien Bruant (?-1670[10],[11]), charpentier de Monsieur[12]. Dont postérité (voir Jacques et Libéral Bruant).
Réalisations
- 1597 : Tombeau de François de Foix-Candale, évêque d'Aire, au couvent des Augustins de Bordeaux (détruit)
- 1597 : Monument funéraire dans l'église Saint-Blaise de Cadillac de Jean Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon et gouverneur de Gascogne, et son épouse Marguerite de Foix-Candale (fragments conservés)
- Plans du château de Cadillac et cheminées
- 1600-1601 : Sculptures du jubé de l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris (Crucifix entre la Vierge et saint Jean, en bois, détruit ; et deux orants en pierre, conservés)
- 1601 : Chapelle Notre-Dame-de-la-Grâce à Chantilly (détruite)
- 1602 : Fontaine à Chantilly (détruite)
- 1602-1604 : Deux Captifs pour la façade occidentale de la Petite Galerie du Louvre (détruits)
- 1603 : Quatre Têtes de Cerf et quatre Chiens limiers assis du piédestal de la fontaine de Diane, Jardin de Diane du château de Fontainebleau[13]
- 1604 : Lutrin de bronze pour la chapelle du Nom-de-Jésus à l'église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris (détruit)
- 1605 : Bas-relief équestre d'Henri IV pour la façade de l'Hôtel de Ville de Paris (détruit)
- 1606 : Figures de la contre-façade d'entrée de l'Hôtel de Ville (Paris, musée Carnavalet)
- 1607 : Monument équestre d'Henri Ier de Montmorency à Chantilly
Références
- (en) Colum Hourihane, The Grove Encyclopedia of Medieval Art and Architecture, Volume 1, Oxford (GB)/New York, OUP USA, , 590 p. (ISBN 978-0-19-539536-5, lire en ligne)
- Valérie Montalbetti, « La Renommée », sur Louvre.fr
- Le marché est conservé aux Archives nationales Cote(s) : MC/ET/XI/67 - MC/ET/XI/119, MC/RE/XI/2
- Fontainebleau : Art in France : 1528-1610. the catalogue, Galerie nationale du Canada, , 440 p. (ISBN 978-0-88884-250-3)
- « Gervais I Delabarre et l’atelier des Delabarre », sur Culture.fr
- Louis Hautecœur, Histoire de l'architecture classique en France, Volume 1,Partie 3, A. et J. Picard et Cie,
- Florent Fournier est qualifié d'« entrepreneur des bâtiments du roi » en 1598 lors du partage de sa succession et de celle de sa femme Guyonne de Vanguyère (ou Vauguyère) entre leurs enfants, Isaïe Fournier, architecte du roi demeurant rue neuve Sainte-Catherine, Léa Fournier, épouse de Claude Martin, juré du roi en l'office de maçonnerie, demeurant à Fontainebleau, et Eléonore Fournier, épouse de Pierre Biard ('Byard') architecte et sculpteur du roi, demeurant rue de la Cérisaie (Archives nationales, Minutes et répertoires du notaire Pierre de Rossignol, 19 novembre 1598). Il est qualifié de « maître des œuvres de maçonnerie du roi et entrepreneur de ses bâtiments » en 1600, dans le contrat de mariage dressé entre Isaïe Fournier et Jacqueline Quinquere (Archives nationales, Minutes et répertoires du notaire Jean Chazeretz, 1600).
- Contrat de mariage du 17 janvier 1635 entre François Boudin, maître ceinturier, demeurant rue Transnonain, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, assisté de Gervais Boudin, son père, marchand de vins, demeurant rue Saint-Martin, et Marie Biard, veuve d'Antoine Desjardins, maître maçon, demeurant en la même rue.
- Barbe Biard (?-1667), femme de Bruand, [maître] « général des œuvres de charpenterie, bâtiments du Roi », décéda le 16 janvier 1667 (acte de décès, registre de Saint-Paul).
- Sébastien Bruand (?-1670), mourut le 31 mai 1670 au pont Saint-Louis [?]. Qualifié de [maître] « général des bastiments du Roy, ponts et chaussées de France ». Il « a esté inhumé dans l'église St-Paul, sa paroisse, le 1er juin » (acte de décès, registre de Saint-Paul).
- Les actes de décès de Sébastien Bruard et de Barbe Biard sont partiellement reproduits dans la revue d'Eug. Piot : Le cabinet de l'amateur, 3e année, n° 33 et 34, Firmin Didot, Paris, 1883 p. 172 (voir en ligne).
- « Minutes et répertoires du notaire Martin TABOURET, 10 novembre 1631 - 12 janvier 1635 (étude IX) », sur Culture.gouv.fr,
- « Vue extérieure : fontaine du Jardin de Diane », sur Rmngp.fr
Voir aussi
Bibliographie
- Adolphe Lance, Jules Guiffrey, Pierre Biart nommé architecte et superintendant des Bâtiments du Roi en remplacement de Baptiste Androuet Ducerceau (), dans Nouvelles archives de l'Art français, 1874-1875, p. 170-178 (lire en ligne)
- Joël Perrin, La chapelle et le tombeau des ducs d'Épernon à Cadillac, in Société archéologique de Bordeaux, t. LXXVII, Bordeaux, 1986, pp. 40-44
Liens externes
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