Pierre-Antoine Herwyn de Nevèle

Pierre-Antoine, comte Herwyn de Nevèle ( - Hondschoote - Paris) est un agronome et homme politique français des XVIIIe et XIXe siècles.

Biographie

Famille et études

Pierre-Antoine Herwyn de Nevèle naquit le à Hondschoote, où son père était bourgmestre. Après avoir fait ses humanités au collège des Oratoriens à Furnes, il se rendit à Douai pour y suivre des cours de philosophie et de droit, et joignit à cette étude celle des sciences naturelles, notamment de la physique et de l'anatomie. Son goût pour l'agriculture s'y fortifia aussi par l'observation des excellentes méthodes qu'il y voyait pratiquer, et de retour à Hondschoote où il fut nommé conseiller pensionnaire de la ville et de l'arrondissement, il eut occasion de mettre à profit les connaissances agronomiques qu'il avait acquises.

L'asséchement des marais

Des vastes marais appelés moëres belgiques, situés sur la frontière de la Flandre française et de la Flandre autrichienne avait été concédés depuis longtemps par les souverains des deux pays, à charge de dessèchement ; mais les travaux considérables entrepris à cet effet n'avaient jamais réussi. Enfin, en 1780, les marais de la partie autrichienne ayant été cédés à M. Van der May aux mêmes conditions, Herwyn, avec l'agrément du concessionnaire, se chargea de cette opération difficile et dispendieuse. Aidé de son frère aîné (le baron Herwyn), il fit construire des moulins à palettes et à vis d'Archimède pour élever les eaux ; il établit des digues, des saignées intérieures, des canaux de ceinture, des écluses, des ponts. Son entreprise fut couronnée d'un plein succès et terminée en 1787. L'évacuation des eaux stagnantes, en assainissant le pays, rendit à l'agriculture environ trois mille arpents, dont jusqu'alors on n'avait pu tirer aucun parti.

La Révolution française

En 1789, il est conseiller pensionnaire de la ville d'Hondschoote et avocat au Parlement de Flandres. Le bailliage de Bailleul l'envoya comme député du Tiers-état aux États-Généraux, où il vota avec la majorité ; il fut nommé et constamment réélu, pendant toute la session, membre et secrétaire du comité d'agriculture et de commerce.

Revenu à Hondschoote, il eut le commandement d'un bataillon de la garde nationale dont il excita tellement le zèle pour le service militaire, que lors de la levée des trois cent mille hommes au commencement de 1793, la commune en fournit un tiers au-delà du contingent qui lui avait été assigné.

Chargé des travaux de défense de la contrée, Herwyn protégea la retraite de l'armée française, se tint à l'arrière-garde avec son bataillon qu'il ramena à Dunkerque, et prit une part glorieuse a la défense de cette ville. Il venait d'être nommé commissaire des guerres, lorsque, sur un ordre du comité révolutionnaire, il fut arrêté à Hondschoote le . Conduit à Dunkerque puis à Arras, enfin à Douai, avec sa femme qui n'avait pas voulu se séparer de lui, un des geôliers de la prison les tint pendant sept jours dans un cachot ; mais cette conduite, si brutale en apparence, était cependant un acte d humanité : le geôlier voulait ainsi les soustraire aux fureurs d'une troupe révolutionnaire dont on craignait l'arrivée dans la ville. Le danger passé, il leur donna une chambre. Après sept mois d'incarcération, Herwyn et sa femme comparurent devant une commission militaire comme prévenus d'intelligence avec l'ennemi, et ils furent acquittés de cette accusation mensongère qu'on ne leur avait même pas fait connaître.

Sorti de prison, Herwyn reprit ses fonctions de commissaire des guerres ; il servit sous Pichegru et sous Moreau.

Après la conquête de la Hollande, il résida pendant quatre ans, en qualité de commissaire-ordonnateur, dans la ville de Bruges et y fut, durant quelques mois, commissaire du Directoire près le département de la Lys. Dans ces divers emplois il atténua les mesures rigoureuses qui lui étaient prescrites, fit rendre à la liberté les prêtres qu'on avait arrêtés, et s'opposa fortement à l'enlèvement des otages qu'on voulait prendre à Bruges.

Consulat et Empire

En 1799, le département de la Lys l'élut « député[1] » au Conseil des Anciens dont il fut nommé secrétaire et, après le 18 brumaire, il fut appelé au Sénat conservateur, où il siège avec la minorité opposée à Napoléon[2].

Vers cette époque, il se réunit encore à son frère pour recommencer les travaux de dessèchement des moëres belgiques, que les ravages de la guerre avaient entièrement ruinés, et en rétablir l'exploitation. Ils y consacrèrent de nouveau une partie de leur fortune, et terminèrent en deux ans cette vaste entreprise, pour laquelle une médaille d'or leur fut décernée, en 1802, par la société d'agriculture de la Seine, qui les admit ensuite l'un et l'autre au nombre de ses membres.

Le à Furnes[3], cinq ans après la mort de sa première femme[réf. nécessaire], Herwyn épousa mademoiselle Angèle Constance Séverande (1774-1849), fille de François Ignace van der Meersch  dit « de Névèle » (1750-1825). De cette union naquit un fils : Napoléon Pierre Marie (1806-1890), 2e comte Herwyn de Nevèle, pair de France.

Herwyn se fit légalement autoriser à prendre le nom et les armes de la famille de Névèle.[réf. nécessaire]

Sous la Restauration

En 1814, il vota comme sénateur la déchéance de Napoléon, et entra à la Chambre des pairs dès sa création.

Louis XVIII le nomma comte héréditaire le , mais ses lettres patentes ne furent expédiées que le . Le 20 à midi, le roi avait déjà quitté sa capitale et on attendait Bonaparte aux Tuileries : Herwyn se présente à la cour royale pour prêter son serment de fidélité au roi entre les mains du premier président Séguier. « Si vous êtes homme à le prêter, lui dit le Magistrat, je suis homme à le recevoir ». Le serment est prêté, et l'acte en est transcris sur les registres de la cour.

Pendant les Cent-Jours, Herwyn qu'on croyait en Belgique, mais qui n'avait pu suivre Louis XVIII à Gand, se tint soigneusement à l'écart. Après son retour, le roi lui fit remettre son portrait orné d'une légende qui consacrait l'action du , et le nomma grand officier de la Légion d'honneur[4].

À la Chambre haute, Herwyn vota pour la déportation dans le procès du maréchal Ney. Il continua de prendre part aux travaux de la Chambre des pairs ; mais, dans ses dernières années, une goutte nerveuse, dont il était attaqué depuis longtemps, le força de mener une vie retirée. À la suite de cruelles souffrances, il mourut le .

Titres

Distinctions

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes des Herwyn « de Nevèle »

Coupé : au 1, d'or, au lion de sable, lampassé de gueules; au 2, de sable, à trois molettes mal-ordonnées d'or.[7]

Supports
deux licornes, au naturel[7].
Armes du comte Herwyn et de l'Empire
Selon ses lettres patentes
Écu parti, coupé à sénestre en courbe, lion de sable lampassé de gueules, sur un fond d'or ; trois étoiles d'or sur fond de sable ; à dextre au troisième quartier croix de gueules sur fond d'argent, petit merle sur l'angle supérieur de la croix.[8],
Ou
Écu parti, coupé à sénestre en courbe de sable et d'or, sur l'or un lion passant de sable lampassé de gueules, sur le sable, trois étoiles d'or posées deux et une ; à dextre le premier de sénateur, le second d'argent à la croix attachée de gueules accostée à dextre en chef d'un merle de sable[9],[8],[10].
Armes du comte Herwyn de Nevèle, pair de France,

Écartelé : au 1 d'or, au lion de sable, lampassé de gueules ; au 2 d'argent, à la croix de gueules cantonnée en chef d'une « molette » [merlette] de sable ; au 3 de sable, à trois molettes d'or ; au 4 d'azur, à la fasce d'or, accompagnée en chef de deux pigeons affrontés d'argent, et en pointe, d'un serpent d'or mis en pal.[5]

Annexes

Bibliographie

  • « Herwyn de Nevèle (Pierre-Antoine-Charles, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] ;
  • Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Sud de la Belgique, 1854, Valenciennes ;

Notes et références

  1. Membre de la Chambre haute, équivalent des actuels sénateurs français.
  2. Henri Piers, Histoire de la ville de Bergues-Saint-Winoc : notices historiques sur Hondschoote, Wormhoudt, Gravelines, Mardick, Bourbourg, Watten, etc.., Imprimerie de Vanelslandt, (lire en ligne), p. 91
  3. « Pierre Antoine Herwyn de Névèle », sur roglo.eu (consulté le )
  4. « Herwyn de Nevèle (Pierre-Antoine-Charles, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  5. François Velde, « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », Lay Peers, sur www.heraldica.org, (consulté le )
  6. « Cote LH/1297/63 », base Léonore, ministère français de la Culture
  7. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
  8. « BB/29/974 page 58. », Titre de comte accordé à Pierre, Antoine Herwy. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
  9. Meersch (van der) dit « de Nevele » : D'argent, à la croix de gueules, acc. au 1 d'une merlette de sable ou d'un perroquet de sinople.
    Source
    Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
  10. Michel Laisnez, « Héraldique napoléonienne », département du Nord, sur passepoil.fr, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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