Philippe Marchesin

Philippe Marchesin intègre le petit séminaire de Bon-Encontre à l’âge de dix ans. Il y demeure sept ans, comme il le relate dans son témoignage autobiographique Mai 68 Confession d’un petit séminariste (2018). En 1974, il devance l’appel. Il est affecté en Allemagne dans un régiment semi-disciplinaire. Il s’associe au mouvement de contestation des comités de soldats qui réclament une amélioration de la condition de vie des appelés.

De retour en France, il s’inscrit à la faculté de droit de l’université de Bordeaux où il obtient une maîtrise en droit public en 1979. Il part alors à l’Institut du droit de la paix et du développement de l’université de Nice, devient allocataire de recherche de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique puis soutient une thèse en droit du développement.

De 1983 à 1987, il est enseignant à l’ENA et à la faculté de droit de Nouakchott. Il dirige le mémoire d'un étudiant sur l’opposition politique. À la suite de la soutenance de ce mémoire, il est expulsé par le régime militaire. Il rejoint l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il est élu maître de conférences après avoir soutenu une thèse de doctorat d’État en science politique.

Il dirige le diplôme d'études supérieures spécialisées Développement et coopération internationale de 1992 à 1998 ainsi que la spécialité science politique du DEA Études africaines de 1994 à 1998, il est membre du comité directeur du Groupement pour l’étude de la mondialisation et du développement (GEMDEV) de 1992 à 1998 et préside l'Observatoire permanent de la coopération française durant la même période.

Philippe Marchesin part ensuite en délégation au département de relations internationales de l’université Galatasaray d’Istanbul de 1998 à 2002 puis en détachement auprès de l’université européenne de Minsk où il est nommé co-doyen de la faculté franco-biélorusse de science politique en 2003. À la suite de la fermeture par les autorités biélorusses de l’université européenne, il devient co-directeur du Centre franco-biélorusse de science politique et d’études européennes puis revient en France en 2005.

Depuis, il assure à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne un cours sur les relations Nord-Sud et dirige plusieurs séminaires sur la coopération et le développement dans des masters 2 de science politique, de droit et d'histoire.

Philippe Marchesin s’efforce d’étudier le développement, champ de la connaissance par nature interdisciplinaire, à la lumière de sa discipline de rattachement, la science politique. Il s’agit, en somme, alors qu’il existe une économie, une sociologie, une anthropologie, une géographie, un droit du développement, de contribuer à l’élaboration d’une science politique du développement. L’originalité de sa démarche est de mêler réflexion théorique et longs séjours de terrain.

Ses principales contributions s’inscrivent dans le cadre des diverses sous-disciplines de la science politique :

- la théorie politique, dans « Science politique et développement » (1993)[1] ; « Démocratie et développement » (2004)[2] ;

- la sociologie politique, dans « Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie » (1992)[3] ; « Origine et évolution des partis et groupes politiques en Mauritanie » (1994)[4] ; « La Biélorussie » (2006)[5] (voir également les notes de lecture dans la revue Politique africaine[6], ainsi que dans Jeune Afrique économie (1992) et le site du CRIDEM[7]) ;

- les politiques publiques, dans « Le mystère des chiffres ou l’opacité du système français d’aide au développement » (1995)[8] ; « Mitterrand l’Africain » (1995)[9] ; « La difficile intégration des coopérations à l’échelle européenne » (1997)[10] ; « La politique africaine de la France en transition » (1998)[11] ; « Inégalités et développement » (2013)[12] ; « The Securitization of Aid : The Case of France » (2016)[13] ;

- les relations internationales, dans « Géopolitique de la Turquie à partir du Grand échiquier de Zbignew Brzezinski » (2002)[14] ; « Introduction aux relations internationales » (2008)[15] ; « Les nouvelles menaces. Les relations Nord-Sud des années 1980 à nos jours » (2001)[16] ; « La revanche du Sud » (2010)[17] ;

- la politique comparée, dans « La politique de villagisation en Afrique de l’Est. Étude comparative » (1985)[18] ; « Baïkal » (2010) ; « Biélorussie : Belovezhskaya Pushcha, Arc géodésique de Struve, Nesvizh, Mir" (2011) ; « Kamtchatka » (2014) (avec Ludmila Marchesin).

Parmi les apports de Philippe Marchesin, signalons la mise en évidence de traits propres à certaines sociétés, notamment l’importance du fait tribal en Mauritanie, pays dont il est considéré comme l'un des spécialistes. Il a insisté sur la nécessité d’une approche néo-khaldounienne pour comprendre le pouvoir dans ce pays. Concernant la Biélorussie, il a pointé la spécificité d’une attitude répandue dans la société, la pamiarkoyni, qui renvoie à la réticence au changement et explique en partie la longévité au pouvoir d’Alexandre Loukachenko. Philippe Marchesin a également contribué à l'actualisation des relations Nord-Sud à un moment où, après les années soixante-dix, cette matière était tombée en désuétude. Il travaille à une nouvelle définition de l’aide publique au développement qui prend le contre-pied de la définition existante, à savoir l’aide envisagée comme un flux unidirectionnel d’un pays donateur vers un pays receveur. À l’inverse, l’aide correspond à un échange, ce qui remet totalement en cause la notion d’aide publique au développement telle qu’elle existe aujourd’hui[19]. Avec son épouse, Ludmila Marchesin, il a créé la collection Patrimoine de l'humanité aux éditions Éditions L'infini.

Premier prix ex aequo, en 1982, de l’Association Tiers monde (Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées, ISMEA, François Perroux) pour L’action en matière de sécurité alimentaire.

Prix Robert-Cornevin, en 1992, de l’Académie des sciences d’outre-mer pour Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie[20]

Prix Mirabaud, en 2011, du Forum international des Médias Nord-Sud pour La revanche du Sud[21]

Médaille d’argent, Ligue universelle du bien public, 22 décembre 2012[22].

Award of excellence 2012, American Biographical Institute.

• L'action en matière de sécurité alimentaire, Institut du droit de la paix et du développement, Nice, 1982.
• Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie, Paris, (ISBN 2865373304), Karthala, 1992[23]. Réédité dans la collection Classiques Karthala en 2010. Traduit en arabe aux éditions Joussour/Ponts en 2014.
• Mitterrand et l'Afrique (maître d'œuvre), in Politique africaine, n° 58, Paris, Karthala, juin 1995[24].
• Observatoire permanent de la Coopération française, Rapport 1995 (maître d'œuvre), Paris, (ISBN 2220036480 et 9782220036489), Desclée de Brouwer, 1995.
• Observatoire permanent de la Coopération française, Rapport 1996 (maître d'œuvre), Paris, Desclée de Brouwer, 1996.
• Les nouvelles menaces. Les relations Nord-Sud des années 1980 à nos jours, Paris, (ISBN 2845862075 et 9782845862074), Karthala, 2001[25].
• La Biélorussie, Paris, (ISBN 2845868111), Karthala, 2006[26].
• Introduction aux relations internationales, Paris, Karthala, 2008[27].
• La revanche du Sud, Paris, (ISBN 978-2-917256-06-0), Éditions L'infini, 2010[28]. Deuxième édition, Éditions L'infini, 2012[29].
• Baïkal (avec Ludmila Marchesin), Paris, (ISBN 978-2-917256-08-4), Éditions L'infini, 2010. Deuxième édition, (avec David Marchesin et Ludmila Marchesin), Éditions L'infini, 2012.
• Biélorussie : Belovezhskaya Pushcha, Arc géodésique de Struve, Nesvizh, Mir (avec Ludmila Marchesin), Paris, Éditions L'infini, 2011.
• Kamtchatka (avec Ludmila Marchesin), Paris, Éditions L'infini, 2014.
• Mai 68 Confession d’un petit séminariste, Lyon, Éditions Baudelaire, 2018.
• La politique française de coopération. Je t'aide, moi non plus, Paris, L'Harmattan, 2021[30]^,[31]^,[32].

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