Peter Lorre

Peter Lorre, nom de scène de László Löwenstein, est un acteur, auteur, scénariste et réalisateur autrichien, naturalisé américain en 1941, né le à Rózsahegy (actuelle Ružomberok) dans l'empire d'Autriche-Hongrie (actuelle Slovaquie) et mort le à Los Angeles (Californie). Révélé par Fritz Lang dans M le Maudit, où il joue le rôle-titre (1932), il fuit aux Etats-Unis où il poursuit une carrière de second rôle notamment dans Casablanca, Le Faucon maltais ou encore Vingt Mille Lieues sous les mers.

Pour les articles homonymes, voir Lorre et Löwenstein (homonymie).

Peter Lorre
Peter Lorre en 1946.
Nom de naissance László Löwenstein
Naissance
Rózsahegy, Autriche-Hongrie
Nationalité Austro-hongrois, autrichien,
naturalisé américain
Décès
Los Angeles, Californie
Profession Acteur, scénariste, réalisateur
Films notables M le Maudit
L'Homme perdu
Le Faucon maltais

En 1952, il a reçu une « Mention honorable », lors de la remise du Prix du film allemand, pour son film L'Homme perdu[1] (Der Verlorene).

Parcours professionnel

Débuts sur les planches en Allemagne

Peter Lorre, de son vrai nom László Löwenstein, naît de parents juifs à Rózsahegy en Autriche-Hongrie (Rosenberg en allemand, aujourd'hui Ružomberok, Slovaquie), le . Sa mère meurt lorsqu'il a quatre ans, en 1908. Né dans une famille de langue germanique, l'allemand est sa langue maternelle. Son père, ses deux frères et lui, quittent Rosenberg pour Vienne en 1913.

C'est là qu'il commence sa carrière sur les planches à l'âge de dix-sept ans, sous la direction de Richard Teschner. À la fin des années 1920, il part pour Berlin où il travaille avec Bertolt Brecht, notamment dans sa pièce Un homme est un homme (Mann ist Mann). Il joue ensuite le rôle du Dr Nakamura dans Happy End, une comédie musicale adaptée de Brecht et composée par Kurt Weil, aux côtés d'Hélène Weigel, Carola Neher, Oskar Homolka ou encore Kurt Gerron.

Premiers rôles au cinéma et exil forcé

Affiche de Quatre de l'espionnage (Secret Agent) d'Alfred Hitchcock (1936).

C'est grâce au film M le maudit (M - Eine Stadt sucht einen Mörder) de Fritz Lang (1931) que Peter Lorre fait des débuts fracassants au cinéma. Il y interprète le rôle-titre, incarnant un tueur d'enfants, personnage le plus emblématique de sa carrière.

D'origine juive, il quitte l'Allemagne en 1933, l'année de l'avènement d'Hitler au pouvoir (plus précisément le , soit deux jours avant l'incendie du Reichstag), se réfugiant d'abord à Paris (à l'hôtel Ansonia, rue de Saïgon, refuge de nombreux artistes allemands et autrichiens[2]), puis à Londres[3]. C'est là qu'il est repéré par Ivor Montagu, coproducteur du film L'homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) d'Alfred Hitchcock, grâce à qui il obtient le second rôle du « méchant ». Malgré son faible niveau d'anglais, qu'il rattrape rapidement par un apprentissage phonétique, il réapparaît l'année suivante dans un autre film d'Hitchcock, Quatre de l'espionnage (Secret Agent).

Carrière à Hollywood

Peter Lorre au générique de The Maltese Falcon, 1941

En 1935, Peter Lorre part pour Hollywood où il fait ses débuts dans Les Mains d'Orlac (Mad Love) de Karl Freund. Parallèlement, il commence une série de films intitulée Mr. Moto — équivalente à la série célèbre, Charlie Chan —, créée par John P. Marquand, dans laquelle il incarne un détective japonais. Du fait de sa notoriété grandissante, il se voit proposer un rôle dans Le Fils de Frankenstein (The Son of Frankenstein), qu'il refuse à cause de son état de santé.

Trois ans après son départ d'Allemagne, en 1936, Peter Lorre reçut une lettre écrite par Hitler en personne. Dans cette lettre, le dictateur nazi exprimait son admiration pour l'acteur, notamment pour son rôle dans M le Maudit (film dans lequel Peter Lorre jouait le rôle du tueur d'enfants) et annonçait que Lorre pouvait retourner en Allemagne y continuer sa carrière malgré son origine juive. Peter Lorre répondit que l'Allemagne avait déjà un assassin de masse et qu'il n'y avait pas de place pour un deuxième. Un affront qu'Hitler ne pardonna jamais. Durant la guerre, on trouva sur un agent allemand capturé par le FBI le nom de Peter Lorre classé troisième sur une liste de cent personnes à supprimer[4].

Il joue le personnage du Señor Ugarte dans Casablanca de Michael Curtiz (1942).

L'année suivante, en 1940, on le voit apparaître aux côtés des grands noms du cinéma d'horreur hollywoodien, Béla Lugosi et Boris Karloff, dans You'll find out de David Butler. Il enchaîne les films d'aventures et de suspense pour la Warner Bros. Il joue successivement aux côtés de Humphrey Bogart dans Le Faucon maltais de John Huston et Casablanca de Michael Curtiz, la même année 1942 — dans Casablanca il joue Ugarte, un personnage dramatiquement important, puisqu'il est au cœur des évènements : en effet, c'est Ugarte qui donne à Rick (Bogart) deux sauf-conduits volés à deux soldats allemands qu'il a tués. Il s'illustre aussi dans le rôle de Docteur Einstein dans une comédie signée Frank Capra, Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace), sorti en 1944. Il se fait remarquer encore dans Three Strangers, de Jean Negulesco, 1946, aux côtés de Geraldine Fitzgerald et Sydney Greenstreet.

Traversée du désert et chute dans l'oubli

Naturalisé américain en 1941, Peter Lorre connaît une traversée du désert au cinéma après la Seconde Guerre mondiale, mais continue d'apparaître dans des émissions de radio et sur les planches. Il retourne en Allemagne où il s'essaie à l'écriture et à la réalisation avec L'Homme perdu (Der Verlorene), produit par Arnold Pressburger en 1951, dans lequel il tient également un rôle, une œuvre marquée par le film noir et le nazisme et qui connaît un gros succès critique.

Il rentre aux États-Unis où il continue à apparaître dans des films de télévision, notamment dans la première adaptation d'un épisode de James Bond, Casino Royale, 1954 dans lequel il incarne le rôle du « méchant » face à un James Bond joué par Barry Nelson. La même année, 1954, il apparaît au côté de James Mason et Kirk Douglas dans l'adaptation du roman de Jules Verne, par les Studios Disney, de Vingt Mille Lieues sous les mers (20,000 Leagues Under the Sea). En 1959, il fait une brève apparition dans l'épisode Thin Ice de la série télévisée La Main dans l'ombre (Five Fingers). Enfin, dans les années 1960, il collabore avec Roger Corman dans des films populaires à petit budget.

Sa maladie et sa mort

Souffrant de troubles chroniques de la vésicule biliaire, Peter Lorre suivra durant toute sa carrière un traitement à la morphine à laquelle il deviendra véritablement dépendant dès 1935[5]. Ajoutée à son problème de surpoids, cette dépendance rendra sa carrière difficile et sa vie privée agitée, ce qui lui fera connaître une longue descente aux enfers.

Il meurt prématurément à l'âge de 59 ans, après un accident vasculaire cérébral le . Il fut incinéré et ses cendres reposent au Hollywood Forever Cemetery, à côté de celles de sa femme.

Vie privée

Peter Lorre a été marié trois fois : avec Celia Lovsky (de 1934 à 1945), Kaaren Verne (de 1945 à 1950) et Anne Marie Brenning (de 1953 à sa mort en 1964), avec qui il a son unique enfant, Catharine.

En 1963, un acteur du nom de Eugene Weingand prétendra être un fils de Peter Lorre de par sa ressemblance physique. Ce fait se révéla faux, mais l'acteur continuera à se désigner comme le fils de Peter Lorre, même après sa mort[6].

Il a deux frères, Ferenc Löwenstein, né en 1905, et Andrew « Bundy » Lorre, né en 1908 et décédé en 1983.

Notoriété et influence

Tombe de Peter Lorre au cimetière Hollywood Forever

Sa grande carrière hollywoodienne faite de seconds rôles a valu à Peter Lorre une étoile dans le célèbre Walk of Fame, sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles.

Sa figure ronde et son accent germanique lui valurent les quolibets des caricaturistes et, notamment, certains cartoons signés Mel Blanc de la Warner, Birth of a Notion, Hair-Raising Hare et Racketeer Rabbit[7]. Mais son apparence particulière et son accent distinctif inspireront également les cinéastes comme Tim Burton et son « ver vert » logeant dans la tête de la protagoniste des Noces funèbres.

Filmographie

Acteur

Réalisateur et scénariste

Notes et références

  1. Deutsche-Filmakademie.de
  2. (en) Steven Bach, Marlen Dietrich : Live and legend, Minneapolis / Londres, Univeristy of Minnesota Press (ISBN 978-0-8166-7584-5, lire en ligne)
  3. (en) « The Man Who Knew Too Much (1934) », Tcm.com (consulté le )
  4. Back Stage, site Internet repris d'un journal
  5. « Classic Images past issues, 1998 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le )
  6. (en) « After the actor's death, however, he brazenly began passing himself off as Lorre's son, repeatedly contradicting his earlier testimony. », S. D. Youngkin, The Lost One: A Life of Peter Lorre, p. 443
  7. Costello, E. I. The Warner Bros. Cartoon Companion: L.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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