Paul César Helleu

Paul-César Helleu est un peintre et graveur français, né à Vannes le , et mort à Paris (7e arrondissement) le [1].

Il inspire à Marcel Proust, le personnage du peintre Elstir dans À la recherche du temps perdu.

Biographie

Après la mort de son père, inspecteur des Douanes, Paul-César Helleu est envoyé à Paris au lycée Chaptal.

En 1876, il est admis à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, mais c’est par les peintres de plein air qu’il est surtout attiré. Il se lie d’amitié avec Whistler et Sargent puis avec Claude Monet qu’il rencontre chez Durand-Ruel lors de la deuxième exposition des impressionnistes.

Théodore Deck, Plat en faïence fine à émaux peints par Paul Helleu. Paris, 1884. Colmar, musée Unterlinden.

Pour survivre, Helleu travaille chez le céramiste Théodore Deck pour qui il exécute des décors de plats. Il y fait la connaissance de Giovanni Boldini avec lequel il sera lié par une très longue amitié.

Avec Jacques-Émile Blanche, il partage un goût passionné pour l’Angleterre depuis un voyage à Londres en 1885. La même année, il fait un essai de gravure à la pointe sèche avec une pointe de diamant offerte par James Tissot.

En 1884, Madame Guérin lui commande un portrait de sa fille Alice (1869-)[2]« la multiforme Alice dont la rose chevelure illumine de son reflet tant de miroirs de cuivre », ainsi que l'évoque Robert de Montesquiou[3] — dont il tombe amoureux et qu'il épouse deux ans plus tard. Le pastel réalisé à cette occasion ainsi que La Gare Saint-Lazare seront présentés au Salon de 1885.

En 1886, déjà remarqué dans plusieurs expositions, il refuse avec son ami Monet de participer au huitième Salon des impressionnistes, malgré les sollicitations d'Edgar Degas.

L’année suivante, Robert de Montesquiou lui achète un lot de six gravures. De cette rencontre naîtra une amitié profonde avec l'écrivain qui le mettra en relation avec sa cousine, la comtesse Greffulhe. Invité par cette dernière en séjour dans son château de Bois-Boudran, il fait d'elle une centaine d'esquisses, dont très peu seront exposées, et qui appartiennent pour la plupart à des collections particulières[4]. Dès cet instant, l’artiste pénètre dans la société parisienne et devient un portraitiste à la mode.

En 1893, il entame une série de vitraux de cathédrales et, dès l’année suivante, il change de thème et peint dans le parc de Versailles.

À ce propos, en 1894, Paul Helleu est en plein triomphe. Le tableau qu'il présente au Salon cette année-là, Les Grandes Eaux du bassin de Latone, et qui représente l'un des bassins de Versailles, est si grand qu'il lui faut être soutenu par une armature de métal. Le tableau reçoit un excellent accueil. Néanmoins, c'est surtout en tant que portraitiste de l'aristocratie que le peintre est reconnu et c'est dans ce milieu qu'il trouve les femmes qui l'inspirent. C'est néanmoins sa femme Alice qu'il représente le plus souvent dans ses tableaux et qui reste son modèle préféré[5].

En 1897, il expose au Salon du Champ de Mars ses peintures versaillaises et des marines.

Helleu est un novateur qui s’attire l’admiration et la curiosité de ses contemporains. À l’inverse du goût prononcé de l’époque pour les intérieurs sombres, en 1889, il fait peindre en blanc les murs de ses appartements parisiens du no 68 boulevard Pereire, puis du no 45 rue Émile-Menier.

Helleu est bientôt sollicité de toutes parts : en 1895 il expose à Londres, où le catalogue de l’exposition est préfacé par Edmond de Goncourt[6], ce qui consacre sa notoriété. Il rencontre alors Marcel Proust qui lui est présenté par Montesquiou, et débute avec lui une relation profonde qui inspirera à l’auteur le personnage du peintre Elstir dans À la recherche du temps perdu ; comme Elstir, Helleu est passionné par la mer. Helleu gravera le portrait de Proust sur son lit de mort.

Au plaisir du yachtman, qui passe le plus clair de son temps sur de superbes bateaux  il en possèdera quatre  le peintre découvre de nouvelles sources d’inspiration aussi bien dans les toilettes des femmes que dans ses visions de l’eau et du ciel, tantôt voilé, tantôt bleuâtre.

Le « style Helleu », qui caractérise l’élégance ou le raffinement et la grâce féminine obtient un immense succès tant à Paris qu’à Londres ou à New York, où il se rend à partir de 1902. En 1912, on lui passe une commande pour décorer le plafond du hall de la Grand Central Terminal de New-York, sur le thème des signes du Zodiaque : une voûte étoilée, traversée d’un zodiaque aux signes d’or et d'une voie lactée argentée[7],[8].

Paul-César Helleu meurt en 1927, des suites d’une opération, alors qu’il projetait une grande exposition de ses peintures avec Jean-Louis Forain.

Son œuvre comporte de nombreux portraits peints ou gravés qui illustrent l'esprit de son époque où la frivolité et le culte du passé se confrontaient à la civilisation industrielle.[réf. nécessaire]

Paul César Helleu et Alice Louis-Guérin eurent quatre enfants dont Jean Helleu (1894-1985), peintre officiel de la Marine, et Paulette Howard-Johnston (1905-2009) qui a légué l'ensemble de sa collection (huiles, pastels, pointe-sèches, dessins et mobilier issu de l'atelier de son père) au musée Bonnat de Bayonne, devenu ensuite le musée Bonnat-Helleu.

Œuvre conservé

Réception critique

  • « Les marines de Helleu sont pimpantes comme des salons de couturier : des yachts palpitants de leurs flammes, pareilles à des rubans de chapeaux, y glissent comme des ladies. »Robert de Montesquiou[3]
  • « Non seulement il apprécia l'élégance de son temps, mais, comme Watteau et Lancret, dont il était féru, il voulut que son œuvre en demeurât le témoignage, au risque d'apparaître démodée. Virtuose du dessin, Helleu était capable d'exécuter en une heure et demie, après un bon repas en compagnie de Forain et de Boldini, le portrait nerveux, crispé, fringant de Whistler. Lorsqu'il mettait, comme dans ce portrait, "la vapeur au maximum", lorsqu'il était rapide, cursif, allusif, lorsqu'il égratignait le cuivre "à fleur de peau", il était capable d'avoir de la grâce et de la séduction. Sa peinture, vouée à l'eau, au monde des plages et des yachts, très influencée par les impressionnistes, est souvent supérieure à ses dessins, marqués par le chic et le procédé. Là, délivré de toute servitude, soucieux de ne plaire qu'à lui-même, il réussit des toiles lumineuses, pleines d'une euphorie heureuse des jours de vacances. » — Jean-Pierre Crespelle[9]
  • « Paul Helleu a connu un succès qui se poursuit encore de nos jours parce qu'il a su adapter ses sujets à la technique si difficile de la pointe-sèche, servie, ici, par une dextérité extraordinaire. Il est le graveur de l'élégance féminine : La Duchesse de Marlborough, Madame Helleu,, où il a été au-delà de la mode et de l'anecdote. » — Eugène Rouir[10]
  • « Helleu fut un des rois du portrait mondain de la Belle Époque. Léon Daudet le surnomma "Le Watteau du pauvre" pour se venger du peintre qui lui reprochait de chanter à table. Ses paysages, ses bords de mer en Normandie gardent comme ses portraits une élégance un peu hautaine, sous l'affirmation d'un trait souple mais qui situe bien le sujet, toujours souligné de couleurs légères. »Gérald Schurr[11]
  • « Je bus à Marthe Payet et à son mari, lui toujours premier-à-lasoie, elle éclatante et rousse, les cheveux en ondes larges sous un chapeau agressif, l’air d’un Helleu copié par Fournery » ou encore « Marthe vient vers nous. De loin, c’est toujours un Helleu. De près, la collaboration d’un Fournery inférieur s’accuse… »Colette, dans La Retraite sentimentale[12]

Expositions

Références

  1. Archives de Paris, acte de décès n°576, vue 28 / 31
  2. Archives de Paris,10e, acte de naissance n°4355 du 4 octobre 1869 : Marie Alice Louis-Guérin, née le 30 septembre 1869, fille de manufacturier. Archives de Paris, décès à Paris, 16e, le 15 avril 1933, acte n°793.
  3. Robert de Montesquiou, Paul Helleu, peintre et graveur, Éditions Henri Floury, 1913.
  4. Laure Hillerin, La comtesse Greffulhe, L'ombre des Guermantes, Flammarion, (lire en ligne), pp. 208-209. Cet ouvrage reproduit notamment l'une de ces esquisses.
  5. Jean-Louis Ferrier, L'aventure de l'Art au XIXème siècle, Chêne, , 928 p. (ISBN 978-2-84277-836-1), p. 806
  6. Bertrand Galimard Flavigny, « Paul Helleu, rare maître des élégances », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°8, 24 février 1989, pages 82-83.
  7. En décalquant cette voûte étoilée à partir d’un manuscrit médiéval, Helleu a involontairement reproduit le tout à l’envers.
  8. (en) Beth Greenfield, Robert Reid, New York City, Lonely Planet, 2004, p. 112 (ISBN 978-1-7410-4123-1).
  9. Jean-Pierre Crespelle, Les maîtres de la Belle Époque, Librairie Hachette, 1966.
  10. Eugène Rouir, L'estampe, valeur de placement, Guy Le Prat éditeur, Paris, 1970, page 84.
  11. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, page 431.
  12. Colette, La Retraite sentimentale

Annexes

Bibliographie

  • Henri Bouchot, « Helleu », Art & Décoration, tome XIII, janvier-, pages 77-86 (consulter en ligne).
  • Robert de Montesquiou, Paul Helleu, peintre et graveur, Éditions Henri Floury, 1913.
  • Émile Dacier, La gravure française, Larousse, 1944.
  • Claude Roger-Marx, La gravure originale au XIXe siècle, Somogy, 1962.
  • Jean-Pierre Crespelle, Les maîtres de la Belle Époque, Librairie Hachette, 1966.
  • Eugène Rouir, L'estampe, valeur de placement, collection « Valeurs-refuge », Guy Le Prat éditeur, Paris, 1970.
  • Bertrand Galimard Flavigny, « Paul Helleu, rare maître des élégances », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°8, , pages 82-83.
  • Marie-Françoise Le Saux, Paul Helleu, Musée de la Cohue, Vannes / Éditions Anthèse, Paris, 1991.
  • Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Jean-Louis Ferrier, L'aventure de l'art au XIXe siècle, Éditions du Chêne, 2008.
  • (fr), (en) Frédérique de Watrigant (dir.), Paul-César Helleu, Paris, Éditions Somogy, 2014.

Liens externes

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