Patrick Colquhoun

Patrick Colquhoun, né à Dumbarton le et mort à Londres le , est un marchand écossais, statisticien et magistrat. Il est considéré comme le fondateur de la première force de police régulière en Angleterre.

Biographie

Orphelin à 16 ans, il est envoyé en Virginie puis revient en Écosse en 1766. Il fonde alors à Glasgow une importante maison de commerce.

Il développe avec les Pays-Bas des liens considérables pour les entreprises d’Écosse et de Manchester. En 1789, il transfère sa résidence à Londres et y devient agent diplomatique des villes hanséatiques. En 1792, il est nommé responsable de la police judiciaire de l'East End. Il créa la première « police de prévention » privée d’Angleterre[1] pour empêcher les travailleurs des docks d’arrondir leurs maigres salaires avec de la marchandise volée.

Financé par les marchands et planteurs de l'Inde occidentale en 1798, Colquhoun créa le premier bureau de police. En 1800, le Parlement adopte le projet de loi sur la police maritime qui élargit et officialise la police en tant que cadre centralisé, armé et en uniforme de l'État. Ses traités sur la police ont inspiré la fondation de la police à Dublin, Sydney et New York.

Pensée morale

Indigence et inégalités

Colquhoun est le fondateur de trois maisons pour la distribution de soupes aux indigents et d'une école pour les pauvres à Westminster. Sa vision de la classe ouvrière mêle considérations morale et économique :

« La pauvreté est l’état et la condition sociale de l’individu qui n’a pas de force de travail en réserve ou, en d’autres termes, pas de biens ou de moyens de subsistance autres que ceux procurés par l’exercice constant du travail dans les différentes occupations de la vie. La pauvreté est donc l’ingrédient le plus nécessaire et indispensable de la société, sans lequel les nations et les communautés ne pourraient exister dans l’état de civilisation. C’est le destin de l’homme. C’est la source de la richesse, car sans pauvreté, il ne pourrait y avoir de travail ; et il ne pourrait donc y avoir de biens, de raffinements, de conforts, et de bénéfices pour les riches. » [2]

La science morale et politique de Colquhoun a pour fondement que « la richesse naît de l'inégalité »[3]. C'est pour maintenir cette inégalité tout en évitant les troubles liés à l'oisiveté - c'est-à-dire au refus d'accepter l'exploitation - que Colquhoun a proposé la création d'une force de police chargée d'« assainir les rapports de classe »[4].

Répression

L'historien Peter Linebaugh présente une facette plus sombre de Colquhoun. Il montre que celui-ci a sciemment mis en place des formes de répression violentes afin de servir les intérêts de la classe des propriétaires et industriels. Le régime capitaliste avait besoin d'une sous-classe laborieuse asservie aux salaires de subsistance pour maximiser ses profits. À la suite du mouvement des enclosures (The Inclosure Acts), les travailleurs de plus en plus désespérés étaient redoutés par ces classes supérieures. Le rôle de Colquhoun fut de maximiser les profits du capital en Angleterre en mettant en place diverses formes de répression : il criminalisa les droits coutumiers, dirigea la pendaison de petits voleurs et organisa la surveillance politique par des espions et des mouchards de ceux qui s'opposaient à l'esclavage.[5]

Œuvres

On lui doit des écrits sur le commerce et sur l'instruction de la classe ouvrière ainsi que :

  • Traité de la police de Londres, 1796
  • Traité de la population, de la puissance et des ressources de l'empire britannique, 1814

Notes et références

  1. Police de prévention
  2. Yasha Levine, L’invention du capitalisme : comment des paysans autosuffisants ont été changés en esclaves salariés pour l’industrie, 5 avril 2012, traduction sur le site Le Partage.
  3. Sir Alex Ferguson, Principes de la science morale et politique., Hachette Livre BNF, , 197 p. (ISBN 2-01-347214-5 et 978-2-01-347214-2, OCLC 987748222, lire en ligne)
  4. Patrick Colquhoun, Traité sur la police de Londres: contenant le détail des crimes et délits qui se commettent dans cette capitale, et indiquant les moyens de les prévenir, L. Collin, (OCLC 15149389, lire en ligne)
  5. (en-US) « Police and Plunder », sur CounterPunch.org, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, Tome 1, Ch. Delagrave, 1876, p. 636
  • Jacques-Alphonse Mahul, « Patrice Colquhoun », dans Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel et continuation de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, Paris, Ponthieu, (lire en ligne), p. 330-335

Articles connexes

Liens externes

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