Pacte de Ralito

Le pacte de Ralito est un document, signé le , qui prouve l'existence, en Colombie, d'un accord entre les AUC, plusieurs parlementaires ou anciens parlementaires (dont sept députés et quatre sénateurs), cinq maires, deux gouverneurs (celui de Sucre et de Cordoba), un journaliste, et d'autres fonctionnaires pour « refonder la patrie »[1]. La plupart des signataires ont été arrêtés le , inculpés d'association aggravée de malfaiteurs, bien que certains aient essayé, sans succès, de se faire inculper pour délit de sédition[2]. L'existence du Pacte de Ralito a été dévoilé fin 2006 par le sénateur Miguel Alfonso de la Espriella, l'un des signataires, sur ordre d'un des chefs des AUC, Salvatore Mancuso. Le contenu du document a été révélé publiquement en à la suite des déclarations de Jorge 40, responsable des AUC, lors des négociations de paix, et une des copies du document lui-même remis à la justice par Mancuso lors d'une de ses auditions[1].

Extrait du Pacte de Ralito, document signé le , sur lequel on peut voir la signature des dirigeants des AUC, dont celle de Jorge 40, aux côtés de celles de plusieurs politiques, dont le gouverneur de Sucre et de Cordoba.

Selon les enquêtes de l'hebdomadaire colombien El Espectador, le pacte a été signé dans le cadre d'une stratégie des AUC afin de consolider leur pouvoir en marge de la loi, en s'appuyant sur le narcotrafic et concrétiser, à l'avenir, la prise du pouvoir politique, d'abord dans la région Caraïbe puis au niveau national. Dénommé « Plan Birmanie », en référence au pays situé dans le Triangle d'or asiatique, cette initiative n'a pas fait l'unanimité au sein des AUC. Carlos Castaño a en effet refusé de l'appuyer, s'opposant aux leaders d'alors du Bloque Central Bolívar des AUC, Iván Roberto Duque alias « Ernesto Báez » et Carlos Mario Jiménez alias « Macaco », fortement liés aux trafic de stupéfiants, et décidant finalement de démissionner[3]. Castaño a par la suite été assassiné par son propre frère, Vicente Castaño[4],[5], fondateur du groupe paramilitaire Águilas Negras, créé à la suite de la démobilisation des AUC et qui refuse toute négociation avec le gouvernement Uribe.

Deux universitaires argentins, Mario Alfredo Sandoval et Juan Antonio Rubbini Melato, étaient présents à la réunion de Ralito de 2001, selon Alfonso de la Espriella, en tant que conseillers politiques des AUC[6],[7],[8]. Sandoval, référencé avec le no 1076/1163 dans le rapport de la Commission nationale sur la disparition de personnes (CONADEP), à propos de l’enlèvement d’un étudiant d’architecture pendant la « guerre sale » des années 1970[8], et désormais spécialisé dans l'intelligence économique, a notamment été chargé de cours à l'IHEAL, enseignant aussi à la Sorbonne nouvelle et à l'Université de Marne-la-Vallée[6]. Il a fait partie d'une délégation au Chili présidée par Alain Juillet, ancien chef de la DGSE et depuis haut responsable chargé de l'intelligence économique au SGDN[6],[9].

Références

  1. (es) « 32 personas firmaron el 'acuerdo de Ralito' », Radio Caracol, 19 janvier 2007.
  2. (es) « Ordenan la captura de los congresistas que firmaron el pacto de Ralito », Radio Caracol, 14 mai 2007.
  3. (es) « Los secretos del Plan Birmania », El Espectador, 14 novembre 2007.
  4. Jean-Hébert Armengaud, « Le chef des miliciens colombiens torturé et exécuté par les siens », Libération, 2 septembre 2006.
  5. (es) Hernando Salazar, « Misterio de Carlos Castaño, develado », BBC Mundo, 4 septembre 2006.
  6. (es) Eduardo Febbro, « Un amigo de los para », Página/12, 16 mars 2008.
  7. Laurence Mazure, « Imprudences ou connivences », Le Monde diplomatique, mai 2007, p. 8–9.
  8. Laurence Mazure, « Un tortionnaire de la dictature conseiller de Sarkozy ? Assistera-t-il à la rencontre Kirchner-Sarkozy du 7 avril ? », Coordination de soutien aux luttes du peuple argentin (CALPA), 25 mars 2008.
  9. Sylvain Lapoix, « Les Chambres de commerce ont aidé l'ex-tortionnaire argentin à se recycler »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), Marianne, 11 avril 2008.

Liens internes

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