Ours dans les Alpes
L'ours indigène dans une grande partie de l'Europe fut abondamment chassé au cours du Moyen Âge. Il se retrouva peu à peu cantonné aux régions montagneuses telles que les Alpes, les Pyrénées, le Jura et les Vosges au XVIIIe siècle.
France
La principale cause de disparition de l'ours des Alpes françaises a été la chasse.
Durant le XIXe siècle, les armes à feu ont envahi les campagnes. Sur le plan législatif, en 1844, l'ours a été déclaré "nuisible" : "les ours pourront être détruits partout, en tous temps et par tous moyens et en tous lieux...". Entre 1860 et 1904, des battues ont été organisées chaque année, en particulier dans le Vercors et dans les Bauges.
L'environnement de l'ours a été également transformé sur plusieurs fronts, ce qui a contribué à la fragmentation de petites populations (sans contact entre elles) qui ont été progressivement poussées à l'extinction :
- déforestation due à l'industrie papetière et à la mise en culture des terres en moyenne montagne, - ouverture de nombreuses routes à l'explosif afin de permettre la circulation de l'artillerie ou le désenclavement de certaines régions isolées (dans le Vercors en 1825 par exemple), - augmentation de la démographie humaine, en particulier dans les vallées profondes entre les massifs.
Ainsi, dès la fin du XIXe siècle, la partie française du massif alpin cumulait tous les facteurs propices à la disparition de l'ours, même si celle-ci n'est survenue que vers 1940 (estimations 300 ours en 1800, 70 en 1860, 20 en 1900, dernière observation en 1937 dans le Vercors).
En 1895, l'un des derniers ours des Alpes est tué près d'Orcières[1].
À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, l'évolution de certains facteurs environnementaux et juridiques (déprise agricole et accroissement du taux de boisement en moyenne montagne, classement de l'ours parmi les espèces protégées) ainsi que l'augmentation de la population d'ours présente dans les Alpes italiennes, laquelle étend son aire de répartitions en amorçant une recolonisation de la Suisse, rend envisageable une réapparition spontanée de l'ours dans les Alpes françaises avant le milieu du XXIe siècle.
Italie
Les ours ont toujours été présent dans le Trentin, mais leur population n'a fait que chuter à cause du braconnage jusqu'à ce qu'entre 1999 et 2002, sept femelles et trois mâles capturés en Slovénie soient relâchés dans cette partie des Alpes italiennes où subsistaient seulement trois ours autochtones.
Slovénie
Après avoir atteint un effectif critique de 30 à 40 individus, avant la Première Guerre mondiale, la population d'ours de Slovénie a augmenté peu à peu. C'est à partir de 1931 que la Slovénie a mis en place un programme de protection de l'espèce. À la fin des années 1950, le nombre d'ours est estimé à 160 sur le territoire Slovène[2]. En 2006, la population s'élève à 300 à 400 individus
Suisse
En 2005, un ours provenant du Trentin en Italie a été aperçu en Suisse dans le canton des Grisons. Ce fut le premier ours brun observé en Suisse depuis 1923[3]. L'Ours JJ3 fut abattu en 2007 car devenant trop menaçant ainsi que l'Ours M13 en 2012 pour les mêmes raisons. Il n'est pas possible d'établir avec certitude le nombre d'ours vivant sur le territoire suisse, toutefois, en 2016[4], trois ours avaient été recensés: deux vivants dans les Grisons en Engadine et un dans les Alpes uranaises. Le 29 mai 2017, un jeune ours a été observé pour la première fois en 190 ans[5] dans les Alpes bernoises.
Dans le canton du valais le dernier ours est tuée en 1865 [6]. Le dernier ours suisse sauvage est tué en 1904 aux Grisons[7].
Références
- La Traversée des Alpes - De la Maurienne à l'Ubaye, « Les mammifères disparus », Fédération française de la randonnée pédestre, 2016. (ISBN 2751408702)
- (en) Dinalpbear.eu, « The bear in Slovenia »
- Le WWF regrette la décision du Conseil des Etats d’affaiblir le statut de protection des grands prédateurs, WWF Suisse, consulté le 29 mai 2017
- Un ours aperçu dans le canton de Berne, une première depuis 190 ans, RTS, consulté le 29 mai 2017
- L'ours sauvage est de retour, après 190 ans, 20 minutes, consulté le 29 mai 2017
- Alexandre Scheurer, « Retour sur la disparition de l’ours en valais », Passé Simple n°8, , p. 28-30
- « Il y a 100 ans mourait le dernier ours suisse... », sur SWI swissinfo.ch (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication DETEC. Office fédéral de l’environnement OFEV.Division Gestion des espèces, Plan Ours : Plan de gestion de l’ours brun en Suisse, Confédération suisse, , 22 p. (lire en ligne [PDF]).
- Unité Conservation de la nature, zone côtière et tourisme, La conservation de l'ours brun dans l'Union Européenne : actions cofinancées par LIFE-Nature, Direction Générale “Environnement, Sécurité Nucléaire et Protection Civile” de la Commission Européenne, 44 p. (lire en ligne [PDF]).
- Claudio Groff, La réintroduction de l’ours dans le Trentin (Alpes Italiennes) : Bilan 10 ans plus tard, Ligue pour la Protection des Oiseaux Coordination Rhône-Alpes (LPO Rhône-Alpes), , 5 p. (lire en ligne [PDF]).
- Georges Erome, « La réintroduction de l’Ours dans les Alpes françaises ou l’histoire d’une tentative avortée », dans Colloque : Les réintroductions, un atout pour restaurer les écosystèmes ?, Lyon, 10 et 11 février 2012 (lire en ligne).
- Marcel A.J. Couturier, « L'ours brun dans les Alpes françaises. Sa chorologie actuelle. Le dernier ours tué (Maurienne, Savoie). Le dernier ours vu (Vercors, Drôme) », Revue de géographie alpine, vol. 30, no 4, , p. 781-790 (DOI 10.3406/rga.1942.4363, lire en ligne, consulté le ).
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