Ouacif

Ouacif, ou parfois Ouasif ou Ouassif (en arabe: واسيف et en kabyle: At Wasif) est une commune de la wilaya de Tizi Ouzou en Algérie. Ouacif est la commune chef lieu de la daïra éponyme N'ath Ouacif et se situe dans la région de Grande Kabylie.

At Wasif

Ouacif au pied de Thaletat (la main du juif)
Noms
Nom arabe واسيف
Nom berbère ⴰⵜ ⵡⴰⵙⵉⴼ - At Wasif
Administration
Pays Algérie
Région Grande Kabylie
Wilaya Tizi Ouzou
Daïra Ouacif[1]
Code postal 15015
Code ONS 1548
Indicatif 026
Démographie
Population 10 313 hab. (2008[2])
Densité 600 hab./km2
Géographie
Coordonnées 36° 31′ 25″ nord, 4° 12′ 20″ est
Superficie 17,18 km2
Localisation

Localisation de la commune dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Géolocalisation sur la carte : Algérie
At Wasif
Géolocalisation sur la carte : Algérie
At Wasif

    Géographie

    Localisation

    La commune de Ouacif se situe au sud de la wilaya de Tizi Ouzou.

    Localités de la commune

    Lors du découpage administratif de 1984, la commune de Ouacif est composée à partir des localités suivantes[3] :

    • Larbaa des Ouacifs
    • Zahloune
    • Bou Abderrahmane
    • Aït Abbas
    • Zoubga
    • Tikidount
    • Tikichourt
    • Zaknoun
    • Ait Sidi Athmane
    • Tiguemounine

    Relief

    La commune se situe à flanc de la montagne du Djurdjura, culminant à 1 638 m, au lieu-dit Thaletat. La commune tient d'ailleurs son nom de la rivière qui la traverse dans toute sa longueur.

    Démographie

    La population est estimée à 10 313 habitants, selon les statistiques les plus récentes.

    La commune des Ouacifs est une région entièrement berbérophone, habitée par les Kabyles depuis les temps anciens.

    Le dialecte local se caractérise par la non prononciation du son [ ع ] tout en le remplaçant par le son

    [ a ].

    Histoire

    Historiquement, la tribu des Aït Ouacif appartenait aux Aït Betroun, avec les Aït Yenni, les Aït Boudrar, et les Aït Bou Akkach. Les Aït Betroun faisaient partie de la puissante confédération des Zouaoua (Igawawen en kabyle), aux côtés de leurs voisins, les Aït Menguellet.

    La confédération des Zouaoua est une tribu importante de l'ancienne Kutama[4].

    En l'an 1746 ou 1747, les Ottomans sous le commandement du Bey Mohammed Ben Ali (surnommé « ed-Debbah », signifiant l’égorgeur) ont décidé faire soumettre les Aït Betroun, plus précisément, les Aït Ouacif. Le Bey tente d’enlever le grand marché de la tribu, Souk es-Sebt, en passant par les Aït Sedka[5]. Mais l'opération s'est terminée par un fiasco meurtrier pour les Ottomans qui ont été obligés de se retirer[6]. Le Bey, désespéré de son insuccès, essaya un subterfuge pour intimider ses adversaires. Un envoyé du Bey apporte du pain blanc aux Aït Ouacif avec promesse que, s'ils se soumettent, ce pain deviendra leur nourriture de chaque jour. Les Kabyles ont répondu :

    « Reporte au bey son pain blanc, et répète-lui que nous préférons notre piment rouge, qui fait circuler le sang plus vif dans nos veines et nous donne plus d'ardeur encore pour combattre l'étranger[7]. »

    Voici une autre version du récit :

    Ces aliments, recouverts d'une forte couche de poivre qui brûle notre sang lorsque nous les mangeons, ravivent notre ardeur guerrière, notre haine pour l'étranger et nous donnent la force nécessaire pour les exterminer[8].

    Après la défaite des forces Ottomanes face aux autres tribus de la Grande Kabylie, ils ne vont plus jamais essayer de soumettre les Zouaoua proprement dits (les Aït Betroun et les Aït Menguellet). Deux ou trois ans après la victoire des Aït Ouacif contre les Ottomans, une assemblée a eu lieu dans le territoire de la tribu des At Ouacif entre les marabouts (saints) des tribus des Aït Betroun, incluant une tribu disparue peu après, les Aït Ou Belkacem. Dans une traduction du manuscrit original en arabe, il est écrit ainsi :

    Tout le monde se plaignait d'un état des choses dommageables, source de discordes, de troubles et de conflits dans les villages, les tribus et la confédération des Béni Betroun. L'assemblée générale prononça donc, à l'unanimité des voix :

    1. L'exhérédation de la femme;
    2. L'extinction du droit de retrait sur les biens immobilisés;
    3. L'extinction du droit de préemption pour les filles, les sœurs et les orphelins;
    4. La déchéance du droit au don nuptial pour la femme répudiée, ou veuve[9].

    Les Aït Betroun n'ont pas été les seuls à appliquer ces lois. D'autres tribus kabyles, comme les Aït Fraoussen et les Aït Iraten, et leurs alliés, les Aït Sedka, ont pris la même décision, même si ça contredit la Charia, la loi islamique. Le but de cette loi est d'éviter les étrangers, même quand il s'agit des Kabyles d'autres tribus, d'avoir des terres ou d'autres possessions dans les villages locaux.

    Avant et durant l'assemblée de 1749, la confédération des Aït Betroun comprenait cinq tribus au lieu de quatre. Une est maintenant disparue, c'est la tribu des Aït Ou Belkacem. La tribu des Aït Ou Belkacem comprenait quatre villages : Taourirt el-Ḥedjadj (anciennement appelé Takhabit), Tassaft Ouguemoun, Aït Eurbaḥ et Aït Ali Ou Ḥerzoun. Tous ces villages ont été absorbés par les tribus voisines à une date inconnue, mais bien après l'assemblée de 1749 durant une guerre tribale interne, car la tribu était mentionnée dans le manuscrit de l'exhérédation de la femme. Les Aït Yenni ont pris Taourirt el-Ḥedjadj (Takhabit), les Aït Boudrar ont pris Aït Ali Ou Ḥarzoun, Aït Eurbaḥ et Tassaft Ouguemoun, mais les deux derniers ont été repris par les Aït Ouacif.

    L'histoire de la région est comparable à celle de toute la Kabylie. Il y a peu de temps, la population locale légiférait et un ordre impeccable gérait les relations entre les villageois, et aussi avec les autres villages.

    Économie

    L'artisanat est représenté par la fabrication du tamis et du carde (métier de transformation de la laine) à Zaknoun et des selles pour ânes et chevaux à Aït Abbas.

    Personnalités liées à la commune

    Vue de Ouacif depuis le Djurdjura
    • Guerre d'Algérie : colonel Amirouche Ait Hamouda, Abdelkader Aït Iftène[10]
    • Littérature et Poésie : Mohand Idir Aït Amrane, Ben Mohamed, Mohamed Ben Hanafi, Hocine Ouarab, Lynda Koudache, Ramdane Abdenbi, Ait Boussad Akli, Mourad Rahmane.
    • Musique : Atmani, Hassen Abbassi, Slimane Chabi, Kaloune Djamel, Slimane Kaloune, Nadia Baroud, Ait Rahmane, Amrane Dahmane, Al-anka (Ait Boumahdi), Ould Mammar Mustapha, Kaky Ararby.
    • Peinture : Djaffar Benmesbah
    • Politique : Ould Mammar Mohammed Arab (grand-père) de Tikichourt compagnon de Hocine Aït Ahmed ce dernier a fait ses études primaires à l'école primaire de Bouabderrahmene qui fut l'une de premières écoles installées par les Français dans la région.
    • Sport : Saib Moussa, Mansouri, Djamel Menad, Ameur Benali.
    • Théâtre et cinéma : Belkacem Hedjadj, Ait Ali Belkacem Salem grand acteur , Belkacem Kaouane, .

    Notes et références

    1. « Décret executif n° 91-306 du 24 août 1991 fixant la liste des communes animées par chaque chef de daïra. 15 - Wilaya de Tizi Ouzoou », Journal officiel de la République Algérienne, (consulté le ), p. 1301
    2. [PDF]Recensement 2008 de la population algérienne, wilaya de Tizi Ouzou, sur le site de l'ONS.
    3. Journal officiel de la République Algérienne, 19 décembre 1984. Décret no 84-365, fixant la composition, la consistance et les limites territoriales des communes. Wilaya de Tizi Ouzou, page 1508.
    4. Ibn Khaldoun, , Alger, Éd Berti, coll. « William Mac-Guckin de Slane », 2003 ( (ISBN 9782705336394))
    5. (fr) Revue Africaine, Paris, , p. 296
    6. (fr) Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs, tome 62, Paris, , 1070 p. (lire en ligne), p. 125
    7. (fr) Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs, tome 62, Paris, , 1070 p. (lire en ligne), p. 125
    8. (fr) Revue Africaine, Paris, , p. 297
    9. (ar + fr) Patroni, F., Délibération de l'année 1749 dans la Grande Kabylie (Revue Africaine) (lire en ligne), p. 318
    10. « Rétablir la vérité des faits », sur Djazairess (consulté le )

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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