Odilon de Cluny

Saint Odilon de Cluny (parfois connu comme Odilon de Mercœur), né vers 962 au château de Mercœur près de Saint-Cirgues (aujourd'hui en Haute-Loire en France) et mort le au prieuré de Souvigny, est un religieux français[2]. Il est le cinquième abbé de Cluny de 994 à sa mort. Sous son abbatiat se développe un ordre clunisien qui acquiert une grande influence religieuse et puissance politique.

Odilon de Cluny

Statue de saint Odilon (Basilique Saint-Urbain de Troyes).
Moine, abbé et Saint
Naissance v.962
probablement Saint-Cirgues, (Auvergne)
Décès   (86 ans)
Souvigny (Bourbonnais, Royaume de France)
Nationalité française
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Vénéré à Souvigny (Allier)
Vénéré par l'Église catholique, Bénédictins
Fête 31 décembre, 1er janvier ou 3 janvier[1]

Biographie

C'est un fils de la famille seigneuriale de Mercœur en Auvergne, branche de la famille des comtes d'Auvergne[3], dont les terres se trouvaient sur les plateaux situés de part et d'autre de l'Allier entre Brioude et Langeac[4]. Il commence ses études comme chanoine à l'église Saint-Julien de Brioude. En 991, Mayeul, quatrième abbé de Cluny l'attire à l'abbaye où il enseigne les novices.

Vers la même époque, il est élu abbé du vivant de Mayeul, dont il devient le coadjuteur, en présence de l'archevêque de Lyon, Burchard, de l'évêque de Genève, Hugues et de l'évêque de Grenoble, Isarn[5]. À la mort de Mayeul en 994, Odilon devient le cinquième abbé de Cluny. Il fait achever entre 1002 et 1018 les travaux de l'église Saint-Pierre-le-Vieil ou Cluny II[6].

Dans son développement de la « réforme clunisienne » il augmente le nombre de monastères affiliés à Cluny jusqu'à 68. Il séjourne régulièrement à l'abbaye de Romainmôtier dont il devient l'abbé[7]. À celle de Payerne, il y exerce tous les pouvoirs qui sont attachés à la dignité d'abbé et est souvent désigné comme abbé de Payerne, bien qu'aucune source n'atteste ce propos[1].

Il est le principal organisateur de l’empire religieux de Cluny, avec ses monastères affiliés. Avec l’appui du pape, il étend l’ordre clunisien au-delà des Pyrénées et du Rhin.

Le , il reçoit le prieuré de Paray-le-Monial des mains d'Hugues, comte de Chalon et évêque d'Auxerre, en présence de trois évêques, du roi de France Robert II le Pieux, ainsi que du duc de Bourgogne Henri Ier lors d'une grande cérémonie en l'abbaye Saint-Marcel-lès-Chalon.

Cet accroissement de la puissance de l'ordre de Cluny et l'indépendance juridictionnelle de l'abbaye va créer un conflit avec les évêques au moment où Odilon tente de rattacher l'abbaye de Vézelay à l'ordre clunisien. Au cours du concile d'Anse de 1025, les évêques rappellent que les abbayes dépendent de l'évêque du diocèse où elles sont situées, conformément aux décisions du concile de Chalcédoine. Le pape rappelle sa primauté dans l'Église en 1027. Adalbéron de Laon raille le « roi Odilon ». Sur les conseils de Guillaume de Volpiano, Odilon renonce au rattachement de l'abbaye de Vézelay à celle de Cluny. Finalement ce rattachement sera fait plus tard, vers 1058, par Hugues de Semur[8].

Le , il fonde avec sa famille le prieuré Sainte-Croix de Lavoûte-Chilhac.

En 1027, il est présent au couronnement impérial de Conrad II à Rome.

En 1037, il introduit la « Paix de Dieu » à Lausanne. Il réunit autour d'Hugues de Bourgogne, l'ordinaire du lieu, différents prélats et seigneurs des environs afin de signer une trêve qui durera neuf mois[1].

À la mort d'Odilon, l'ordre de Cluny compte environ 70 prieurés et abbayes.

On lui attribue des pouvoirs thaumaturges, avec la guérison d’un aveugle, et d'autres miracles comme la transformation de l’eau en vin[9]. Ces miracles suscitent de nombreuses vocations et de nombreux dons, à l'avantage de Cluny. Il est à l’un des promoteurs de la Paix de Dieu et de la Trêve de Dieu ainsi que, vers 1030, de la commémoration liturgique des morts[10], qu'il propose à tous les monastères clunisiens, célébrée au lendemain de la fête de la Toussaint, le 2 novembre (cette fête est célébrée pour la première fois le [11]).

Pour secourir les pauvres, il n'hésite pas à sacrifier une partie du trésor de son ordre, déjà bien pourvu à l'époque. Il refuse en 1031 l’archevêché de Lyon. Sa pensée théologique a laissé, à Cluny, une empreinte importante même après sa mort. Odilon est décrit comme

« un petit homme maigre et nerveux [...] Peu éloquent, aimant l'autorité et ne le cachant pas, jaloux de ses prérogatives, il fut un chef très énergique et un organisateur inégalable. Mais il sut aussi être doux et charitable et il lui arriva souvent de comprendre, mieux que ses contemporains, les problèmes de son époque[4]. »

Il est également décrit par son disciple Jotsald comme un homme

« de taille moyenne, regard plein d'autorité et de grâce, visage souriant, doux aux humbles, mais terrible aux superbes. Il était maigre et pale avec une démarche grave et des gestes tranquilles. Sa voix était harmonieuse et forte, et il savait aussi bien se taire que parler à propos. Chef prudent et juste toujours à la recherche du vrai[...] conseiller des princes et des papes il était le médiateur par excellence[...] pour les coupables il n'était pas un juge mais un médecin[12]. »

Il repose dans l'église prieurale de Souvigny, aux côtés de son prédécesseur Mayeul[13]. Les sondages et les fouilles archéologiques menés entre et ont mis au jour leurs sépultures oubliées depuis les déprédations de la Révolution française. Elles ont été restaurées en 2009.

Il est fêté les 31 décembre ou 1er janvier (date retenue au martyrologe romain)[14],[15].

Voir aussi

Notes

  1. Gian Franco Schubiger, Saints, martyrs et bienheureux en Suisse, Saint-Maurice, Saint-Augustin, , 217 p. (ISBN 978-2-88011-158-8, lire en ligne), Odilon (962-1048), « Les abbés de Payerne », p. 81-83
  2. Une autre hypothèse quant à son lieu de naissance est la « butte de Mercœur » près d'Ardes-sur-Couze (Puy-de-Dôme). Quant à sa mort on donne également les dates du 1er ou 2 janvier 1049.
  3. MSM éditions : abbatiat d'Odilon
  4. Marcel Pacaut, Les ordres religieux au Moyen Âge, Nathan, 1970, p.57
  5. Archives de Genève
  6. Encyclopédie universelle : Cluny - l'abbatiat d'Odilon
  7. Article Odilon de Cluny dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  8. Adolphe-Charles Peltier, Dictionnaire universel et complet des conciles tant généraux que particuliers, des principaux synodes diocésains et des autres assemblées ecclésiastiques les plus remarquables, t. 2, Paris, Jacques-Paul Migne, , 664 p. (lire en ligne), p. 1217-1223.
  9. Agnès Gerhards, L'abbaye de Cluny, éditions Complexe, 1992, (ISBN 2-87027-456-4), p.19
  10. « Saint Odilon et la fête des morts », article de François Nosjean paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 109 de mars 1997, pages 23 à 25.
  11. Ambroise Guillois, Les Saints Evangiles des Dimanches et principales fêtes de l'année, Fleuriot, 1840.
  12. Léon cote, Moines, sires et ducs à souvigny, nouvelle édition latine
  13. P. Jardet, Odilon de Cluny. Sa vie, son temps, ses œuvres
  14. Voir saint Odilon de Cluny sur Nominis
  15. (it) Sant' Odilone di Cluny sur SantiBeati

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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