Comte Orlock

Le comte Orlock (également orthographié Orlok), est un personnage de fiction créé par Friedrich Wilhelm Murnau et Henrik Galeen en 1922 pour le film Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, 1922) avec Max Schreck qui incarne le comte vampire. Il s'agit en fait du comte Dracula créé par Bram Stoker, dont Albin Grau, producteur du film, a fait changer le nom (et de tous les personnages du roman) pour éviter de payer des droits d'adaptation. Dans le remake de Werner Herzog, Nosferatu, fantôme de la nuit (Nosferatu: Phantom der Nacht, 1977), le personnage du vampire interprété par Klaus Kinski reprend le nom du comte Dracula.

Comte Orlock
Personnage de fiction apparaissant dans
Nosferatu le vampire.


Graffiti s'inspirant du personnage d'Orlock d'après un photogramme de Willem Dafoe dans L'Ombre du vampire.

Alias comte Dracula
Origine Transylvanie
Sexe masculin
Espèce Vampire
Cheveux Sans (sauf dans Nosferatu à Venise)
Caractéristique Oreilles pointues
Incisives pointues
Double littéraire Comte Dracula
Entourage Knock
Ennemi de Thomas Hutter
Ellen Hutter
Professeur Bulwer

Créé par Albin Grau d'après Bram Stoker
Interprété par Max Schreck (1929)
Klaus Kinski (1977 et 1988)
Films Nosferatu le vampire
Nosferatu, fantôme de la nuit
Nosferatu à Venise

Historique

Nosferatu le vampire

Max Schreck interprète du rôle du comte Orlock dans le film de Murnau.

Sollicité par Albin Grau en 1921, Murnau décide d'adapter à l'écran le roman de Bram Stoker, Dracula, publié en 1897. Mais le producteur refuse de payer des droits et demande au scénariste Henrik Galeen de changer les noms des personnages et divers éléments, ce qui n'évitera pas des poursuites judiciaires de la part de la veuve de Stoker, puis la mise en faillite de la maison de production Prana Film. Ainsi, dans la version allemande, le comte Dracula devient le comte Orlock, joué par Max Schreck.

Le personnage doit beaucoup à Albin Grau, coproducteur et responsable des décors et costumes[1], lui-même s'inspire des tableaux de Hugo Steiner-Prag (de), illustrateur du roman de Gustav Meyrink Le Golem[2]. Chauve, pâle, à oreilles et incisives pointues (au lieu des canines), Orlock diffère de son modèle original tant sur le plan physique que psychologique.

Dans la version française du film de Murnau, les intertitres reprennent les noms originaux des personnages de Bram Stoker, dont Dracula à la place d'Orlock[2].

Nosferatu, fantôme de la nuit

En 1979, Werner Herzog sort un remake, Nosferatu, fantôme de la nuit (joué par Klaus Kinski) le vampire reprend le nom de Dracula, confirmant qu'il s'agit bel et bien du même personnage.

Nosferatu à Venise

Onze ans après sort ce qui devait en être la suite officielle, Nosferatu à Venise, où Kinski reprend son rôle. Ici, le personnage est appelé sans raison explicite Nosferatu. Le vampire apparait cette fois sous une apparence plus humaine, avec notamment des cheveux (contrainte due à un caprice de Kinski qui avait trouvé le maquillage du premier film trop douloureux). Le comportement agressif de l'acteur durant le tournage (insultant le réalisateur, lui lançant un miroir à la tête devant toute l'équipe, marchant en dehors du champ de la caméra...) mit le budget à sec et ruina complètement la carrière du film[3].

Caractéristique du personnage

Costume du vampire porté par Klaus Kinski dans le film Nosferatu fantome de la nuit, de Werner Herzog, Filmmuseum de Düsseldorf.

Le comte Orlock possède certaines similitudes mais aussi de nombreuses différences avec le Dracula de Stoker. Dracula est dans le roman, un vieillard qui rajeunit au fur et à mesure de l'histoire. Bram Stoker le décrit de la sorte : « Son nez aquilin lui donnait véritablement un profil d'aigle : le front haut, bombé, les cheveux rares aux tempes mais abondants sur le reste de la tête ; des sourcils broussailleux se rejoignant presque au-dessus du nez, et leurs poils, tant ils étaient long et touffus donnaient l'impression de boucler. La bouche du moins ce que j'en voyais sous l'énorme moustache, avait une expression cruelle, et les dents, éclatantes de blancheur, étaient particulièrement pointues ; elles avançaient au-dessus des lèvres dont le rouge vif annonçait une vitalité extraordinaire chez un homme de cet âge. Mais les oreilles étaient pâles, et vers le haut se terminaient en pointe ; le menton, large, annonçait, lui aussi, de la force, et les joues, quoique creuses, étaient fermes. Une pâleur étonnante […] ».

Orlock possède comme le Dracula du roman, un nez aquilin, un front haut, des sourcils broussailleux et des oreilles pointues. Ses particularités physiques sont d'ailleurs accentuées par le maquillage. Il n'a en revanche pas de cheveux ni de moustache et des incisives pointues à la place des canines. Le comte Orlock est pâle, rigide, le crâne chauve et déformé, tel un cadavre aux mains décharnées et au regard obnubilé, cerclé par un contour de suie.

Il craint la lumière du jour, susceptible de le terrasser. Cette particularité qui n'est pas présente dans le roman (puisque Dracula se promène en plein jour dans les rues de Londres) deviendra récurrente dans les films et les œuvres sur Dracula et sur les vampires, en général. Elle deviendra même une caractéristique du personnage fictif du vampire.

Le vampire de Murnau est très différent du personnage de Dracula tel qu'il sera représenté dans les futures adaptations filmées, notamment le Dracula de 1931, incarné par Bela Lugosi. Dans cette adaptation (qui sera la première officielle), le comte Dracula devient un homme élégant, un être au charme mystérieux et raffiné ; il porte une cape noire, un habit de soirée et ses cheveux sont plaqués sur la tête. Cette incarnation va faire référence pour le cinéma et l'imagerie populaire. Tous les futurs interprètes du personnage, Christopher Lee ou Frank Langella s'inspireront du personnage joué par Bela Lugosi.

Proximité phonétique

Le nom du comte Orlock est phonétiquement proche de celui de la famille russe des comtes Orloff et celui de Nosferatu est phonétiquement proche du roumain nesuferitu (littéralement « l'insupportable »)[4] qui désigne « l'innommable », le démon[5].

Emblème de l'expressionnisme allemand

Le jeu de Max Schreck est particulièrement expressionniste. La plus grande partie du film a été tournée avec des jeux d’ombres. Ces derniers confèrent au vampire une aura de terreur accentuée par la rareté de ses apparitions[2]. En particulier à la fin, lorsqu’il monte l’escalier menant à la chambre d’Ellen, son ombre s’étale sur le mur. Nosferatu est hors champ, le spectateur ne voit que cette ombre grandir, et cette main aux longs doigts qui s’avance vers la porte[2].

Divers effets visuels sont utilisés par Murnau afin de susciter l’inquiétude et le malaise : apparitions du comte se détachant de l’obscurité ; mouvements accélérés d’Orlock chargeant les cercueils destinés à l’abriter pendant son voyage vers Wisborg. De plus, la teinte de la pellicule accentue différents climats, comme c’est le cas pour les scènes de nuit en bleue et les séquences de jour, teintées de sépia.

Annexes

Articles connexes

Notes et références

  1. voir la « Biographie, Cinémathèque française »
  2. Fiche du film, Cinéclub de Caen
  3. Nosferatu à Venise sur nanarland.com.
  4. La forme nesferitu est citée dans le roman en allemand L'étranger des Karpathes de Karl von Wachsmann (1844).
  5. (ro) Tudor Pamfile et Iordan Datcu, Mitologie româneasca [« Mythologie roumaine »], București, Editura "Grai și Suflet - Cultura Naționala, coll. « Cuminţenia Pământului », , 417 p. (ISBN 978-973-9232-66-1, OCLC 895723355).


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