Nikolaï Berzarine

Nikolaï Erastovitch Berzarine (en russe : Николай Эрастович Берзарин), né à Saint-Pétersbourg le et mort à Berlin le , est un général de l'Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale. En 1945, il est devenu le premier commandant des forces d'occupation soviétiques à Berlin.

Nikolaï Erastovitch Berzarine

Nikolaï Erastovitch Berzarine

Naissance
Saint-Pétersbourg
Décès  41 ans)
Berlin, RDA
Origine Russe, puis soviétique
Grade Colonel général
Années de service 19181945
Commandement Armée rouge
Conflits Guerre civile russe
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Révolte de Kronstadt
Bataille du lac Khassan
Poche de Demiansk
Bataille de Berlin
Distinctions Héros de l'Union soviétique
Ordre du Drapeau rouge
Ordre de Lénine
Citoyen d'honneur de la ville de Berlin

Entre 1975 et 1992, Nikolaï Erastovich Berzarine a été citoyen d'honneur de la ville de Berlin[1]. Il l'est redevenu en 2003.

Vie privée

Né à Saint-Pétersbourg le , Nikolaï Berzarine est fils d'un serrurier († 1917) et d'une couturière († 1918) ; il a un frère et quatre sœurs. En 1913, il commence des cours du soir dans une école primaire de Pétrograd, puis il suit une formation de relieur ; mais à quatorze ans, il interrompt ses études pour rejoindre l'Armée rouge. En 1925, il épouse Natalia Prossiniouk, une employée de caisse d'épargne, avec qui il aura deux enfants : Larissa (1926) et Irina (1938).

Carrière politique et militaire

Guerre civile

Le , il se porte volontaire pour rejoindre l'Armée rouge (17e armée à Pétrograd). Il combat alors sur le front nord, à Arkhangelsk, contre les gardes blancs et les troupes britanniques. En 1921, il participe à la répression de l'insurrection de Kronstadt. En 1923, il est affecté en Sibérie, et il contribue en 1924 à la défaite des forces rebelles dans la région de l'Amour.

Entre-deux guerres

En 1924, il est membre du Komsomol. Après avoir suivi à Moscou une formation d'officier d'infanterie, il adhère au PCUS en 1926. En 1927, il est affecté en Extrême-Orient sibérien : il dirige une école de formation d'officiers à Irkoutsk en 1927, puis est chef adjoint de la formation des combattants et commandants de missions spéciales à l'OKDVA à Khabarovsk en 1933 ; en 1934, il est envoyé au siège du groupe maritime des forces, dont il devient chef de la 2e division en . Il est commandant (en 1935) et commissaire (1936) de la 26e division d'infanterie.

Durant la Grande Purge, il est accusé de devoir sa carrière aux « ennemis du peuple », mais il reçoit le soutien de plusieurs membres du PCUS.

En , il commande la 32e Division d'Infanterie. À ce titre, il participe à la bataille du lac Khassan et repousse les attaques japonaises, ce qui lui vaut d'être décoré de l'ordre du Drapeau rouge. En , il est nommé commandant du 59e Corps d'infanterie OKDVA et en , il devient adjoint au Commandant de l'Armée rouge d'Extrême-Orient. Le , il reçoit le grade de major.

En , après avoir été promu major général, Nicolas Berzarin quitte l'Extrême-Orient et est affecté à sa demande à Riga et devient commandant de la 27e armée de la région militaire spéciale de la Baltique.

Grande Guerre Patriotique

Mémorial à Marzahn

Lors de la Grande Guerre patriotique, Nikolaï Berzarine participe aux opérations de défense de la Baltique (lac Seliger), au sein du Front du Nord-Ouest. Il prend le commandement de la 34e armée du Front du Nord-Ouest en , et participe aux opérations dans la région de Demiansk en 1942. En , il est commandant adjoint de la 61e armée, et plus tard, de la 20e armée. Grièvement blessé en à Viazma, il reste dans un hôpital militaire jusqu'en . Il est promu lieutenant-général le .

À partir de , il est commandant de la 39e armée (Front de L'Ouest, Front de Kalinine et 1er Front Balte). Il participe aux batailles offensives de l'hiver 1943-1944 en direction de Vitebsk.

En , il commande la 5e armée de choc du 3e Front d'Ukraine, puis du 1er Front Biélorusse en . Il obtient de grands succès dans les opérations offensives des armées soviétiques : libération de Chișinău (Offensive de Jassy–Kishinev), pour laquelle il est promu Colonel Général et reçoit l'Ordre de Lénine ; franchissement des défenses allemandes dans la région Vistule-Oder ; opérations à la périphérie de Berlin (Bataille de Seelow). Sous son commandement, la 5e armée de choc est la première armée soviétique à atteindre les faubourgs de Berlin. Elle a pour mission particulière de s'emparer des bâtiments gouvernementaux situés dans le centre-ville, y compris la Chancellerie du Reich et le bunker d'Hitler. Son armée entre dans Berlin (Marzahn) le . Le , il encercle avec ses soldats le quartier général de la Gestapo dans la rue du prince Albert.

Commandant des forces d'occupation soviétiques à Berlin

Compte tenu des succès de la 5e armée de choc et des qualités personnelles de son commandant, Nikolaï Berzarine est fait Héros de l'Union soviétique le , à la veille de l'assaut final sur Berlin. Le , le maréchal Joukov le nomme premier commandant et chef de la garnison soviétique à Berlin. Un premier communiqué, daté du et signé du commandant Berzarine, indique que tous les pouvoirs sur Berlin sont confiés à son commandement. Il s'installe dans le quartier de Karlshorst situé dans le district de Lichtenberg.

Au titre de commandant de la ville, il se déclare en priorité en faveur de la restauration de l'ordre ; à cet égard, il crée une police à laquelle il confie la charge d'approvisionner la population en nourriture. Il pilote également l'installation de la première administration d'après-guerre, et se montre préoccupé d'une reprise de la vie culturelle en ville.

Nikolaï Berzarine a exercé la fonction de commandant de Berlin pendant 54 jours.

Décès

Nikolaï Berzarine trouve la mort le dans un accident de la circulation, au carrefour de la Schloßstraße et de la Wilhelmstraße (désormais Am Tierpark et Alfred Kovalko-Straße) dans le quartier de Friedrichsfelde.

Sa mort a donné lieu à plusieurs versions, voire à des légendes. Selon une première version, il aurait cherché à traverser une colonne de camions soviétiques qui lui coupaient la route au carrefour mais, n'étant pas habitué à piloter une moto munie d'un side-car, il aurait perdu le contrôle de sa moto et aurait heurté l'un des camions. Il serait mort sur place, ainsi que son ordonnance qui occupait le side-car. C'est la version officielle des autorités soviétiques de l'époque.

D'autres versions sont proposées, par exemple par le Dr Peter Yang, qui évoque des traces d'alcool dans le sang de Berzarine. Celui-ci aurait seulement heurté à grande vitesse une bordure de pierre et aurait été projeté en l'air et tué par sa chute. Un témoin, Fritz Kovirshke, laisse entendre que le général Berzarine pratiquait une conduite sportive de sa moto.

Enfin, des rumeurs font état d'un assassinat, soit par des Werwolf SS, soit par le NKVD.

Nikolaï Berzarine est enterré à Moscou au cimetière de Novodevitchi.

Hommage

Plaque à la mémoire de Nikolaï Berzarine sur la Bersarinplatz dans le quartier de Friedrichshain à Berlin

Le titre de citoyen d'honneur de la ville de Berlin a été décerné à Nikolaï Berzarine de manière posthume en 1975, par le gouvernement de la RDA. En 1992, après la réunification allemande, Berzarine a été exclu de la liste des citoyens d'honneur. À la suite d'un débat animé, le maire de Berlin, Klaus Wowereit, lui a de nouveau décerné le titre le , sur la base de documents supplémentaires. Les détracteurs de Berzarine affirmaient qu'il était responsable de la déportations de 47 000 Baltes, mais ces accusations furent réfutées par le fait qu'à la date invoquée, Berzarine se trouvait à Vladivostok[2].

Il existe une place Berzarine (en allemand : Bersarinplatz) dans le quartier de Friedrichshain ; depuis , il existe également un pont Nikolaï Berzarine (Nikolai-E.-Bersarin-Brücke) dans le quartier administratif de Marzahn-Hellersdorf. Il existe par ailleurs des rues N.-E. Bersarin à Moscou, Donetsk, et d'autres villes de l'ex-URSS.

En , le musée germano-russe de Berlin a proposé une exposition consacrée à la vie du général Berzarine et à son action en tant que commandant de Berlin. L'historien Peter Yang, directeur du musée, a déclaré :

« Je suis bien sûr particulièrement intéressé par tout ce qui concerne ma ville natale. Et il est difficile de trouver une période plus dramatique que fin de avril - début mai 1945. On ne peut donc pas manquer d'attirer l'attention sur une figure humaine, qui à l'époque a pris sous son “commandement” toute la ville, et a été responsable de deux millions d'habitants pendant tout le temps qui lui restait à vivre. »

Décorations

Liens externes

Sources

Notes et références

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