Nicodème

Nicodème (Grec ancien: Νικόδημος, Nikódēmos) est un des premiers disciples de Jésus. Pharisien et membre du sanhédrin, Nicodème apparaît trois fois dans l’Évangile selon Jean : il va écouter son enseignement (Jn 3. 1-21), il prend sa défense lorsqu’il est malmené par les pharisiens (Jn 7. 45-51), il aide Joseph d’Arimathie lors de la descente de croix et la mise au tombeau (Jn 19. 39-42).

Pour les articles homonymes, voir Nicodème (homonymie) et Saint-Nicodème.

Ne doit pas être confondu avec Nicomède.

Statue en bois de saint Nicodème (Bourgogne).

Pour la tradition chrétienne antique, c'est l'un des trois dirigeants pharisiens qui sont secrètement disciples de Jésus avec Gamaliel l'Ancien (Clément, Recognitiones, 1, 65) et Joseph d'Arimathie.

Son nom est formé en grec ancien sur les deux noms de νίκη nikê, « victoire » et δῆμος dêmos, « peuple ». Il vient probablement de la translittération du nom hébreu, Niqdamon[1].

L’Évangile de Nicodème (aussi appelé Actes de Pilate) est un évangile apocryphe, qui raconte de façon très détaillée le procès de Jésus. C'est un des rares textes chrétiens qui relate la descente aux Enfers du Christ.

Dans l'Évangile selon Jean

Jésus et Nicodème, Crijn Hendricksz Volmarijn, 1601-1645.

Au tout début de cet évangile, Nicodème « Pharisien et chef des Juifs », vient rencontrer secrètement Jésus de nuit pendant que celui-ci se trouve à nouveau à Jérusalem pour les fêtes de Pessah, après « l'expulsion des marchands du temple » lors d'une précédente fête de Pessah. À noter que dans les trois évangiles synoptiques, qui n'ont retenu qu'une seule montée du Christ à Jérusalem, cet incident se trouve à la fin du texte et figure parmi les causes de l'arrestation de Jésus conduisant à sa crucifixion le lendemain. Lors de cette rencontre, Jésus transmet son enseignement à Nicodème et en fait un de ses disciples (Jn 3. 1-21).

Dans un autre passage de l'évangile selon Jean (Jn 7. 45-51), à nouveau lors des fêtes de Pessah, alors que Jésus est présent à Jérusalem, Nicodème prend la défense de ce dernier  dont il est précisé qu'il n'a pas encore 50 ans (Jn 8. 57)   dans une réunion du sanhédrin, après l'échec d'une arrestation de Jésus par la garde du Temple. Il rappelle aux autres membres de l'assemblée la règle suivante : « Notre loi ne permet pas de condamner un homme sans l'avoir entendu ». Ce à quoi les pharisiens lui répondent : « Tu n'es tout de même pas Galiléen toi aussi ? Examine [les textes] et vois que de Galilée, il ne se lève pas de prophète. » Selon les spécialistes du judéo-christianisme, Galiléen a été l'une des plus anciennes dénominations du mouvement des nazôréens créé par Jésus[2].

Dans un dernier passage, il aide Joseph d’Arimathie lors de la mise au tombeau de Jésus (Jn 19. 39-42), une tâche que Joseph d’Arimathie accomplit seul dans les évangiles synoptiques. Pour l'embaumer, Nicodème apporte cent livres de myrrhe et d'aloès[3] (Jean 19,39).

Identification avec Nicodème ben Gorion

Certains auteurs, dont des historiens spécialistes de la période et de la région, l'identifient avec Nicodème ben Gorion[4],[5]. Le Talmud (Sanhédrin 43a) indique que Jésus avait un disciple nommé Buni, l'autre nom sous lequel Nicodème ben Gorion est connu[6]. Toutefois, cette identification ne fait pas consensus et certains exégètes estiment que le Buni, disciple de Jésus, désigne en fait Jean de Zébédée[6].

Sépulture

Nicodème au sépulcre de Saint-Thégonnec.

La tradition chrétienne garde le souvenir de l'apparition de Gamaliel au prêtre Lucien, curé de Cafargamala (Kfar-Gamala) le vendredi , le rabbi indiquant où se trouvait sa relique qui aurait été alors retrouvée dans le même tombeau que celle de son fils Abibas, ainsi que saint Étienne et saint Nicodème[7]. Une représentation de cette tradition figure sur des tapisseries conservées au musée national du Moyen Âge à Paris.

Postérité

Culte

Nicodème est célébré comme saint par l'Église catholique romaine et célébré localement le 3 août[3], jour de la découverte de sa tombe par le prêtre Lucien à Kfar-Gamala. Pour certaines Églises orientales, la découverte de sa sépulture aurait eu lieu le 2 août, c'est donc à cette date que sa mémoire est célébrée.

Une chapelle et une fontaine lui sont dédiées à Pluméliau dans le Morbihan.

En Italie, le crucifix de Lucques, crucifix de bois de cèdre, aurait été sculpté par lui en Judée, puis récupéré par la ville de Lucques au Moyen Âge et vénéré car ayant contenu des reliques du Christ. Le visage du Christ, qui aurait été sculpté par un ange, est vénéré comme miraculeux, comme Volto Santo, dans un tempietto du Duomo de la ville. Une autre tradition légendaire assure que le crucifix de Majesté Batlló en Catalogne a été également sculpté par lui[réf. nécessaire].

Dans les arts

Le retable de la Descente de croix, dans la chapelle de Saint-Nicodème de Pluméliau, comporte douze personnages dont Nicodème qui tient une paire de tenailles et arrache les clous des pieds du Christ.

Joseph d'Arimathie et Nicodème sont souvent traditionnellement représentés dans la descente de croix, le premier portant tout le poids du Christ et le second un marteau ou des tenailles à la main pour déclouer les pieds et les mains du Christ[8].Ils sont parfois chacun sur un escabeau ou sur une échelle[9].

Postérité de son nom

Le nom de Nicodème a donné naissance au substantif et adjectif « nigaud ». En effet, dans l'évangile attribué à Jean (III, 4), Nicodème pose des questions à Jésus qui ont été jugées ingénues par la tradition chrétienne (Jn 3. 1-21). Son nom a donc été utilisé pour désigner quelqu'un de naïf ou de niais[10].

Notes et références

  1. Raymond Edward Brown, The Gospel According to John, Anchor Bible, 1970, chapitre 3.
  2. « Alors que les langues occidentales ne connaissent que des traductions du grec christianos, en milieu araméophone comme c'était le cas en Palestine au Ier siècle, les plus anciennes dénominations de Jésus furent « Galiléen », le très complexe déterminatif min et surtout notsri (Nazaréen) », François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 133.
  3. Nominis : saint Nicodème.
  4. Siehe Strack und Billerbeck, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch, Munich, 1924, Band 2, p. 413-418.
  5. Robert Eisenman, James The Brother of Jesus, éd. Penguin books, 1998.
  6. Simon Claude Mimouni, « La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem », dans Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 460.
  7. cf. (en) Alberdina Houtman, Marcel Poorthuis, Joshua Schwartz, Sanctity of Time and Space in Tradition and Modernity, éd. Brill, Leyde, 1998.
  8. Yasushi Nagatsuka, Descente de croix : son développement iconographique des origines jusqu'à la fin du XIVe siècle, Presses de l'Université Tokai, , p. 5.
  9. Yasushi Nagatsuka, Descente de croix : son développement iconographique des origines jusqu'à la fin du XIVe siècle, Presses de l'Université Tokai, , p. 19.
  10. Voir « nigaud » sur cnrtl.fr.

Voir aussi

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