Narcisse Díaz de la Peña
Narcisse Virgilio Díaz, dit aussi Narcisse Díaz de la Peña, né le à Bordeaux et mort le à Menton, est un peintre français.
Pour les articles homonymes, voir Diaz et Peña (homonymie).
Le compositeur Eugène-Émile Diaz (1837-1901) est son fils.
Biographie
Narcisse Díaz de la Peña est le fils de Thomas Diaz de la Peña, bourgeois de Salamanque en Espagne, opposant politique à Joseph Bonaparte obligé de fuir en 1807 avec son épouse Maria Manuela Belasco enceinte, pour se cacher à Bordeaux, où naît Narcisse Virgile Diaz de la Pena le . Ils quittent la France pour l'Angleterre où Thomas meurt en 1811. Sa mère revient vivre en France, enseignant les langues à Montpellier, Lyon, à Sèvres et Paris. Elle meurt d'épuisement à Paris en 1817. Narcisse Diaz de la Peña est élevé par un pasteur protestant dans la banlieue parisienne. Il perd une jambe des suites d'une morsure de vipère quand il a 10 ans. En 1822, il devient apprenti peintre à la manufacture de porcelaine de Jules Claretie où il rencontre de jeunes artistes Duprè, Raffet et Cabat [2] qui seront des amis. En 1830, par l'intermédiaire d'un peintre lillois Souchon, il rencontre Sigalon qui l'encourage. Narcisse Díaz de la Peña parfait son éducation au Louvre où il copie Corrége, Claude Lorrain, Albert Cuyp ou Ruysdaël. Il est reçu au Salon de 1831 avec deux Esquisses de paysage. En 1832, il présente une Adoration des bergers et Le vieux Ben Emeck. Sous l'influence de son ami Raffet, il tente sa chance comme peintre d'histoire dans la veine de Horace Vernet en présentant au Salon en 1835, la bataille de Mœdina-Coli. Sans ressources et ayant renoncé à sa carrière de peintre céramiste, Narcisse Díaz de la Peña vend a très petits prix une production rapide. Il pratique également la gravure[3].
Famille
Le , il épouse Marie Bichard (1811-1865) avec qui ils ont trois enfants Emile, peintre (1836-1861), Eugène, compositeur (1837-1901) et Marie (1848) qui épouse en premières noces un avoué Dutripon, et en seconde le musicien Fredéric Bonnaud. Après la mort de sa femme il se remarie avec Emilie Gotton Vel.
L'école de Barbizon
À partir de 1837, il rejoint le groupe de l'École de Barbizon et peint des paysages dans lesquels on retrouve les sites qu’il affectionne particulièrement à Fontainebleau : Bas-Bréau, Apremont, et la vallée de la Solle. Díaz admire Eugène Delacroix et comme les artistes et les écrivains, il est fasciné par l’Orient. Les Orientales de Victor Hugo l’impressionnent. Il se sert par ailleurs de la nature comme toile de fond pour y introduire des figures allégoriques, mythologiques ou proches du réel. Son tableau la Descente des Bohémiens obtient un très grand succès au Salon de Paris de 1848. A partir de cette date, il n'expose quasiment plus sous le second empire, tant il a de commandes pour satisfaire ses collectionneurs, dans un style coloré, tantôt romantique, allégorique et orientalisant, ou tantôt barbizonnien, par lequel « Diaz joue un rôle dans la formation de l'impressionnisme »[4]. Figure de l'auberge Ganne, grand causeur et généreux, il est entouré de nombreux élèves avec qui il part peindre en forêt. Il fréquente Théodore Rousseau et Jean-François Millet et leur apporte son soutien financier et moral.
En 1849, il organise une vente d’esquisses et d’études d’après nature, alors qu’en général les peintres proposent à la vente des tableaux achevés. Les prix de vente sont assez faibles, mais il renouvellera l’expérience les années suivantes et obtiendra des prix plus élevés. Il peint en travaillant la matière picturale, chargée au couteau, avec des contrastes marqués de clair-obscur ce qui lui permet d’obtenir des effets lumineux et en cela il influencera les impressionnistes. Rencontrant souvent Delacroix, ce dernier note dans son journal le , « Se rappeler l'impression (...) d'un tableau de Diaz chez Durand-Ruel, où tout est sorti de l'imagination du peintre, mais où les souvenirs sont fidèles, la vie, la grâce, l'abondance[5]. »
À partir de 1854 il séjourne régulièrement sur la côte normande, en particulier à Étretat où il s'achète une maison non loin de la mer le Chalet Diaz[6]. Il peint plusieurs marines aux côtés de son ami Gustave Courbet.
En 1855, il participe à l'Exposition Universelle avec une rétrospective de son travail. Puis part en voyage en Orient et revient au Salon de 1859[7].
Son fils ainé peintre également meurt en 1860[8].
Aux Salons, il reçoit régulièrement des récompenses, mais sa trop grande facilite de travail[9], sa virtuosité et son laisser-aller lui sont reprochés et on le considère comme un « charmant coloriste »[10]. C’est cette qualité que Vincent van Gogh, son fervent admirateur appréciait le plus en lui.
Devenu une personnalité du monde parisien, il est reçu par la princesse Mathilde, par Nieuwerkerke, les amateurs doivent passer commander leurs tableaux, en liste d'attente. Diaz commence à collectionner meubles et objets précieux, son atelier est d'un luxe rare.
La rencontre avec Pierre-Auguste Renoir
C'est en forêt de Fontainebleau en 1863-1864, que Pierre-Auguste Renoir rencontre Narcisse Diaz de la Pena. L'histoire est racontée aussi bien par Edmond Renoir dans la Vie Moderne, que par Jean Renoir dans son livre P.A Renoir mon père. Renoir était à peindre en forêt de Fontainebleau quand des jeunes gens l'importunent et l'agressent. Sorti d'un fourré, Narcisse Diaz de la Pena avec sa canne sauve le jeune peintre de ce mauvais pas. Renoir lui en était éternellement reconnaissant, le considérant comme son Saint patron. L'amitié entre les deux hommes ne se dément pas, Diaz donne des conseils à Renoir, « ne peindre sur que nature », « utiliser des couleurs plus vives », et quand Diaz apprend la situation financière précaire de Renoir, il lui ouvre son compte chez son marchand de couleurs, l'approvisionnant discrètement en couleurs[11].
Il vit avec sa femme Marie-Augustine Gotton-Vel, 50 rue de Rome dans le 8e arrondissement de Paris. En 1867, il peint son dernier chef-d'oeuvre Les Hauteurs du Jean de Paris (lieu dit dans les gorges d'Apremont), aujourd'hui au musée d'Orsay.
Malgré ses nombreux amis impressionnistes, dont Claude Monet qui le retrouve à la ferme Saint Siméon et à Honfleur, il ne figure pas à la première exposition impressionniste de 1874, peut-être à cause de sa maladie, une « bronchite chronique », sans doute la tuberculose, qui l’emporte deux ans plus tard, quoique les biographes affirment qu'il soit mort d'une seconde morsure de vipère à Menton en 1876[12] !
Il repose au cimetière Montmartre dans la 14e division[13].
Son marchand de couleurs attitré est H. Vieille au no 35 rue Laval à Paris.
Sa maison à Barbizon est située au no 28 de la Grande Rue.
Style
Pour Pierre Miquel[14], l'œuvre de Diaz de la Pena se déroule en trois périodes :
La première va de 1830 à 1844, caractérisée par des œuvres aux sujets hispanisants, orientale avec une palette pauvre en tons purs, aux tons sombres et contrastées réalisées avec une touche lourde. La seconde de 1844 à 1860 voit apparaître des touches plus lumineuses avec des tons purs, bleu léger, jaune vif et carmin. Pendant cette période Diaz peint à Barbizon. La troisième période à partir de 1860, voit la manière de Diaz se figer avec une amplitude du volume, une certaine somptuosité de la couleur aux tons contrastés et aux valeurs appuyées, mais avec une plus grande liberté d'exécution.
Les couleurs de Diaz sont connues pour avoir malheureusement rapidement "tournées" ou virées à cause d'une chimie défectueuse et d'une utilisation de couleurs instables et dangereuses, selon Monet « On ne peut imaginer comme les tableaux de Diaz étaient beaux quand ils venaient d'être peints, c'étaient de véritables joyaux... Evidemment sa technique l'a trahi, aujourd'hui tout est embué, ils ont perdus leur qualité. »[15].
Collections publiques
- Aux États-Unis
- Dallas Museum of Art : Forêt de Fontainebleau (1868), huile sur toile, 84 × 111 cm
- En France
- Béziers, musée des beaux-arts (Hôtel Fayet) : Paysage aux baigneuses, huile sur toile
- Grenoble, musée de Grenoble :
- Intérieur de forêt, huile sur bois (MG 1769)
- Fleurs, huile sur toile (MG 1172)
- Baigneuse tourmentée par des Amours, huile sur bois (MG 143)
- Un ensemble d'estampes
- Roanne, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph-Déchelette :
- Étude sous-bois
- Paris, musée du Louvre :
- Clairière, vers 1840, huile sur bois[16],
- Enfants et chiens, vers 1845, huile sur bois[17]
- Folles filles, huile sur bois[18]
- Forêt de Fontainebleau, 1868, huile sur toile[19]
- L'Éplorée, 1851, huile sur bois[20]
- Le Valet de chiens, huile sur bois[21]
- Les Bohémiens, 1850, huile sur bois[22]
- Les Pyrénées, vers 1873-1873, huile sur bois[23]
- Madame Leclanche, vers 1845, huile sur bois[24]
- Paris, musée d'Orsay :
- Le Bas-Bréau, forêt de Fontainebleau ou Vaches dans la forêt de Fontainebleau, 1846, huile sur toile[25]
- La Magicienne, vers 1860, huile sur bois[26]
- La Mare au gamin agenouillé, 1869 ou 1870, huile sur bois[27]
- Le Braconnier, 1869, huile sur toile[28]
- Les Caresses de l'Amour ou Nymphe et deux amours, 1857, huile sur bois[29]
- Les Hauteurs du Jean de Paris, 1867, huile sur toile[30]
- Lisière de forêt, 1871, huile sur bois[31]
- Mare sous les chênes, 1857, huile sur toile[32]
- Nymphe endormie, vers 1850-1860, huile sur bois[33]
- Nymphe Réprimandant l'Amour, 1855, huile sur toile[34]
- Paysage, 2e et 3e quart 19e siècle, huile sur toile[35]
Galerie
- Idylle (1853), Amsterdam, Rijksmuseum.
- Dans les bois (1855), Paris, musée du Louvre.
- Femme orientale (1865), Huntington Museum of Art.
- Les Princesses bohémiennes (vers 1865-1870), musée d'art de San Antonio.
- Forêt de Fontainebleau (1868) Dallas Museum of Art, huile sur toile 84 × 111 cm
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur en 1851[36]
- Chevalier de l’Ordre royal de Léopold de Belgique[36]
Élèves
- Henri Charles Antoine Baron (1816-1885)
- Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909), en 1872
- Octave de Champeaux (1827-1903)
- Georges de Lafage-Laujol (1830-1858)
- Camille Magnus (1850-XXe siècle)
- Jean Émile Renié (1835-1910)
Imitateurs du style Diaz
Avec des sujets analogues et une technique proche[37]
- A. Anastasi (1820-1880), aveugle après 1870.
- P. De Boer
- E. Cherot (1814-1883).
- Joseph Coosemans (1828-1904)
- Fontaine
- R. Gourdon (expose de 1880 à 1896)
- Georges Jeannin
- A-M Longuet mort vers 1851
- Léon Richet (1843-1907)
- Carl Spitzweg (1808-1885)
- Emile Vernon (1874-1882)
Bibliographie
- Dictionnaire Bénézit
- Pierre Miquel, L'École de la Nature, tome 1, 2, 3, Éditions de la Martinelle, 1975
- Pierre Miquel, Le Marché de l'Art en France, Éditions de la Martinelle, 1987
- Pierre et Rolande Miquel, Diaz de la Pena, monographie, ACR Éditions, 2006
- Pierre et Rolande Miquel, Diaz de la Pena, Catalogue raisonné der l'œuvre peint, ACR Éditions, 2006
- Rolande Miquel et Michael Tazi Klaa 1er supplément au Catalogue Raisonné de l'œuvre peint, en cours d'édition[Quand ?]
- Mélissa Perianez, La magie de Diaz, mémoire de master 2, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2012.
- Les illustres de Bordeaux : catalogue, vol. 1, Bordeaux, Dossiers d'Aquitaine, , 80 p. (ISBN 978-2-84622-232-7, présentation en ligne)
Iconographie
- Auguste Charpentier, Narcisse Diaz de la Pena (1808-1878), 1849, huile sur toile, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon[38]
- Anonyme, Narcisse Díaz de la Peña, photographie parue dans Galerie Contemporaine, musée d'art du comté de Los Angeles
Hommage
En 1894, la rue Narcisse-Diaz dans le 16e arrondissement de Paris prend son nom en hommage.
Notes et références
- Notice sur collections.lacma.org
- in Henry Roujon, Diaz de la Pena, ed Pierre Narcisse, Paris 1913, PP 21à42
- voir : Illustrations de Atlas du voyage au Congo et dans l'intérieur de l'Afrique équinoxiale dans les années 1828, 1829 et 1830, Paris, 1832 à lire surle site de la BNF
- in Sophie Monneret,art. Diaz de la Pena, Dictionnaire de l'Impressionnisme,Robert Laffont,Paris, 1978-79, pp199-200
- in Eugène Delacroix, Journal (1822-1963), Paris, José Corti, coll. « Domaine Romantique », 2009, 2519 p., tome 1 : 1822-1857, p.399
- in Bruno Delarue, Les peintres à Etretat, 1786-1940,Terres en vue éditions, Fecamp, 2005, p256
- in P;Mante, art Diaz de la Pena, Dictionnaire de la Conversation et de la lecture, Paris, 1873, p.552
- Adolphe Siret, Dictionnaire historique et raisonné des peintres de toutes les écoles, Volume 1,Paris, 1883 p275
- in Théophile Gauthier, le Salon de 1847, Paris 1847
- Théophile Thoré, Le Salon de 1846, précédé d'une lettre à George Sand, Paris, Alliance des arts, , 218 p. (lire en ligne), p. 108
- propos de Claude Monet, in Pierre Miquel, cat Narcisse Diaz de la Pena, Pavillon des arts, Paris 1968, sans n° de page
- voir art Sophie Monneret dans son dictionnaire de l'Impressionnisme
- in cimetières de France et d'ailleurs, https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article228
- in Pierre Miquel,"Essai de classification chronologique", cat Narcisse Diaz de la Pena, Pavillon des arts, Paris 1968.
- idem note précédente
- « Clairière », notice no 000PE001025, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Enfants et chiens », notice no 000PE001016, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Folles filles », notice no 000PE001021, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Forêt de Fontainebleau », notice no 000PE001037, base Joconde, ministère français de la Culture
- « L'Éplorée », notice no 000PE001027, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Le Valet de chiens », notice no 000PE001026, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Les Bohémiens », notice no 000PE001035, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Les Pyrénées », notice no 000PE001015, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Madame Leclanche », notice no 000PE001033, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Le Bas-Bréau, forêt de Fontainebleau ou Vaches dans la forêt de Fontainebleau », notice no 000PE001024, base Joconde, ministère français de la Culture
- « La Magicienne », notice no 000PE001034, base Joconde, ministère français de la Culture
- « La Mare au gamin agenouillé », notice no 000PE001038, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Le Braconnier », notice no 000PE001040, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Les Caresses de l'Amour ou Nymphe et deux amours », notice no 000PE001041, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Les hauteurs du Jean de Paris », notice no 000PE001019, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Lisière de forêt », notice no 000PE001039, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Mare sous les chênes », notice no 000PE001018, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Nymphe endormie », notice no 000PE001031, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Nymphe Réprimandant l'Amour », notice no 000PE001032, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Paysage », notice no 000PE003765, base Joconde, ministère français de la Culture
- « Dossier de Légion d'honneur de Narcisse Díaz de la Peña », base Léonore, ministère français de la Culture
- liste donnée par Pierre Miquel
- « Narcisse Diaz de la Pena (1808-1878) », notice no 000PE011114, base Joconde, ministère français de la Culture
Liens externes
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- Galerie nationale de Finlande
- Musée d'Orsay
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- National Gallery of Victoria
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