Musée de l'automate de Souillac

Le Musée de l'automate est un musée géré par la ville de Souillac[1], abritant depuis le une collection nationale d'automates et de jouets mécaniques de la fin du XIXe siècle jusqu'à la fin XXe siècle, principalement issus de la maison Roullet-Decamps. Avec plus de 300 pièces, il s'agit d'une des plus grandes collections d'automates anciens et de jouets mécaniques d'Europe[2].

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Histoire du musée

Roullet-Decamps à Souillac

Bien que la fabrique de la Maison Roullet-Decamps se situait dans le Marais à Paris, c'est à Souillac, ville du Quercy, qu'est abritée aujourd'hui une grande partie de sa collection d'automates et de jouets mécaniques[3],[4],[5]. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'y a pas de lien historique entre Souillac et l'ancienne fabrique d'automates. C'est à la suite de l'influence de l'ancien maire de Souillac, Alain Chastagnol, que l'État racheta la collection d'automates en 1984 pour 3,8 millions de francs à Georges et Cosette Bellancourt, descendants de la quatrième génération de la dynastie Roullet-Decamps retirés à cette époque près de Souillac[6],[3],[7].

Le bâtiment

Le musée se trouve dans un ancien entrepôt de la Société d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes (SEITA). Reconverti en musée, le bâtiment a subi à l'occasion de sa transformation en musée d'importants travaux conduits par un architecte (Mougin) et un muséographe en la personne de Pierre Catel[8]. Il peut accueillir les personnes à mobilités réduites. Les dernières rénovations datent de 2015, conduites sous l'autorité de Klaus Lorenz, restaurateur[9], elles ont permis l'agrandissement du Musée avec deux salles d'exposition supplémentaires[10]. Juxtaposé à l'abbatiale Sainte-Marie de Souillac, le musée s'ouvre sur l'esplanade Alain Chastagnol, en plein centre historique de la ville.

Histoire des automates

Les automates dans l'Histoire

Les automates existent depuis l'Antiquité. Utilisés autrefois par les prêtres pour terrifier le peuple du pouvoir divin, ils deviennent par la suite des objets luxueux faits avec des matériaux tous plus précieux les uns que les autres. Installés dans les nobles familles d'Europe, puis dans les salons bourgeois[7], les automates continuent de se développer pour devenir petit à petit des petits jouets mécaniques plus facilement accessibles, financièrement parlant, notamment à la suite des progrès de l'industrie et sa modernisation (produits en série). Vers le début du XXe siècle, l'automate devient électrique. Cette avancée technologique donne l'idée aux grands magasins parisiens de faire fabriquer de grandes scènes électriques pour attirer l'attention des passants, c'est notamment le cas des automates frappeurs (exemple Charlot au bec de gaz)[9]. C'est aussi à cette époque qu'ils servent de support de publicité comme pour Grand Marnier, la lessive Phénix, le papier à cigarette Zig-Zag, etc.[7].

Au cours du XXe siècle et avec le développement de la technologie numérique et électrique, les automates laissent peu à peu place aux robots, beaucoup plus indépendants, qui n'ont pas de mouvements pré-définis, mais qui agissent selon leur environnement. Ainsi, l'automate s'efface devant l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, peu sont ceux qui fabriquent encore des automates, mais ces objets restent, encore de nos jours, mystérieux et attisent la curiosité des visiteurs du Musée de l'automate de Souillac[11].

La Maison Roullet-Decamps

Jean Roullet, jeune paysan dauphinois[6] fonde sa fabrique en 1865 avec son premier jouet mécanique Le Petit Jardinier qui fit sa renommée[12]. À la suite du mariage de sa fille, il décide de s'allier avec son gendre Ernest Decamps pour agrandir sa fabrique, d'où le nom de Roullet-Decamps. En commençant par des jouets mécaniques, ils se diversifièrent pour créer des automates publicitaires électrifiés. Ils eurent alors la chance de pouvoir orner les vitrines des plus grands magasins parisiens tels que les Galeries Lafayette, notamment pendant les périodes de fêtes de fin d'année. Certaines de ces vitrines furent rénovées et sont aujourd'hui conservées au Musée de l'Automate de Souillac, comme celle de La Reine des neiges inspirée du conte d'Andersen qui fut exposée aux Galeries Lafayette fin 1956[7],[9]. Après Ernest Decamps, c'est Gaston Decamps qui gère l'entreprise, puis son gendre Georges Bellancourt qui intègre l'électronique à ses automates[6]. L'entreprise cesse son activité en 1995[13].

Œuvres et collections

La collection et les différents types d'automates

Le musée de l'automate de Souillac abrite depuis plusieurs années la plus grande collection d'automates anciens et de jouets mécaniques d'Europe, faisant partie de la collection Roullet-Decamps[9]. La seconde partie de cette même collection, plus axée sur les scènes électriques et vitrines animées de magasins, se trouve en 2015 au musée des automates de Falaise (Calvados)[9].

Le musée présente des automates électriques (en mouvement dans les vitrines) et des automates mécaniques[9]. La visite s'organise autour de différents grands thèmes, avec la salle des automates magiciens, la salle des automates publicitaires, la salle des automates animaux, vitrines de magasins, salle des poupées mécaniques, etc. Les automates ont été robotisés par le recours à des systèmes informatiques qui permettent de gérer automatiquement les mécanismes dans un souci d'économie et de conservation de ces pièces anciennes[7].

La Femme à la Violette et le Théâtre de la Passion

Plusieurs œuvres dans le musée ne proviennent pas de la fabrique Roullet-Decamps : les plus célèbres sont la Femme à la Violette et le Théâtre de la Passion. Ce dernier n'est pas à proprement parler un automate, mais il reste tout de même une pièce très rare du début du XIXe siècle. Il s'agit de l'objet le plus vieux du musée, on estime sa création à 1832. Cet ensemble animé, d'un peu moins de deux mètres de haut, met en scène plusieurs dizaines de personnages face à une église. Son auteur est anonyme et son animation est mécanique (c'est-à-dire qu'il se remonte manuellement).

La Femme à la Violette est un automate de la Maison Phalibois, autre grand fabricant d'automates, qui fut acquis par Roullet-Decamps lors du rachat des fonds d'atelier de la maison concurrente.

Le Petit Jardinier

Automate phare de la collection, il s'agit d'un petit jardinier d'environ 15cm de haut, poussant sa brouette pleine de fleurs. C'est le tout premier automate de la Maison Roullet-Decamps et également du tout premier jouet mécanique français réalisé en série à prix modeste. Cet automate valut à ses fabricants une médaille de bronze à l'Exposition universelle de 1867. Il devint par la suite l'emblème de la Maison. On pouvait à l'époque acheter ce jouet pour 8,50 francs anciens[12].

La Charmeuse de serpent et le monde du Cirque

Il s'agit de l'automate le plus connu de la collection. Inspiré des dresseuses des Folies Bergère, cet automate fit du bruit à sa sortie car il représente une jeune femme très légèrement vêtue ce qui atteste de la complexité du mécanisme[14]. D'ordinaire, les automates ont des longs vêtements qui permettent aux fabricants de dissimuler plus facilement le mécanisme : ils ont alors plus de marge pour rendre la magie vivante. Or, au vu de sa quasi-nudité, les fabricants n'ont pas pu dissimuler son mécanisme sous ses vêtements, mais à « l'intérieur » de l'automate, ce qui est une vraie prouesse technique[15],[7]. Elle est accompagnée par quatre musiques différentes, toutes provenant du socle sur lequel elle est posée, cependant l'exemplaire à Souillac n'en possède qu'une. Elle est accompagnée du grand Hercule et du Clown au chapeau et à l'éventail qui n'existe qu'en cinq exemplaires au monde[7].

Les sosies

Certains automates sont les répliques fidèles de célébrités d'époque comme Buffalo Bill, le clown Little Tich ou imaginée comme Damayanti[7].

Jazz-band

Autre scène d'automates phare de ce musée, le Jazz-band est une scène incontournable qui reste marquante pour tous les visiteurs. Elle fut créée en 1920 pour la vitrine d'un grand magasin. Ils font aussi écho au festival de jazz de Souillac qui a lieu chaque année le troisième week-end de juillet[14].

Dubout

Pêche sous-marine, dessinée par Albert Dubout et exposé aux Galeries Lafayette (Paris) en 1987.

Le dessinateur Albert Dubout a lui aussi sa place dans ce musée puisqu'il a collaboré avec la maison Roullet-Decamps dans la réalisation de la scène La pêche sous-marine[14]. Le travail de ce dernier a aussi inspiré la maison lors de la création de la scène du métro où l'on peut clairement ressentir l'influence de Dubout. Quelques dessins sont notamment exposés dans le musée en tant qu'exposition temporaire. La pêche sous-marine dormait dans les réserves du musée depuis 1988. En 2012-2013 cette scène a été restaurée par Klaus Lorenz et mise en scène par Catherine Oudoin Lorenz avec le concours de Cosette Decamps Bellancourt. La reconstruction des décors s'est faite selon les techniques anciennes appris dans les ateliers Decamps à l’occasion de nos emplois respectifs. Cette installation est aujourd'hui à considérer comme une référence servant à la compréhension des Grands Scènes Animées des Fêtes de « Fin de l'Année comme on disait à l’époque[15].

Expositions temporaires et animations

Depuis sa création, le musée a connu plusieurs expositions temporaires, notamment :

  • de 2015 à 2016 : Instruments de musique du Monde, collection privée de Marie-Claude Carles regroupant plus de 600 instruments de musique venant du monde entier[16].
  • depuis 2017 et prolongée jusqu'en octobre 2019 : Masques et marionnettes du Mali, collection privée de Réginald Groux, fondateur du Musée Mahicao au Sénégal et commissaire de l'exposition. Ce sont 60 marionnettes du Théâtre Sogobo qui sont présentées ce qui est exceptionnel quand on sait la rareté des objets muséographiques africains anciens du fait des difficultés de conservation des matériaux comme les bois et tissus[2],[17],[18].
  • d'avril à octobre 2020, le musée expose plus de 150 oeuvres d'Albert Dubout sur le thème "Chats et dessins de presse"[19].

Le musée organise avec la ville le festival du Mime Automate chaque été à Souillac. Cette manifestation est organisée dans le centre historique de Souillac. Il propose des animations et spectacles de rue autour du mime, de la magie. Les enfants peuvent se faire maquiller gratuitement. Lors du festival, c’est l'homme qui imite l’automate, comme si on ouvrait la porte du musée et que tout le monde sortait[9] !

Visite

Depuis 2017, le musée est ouvert de début avril à fin octobre. Le temps de visite est d'une heure en moyenne.

Références

  1. « Une nouvelle ère pour le Musée de l'Automate de Souillac », sur actu.fr, (consulté le )
  2. G.D.M., « Souillac. Unique, féerique, fantastique musée des automates ! », La Dépêche du Midi, (ISSN 0181-7981, lire en ligne)
  3. Bernard Lefort, « À Souillac, un royaume pour les automates », Femme d'aujourd'hui, no 44, , p. 19.
  4. Monique Escat et Claudette Joannis, « Des automates aux robots », La revue du Louvre et des musées de France, no 1, , p. 10-12.
  5. « Souillac. Musée national de l'Automate », sur Voyages Michelin (consulté le ).
  6. Marie Chaudey, « À Souillac, on roule des mécaniques. Automates, avez-vous donc une âme ? », La Vie, , p. 28 (ISSN 0151-2323).
  7. Dominique Manenc, « Souillac : des automates... robotisés », La Dépêche du Midi, , p. 16 (ISSN 0181-7981).
  8. « Un maire, une réalisation : Alain Chastagnol à Souillac », Lettre de la Nation, no 117, , p. 2 (ISSN 0335-4474).
  9. Angélique Garcia, « musée automate Souillac », sur museumdesigner, (consulté le ).
  10. Anissa Harraou, « Quel avenir pour le musée de l'automate de Souillac ? », sur France3-régions, (consulté le ).
  11. « Musée national de l'Automate », sur Futura sciences (consulté le ).
  12. Alain Dode, « Un rêve animé de haute technologie », La Dépêche du Midi, (ISSN 0181-7981).
  13. « Historique », sur Le musée de l'automate Souillac (consulté le ).
  14. Jean Teulé, « Les automates ne sont pas ceux que vus croyez », Le Point, no 2237, , p. 14-15 (ISSN 0242-6005).
  15. Jacques Dubois, « Au musée des Automates de Souillac : quand s'anime un monde de lilliputien », L'amateur d'art, , p. 18-19 (ISSN 0988-6672).
  16. O. Le Gall, « Souillac. Balalaïkas, cithares, maracas, une collection inouïe », sur La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  17. « Les Marionnettes du Mali au Musée des Automates : une première en France ! », sur actu.fr, (consulté le ).
  18. Marie-Laure Golfier, « Ainsi font font font… Les Marionnettes du Mali », sur Brive Tourisme, (consulté le ).
  19. Rédaction Cahors, « Souillac, dans le nord du Lot. Ouverture et exposition du musée des automates avec Albert Dubout », sur actu.fr Occitanie, (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

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