Musée de Tahiti et des Îles

Le musée de Tahiti et des Îles, en tahitien Te Fare Manaha[1], est situé en Polynésie française, à Tahiti. Il présente des collections du patrimoine océanien.

Situation

Le musée se trouve à Punaauia, à 15 km de Papeete, à la Pointe-des-Pêcheurs, près de l'embouchure de la rivière Punaruu. Il comprend un terrain couvrant presque 4 ha entièrement clôturé, donnant sur le lagon de Tahiti. Une digue de protection avec enrochement a été construit pour briser les vagues du large traversant la passe de Nuuroa lui faisant face.

Missions

Il a pour rôle de recueillir, conserver, restaurer des collections liées à l'Océanie, plus particulièrement à la Polynésie, et de les présenter au public. Il est chargé de la valorisation, de l'étude et de la diffusion du patrimoine polynésien. Il a acquis un rôle d'expertise dans la préservation des biens culturels et mobiliers[2].

Historique

L'histoire du Musée de Tahiti et des Îles commence en 1967, lorsque le gouvernorat acquiert le terrain pour y accueillir un établissement public territorial. Il faudra ensuite attendre sept ans pour qu'en 1974, l'Assemblée territoriale vote sa création et commence les travaux, mais une fois l'argent trouvé, la construction est rapide et dès 1975 le musée ouvre ses portes, alors que le PSC (projet scientifique et culturel) est encore en discussion.

L'équipe muséologique comprend le graphicien parisien René Dessirier (surtout connu comme créateur de timbres), des chercheurs du malacologue Bernard Salvat du Muséum national d'histoire naturelle de Paris et sous couvert de ce dernier, de Mihai Băcescu du Muséum roumain de Bucarest pour la partie consacrée au patrimoine naturel, et, pour la partie consacrée au patrimoine culturel, les équipes de l'archéologue et préhistorien José Garranger et d'Henri Lavondès de l'ORSTOM, nommé directeur du Musée et auteur du panneau sur les langues polynésiennes.

La laïcité n'étant pas appliquée en Polynésie française, deux salles sont concédées à une association religieuse œcuménique : « Tenete », dont le directeur, le prêtre catholique O'Reilly, conçoit une présentation de l'histoire de la Polynésie et de la culture polynésienne traditionnelle très discutée, puisque la partie anté-chrétienne y est à peine évoquée et en termes jugés peu objectifs et peu flatteurs par les critiques, l'accent étant mis sur l'évolution de la société depuis l'arrivée des navigateurs européens. En outre, pour inaugurer ses réalisations le , O'Reilly organise au Musée un festival d'hymnes religieux (himene Tarava, himene Ruau et himene Nota). Les critiques estiment aussi que les objets exposés sont « disparates et de qualité très inégale », que l'authentique matériel lithique ancien n'est pas suffisamment mis en valeur, que l'espace pour de futures acquisitions ou expositions est insuffisant, et que la thématique par archipels induit un déséquilibre dans la présentation (l'archipel des Marquises étant sur-représenté en raison de l'abondance de pièces).

Face à ces critiques, en 1978, René Dessirier et son équipe reviennent à Tahiti pour achever l'aménagement des deuxième et troisième salles consacrées à la culture polynésienne, en collaboration avec le personnel du Musée, le maquettiste Hiro Ouwen et l'adjoint de conservation François Ollier qui pilote notamment la décoration des salles et la construction de l'abri à pirogues. Ils choisissent alors de répartir les objets et les éléments d'exposition qui viendraient les compléter (gravures, œuvres d'art, panneaux) par techniques et par thèmes environnementaux et historiques (par exemple le marae, l'atoll, la navigation hauturière, le peuplement de l'Océanie...) plutôt que par archipels. L'espace consacré à l'archéologie préhistorique est agrandi, et la présentation de l'époque coloniale et du rôle des missionnaires est rendue plus objective, historiquement et scientifiquement parlant.

Enfin d'autres partenaires que « Tenete » (par exemple l'association pour la protection de la nature « Ia Ora te Natura », l'office de Développement du Tourisme pour les fêtes de Juillet, des troupes de musiciens et de danseurs...) ont été invitées à collaborer avec le Musée, ce qui en a considérablement accru la notoriété et les ouvertures. En novembre 2000, le musée a acquis le statut d'EPA[2].

De 2008 et jusqu'à sa disparition en 2011, son directeur est l'écrivain Jean-Marc Pambrun.

En 2011, la direction du musée est confiée à Mme Théano Jaillet[3], suivie depuis par Mme Miriama Bono[4].

Collections

Toutes collections confondues, le musée abrite environ 30 000 objets[5] :

Le terrain du musée abrite le jardin ethnobotanique d'Atea et le pétroglyphe des « jumeaux de Tipaerui » qui a été trouvé sur la rive ouest de la rivière Tipaerui. En raison du peu d'informations qui nous sont parvenues sur l'ancienne mythologie polynésienne, qui était fort complexe et comptait de nombreuses variantes, ces pétroglyphes sont des éléments fascinants et mystérieux dont l'interprétation reste délicate. La Maison de la Culture Te Fare Tauhiti Nui de la vallée de Tipaerui a pris pour emblème ce pétroglyphe.

Jardin ethnobotanique d'Atea
Pétroglyphe des « jumeaux de Tipaerui » dans les jardins du musée

La stèle des « jumeaux de Tipaerui » fut décrite pour la première fois en par l’archéologue hawaiien Kenneth Emory. Elle présente une surface plate et polie usée par les eaux de 181 cm de long sur 119 de large avec une grande figure centrale composée de deux figures humaines dos à dos et d’un symbole suspendu entre celles-ci. La tête de droite est entourée par les bras ; une seule cavité arrondie représente le visage. Les contours du corps sont tracés et la jambe de droite est disposée en équerre. En revanche la jambe gauche est courbée d’une façon fort étrange et vient toucher la tête gauche de la figure du dessous. La tête de gauche est située à mi-distance par rapport aux deux points d’où s’élèvent les bras. D’après la légende, la stèle aurait été gravée en mémoire de la reine Tetauri et de ses enfants jumeaux. À la suite d'une guerre, dans laquelle le roi (ariki nui, « grand guerrier ») Tetauri fut vaincu, il se réfugia avec sa femme enceinte dans la vallée de Tipaerui. Un jour qu’il était parti à la pêche, sa femme fut prise des douleurs de l’enfantement et donna naissance, seule, aux jumeaux. Tetauri ne put revenir rapidement. En son absence, les jumeaux moururent. À son retour, déchiré de souffrance, il les enterra sur la terre d’Oteoteroa auprès du cours d’eau et depuis, un esprit qui peut prendre la forme d’une anguille géante les protège à tout jamais. Cette anguille est représentée par la forme étrange au dessus des têtes des jumeaux[7].

Coopération avec le Musée du quai Branly

Le musée a passé des accords de coopération avec le Musée des Arts premiers de Paris[8]. Ce dernier, disposant de moyens plus importants, propose des expositions du Musée de Tahiti et des Îles en ligne sur son site internet, par exemple la « va’a, pirogue polynésienne »[9] ou Mata Hoata : art et société aux îles Marquises montrant 19 pièces marquisiennes (avril à )[10].

Notes et références

  1. Fare manaha signifie simplement musée en tahitien [lire en ligne].
  2. Hiro’a, journal d'informations culturelles, Présentation des Institutions', p. 3
  3. Sources pour l'historique : documents de la représentation de la Polynésie française en Chine, Séminaire et congrès [lire en ligne] ; archives 1975-1980 du Laboratoire de Malacologie de l'École pratique des hautes études, section des Sciences de la Vie et de la Terre, directeur émérite Bernard Salvat (lire en ligne: [www.ephe.sorbonne.fr/annuaire-de-la-recherche/bsalvat.html] et Biodiversité et diversité culturelle et artistique en Océanie française, un dialogue millénaire, par Alexandru Marinescu du Muséum de Bucarest, 1979.
  4. Dominique Schmitt, Miriama Bono aux commandes du Musée de Tahiti et des îles dans « Tahiti Infos, les informations de Tahiti » consulté le 8 février 2018-02-08
  5. « A la découverte des objets du Musée de Tahiti et des Îles et de leur histoire », Hiro'a : journal d'informations culturelles, éditions Nonante Communications, novembre 2008, N°15
  6. Répertoriés en ligne dans la base de données Nadeaud de la flore de la Polynésie française [lire en ligne]
  7. Danielson, Bengt. Mémorial polynésien : Tahiti autrefois
  8. Musée du quai Branly, Développement de la coopération du musée du quai Branly avec la Polynésie française [lire en ligne]
  9. Musée du quai Branly, Exposition Va’a, la pirogue polynésienne [lire en ligne]
  10. « 19 objets du Musée de Tahiti et des îles au quai Branly », Hiro'a, no 102, , p. 14-19

Lien externe

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