Mur d'argent

Le mur d'argent (ou mur de l'argent) est une expression visant à représenter négativement les milieux bancaires, financiers et industriels comme des opposants aux réformes sociales et, plus globalement, aux gouvernements classés à gauche de l'échiquier politique.

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Le superpatriote déserteur.
Illustration de Pierre Dukercy dénonçant l'évasion fiscale sous le cartel des gauches en 1925.
Affiche conçue dans le cadre de la campagne électorale du parti radical-socialiste en avril 1929.
Le voilà, le « mur d'argent » !
Affiche de Charles de Boussay retournant le thème du mur d'argent contre le cartel des gauches[1].
Paris, Imprimerie service de propagande, 1926.

Le terme est employé à l'origine en 1924 par Édouard Herriot, président du Conseil durant le Cartel des gauches, afin d'expliquer les difficultés financières rencontrées par son gouvernement (fuite des capitaux, dévaluation du franc, trésorerie publique quasi nulle, etc.) par l'opposition concertée des banques et de la finance.

Symbolisant l'hostilité des « grandes puissances d’argent » envers les gouvernements de gauche, le « mur d'argent » dénoncé par le Cartel des gauches dans les années 1920 préfigure le mythe des « deux cents familles » stigmatisées durant le Front populaire en 1936.

Notes et références

  1. Nicolas Beaupré, Les grandes guerres : 1914-1945, Paris, Belin, coll. « Histoire de France », , 1143 p. (ISBN 978-2-7011-3387-4, présentation en ligne), p. 240.

Bibliographie

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  • Jacques Néré, Le Problème du mur d'argent : les crises du franc, 1924-1926, Paris, La Pensée universelle, , 159 p. (ISBN 2-214-06264-5).
  • André Orléan, « Les croyances monétaires et le pouvoir des banques centrales », dans Jean-Philippe Touffut (dir.), Les banques centrales sont-elles légitimes ?, Albin Michel, coll. « Sciences humaines », 2008, lire en ligne. Réaction à cette communication.
  • Marguerite Perrot (préf. Jean-Marcel Jeanneney), La monnaie et l'opinion publique en France et en Angleterre de 1924 à 1936, Paris, Armand Colin, coll. « Cahiers de la Fondation nationale des Sciences Politiques » (no 65), , 254 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Alain Plessis, « La saga des banquiers français », L'Histoire, no 242, , p. 62-69.

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