Moyenne quasi-arithmétique

En mathématiques et en statistiques, les moyennes quasi-arithmétiques, moyennes de Kolmogorov ou f-moyennes généralisées sont une généralisation des moyennes dites généralisées (elles-mêmes une généralisation des moyennes usuelles : arithmétique, géométrique, etc.). Elles sont paramétrées par une fonction f.

Définition

Soit une fonction d'un intervalle dans les nombres réels, continue et injective.

La -moyenne de nombres est définie comme , que l'on peut aussi écrire

Il est nécessaire que soit injective pour que son inverse soit définie. Comme est définie sur un intervalle, appartient au domaine de définition de .

Comme est injective et continue, elle est donc strictement monotone, d'où il découle que la -moyenne est toujours comprise entre le minimum et le maximum des nombres en argument :

Exemples

(Dans les exemples suivants, ou )

  • Pour , alors la -moyenne correspond à la moyenne arithmétique quels que soient et (voir la propriété d'invariance d'échelle infra).
  • Pour , alors la -moyenne correspond à la moyenne géométrique quelle que soit la base du logarithme dès lors que celle-ci est positive et différente de 1.
  • Pour , alors la -moyenne correspond à la moyenne harmonique.
  • Pour , alors la -moyenne correspond à la moyenne généralisée d'exposant .
  • Pour , alors la -moyenne est la moyenne dans le demi-anneau logarithmique (en), qui est une version décalée d'une constante de la fonction softmax: . Le correspond à une division par .

Propriétés

Les propriétés suivantes sont vraies pour toute fonction satisfaisant à la définition ci-dessus:

Symétrie : La valeur de est invariante par permutation de ses arguments.

Point fixe : .

Monotonicité : est monotone en chacun de ses arguments (puisque est monotone).

Continuité : est continue en chacun de ses arguments (puisque est continue).

Substitution : n'importe quel sous-ensemble de arguments peut être remplacé par sa -moyenne répétée fois, sans changer le résultat de la -moyenne globale. Si l'on note on a ainsi:

Partitionnement : Le calcul de la -moyenne peut être séparée en plusieurs calculs de sous-ensembles de même taille :

Auto-distributivité : Pour toute moyenne de Kolmogorov de deux arguments, on a :

.

Médialité : Pour toute moyenne de Kolmogorov de deux arguments, on a :

.

Équilibrage : Pour toute moyenne de Kolmogorov de deux arguments, on a :

.

Théorème central limite : Sous conditions de régularité et pour un échantillon suffisamment grand, suit approximativement une loi normale[1].

Invariance d'échelle : La moyenne de Kolmogorov est invariante par translation et homothétie de la fonction :

.

Caractérisation

Il existe plusieurs ensembles de propriétés qui caractérisent la moyenne de Kolmogorov (c'est-à-dire que pour toute fonction satisfaisant ces propriétés, il existe une fonction telle que .

  • La médialité est essentiellement suffisante pour caractériser une moyenne de Kolmogorov[2]:chapitre 17.
  • L'auto-distributivité est essentiellement suffisante pour caractériser une moyenne de Kolmogorov[2]:chapitre 17.
  • Kolmogorov a démontré que les cinq propriétés de symétrie, point fixe, monotonicité, continuité et substitution caractérisent entièrement une -moyenne[3].
  • Équilibrage: Une question intéressante consiste à savoir si cette propriété peut remplacer celle de substitution dans l'ensemble de Kolmogorov, c'est-à-dire si les cinq propriétés de symétrie, point fixe, monotonicité, continuité et équilibrage suffisent à caractériser une moyenne de Kolmogorov. Georg Aumann (en) a démontré dans les années 1930 que la réponse, en général, est non [4], mais qu'il suffit d'ajouter l'hypothèse que soit analytique pour que ce soit le cas[5].

Homogénéité

Les moyennes sont habituellement homogènes, mais pour presque toutes les fonctions , la -moyenne ne l'est pas. En fait, les seules moyennes de Kolmogorov homogènes sont les moyennes généralisées. Voir Hardy–Littlewood–Pólya, page 68.

La propriété d'homogénéité peut cependant être obtenue en normalisant les arguments par une moyenne (homogène) .

Cependant, cette modification peut violer les propriétés de monotonicité et de partitionnement.

Références

  1. Miguel de Carvalho, « Mean, what do you Mean? », The American Statistician, vol. 70, no 3, , p. 764‒776 (DOI 10.1080/00031305.2016.1148632, lire en ligne)
  2. Aczél, J.; Dhombres, J. G., Functional equations in several variables. With applications to mathematics, information theory and to the natural and social sciences. Encyclopedia of Mathematics and its Applications, 31., Cambridge, Cambridge Univ. Press,
  3. Anton Grudkin, « Characterization of the quasi-arithmetic mean », sur Math stackexchange,
  4. Georg Aumann, « Vollkommene Funktionalmittel und gewisse Kegelschnitteigenschaften », Journal für die reine und angewandte Mathematik, vol. 1937, no 176, , p. 49–55 (DOI 10.1515/crll.1937.176.49)
  5. Georg Aumann, « Grundlegung der Theorie der analytischen Analytische Mittelwerte », Sitzungsberichte der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, , p. 45–81

Voir aussi

Bibliographie

  • Andrey Kolmogorov (1930) “On the Notion of Mean”, in “Mathematics and Mechanics” (Kluwer 1991) — pp. 144–146.
  • Andrey Kolmogorov (1930) Sur la notion de la moyenne. Atti Accad. Naz. Lincei 12, pp. 388–391.
  • John Bibby (1974) “Axiomatisations of the average and a further generalisation of monotonic sequences,” Glasgow Mathematical Journal, vol. 15, pp. 63–65.
  • Hardy, G. H.; Littlewood, J. E.; Pólya, G. (1952) Inequalities. 2nd ed. Cambridge Univ. Press, Cambridge, 1952.

Articles connexes

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