Mouvement des sardines
Le mouvement des sardines (movimento delle sardine en italien) », à l'origine 6 000 sardines (6000 sardine dans cette langue)[1], ou plus simplement les sardines (le sardine)[2], est un mouvement politique militant italien d'inspiration antifasciste[3],[4].
Date |
Depuis le (1 an, 9 mois et 27 jours) |
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Localisation | Italie |
Revendications | Lutte contre la popularité de Matteo Salvini, les politiques anti-migrants, les discours de haine et l'euroscepticisme |
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Actions | Manifestations, flash mob, cybermilitantisme |
Le mouvement est né à Bologne en , pendant la campagne électorale des élections régionales de 2020 en Émilie-Romagne, en opposition au populisme et au souverainisme de partis de l'extrême-droite italienne[5],[6],[7]. La référence aux sardines vient de l'expression « serrés comme des sardines dans une boite » (stretti come sardine), et fait référence à la nécessité de remplir le plus possible les places publiques, mais fait aussi allusion au caractère sans défense de ces petits poissons, qui se déplacent néanmoins en groupe[2].
Historique
Lors du lancement de la campagne électorale pour les élections régionales en Émilie-Romagne, le , la Ligue du Nord pensait lancer la candidature de la candidate Lucia Borgonzoni[8]. En même temps, un groupe de quatre amis crée sur Facebook une manifestation d'opposition nommée 6000 sardine contro Salvini (six mille sardines contre Salvini)[9] avec pour objectif d'organiser « la première révolution piscicole de l'histoire » et de jeter dans l'ombre la campagne électorale adverse en rassemblant sur le crescentone[N 1] au moins six mille personnes, soit plus que les 5 750 places assises du PalaDozza (it)[N 2],[10] réservées par la manifestation adverse[11].
Le succès du rassemblement des sardines à Bologne (peut-être dix mille personnes) est ensuite répliqué le sur la Piazza Grande de Modène puis, à travers des mobilisations éclair (flash mob), dans d'autres villes italiennes, mais aussi à l'étranger, avec une manifestation à New York[12], portant une visibilité internationale[13]. Le à Rome, les sardines rassemblent 35 000 personnes selon la préfecture de police, 100 000 personnes selon les organisateurs ; au cours de cet évènement, un des organisateurs, Mattia Santori, réclame en particulier l'abolition du « décret sécurité » passé par Matteo Salvini lors du précédent gouvernement Conte I et qui a introduit une série de mesures contre l'accueil des migrants ou qui en facilitent l'expulsion[14].
La gauche menée par le président régional sortant Stefano Bonaccini remporte les élections régionales de 2020 en Émilie-Romagne avec huit points d'avance sur la candidate de la coalition de centre droit Lucia Borgonzoni, soutenue à bout de bras par le chef de la Ligue Matteo Salvini[15],[16]. Ce résultat est notamment attribué à la mobilisation des sardines[15],[16].
Idéologie et méthodes
Le mouvement se déclare indépendant des partis et ne pas être un parti politique, ni chercher à en devenir un. Il se caractérise par une opposition à l'extrémisme, ou du supposé extrémisme, des droites. Il cherche à opposer aux déclarations fracassantes et polémiques des droites un langage pacifique et diplomatique, et demandent que « la violence verbale soit considérée comme la violence physique »[3]. Les manifestations sont pacifiques. Les références aux partisans antifascistes de la Seconde Guerre mondiale sont nombreuses ; en particulier, le chant Bella ciao est entonné à chaque manifestation.
Une interview à LA7 présente Jasmine Cristallo, une des coordinatrices du mouvement, comme inspirée par Antonio Gramsci, tandis qu'un autre organisateur, Mattia Santori, serait plus modéré dans ses opinions[17]. Selon Mattia Santori, la majorité des participants au mouvement se reconnaît dans les valeurs de la gauche[18].
Bien qu'il ait été répété à plusieurs reprises qu'il ne s'agit pas d'un parti politique, il y a une volonté, une fois passées les élections régionales italiennes de 2020, de donner plus de structure au mouvement lors d'états généraux qui devraient se tenir en [19].
Controverses et polémiques
Nicola Zingaretti, du Parti démocrate, a tenté une récupération en applaudissant à l'initiative et en revendiquant pour son parti sa paternité idéologique[11].
Matteo Salvini a rappelé que parmi les organisateurs, il y en a qui, par le passé, ont souhaité sa mort[11].
Notes et références
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Movimento delle sardine » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Ce « gros croissant » est un gros marchepied rectangulaire et relevé au centre de la Piazza Maggiore de Bologne.
- Une salle de sport polyvalente de Bologne.
Références
- (it) « 6000 sardine », sur Facebook
- (it) Michele A. Cortelazzo, « Le parole della neopolitica - Sardine », sur Treccani, l'Enciclopedia italiana, (consulté le ).
- « À Rome, plusieurs dizaines de milliers de « sardines » manifestent contre l’extrême droite », Le Monde, .
- « Qu'est-ce que le « mouvement des sardines », qui se lève en Italie ? », CNews, (lire en ligne).
- (it) « Le Sardine danno il benvenuto a Francesca Pascale: "Con noi chiunque si discosti dal sovranismo" », La Repubblica, (lire en ligne, consulté le ).
- (it) « Non solo contro Salvini, il movimento delle sardine sfida anche la sinistra », La Stampa, (lire en ligne, consulté le ).
- (it) « Sardine: "Pascale? Benvenuto chi si discosta da sovranismo" », Adnkronos, (lire en ligne, consulté le ).
- (it) Stefano Rizzuti, « Emilia Romagna, Salvini lancia la campagna elettorale: “Prima liberiamo Bologna e poi Firenze” », Fanpage, (lire en ligne)
- (it) « 6000 sardine contro Salvini », sur Facebook
- (it) Valentina Santarpia, « Bologna, sardine» contro Salvini: come sono nate e perché si chiamano così », Corriere della Sera, (lire en ligne, consulté le )
- (it) « Chi sono le "sardine": storia di un movimento e del suo nome », Panorama, (lire en ligne, consulté le ).
- (it) Mariassunta D'Alessio, « A New York arrivano le ‘sardine atlantiche’. E anche nella Grande Mela qualcosa è cambiato », il Fatto Quotidiano, (lire en ligne, consulté le )
- (it) Eleonora Bianchini, « Sardine, raduni nel mondo e analisi sui giornali stranieri. “Modello da emulare oltre l’Italia per vincere dove la sinistra ha fallito” », il Fatto Quotidiano, (lire en ligne, consulté le )
- (it) « Sardine, dall'abrogazione dei decreti Sicurezza alla trasparenza dei politici sull'uso dei social network: le sei proposte lette dal palco di Roma », Il Fatto Quotidiano, (lire en ligne)
- Jérôme Gautheret, « La défaite de l’extrême droite en Emilie-Romagne, premier revers pour Matteo Salvini », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « "De l'utilité du banc et de l'arrière-banc" », Le Canard enchaîné, no 5177,
- (it) « La sardina Jasmine Cristallo: "Sono gramsciana". Francesco Borgonovo: "Lei è di sinistra estrema, Santori più moderato" », sur LA7,
- (it) « Sardine, Mattia Santori: "Nostra gente si riconosce nella sinistra. Noi lontani da Lega e Fratelli d'Italia" », Il corriere dell'Umbria, (lire en ligne)
- (it) Francesco Rosano, « Il movimento delle Sardine lancia i suoi stati generali: «Non chiamatelo congresso» », Corriere della sera, (lire en ligne)
Articles connexes
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