Montignies-sur-Sambre

Montignies-sur-Sambre (en wallon Montgneye-so-Sambe, localement Mont'gnè-su-Sambe) est une section de la ville belge de Charleroi situé en Région wallonne dans la province de Hainaut.

Pour les articles homonymes, voir Montignies.

Montignies-sur-Sambre

Héraldique
Administration
Pays Belgique
Région  Région wallonne
Communauté  Communauté française
Province  Province de Hainaut
Arrondissement Charleroi
Commune  Charleroi
Code postal 6061
Zone téléphonique 071
Démographie
Gentilé Montagnard(e)[1]
Population 18 728 hab. (2008)
Densité 3 132 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 24′ 00″ nord, 4° 28′ 51″ est
Superficie 598 ha = 5,98 km2
Localisation

Localisation de Montignies-sur-Sambre dans la commune de Charleroi
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Montignies-sur-Sambre
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Montignies-sur-Sambre
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Montignies-sur-Sambre

    C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

    Histoire

    Le lieu est déjà habité à l'époque romaine puisqu'on a retrouvé des traces d'une villa romaine au Champ de l'Épine.

    Pendant plusieurs siècles, les habitants (surtout des paysans) dépendent de la Principauté de Liège.

    Au XIIIe siècle, apparaissent des cloutiers, et certains habitants exploitent des petites veines de houille.

    Au XVIIIe siècle, les charbonnages se multiplient et prennent des noms qui perdureront : Trieu-Kaisin, Bonne-Espérance, Mambourg, Poirier... À la fin du siècle, on compte presque deux mille habitants.

    Au XIXe siècle, les charbonnages se développent; on compte 19 puits en activité. Les premières fabriques de charbon en briquettes établies en Belgique sont exploitées à partir de 1851 par les Dehaynin père et fils à Montignies-sur-Sambre, sous la direction d’un Français, Jean-Baptiste Bouriez. Une première verrerie voit le jour vers 1830 et une seconde vers 1870. Une première usine métallurgique apparaît vers 1835; elle est dirigée par l'ingénieur Champeaux (en 1980, certains ouvriers disaient encore : « on travaille à Champeaux »). Il y aura aussi la Société du Marais et les aciéries Brachot. C'est à cette époque que débuta le pavage des rues principales. Le financement en fut assuré par des droits de péage.

    En 1868, se déroule le drame de l'Épine. À la suite d'un mouvement de grève, des débordements ont lieu à l' fosse di l'Ispéne (charbonnage de l'Épine situé à l'avenue du Centenaire à la limite de Gilly). Les gendarmes sont débordés et il est fait appel à l'armée. Un détachement du 11e de ligne est envoyé sur place. À la suite des jets de pierres de la foule, le major Quenne ordonne l'ouverture du feu. Il y aura six morts et de nombreux blessés.

    En 1874, une concession est accordée pour le premier tramway à traction animale.

    22 août 1914

    Depuis de nombreuses générations, les Piérard faisaient commerce de tissus. Ils faisaient les marchés et avaient un magasin à la chaussée de Charleroi (actuellement ING, la maison reculée face à Taaj, l’ancien Lidl). Vers 1870, deux des fils ont fondé les Usines du Marais, un laminoir racheté après 1918 par Sambre-et-Moselle qui allait devenir Hainaut-Sambre. L’un d’eux était Jacques Piérard, joueur de balle pelote réputé et futur bourgmestre de Montignies. L’autre était Sébastien Piérard qui fit construire un « château », ce genre de grande maison de capitaines d’industrie.

    À sa mort en 1900, c’est sa fille Mathilde qui en hérita et continua à y vivre en compagnie de ses domestiques. Le , les Allemands entrent à Montignies vers midi. Mais la bataille fait rage à Loverval et les troupes sont bloquées tout le long de la chaussée de Gilly (actuellement avenue du Centenaire). Tout cela dans le calme. Les habitants viennent voir les soldats. Tout se passe bien jusque vers 17h00 où les Allemands se mettent à tirer sur les civils.

    Depuis un siècle, on se demande pourquoi. C’est ma cousine Adeline Feron, la nièce de Mathilde Piérard, qui m’a expliqué la raison de ce changement. L’homme à tout faire de Tante Mathilde était monté au grenier avec des jumelles pour regarder par la tabatière le déroulement de la bataille de Loverval. Là-bas, un officier a vu un éclair dans la tabatière et est redescendu vers Montignies pour dire au Major allemand que des francs-tireurs se trouvaient dans cette maison (il s’agissait en fait du reflet du soleil sur les jumelles !) Le Major a ordonné la fouille de la maison. Ne trouvant aucune arme, il a fait incendier la maison vers 18h00 et l’homme à tout faire a été battu à mort pour avouer. Quant à Mathilde et sa servante, elles ont été traînées devant la gare (actuellement Carrefour) pour assister à l’incendie de leur maison. Les otages gilliciens et carolos y ont aussi été ramenés pour y assister, depuis la place communale où ils avaient été parqués.

    Ne trouvant pas d’arme chez Mathilde, les Allemands sont allés fouiller le bâtiment voisin, à savoir l’école Saint-Valentin. Même scénario : pas d’armes, incendie, et les frères amenés devant la gare[2]. Furieux de ne rien découvrir, les Allemands ont continué à incendier les maisons à partir de là jusque sur la place communale.

    Ensuite, les otages, parmi lesquels Tante Mathilde, sa servante et les frères, ont été amenés sur les ponts de la Sambre, les hommes sur le pont et les femmes sur le déversoir, où ils ont passé toute la nuit dans l’humidité (pluie ou brouillard, selon les témoignages). Là, ils ont vu, à l’aller et au retour, le bourgmestre de Charleroi, Emile Devreux, qui se rendait en voiture au château de Parentville pour signer les accords de Couillet[3],[4].

    Le , le 19e DIR de l'armée impériale allemande passa par les armes 35 civils et détruisit 103 maisons lors des atrocités allemandes commises au début de l'invasion. Des civils furent utilisés comme boucliers humains. Des personnes furent placées sur le pont de la Sambre pour qu'on ne le fasse pas exploser; d'autres durent progresser devant les troupes allemandes en direction de Nalinnes. L'hôpital Ste Thérèse échappa de peu à l'incendie. Le et le 11 au matin, Montigny fut soumis à des "bombardements" par aéroplanes. Le 18, les Anglais arrivèrent.

    Après la guerre 1914-1918, l'industrie se développe rapidement. La population s'accroît et atteint, selon les chiffres de l'État-civil 26 244 habitants en 1930.

    1940-1944.

    En 1936, la Belgique décide de redevenir neutre. De plus, cette même année, les Allemands violent le traité qu’ils avaient signé après la guerre 14-18, en amenant des troupes de ce côté-ci du Rhin. La Belgique doit donc se défendre seule alors que la guerre menace. Il est donc décidé d’augmenter les effectifs de l’Armée. Mais les casernes sont trop petites pour accueillir tous ces soldats. On décide donc, toujours en 1936, d’agrandir la caserne Trésignies de Charleroi. Mais les soldats affluent et l’extension est seulement en travaux. Les miliciens devront donc faire leur service militaire à la caserne de Montignies-Neuville. L’ancienne verrerie Fourcault est aménagée à la hâte et dès , les premiers miliciens y sont casernés. Parmi eux, le futur Premier Ministre Edmond Leburton, qui fera son service militaire jusque le  !

    Les nouveaux bâtiments de la caserne Trésignies seront inaugurés par les Allemands. Quant à la caserne de Montignies, elle servira de dépôt à l’armée allemande. Puis, après des fortunes diverses, elle servira de dépôt à Courthéoux, puis à Delfood.

    C’est là qu’ont été amenées toutes les cloches d’églises réquisitionnées pour en faire des canons. Ensuite, elles ont été chargées sur un train qui a passé la nuit à la gare de Montignies (actuel Carrefour). Là, les résistants ont creusé des tranchées de chaque côté du train et y ont caché les cloches. Après la guerre, toutes les cloches ont retrouvé leur clocher, sauf celle de Gilly-Haies qui s’est cassée dans la manœuvre.[5]

    En 1944, l'aviation alliée fut amenée à bombarder la gare de formation et le pont de Sambre. Il y eut malheureusement de nombreux dégâts collatéraux entre le et le . Plus de 200 personnes furent tuées, plus de 400 maisons furent détruites et l'église Saint-Remy fut gravement endommagée. Le , une bombe V1 explosa à la rue de la Pensée.

    À la fin des années 1950, la concurrence des charbons étrangers et des autres formes d'énergie (pétrole, gaz naturel) amène la fermeture des charbonnages : St André en 1957, St Charles en 1958 ..., la Duchère en 1965. Dix ans plus tard, c'est l'industrie sidérurgique qui est frappée.

    Le , en raison de la loi sur la fusion des communes, Montignies-sur-Sambre est intégrée dans la Ville de Charleroi.

    Bourgmestres

    Liste des bourgmestres de Montignies-sur-Sambre de 1866 jusqu’à la fusion de la commune à Charleroi en 1976[6] :

    • Jacques Piérard (1866-1889)
    • Dr Lambert Piret (1890-1891)
    • Alfred Magonette (1892-1895)
    • Joseph Marlier (1896)
    • Dr Émile Dutrieux (1896-1912)
    • Dr Camille Hilson (1913-1920)
    • Romain Henry (1921-1925)
    • Edmond Yernaux (1926-1970)
    • André Poffé (nl) (1970-1976)

    Démographie

    Évolution de la population[7],[8]
    1801 1846 1900 1947 1977[9] 2001
    719 1 925 8 046 11 063 22 948 13 020

    Armoiries

    Blason de Montignies-sur-Sambre. Ce sont les armes de la famille t'Serclaes de Tilly[10].
    Blasonnement : De gueules au lion d'argent armé, lampassé et couronné d'or, à la queue fourchue, chargé sur l'épaule gauche d'un écusson d'or au chef échiqueté d'argent et de sable de deux tires qui est Bygaerden[11].

    Les quartiers et lieux-dits

    • Le Centre
    • Les Cités
    • Les Trieux (Trils Caisen (1688) - Trieux Kaisin)
    • Saint-Jean (Saint Djean (1820))
    • Le Roctiau (Le Roction (1712))
    • La Neuville
    • Saint Charles[12]

    Les monuments

    • Chapelle du Calvaire, place Albert Ier. Construite vers 1640, classée en 1952[13].
    • L'église Saint-Remy. Construite 1789 sur l'emplacement de l'ancienne église[14]. À côté se trouvent encore des tombes du premier cimetière qui servit jusqu'en 1845. Elle conserve quelques ossements de saint Valentin. Ceux-ci furent offerts par le pape Pie IX en 1874 en remerciement du soutien des habitants lorsqu'il se trouva confiné au Vatican en 1870[15].
    • Porte de Waterloo ou de la Belle Alliance, rue Petite Aise no 33. Éléments d'une ancienne porte des fortifications de Charleroi construites par les Hollandais en 1816. Pièces déplacés lors du démantèlement de la forteresse (1869-1872). Monument classé depuis 1985[16],[17].
    • Hôtel de Ville. Réalisé par l'architecte François Giuannotte, place Albert Ier. Construit en 1910[18].

    Enseignement

    Montignies-sur-Sambre abrite l'une des deux implantations de l'UCLouvain Charleroi, un des sites de l'université catholique de Louvain. Y sont donnés des formations de la Louvain School of Management[19]. Situé rue Trieu Kaisin[20], le campus est partagé avec le site Sainte-Thérèse de l'Institut d'Enseignement secondaire complémentaire catholique (Haute école Louvain en Hainaut).

    Jumelages

    Jumelages et partenariats de Montignies-sur-Sambre.
    VillePaysPériode
    FollonicaItaliedepuis
    SélestatFrancedepuis
    WaldkirchAllemagne

    Le folklore

    • Les processions : quatre processions se déroulaient chaque année. Il y avait : la procession de la Fête-Dieu (passait par la chapelle des Trieux), la procession Champeaux (date de 1836, faisait une halte au Calvaire et subsista jusqu'en 1967), la procession du (disparue en 1951), la procession du Roctiau (passait par la ducasse du quartier).
    • La Saint-Éloy : fête des métallurgistes. Fêté le 1er décembre.
    • La Sainte-Barbe : fête des mineurs. Fêtée le avec grandes libations.

    Personnalités liées à Montignies-sur-Sambre

    • Dominique Wilms, née à Montignies en 1930, comédienne et peintre.
    • Dupa, né à Montignies en 1945, dessinateur de bandes dessinées.
    • Johan Muyle, né à Montignies en 1956, sculpteur.
    • Joëlle Milquet, née à Montignies en 1961, femme politique.

    Sport

    Notes et références

    1. Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 31
    2. Institut Saint-Valentin, Les Allemands sont à Montignies…, Montignies-sur-Sambre, Imprimerie Vermeulen, 2015 ou 2016, 20 p.
    3. A Lemaire, Charleroi – Août 1914, Noir Dessin Production, réédition de 1929, 284 p. (ISBN 978-2-87351-283-5)
    4. Luc Leroy, « 22 août 1914 à Montignies-sur-Sambre », Le Son du C.O.R.C., , p. 10 à 16
    5. Recherches de Luc Leroy, petit-fils du Lt-Gén Joseph Leroy, commandant de la caserne Trésignies de 1928 à 1938.
    6. D'après un cadre situé à l’Hôtel de Ville de Montignies-sur-Sambre
    7. Sauf 1977 - Michel Poulain (dir.), Ville de Charleroi : Atlas géostatistique des quartiers, Charleroi, , p. 55
    8. 1977 - Pierre-Jean Schaeffer, Charleroi 1830-1994, Histoire d'une Métropole, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Quorum, , 466 p. (ISBN 978-2-930014-42-5), p. 337
    9. Fusion de communes en Belgique
    10. Yernaux 1966, p. 209.
    11. Lieve Viaene-Awouters et Ernest Warlop, Armoiries communales en Belgique, Communes wallonnes, bruxelloises et germanophones, t. 1 : Communes wallonnes A-L, Bruxelles, Dexia, , p. 218
    12. Yernaux 1966, p. 209-211.
    13. Patrimoine monumental de Belgique, tome 20, p. 167
    14. Patrimoine monumental de Belgique, tome 20, p. 166-167
    15. Laurent Hoebrechts, « Saint Valentin, prophète en son Pays noir? », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le )
    16. Patrimoine monumental de Belgique, tome 20, p. 171-172
    17. Alexandra Vanden Eynde, Anne-Catherine Bioul, Micheline Franc, Marie-Luisa Pazzaglia, Anne-Cécile Ghigny, Martine Soumoy et Marie-Jeanne Ghenne, Balade dans les souvenirs des forteresses, Charleroi, Espace Environnement ASBL, , 2e éd. (1re éd. 1986), 20 p., A4 (lire en ligne), p. 14.
    18. Jean-Louis Delaet, Rina Margos et Chantal Lemal-Mengeot, Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi, Ministère de la Région wallonne et Ville de Charleroi, coll. « Carnets du patrimoine » (no 11), , 64 p., p. 35-38
    19. « La Louvain School of Management, première école de gestion belge dans le ranking du Financial Times ! », sur uclouvain.be,
    20. « Accès et plans », sur uclouvain.be

    Annexes

    Bibliographie

    • Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 20 : Wallonie, Hainaut, Arrondissement de Charleroi, Liège, Pierre Mardaga, éditeur, , 602 p. (ISBN 2-87009-588-0, lire en ligne)
    • Redécouvrir son quartier sous un autre regard... Charleroi : Section de Montignies-sur-Sambre, Charleroi, Espace Environnement, , 15 p. (lire en ligne)
    • Henk Byls, « L’Œuvre des Flamands à Montignies-sur-Sambre : 1850-2000 », dans Idesbald Godderis et Roeland Hermans (éds.), Migrants flamands en Wallonie, Bruxelles, Racine, (ISBN 978-94-014-0146-3), p. 142-167
    • André Lépine, « Les charbonnages du Pays noir en cartes postales anciennes », Cercle d'Histoire de Cerfontaine, no 503,
    • Claude Yernaux, La vie quotidienne à Montigny sous le régime français - 1794 - 1815 : Histoire de Montigny-sur-Sambre - Le régime français, Montigny-sur-Sambre, Édition de l'Administration communale, , 242 p.
    • Claude Yernaux, Histoire de Montignies-sur-Sambre : Le XXe Siècle, Montignies-sur-Sambre, Édition de l'Administration communale, , 328 p.
    • Edmond Yernaux et Fernand Fievet, L'Histoire de Montigny-sur-Sambre, La Concorde Marcinelle, 1930, 287 p.
    • Edmond Yernaux et Fernand Fievet, Folklore montagnard, Edition de l'Administration communale, 1955, 449 p.
    • Edmond Yernaux, Histoire de Montigny : De la période romaine à la révolution française, t. 1, Éditions Labor, , 240 p.
    • Edmond Yernaux, Histoire de Montigny : De la période française à la première guerre mondiale, t. 2, Éditions Labor, , 272 p.
    • Cyrille De Becker, Histoire du culte de St-Valentin à Montigny-sur-Sambre, Octave Roisin-Knibeller imprimeur-libraire, 1899, 32 p.
    • Cyrille De Becker, Notice sur les saints et les reliques en vénération à Montigny-sur-Sambre, F. Reytter Charleroi, 1901, 89 p.
    • Fernand Fievet, La chronique montagnarde, Héraly Charleroi, 1953, 125 p.
    • Oscar Balériaux, La petite histoire de Montignies-sur-Sambre, brochure dactylographiée, 1986, 102 p.
    • La Fraternité Montagnarde, Les Allemands sont à Montignies..., Imprimerie Vermeulen, 2014, 20 p.
    • Luc Leroy, Lieutenant-Général Joseph Leroy, Memogrames, 2017, 275 p.

    Liens externes

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