Rivière Moisie

La rivière Moisie (innu-aimun : Mishta-shipu) est un cours d'eau de la région administrative de la Côte-Nord, au Québec, au Canada. D'une longueur de 410 km[2], elle prend sa source dans le lac Ménistouc à une élévation de 520 mètres au-dessus du niveau de la mer[3], et coule en direction sud pour se jeter dans l'estuaire du Saint-Laurent à un point situé à quelque 25 kilomètres à l’est de Sept-Îles.

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Rivière Moisie

Rivière Moisie, rapide de Katchapahun
Caractéristiques
Longueur 410 km
Bassin 19 200 km2
Bassin collecteur Estuaire maritime
du Saint-Laurent
Débit moyen 490 m3/s
Organisme gestionnaire Organisme de bassins versants Duplessis
Régime nivo-plubial
Cours
Source lac Ménistouc
· Localisation Rivière-Mouchalagane
· Altitude 520 m
· Coordonnées 52° 30′ 50″ N, 66° 33′ 56″ O
Confluence Fleuve Saint-Laurent
· Localisation Moisie
· Altitude m
· Coordonnées 50° 12′ 00″ N, 66° 04′ 03″ O
Géographie
Pays traversés Canada
Province Québec
Région Côte-Nord
MRC Sept-Rivières
Principales localités Sept-Îles

Sources : CTQ[1]

La superficie de son bassin hydrographique est de 19 200 km2 et son débit moyen est de 490 m3/s, ce qui en fait la rivière au volume le plus important le long de la moyenne Côte-Nord du fleuve Saint-Laurent. Son courant est fort et ses rapides sont nombreux. Sa vallée profonde et accidentée est couverte d'épinettes, de sapins, de bouleaux, de trembles et de pins. C'est l'une des meilleures rivières à saumons et à truites de tout l'est de l'Amérique du Nord. La Compagnie de la baie d'Hudson possède un poste de traite dans le village de Moisie, à l'embouchure de la rivière. Le nom Moisie vient probablement d'un nom montagnais. Les Innus la surnomment la Mishta-Shipu, qui signifie « la grande rivière ».

Histoire

Rivière Moisie, vers 1880

Dès 1535, Jacques Cartier remarque une rivière dans laquelle se retrouvent « des poissons en forme de chevaux » qui s'avèrent être des pinnipèdes[4]. Il nommera pour cette raison le cours d'eau « rivière de Chevaulx », nom qui se retrouvera sur la carte de Mercator de 1569. Le nom de Moisie fait son apparition à la fin du XVIIe siècle. Entre autres, Jean Deshayes utilise le toponyme de rivière Moisie sur sa carte de 1695[4].

Les autochtones de la région utilisaient la rivière comme voie d'entrée vers les terres intérieures. La compagnie de la Baie d'Hudson possédait un important poste de traite des pelletries dans le village de Moisie situé à l'embouchure de la rivière[5].

Toponymie

Les autochtones utilisent différents mots pour nommer la rivière. Différents auteurs citent les noms de Mistshipu, Mistsipi, Mastashibou, Mishtashipit et Mistasipi qui sont tous des mots ayant une signification proche de la grande rivière[4]. Jacques Cartier lui donne son premier nom européen en la nommant rivière de Chevaulx. Ce toponyme restera en vigueur jusqu'à la fin du XVIIe siècle où le toponyme moderne de rivière Moisie fera son apparition.

Accès

La rivière Moisie est peu accessible. Pour s'y rendre, on utilise soit la route 389 jusqu'au Lac De Mille puis le canot à travers plusieurs systèmes de lacs, soit la route 138, soit le train. En effet, la ligne du chemin de fer de la Côte-Nord et du Labrador reliant Sept-Îles à Schefferville et Labrador City suit une partie des berges de la rivière. Cette ligne, complétée en 1954, permettait le transport du minerai de fer extrait dans le nord d'être acheminé jusqu'au port de Sept-Îles pour être transporté par voie maritime sur le fleuve Saint-Laurent.

Une réserve aquatique

L'environnement de la rivière Moisie est protégé juridiquement dans le but de lui donner le statut de réserve aquatique[6]. Ce statut permet à la rivière et à une partie de son bassin versant d'être protégée de plusieurs activités humaines qui modifie l'état de la rivière. Toute activité de prospection, d'exploration de fouille ou de décapage du sol y est interdite. L'exploitation minière, gazière ou pétrolière y est prohibée. L'aménagement forestier et la coupe d'arbre est aussi interdite. Finalement, l'exploitation hydroélectrique et toute nouvelle construction ne sont plus possibles à l'intérieur de la réserve. Les droits acquis des autochtones sont cependant respectés, particulièrement dans les domaines de la chasse et de la pêche[4].

Cette protection a pour objectif de contribuer à la conservation de la rivière dans un état naturel et à l'amélioration du milieu naturel dans une optique de protection des espèces (plus particulièrement du saumon de l'Atlantique).

L'interdiction de l'aménagement hydroélectrique permet d'éviter les forts changements qu'ont subis deux rivières voisines (la Manicouagan et la rivière aux Outardes) qui ont été modifiées pour accueillir des barrages et des centrales. En effet, plusieurs composantes naturelles des rivières comme le cycle de pH et la conductivité sont modifiées par la création de barrages. La Moisie évitera donc ces changements à cause de son statut protégé[4]. De plus, ce décret empêche aussi le détournement de deux affluents de la rivière Moisie par Hydro-Québec pour alimenter la rivière Sainte-Marguerite. En effet, il était projeté de dévier le débit des rivières aux Pékans et Carheil pour permettre le développement de la centrale SM-3[4],[7].

Faune et flore

La faune et la flore rencontrées dans le bassin versant de la rivière sont typiques de la forêt boréale qui drape une bonne partie du bouclier canadien au Québec. Sur le plan forestier, la population se compose surtout de sapins, d'épinettes noires. On retrouve aussi plusieurs tourbières dans les environs de la rivière. Plusieurs types de mousses et de lichens couvrent aussi le paysage. Du côté faunique, tous les animaux qui peuplent habituellement la forêt boréale québécoise sont observables. Entre autres, on observe régulièrement la loutre, le renard roux, l'ours noir, l'orignal et le castor. La rivière, quant à elle, abrite plusieurs espèces de poissons comme l'omble de fontaine, l'omble chevalier, le grand brochet et l'anguille d'Amérique. Ses eaux sont aussi fertiles en saumons atlantiques qui font la joie des pêcheurs[4].

Activités

Descente en canoë

Deux principales activités attirent les amateurs de plein-air à la rivière Moisie : la pêche au saumon atlantique et la descente en embarcation.

La pêche sportive au saumon sur la Moisie remonte à 1858, les terrains pour cette activité étant alors détenus par de riches anglophones. Depuis 1987, les activités de pêche sont réparties entre une zone d’exploitation contrôlée (zec), que gère lassociation de protection de la rivière Moisie, et 5 autres territoires, gérés par autant de pourvoiries. La pêche au saumon se fait en embarcation à moteur seulement. La pêche à la traîne est permise dans le secteur zec. La pêche à la mouche est obligatoire sur le reste de la rivière et la saison[8].

Appelée la « Nahanni de l'est » par les descendeurs[9], le cours d'eau attire les canotiers et kayakeurs avec ses nombreux rapides. La descente complète de la rivière prend une vingtaine de jours et offre une excursion forte en émotions[4]. Sa descente compte plus de 100 rapides et est considérée difficile à cause de son niveau changeant de débit et par ses nombreux portages[9].

Notes et références

  1. « Rivière Moisie », sur CTQ (consulté le )
  2. L'Encyclopédie canadienne: Rivière Moisie
  3. Gouvernement du Québec - Développement durable, Environnement et Parcs - Bassin versant de la rivière Moisie
  4. Annie Mercier et Jean-François Hamel, Rivières du Québec, Montréal (Québec)/Ivry, Les éditions de l'Homme, , 397 p. (ISBN 2-7619-1966-1)
  5. A. Rouillard, Dictionnaire des Rivières et Lacs de la Province de Québec, Les éditions de l'Homme, , 432 p.
  6. Gouvernement du Québec, « Réserve aquatique projetée de la rivière Moisie - Plan de conservation », (consulté le )
  7. Québec. Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, Aménagement hydroélectrique Sainte-Marguerite-3, Québec, Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, coll. « Rapport d'enquête et d'audience publique » (no 60), (ISBN 2-550-27867-4, lire en ligne)
  8. « Association de protection de la rivière Moisie », sur https://www.saumonquebec.com (consulté le )
  9. Gaétan Fontaine, « Rivière-Moisie » (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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