Midnight Express

Midnight Express ou L'Express de minuit au Québec[1] est un film dramatique américano-britannique réalisé par Alan Parker, sorti en 1978. Il s’inspire de l'histoire de William Hayes, arrêté et emprisonné en Turquie en 1970, qui avait raconté son histoire dans le livre autobiographique Midnight Express publié en 1977.

Midnight Express
Titre québécois L'Express de minuit
Réalisation Alan Parker
Scénario Oliver Stone
Musique Giorgio Moroder
Acteurs principaux
Sociétés de production Casablanca Filmworks
Pays d’origine États-Unis
Royaume-Uni
Genre drame
Durée 121 minutes
Sortie 1978


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film raconte donc le destin d'un jeune Américain, incarcéré en Turquie après avoir été arrêté pour contrebande de Haschich. Le scénario du film diffère du récit autobiographique de William Hayes. Ce dernier critiquera d'ailleurs le film, tout comme les autorités turques. Oliver Stone, scénariste du film, avouera avoir surdramatisé son scénario. Le film sera longtemps interdit en Turquie et suscitera quelques controverses. Cela n'empêchera pas Midnight Express d'être un succès au box-office et de récolter notamment deux Oscars et six Golden Globes[2]. Le film est également connu pour la musique de Giorgio Moroder, particulièrement le thème principal, Chase.

Synopsis

En 1970, William Hayes, jeune touriste américain, est en vacances avec sa petite amie Susan, en Turquie. Espérant se faire un peu d'argent, il tente de rentrer aux États-Unis avec deux kilogrammes de haschich répartis sur son corps et dissimulés sous ses vêtements. Le , alors qu'il est sur le point de monter dans l'avion, il est, comme les autres passagers, soumis à une fouille de sécurité par des douaniers qui trouvent la drogue. Débute alors pour « Billy » un cauchemar le conduisant à la prison de Sağmalcılar, à Bayrampaşa (district d'Istanbul). D'abord condamné à quatre ans de prison pour détention de drogue, il est rejugé pour l'exemple et se retrouve condamné à trente ans de prison pour trafic de stupéfiants. N'ayant plus rien à perdre, il va tout tenter pour s'évader (« prendre l'express de minuit »).

Résumé détaillé

En vacances à Istanbul, en Turquie, en 1970, William Hayes, un étudiant américain, s’attache deux kilogrammes de blocs de haschisch sur la poitrine. Alors que sa petite amie et lui s’apprêtent à prendre l’avion pour rentrer aux États-Unis, Billy est arrêté par la police turque, qui est en état d'alerte élevé pour les attentats terroristes. Billy est fouillé et arrêté.

Un Américain obscur  que Billy surnomme Tex en raison de son fort accent texan  arrive et accompagne Billy au poste de police et sert d’interprète lors de l’interrogatoire. Billy affirme avoir acheté le haschisch à un chauffeur de taxi et offre d’aider la police à le localiser en échange de sa libération. Sur un marché voisin, Billy indique le chauffeur de taxi à la police qui l'arrête, mais celle-ci n’a pas l’intention de le relâcher. Il tente de s’échapper mais il est rattrapé.

Au cours de sa première nuit dans la prison de Sağmalcılar, Billy, frigorifié, se faufile hors de sa cellule afin de récupérer une couverture. Il est ensuite expulsé de sa cellule par Rifki et brutalement battu par le gardien en chef Hamidou pour ce vol. Quelques jours plus tard, Billy se réveille dans sa cellule, entouré de ses camarades prisonniers occidentaux : Jimmy (un Américain qui a volé deux chandeliers dans une mosquée), Max (un héroïnomane anglais) et Erich (un trafiquant de drogue suédois). Jimmy prévient Billy que la prison est dangereuse pour les étrangers et dit qu’on ne peut faire confiance à personne, même pas aux jeunes enfants.

Billy se retrouve face à son père, un représentant américain, et un avocat turc pour discuter de sa situation. Pendant son procès, le procureur le poursuit pour trafic de drogue. Le juge principal est favorable à Billy et lui inflige une peine de quatre ans pour possession de drogue. Billy et son père sont dévastés, mais leur avocat turc insiste sur le fait que c’est un bon résultat.

Jimmy veut que Billy se joigne au Midnight Express, une tentative d’évasion par les tunnels souterrains de la prison. Billy, qui doit être bientôt libéré, refuse. Jimmy y va seul et est pris, puis brutalement battu. Cinquante-trois jours avant sa libération, Billy apprend que la Haute Cour turque d’Ankara a annulé sa sentence après un appel de l’accusation. Le procureur voulait à l’origine que Billy soit reconnu coupable de contrebande plutôt que de l’accusation moindre de possession. Il est alors condamné en appel à trente ans de prison.

Max : The best thing to do is to get your ass out of here. Best way that you can.
Billy Hayes : Yeah, but how?
Max : Catch the midnight express.
Billy Hayes : But what's that?
Max : [rire] Well it's not a train. It's a prison word for... escape. But it doesn't stop around here.

En désespoir de cause, Billy accompagne Jimmy et Max pour tenter de s’échapper par les catacombes, sous la prison. Ils abandonnent après s’être heurtés à des impasses sans fin. Un autre prisonnier, Rifki, informe les gardiens de leur tentative. L’emprisonnement de Billy devient dur et brutal : des scènes terrifiantes de torture physique et mentale se succèdent, et Billy fait une dépression nerveuse. Il bat brutalement Rifki, lui arrachant la langue et le laissant pour mort. Il est interné dans le quartier des fous de la prison, où il erre dans l'étourdissement parmi les autres prisonniers perturbés et catatoniques.

En 1975, la petite amie de Billy, Susan, lui rend visite. Dévastée par l’état de Billy, elle lui dit qu’il doit sortir ou bien mourir. Elle lui laisse un album photo avec de l’argent caché dans la doublure pour aider Billy à s’échapper. Sa visite aide fortement Billy à retrouver ses esprits. Il corrompt Hamidou qui emmène Billy dans une chambre, puis tente de le violer. Ils se battent jusqu’à ce qu’Hamidou soit tué après avoir été poussé contre le mur, la tête fichée sur une patère. Billy revêt un uniforme de gardien et sort par la porte d’entrée vers la liberté.

L’épilogue montre que, en octobre 1975, Billy a réussi à traverser la frontière grecque et est arrivé chez lui trois semaines plus tard.

Fiche technique

Distribution

Production

Développement

Le film s'inspire de l'autobiographie Midnight Express de Billy Hayes, coécrite avec William Hoffer. Oliver Stone, quasiment inconnu à l'époque, est engagé comme scénariste par les producteurs[5]. Quelques années plus tard, lors d'une interview, le réalisateur Alan Parker avoue qu'à l'époque, tout le monde pensait qu'Oliver Stone ne ferait qu'écrire le premier jet du scénario et qu'ensuite Alan Parker le réécrirait. Finalement, tous les producteurs et Alan Parker sont d'emblée séduits par le travail d'Oliver Stone[5], même si les rapports de Stone avec Putnam et Parker ne sont pas très chaleureux[2].

Distribution des rôles

Richard Gere était le premier choix du studio pour le rôle principal[5],[6]. Dennis Quaid et Brad Davis passent ensuite des essais. Malgré une très bonne prestation de Dennis Quaid, c'est Brad Davis qui obtient le rôle car il avait, selon les producteurs, une plus forte vulnérabilité, nécessaire dans la seconde partie du film[5].

Tournage

Le tournage débute le . Il s'est révélé éprouvant pour l'équipe du film à cause d'un délai de seulement cinquante-trois jours, d'un rythme de travail de six jours sur sept, d'un climat chaud et humide et d'un sujet lourd à traiter[6]. Brad Davis s'est tellement investi qu'il a déclaré à la fin du tournage avoir eu l'impression d'avoir réellement vécu quatre années entières en prison. Alan Parker a reconnu avoir poussé l'acteur dans ses derniers retranchements et que l'expérience a fini par l'affecter aussi bien physiquement que mentalement[7],[8].

Bien que l'histoire du film se déroule largement en Turquie, il a été tourné entièrement à Malte, après le refus d'Ankara d'accueillir le tournage. Quelques prises de vues d’Istanbul, précédemment filmées, ont été insérées au montage. Les scènes de la prison ont été majoritairement tournées au fort Saint-Elme de La Valette[9]. La scène du souk, où Hayes indique aux autorités le chauffeur de taxi qui lui a vendu sa drogue, a été tournée dans le vieux marché couvert de La Valette, sur Merchants Street ; celles des deux procès ont été tournées dans le cloître du monastère dominicain Triq Il-Kullegg à Rabat et la « section 13 » pour les criminels aliénés à la Sacra Infermeria de La Valette[10].

La majorité des acteurs sont donc des Maltais locaux ainsi que quelques Italiens, Américains, Grecs et Arméniens jouant des Turcs[11].

Musique

Midnight Express
Music From The Original Motion Picture Soundtrack

Bande originale de Giorgio Moroder
Sortie
Enregistré Studios Musicland, Munich
Larrabee Sound, Los Angeles
Westlake Audio, Los Angeles
Allen Zentz, Hollywood
Durée 37 minutes
Genre Disco, musique électronique
Format 33 tours
Producteur Giorgio Moroder
Label Casablanca Records

Albums de Giorgio Moroder

Alors qu'Alan Parker avait prévu d'utiliser de la musique déjà existante de Vangelis, les producteurs lui présentent Giorgio Moroder[5]. D'abord réticent au style très disco et électronique du compositeur, Alan Parker décide finalement de l'engager. La musique sera un énorme succès et recevra de nombreux prix dont l'Oscar de la meilleure musique de film. C'est la première bande originale entièrement composée avec des synthétiseurs à recevoir cette récompense[6]. Certains titres de la bande originale sont entendus en fond sonore sur l'enregistrement audio du testament du célèbre gangster Jacques Mesrine[12].

Liste des titres
  1. ChaseGiorgio Moroder (8:24)
  2. Love's ThemeGiorgio Moroder (5:33)
  3. Theme from Midnight Express (Instrumental)Giorgio Moroder (4:39)
  4. Istanbul Blues (Vocal) – David Castle (3:17)
  5. The WheelGiorgio Moroder (2:24)
  6. Istanbul OpeningGiorgio Moroder (4:43)
  7. CacophoneyGiorgio Moroder (2:58)
  8. Theme from Midnight Express (Vocal) – Chris Bennett (4:47)

Accueil

Critique et box-office

Midnight Express a rencontré un accueil critique favorable[13] et a rencontré un succès commercial dès sa sortie en salles : aux États-Unis, le film a récolté 35 000 000 USD de recettes au box-office[3], permettant ainsi au film d'être rentable en comparaison du budget de 2,3 millions de dollars. En France, le film obtient un large succès commercial, en totalisant 5 973 335 entrées[14], se hissant en tête du box-office français de 1978.

En France, le film a été exploité entre 1978 et 1987, dont une reprise en salles importante en 1982[15], voici le nombre d'entrées réalisées par le film au cours de ses exploitations[16],[17]:

  • 951 801 entrées en 1978
  • 573 822 entrées en 1979
  • 576 136 entrées en 1980
  • 428 792 entrées en 1981
  • 1 259 175 entrées en 1982
  • 597 460 entrées en 1983

Réactions et conséquences

Le , Midnight Express est présenté à un public de journalistes du monde entier, à l'occasion du festival de Cannes. Il y est notamment qualifié de « scandaleux » ou encore de « film le plus violent jamais présenté au festival », mais les spectateurs l'applaudissent[2].

Quarante-trois jours plus tard, les États-Unis et la Turquie entraient dans d'importantes négociations sur l'échange de prisonniers[18].

L'État turc tente de faire interdire le film, qualifié de « raciste ». Cela refroidira un temps les relations du pays avec les États-Unis. Le film aurait par ailleurs eu des répercussions sur la fréquentation touristique[2].

Le film est interdit de diffusion en Turquie jusqu'en 1993[19],[20].

En décembre 2004, lors d'une visite en Turquie, Oliver Stone a admis avoir « surdramatisé » son scénario et l'intrigue d'origine[21],[20]. Le réalisateur Alan Parker demeure quant à lui très fier de son film : « Je ne m’excuserai jamais ! […] Nous avons conçu une œuvre pour une période particulière. Et si les gens parlent encore du film trente-cinq ans après, c’est que l’on a fait quelque chose de bien[2] ! »

Le , William Hayes retourne en Turquie, un peu moins de quarante ans après son incarcération. Il présente ses excuses à propos du film et déclare notamment : « Je dois accepter ma part de responsabilité pour les dégâts qu'il a causés. [...] Le film a donné une image terrible de la Turquie et du peuple turc qui n'était pas juste et ne correspondait pas à mon expérience[20]. »

Distinctions

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Récompenses

Oscars 1979
BAFTA Awards 1979
Golden Globes 1979

Nominations

Festival de Cannes 1978
Oscars 1979
BAFTA Awards 1979
Golden Globes 1979

Commentaires

Le titre

Dans l'argot des prisons, le Midnight Express (l'« Express de minuit ») est un terme employé par les prisonniers pour désigner l'évasion[9]. Les détenus du film répètent cependant que « l'« Express de minuit » ne s'arrête pas à Sağmalcılar. »

Anachronismes

Certains Turcs y portent le fez alors qu'il n'est plus porté en Turquie depuis l'abolition des couvre-chefs symboliques ottomans en 1923 par la république turque[réf. nécessaire].

Midnight Return

Sally Sussman a réalisé le documentaire Midnight Return, présenté au festival de Cannes 2016. Tourné sur huit ans, le film revient sur les coulisses du film. William Hayes explique la haine que le film a suscité envers lui et déclare notamment « J’ignorais à quel point le film serait efficace pour créer une animosité contre ce peuple ». Un journaliste turc interviewé explique notamment « Pour nous, il était diabolique ». On peut également voir le retour de William Hayes en Turquie en 2007[2].

Notes et références

  1. (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database
  2. « “Midnight Express” a 40 ans : retour sur l’histoire d’un film qui a pris perpète », sur Télérama
  3. (en) Box-office - Box Office Mojo
  4. « MIDNIGHT EXPRESS : Visa et Classification », sur CNC (consulté le ).
  5. Blu-ray Midnight Express, Sony Pictures Entertainment, 2009, EAN 3-333299-100067. — Plusieurs Making of, reportages et interview en supplément
  6. (en) Anecdotes sur l’Internet Movie Database
  7. « Midnight Express Making-Of: a Lesson in Filmmaking History »,
  8. coopa.net, « Midnight Express », sur Alan Parker - Director, Writer, Producer - Official Website
  9. « Secrets de tournage », sur Allociné (consulté le )
  10. http://www.movie-locations.com/movies/m/Midnight_Express.html#.VHIdv8mW4dM/
  11. (en) Fiche du film sur le site de l'IMDB
  12. (en) « Jacques Mesrine : Le Grand gangster », sur Independent.co.uk, (consulté le )
  13. Midnight Express, Rotten Tomatoes.
  14. Anonyme, « Box-office », sur JP's box-office (consulté le ).
  15. http://www.boxofficestory.com/france-1978-c25255224
  16. http://archives-box-office.eklablog.com/bo-annuels-70-s-c30212040
  17. http://archives-box-office.eklablog.com/bo-annuels-80-s-c30996584
  18. (en) Extrait de la couverture arrière du 33 tours de la bande originale de Midnight Express, composée par Giorgio Moroder.
  19. Dorothée Schmid, La Turquie en 100 questions, Texto, .
  20. Guillaume Perrier, « Syndrome "Midnight Express" en Turquie », sur Le Monde, (consulté le )
  21. (en) Helena Smith, « Stone sorry for Midnight Express », The Guardian, .

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Vidéographie

  • zone 2 : Midnight Express, Columbia TriStar Home Entertainment, 2004, EAN 8-712609-064865. Making of en supplément.
  • Blu-ray Région B : Midnight Express, Sony Pictures Entertainment, 2009, EAN 3-333299-100067.
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